Sujet: Re: Guerre d'Algérie Mer 28 Mar 2012 - 0:54
Guerres secrètes du FLN en France (Guerre d'Algérie, colonisation)
8 mars 2012
Durant les guerres secrètes du FLN en France et selon les sources, il y aurait eu :
- 4000 algériens tués par des compatriotes (entre militants MNA et FLN) - 43 membres du FLN sont condamnés à mort, 25 seront exécutés - 10 000 détenus algériens dans les prisons et les camps d'internements - 11 700 arrestations d'octobre 1961 - Entre 100 et 300 manifestants algériens tués la nuit du 17 octobre 1961
Sujet: Re: Guerre d'Algérie Ven 30 Mar 2012 - 9:38
ILS ONT COMBATTU POUR L'INDÉPENDANCE DE L'ALGÉRIE
"Les époux Chaulet expliquent leur choix"
Deux militants de la cause nationale reviennent sur les raisons de leur amour pour la terre algérienne dans un livre édité chez Barzakh.
Citation :
C'est le mois de mars, en référence au moment de la signature des Accords d'Évian, qui est choisi pour la sortie en librairie de l'ouvrage. En ce mois de commémoration de la date du cessez-le-feu, ce sont donc les mémoires de Pierre et Claudine Chaulet qui sont livrées au lecteur.
Sujet: Re: Guerre d'Algérie Dim 8 Avr 2012 - 22:05
Il Vient de paraître aux Éditions Média-Plus
Le 17 Octobre des Algériens et la Triple occultation d’un massacre
08 Avril 2012
Citation :
À cinq mois de la fin de la guerre d’Algérie, le 17 octobre 1961, Paris a connu le plus grand massacre des gens du peuple depuis la Semaine sanglante de 1871. Des dizaines de milliers d’Algériens manifestant sans armes ont été violemment réprimés par des policiers aux ordres du préfet Maurice Papon, faisant des centaines de morts.
En témoigne le texte inédit que Marcel et Paulette Péju devaient faire paraître à l’été 1962 et publié pour la première fois en Algérie par les éditions Média-Plus. Nourri de nombreux témoignages d’Algériens recueillis à chaud, sa lecture ne laisse pas indemne. Ce document est complété par la Triple Occultation d’un massacre de Gilles Manceron, qui jette une lumière neuve sur cet évènement.
Papon était appuyé dans le gouvernement par ceux qui désapprouvaient les choix du général de Gaulle dans les négociations en cours pour l’indépendance de l’Algérie. Ce livre explique la logique implacable d'un événement qui correspond aux derniers feux de la folie coloniale, paroxysme d'une période où la France s'est écartée des principes hérités des plus grands moments de son histoire.
Sujet: Re: Guerre d'Algérie Ven 11 Mai 2012 - 22:14
La mort d'Yves Courrière
Ce journaliste était l'auteur de livres sur la guerre d'Algérie.
Rédigé par Jean-Dominique Merchet le Vendredi 11 Mai 2012 à 17:17
Citation :
On apprend la mort d'Yves Courrière, mardi, à l'âge de 76 ans. Ce journaliste est l'auteur de quatre livres sur la guerre d'Algérie - conflit qu'il avait couvert pour Radio Luxembourg - et qui ont connu un énorme succès dans les années 70 : les Fils de la Toussaint, le Temps des léopoards, l'Heure des colonels, les Feux du désespoir.
Dans le domaine militaire, il est également l'auteur d'un livre de référence sur le Neu-Neu : "Normandie Niémen". Il fut par ailleurs le biographe de Joseph Kessel, Roger Vailland, Pierre Lazareff et Jacques Prévert.
Sujet: Re: Guerre d'Algérie Sam 26 Mai 2012 - 12:38
Témoignage de l’ex-officier de l’ALN Yaha Abdelhafidh à Tizi Ouzou
“Au nom de l’histoire, il faut dire toutes les vérités”
> Samira BOUABDELLAH - samedi 26 mai 2012
Citation :
Abdelhafidh Yaha, officier bien connu de l’ALN, a été assailli par une nombreuse foule jeudi dernier à la librairie Multilivres Cheikh-Omar de Tizi Ouzou, et ce, à l’occasion de la vente-dédicace de son dernier livre intitulé Au cœur des maquis en Kabylie : mon combat pour l’indépendance de l’Algérie paru aux éditions Inas.
C’est dans une ambiance chaleureuse et conviviale que des centaines de citoyens se sont arraché le livre de Yaha, formant une véritable procession humaine pour partager cet élan de sympathie et aspirer à des photos-souvenir avec le vieux baroudeur de la Wilaya III qui jouit d’une grande estime populaire en Kabylie. “Pour moi, c’est un véritable raz-de-marée émotionnel, puisque j’ai eu l’honneur de rencontrer beaucoup de monde lors de cette séance-dédicace à Tizi Ouzou. C’est un immense bonheur, puisque je me sens véritablement en famille et dans un environnement de confiance auprès des gens que j’aime et qui m’ont beaucoup rappelé ma jeunesse”, dira Abdelhafidh Yaha. Et d’ajouter : “Je suis monté au maquis très jeune dans la région de Aïn El-Hammam sous la houlette du chef de secteur Marzouk Aït Ouamara, dit Si Abdallah. La population nous a soutenus. Les hommes et les femmes unis ont lutté ensemble. Et je peux dire que l’émancipation de la femme a commencé dans les maquis. C’est grâce à elles que nous avons pu poursuivre le combat.” Dans ce bel ouvrage d’histoire, il raconte les événements de la guerre d’Algérie, de l’intérieur, sur le terrain, dans les montagnes escarpées de Kabylie, là-haut vers le Djurdjura. Dans ce premier livre qui retrace l’histoire de la Révolution pratiquement de 1948 jusqu’à 1962, l'auteur revient sur ses premiers pas au maquis, son enfance dans les rudes montagnes de Kabylie, sa formation militante très tôt indépendantiste et ses combats contre l'armée française dans la Wilaya III. Il évoque les revers infligés à l’ennemi, la solitude des djebels, la mort atroce au quotidien. Il décrit aussi les querelles internes qui ont miné le Gouvernement provisoire de la République algérienne jusqu'à la conférence de Tripoli de mi-juin 1962 où le clan d'Ahmed Ben Bella et du colonel Houari Boumediene – le FLN extérieur – avait évincé la résistance intérieure pour imposer un pouvoir sans partage à la tête du pays, qui avait retrouvé son indépendance malheureusement confisquée. Un témoignage d'un acteur de premier plan. Avec sa modestie légendaire, Yaha Abdelhafidh parle également de ces héros anonymes qui ont sacrifié leur vie pour la liberté et la patrie. Avec une grande lucidité, il remue sa mémoire pour dire tout le mal qu’il pense de ces atrocités et des luttes intestines qui ont dénaturé la Révolution. Et de s’interroger en silence : “L’Algérie, qui a fait tant de sacrifices, peut-elle se résigner aujourd’hui à être une pourvoyeuse de harraga désespérés ?” Né en 1933 à Takhlijt Ath Atsou, un hameau de la région d’Illilten en Haute-Kabylie, dans une famille très tôt mobilisée contre la colonisation française, celui que l’on a toujours appelé l’“Officier Si L’hafidh” a été l’un des membres fondateurs du Front des forces socialistes (FFS) aux côtés de Hocine Aït Ahmed, avant de prendre du recul pour des positions politiques divergentes. Fin 1965, il part en exil où il poursuit sa lutte politique. Il ne rentrera en Algérie qu’en 1989. “Tous les acteurs de la guerre de Libération doivent laisser des témoignages pour dire toute la vérité et écrire l’histoire, car de nombreux compagnons d’armes sont malheureusement partis en emportant bien des secrets qui auraient pu apporter tant d’éclairages sur le combat héroïque de la glorieuse Armée de libération nationale, mais aussi sur les luttes de clans qui ont miné la résistance algérienne à l’intérieur des maquis comme au-delà de nos frontières”, conclut le brave Si L’hafidh, qui promet d’autres témoignages tout aussi émouvants et d’autres révélations fracassantes dans un prochain ouvrage.
Sujet: Re: Guerre d'Algérie Sam 2 Juin 2012 - 14:58
HOCINE CHABI, UN COMABATTANT DE L’ALN, RACONTE NOVEMBRE 1954
«L’essentiel c’est que nous soyons aujourd’hui les seuls maîtres de notre pays»
01-06-2012 - Par Kamel Amghar
Citation :
«Enfant, fin des années trente et début des quarante du siècle dernier, je me disais que les colons avaient des droits légitimes sur nous autres indigènes. Je croyais vraiment que leurs belles possessions étaient le fruit de leurs labeurs accumulés», disait franchement Hocine Chabi, un ancien combattant de la glorieuse Révolution du 1er Novembre 1954, en guise de préambule au témoignage qu’il a consenti à nous livrer. Aîné d’une famille nombreuse et extrêmement pauvre, il n’avait jamais mis les pieds à l’école, ni coranique ni française. Il a vu le jour un 19 janvier 1932 à Aït Attik, un village montagneux de la commune de Darguina (Béjaïa) dans le département de Sétif.
Misères coloniales Vivant dans le dénuement absolu, le père et la mère éprouvaient, alors, toutes les peines du monde à offrir la subsistance quotidienne à une nichée d’enfants rachitiques (5 garçons et 3 filles). «On était logés, avec une vache et cinq chèvres, dans une seule pièce de chaume. Mon père vivait de petits boulots par-ci et par-là, souvent sous-payés, et s’entêtait à tirer quelques maigres récoltes vivrières à de petits bouts de terre maigres et schisteux», se rappelle-t-il, en soulignant que la mère, bonne potière et tisseuse habile, contribuait aussi au minimaliste budget familial. Adolescent, 16 à 17 ans, notre bonhomme quitte ce cocon étouffant et part travailler, en intermittent, dans les fermes coloniales de l’Algérois. El Harrach, Aïn Taya, Staouéli, Aïn Banian, Boufarik, Khemis Miliana, Al Affroun, le jeune montagnard trime, en temporaire ou en saisonnier, pour survivre. «Selon la difficulté de la tâche, on nous payait misérablement de 1,5 à 2,5 anciens francs à l’heure. En cas de longue période de chômage, des ouvriers agricoles solidaires nous partagent leurs repas frugaux. De 1949 à 1955, j’ai vagabondé ainsi de domaine en domaine sans envoyer aucun sou à mes parents. Je me suis seulement soustrait à leur charge et ils étaient contents de cette bouche en moins à nourrir», précise-t-il. Mis, entretemps, en contact avec le discours nationaliste, notre interlocuteur, qu’on surnomme amicalement Le Pilote, commence à réaliser que le triste sort, qui lui est personnellement réservé, est le résultat d’une politique programmée par les autorités d’occupation. Au premier coup de feu de Novembre 1954, on parlait dans les milieux agricoles de bandes organisées et de coupeurs de grands chemins. «On y a cru, quand même, un moment !».
Le discours libérateur Fin de l’été 1955, de retour au bled pour un bref congé, Ammi L’Hocine croise pour la première fois des cadres de l’ALN en mission de structuration des populations. «D’emblée, leur discours a plu à tous les hommes du douar, réunis de nuit. En raison de leur expérience acquise, on décide d’enrôler, en qualité de Moussebiline, tous les hommes qui avaient déjà effectué leur service militaire au sein de l’armée française. Ayant fait tout mon service au 19e bataillon du génie-militaire, plus 6 mois en guise de pénalité pour insoumission, je fus, donc, retenu avec six autres. Ma mission de Moussebel consiste à collecter des renseignements sur les mouvements ennemis, à faire le ravitaillement du maquis en vivres et vêtements, à planquer les djounoud de passage ou à servir d’éclaireur», explique-t-il, en soulignant qu’il fréquentait, alors, beaucoup les bars, les maisons de jeux et les marchés, à l’affût de la moindre information. Juin 1956, à l’âge de 24 ans, en raison de la précarité de sa situation sociale, il pose à ses supérieurs deux postulats : l’intégrer aux forces combattantes de l’ALN ou le libérer pour partir travailler en France. C’est la première proposition qui sera retenue, mais avant de mettre l’uniforme, la règle veut que la nouvelle recrue soit chargée d’une opération délicate pour tester sa loyauté. Doté d’un 7.65, une arme de poing, il a un délai de 8 jours pour abattre un garde-champêtre qui refusait de payer ses cotisations. Ce cas arrangé avec l’intersession de la famille de l’effronté, on lui désigne, trois jours plus tard, un colon répondant au nom de Georges Thalandier. «Au fonds de moi-même, je ne veux pas tuer un civil, malgré ses travers. Je trouvais çà contraire à la morale. Je l’attends devant sa porte à la tombée du soir et je lui tire une balle dans le bras à bout-portant. L’alerte est donnée. Ma famille est vite appréhendée. La cavale commence.»
L’enrôlement Dans un premier temps, «Le Pilote» sert dans le secteur d’Oued Marsa (chaîne des Babors), à la lisière entre les wilayas II et III, dans un groupe comptant 8 djounoud, 2 caporaux et un sergent. Embuscades, accrochages et opérations «tractage» libèrent, peu à peu, les populations de la peur. Début août, toutes les forces présentes dans la zone sont mobilisées pour sécuriser -à leur insu, bien sûr- le Congrès de la Soummam à Ifri-Ouzellaguen. «Notre groupe a été positionné à Barbacha. On ne savait rien de ce qui se passait, mais les ordres étaient très stricts. La vigilance doit être extrême. On a tiré 15 jours dans la montagne, yeux bien ouverts et oreilles attentives, pour apprendre, bien plus tard, qu’on veillait, en fait, sur les congressistes. Le secret était trop bien gardé», se rappelle-t-il. Fin août 1956, mutation dans la région de Bouandès dans le nord constantinois. Il découvrira la bravoure des montagnards, profondément engagés, d’Aït Noual, Aït Khellad, Boughidène et M’Zada qui soutenaient, corps et âme la Révolution, et prenaient beaucoup de risques pour couvrir ses arrières. «D’autres patelins, comme Ighil Izeggouaghène ou Tizi N’Braham (village natal de l’uléma Bachir Ibrahimi, ndlr), surveillés en permanence et fortement infiltrés par les forces ennemies, étaient plutôt risqués», se souvient-il. 27 mai 1957, en compagnie de 180 autres djounoud, il fait partie du «voyage» pour la Tunisie pour mission de ravitaillement en armes. Légèrement équipé (un fusil par groupe de 5 personnes pour pouvoir en rapporter le maximum au retour), le convoi subit «un violent accrochage à Héliopolis dans la région de Guelma. Bilan : 24 martyrs, laissés sur place, et 9 blessés à porter à destination. On a mis, en tout, 37 jours pour atteindre la base de Ghardimaou. Bref séjour. On y laisse nos blessés à l’infirmerie et on récupère d’anciens malades remis sur pied. Nous étions 160 au retour. Chaque homme doit porter 2 fusils-mitrailleurs allemands de type Brün, 4 grenades et une baïonnette. On avait aussi 18 mulets chargés de mines et de munitions. Arrivée à Constantine au bout de 19 jours de route», raconte El Hadji L’Hocine. Fin Octobre 1957, affectation dans la zone III (Azazga-Maâthkas) de la wiaya III. C’est dans le Djurdjura qu’il allait effectuer tout le reste de son service jusqu’au 2 février 1959. Grièvement blessé dans une rude bataille à Aït Mesbah (Beni Douala), Ammi L’Hocine est arrêté par les parachutistes. Hôpital, enquête et transfert à la prison Barberousse d’Alger, pour répondre de l’affaire Thalandier, où il est enfermé jusqu’au 18 mars 1959.
Barberousse, puis la liberté Poursuivi pour arrestation et séquestration de personnes (enlèvement antérieur d’un père blanc suspect et d’un colon espagnol), association de malfaiteurs et détention d’armes de guerre, «je fus condamné par le tribunal permanent des forces armées de Tizi Ouzou à 20 ans de réclusion criminelle. Réactivant en parallèle l’affaire de la «tentative de meurtre» sur la personne du colon Georges Thalandier où je fus condamné, par contumace, à mort par le tribunal militaire de Constantine, on me rajoute, au tribunal militaire d’Alger, la perpétuité aux travaux forcés», tient-il à préciser, en exhibant son casier judicaire d’alors. Transféré au mois de mai 1960 à la prison de Tizi Ouzou, il y resta jusqu’à l’indépendance. Après les Accords d’Evian, il sera libéré, le 30 avril 1962, du camp du Maréchal (Tadmaït), en compagnie de 130 autres codétenus. «Je n’avais aucun sou en poche. L’organisation m’avait payé le taxi jusqu’à Bougie. Et puis, j’ai fait de l’auto-stop pour rejoindre mon village, 40 kilomètres plus loin. Muté ensuite à Jijel (wilaya II) où j’ai demandé et obtenu ma démobilisation de l’ALN, le 26 mai 1962 avec le grade de sergent-chef», sourit-il comme pour dire que les échelons étaient, alors, très difficiles à gravir. Il fonde un foyer et se consacre depuis à sa famille (3 filles et 2 garçons). Coordinateur permanent de l’ONM à Darguina, de 1962 à 1972, pour un salaire mensuel de 270 dinars. «Je n’étais même pas déclaré à la Casorec», ajoute-t-il en riant. De 1972 à 1987, il exerce en qualité de garde-champêtre dans la même commune pour une mensualité de 370 dinars. Il n’obtiendra sa rente d’invalidité d’ancien maquisard qu’en 1974. «Beaucoup de jeunes, souvent mal informés, pensent que les moudjahidine se sont enrichis. C’est faux. On s’est battu pour la liberté et la dignité. A regarder le pays aujourd’hui, on se dit qu’on aurait pu faire mieux et éviter beaucoup de souffrances aux gens. Mais l’essentiel est là. Nous sommes les seuls maîtres de notre pays», tient-il à conclure.
Sujet: Re: Guerre d'Algérie Lun 25 Juin 2012 - 11:05
La bataille du Grand Erg occidental (octobre-décembre 1957)
L’enjeu pétrolier était déjà au centre de la guerre d’Algérie
Par : Ali Farès - Lundi 25 juin 2012
Citation :
“Quand on dit que l’histoire de l’Algérie n’est pas écrite, c’est vrai. Quelque part, on a voulu laisser mourir l’histoire de ce pays car on n’a pas donné la parole à ceux qui l’ont faite.”
C’est en ces termes que Me Fatma-Zohra Benbraham, avocate des grandes causes nationales, s’est exprimée lors de la conférence de presse organisée par le Forum d’El Moudjahid en collaboration avec le Dr Smaïl Boulbina sur la bataille du Grand Erg occidental qui s’est déroulée du 15 octobre au 21 décembre 1957. Un évènement méconnu de beaucoup de citoyens mais qui a pourtant marqué un pan de la Révolution algérienne sur plus d’un volet.
On ne saura, en effet, témoignages à l’appui, rendre à cette bataille l’importance qui lui est due tant la portée du fait sur le plan national au moment où l’administration coloniale tentait par tous les moyens d’étouffer la révolte du peuple par les armes en la limitant à quelques régions du Nord.
Dans un documentaire de l’ENTV réalisé en 2006, bien que présentant des faiblesses, des témoignages poignants sur le sujet où un sergent de Bigeard reconnaît clairement le courage de quelques dizaines d’hommes issus de la compagnie des méharistes qui ont tenu tête à un régiment de l’armée française équipé par les moyens terrestres et aériens les plus modernes de l’époque. Raymond Cloarec, parachutiste dévoué pour son pays, raconte 50 ans après le massacre de 46 méharistes “déserteurs”. Des hommes qui ont, contrairement à ce qu’on a voulu faire croire à l’époque, épousé la cause nationale dès le début en rejetant la déculturation imposée par l’administration coloniale.
Ces méharistes étaient pour la grande majorité aguerris par la guerre d’Indochine. Me Benbraham, en tant que juriste, est dépitée par le fait que “tous les textes de droit relatant ces épisodes de la guerre d’Algérie soient écrits par l’armée coloniale. Des lois militaires cachant la vérité”. L’avocate rappelle l’importance de certaines dates comme celle de la bataille du Grand Erg occidental, car derrière l’évènement se cache à peine l’enjeu qui continue de nourrir les convoitises de nos jours. La guerre a, en réalité, commencé au Sahara algérien avec la découverte du pétrole en 1956, une carte que l’administration coloniale a utilisée pour séparer cette région du nord du pays. Une idée fixe qui a hanté les esprits des instances françaises lors des fameuses négociations d’Évian.
Ceci explique cela, l’avocate répond à l’interrogation de savoir pourquoi cette bataille dont on a peu dit a-t-elle duré un mois et demi. “Une armada pour 86 méharistes ? L’enjeu est fort. On ne voulait surtout pas politiser cette région”, note la conférencière non sans préciser : “Mais qui a dit que le Sud algérien n’était pas concerné par les évènements du Nord ?” Idée sur laquelle rebondit le Dr Boulbina en rappelant que la résistance populaire était depuis 1830 présente dans toutes les régions du pays jusqu’à l’Indépendance. Au passage, il fait part de l’erreur monumentale de l’administration coloniale d’interner dès 1945 des militants chevronnés dans le Sud. “Il y a eu inévitablement contagion”, ironise-t-il.
Pour sa part, il relatera les préparatifs ayant présidé à cette bataille qui a eu lieu en octobre pour éviter les grosses chaleurs. Les moudjahidine sont des méharistes issus des Châambas (Metlili), région faisant partie du Grand Erg occidental qui s’étend du Gourara à Béchar vers la frontière marocaine. Des soldats français sont surpris et tués à Hassi-Saka par les méharistes lors d’un accrochage le 15 octobre 1957. L’alerte est donnée et l’armée française déclenche une attaque où 300 chameaux sont tués.
À partir de ce moment, les moudjahidine ne circulent que de nuit. Malgré les campagnes d’intox menées par l’administration coloniale pour démentir l’existence du “front sud”, les attaques et les embuscades se succèdent. En métropole, on met en branle le système pour casser la révolte.
Le gouverneur général d’Algérie est instruit de mettre en place tous les moyens pour venir à bout des “déserteurs.” Le 13 novembre, Bigeard est sur les lieux avec 1 500 parachutistes et des avions de tous types B26, G52, T6, des hélicoptères Sikorski. C’est la deuxième plus importante bataille du désert après celle d’Al-Alamein durant la Seconde Guerre mondiale. Mais cette machine aérienne n’a pas été d’une grande utilité, les appareils tombaient souvent à cause des grains de sable qui pénétraient dans les moteurs. Louisette Ighil Ahriz qui communique souvent avec le sergent Cloarec, acteur de cette bataille, a témoigné que ce dernier vit mal actuellement à cause des remords sur cette période.
Il confie que “si l’Algérie l’attaquait en justice, il plaiderait coupable”. À noter que le colloque sur la bataille du Grand Erg occidental se tiendra le 14 octobre prochain sur les lieux même des combats, a affirmé le Dr Boulbina.
Sujet: Re: Guerre d'Algérie Mar 26 Juin 2012 - 16:44
Le 26 juin 2005 nous quittait Tayeb Boulahrouf
Le gentleman de la diplomatie de guerre
«Les titres ne sont que la décoration des sots, les grands hommes n’ont besoin que de leur nom.» Frédéric II
Citation :
C’est une grande figure de la révolution qui disparaît, un militant de la première heure… Représentant du GPRA en Italie et en Suisse, il a tissé des relations utiles avec nombre de représentants et de personnalités de l’opinion publique en Italie et en Suisse.
Et c’est par son intermédiaire que le gouvernement helvétique a présenté ses bons offices entre le gouvernement français et le gouvernement algérien en vue des négociations d’Evian. Il était à l’origine des contacts et a fait partie de la délégation», témoignait Réda Malek lors du décès de Tayeb Boulahrouf le 26 juin 2005 à Alger.
Tayeb Boulahrouf, dit Pablo, ce héros de la vraie vie qui affrontait le danger sans hésitation avec rien d’autre que son intelligence, son ingéniosité et sa détermination est né le 9 avril 1923 à Oued Zenati. Orphelin depuis sa tendre enfance, c’est avec son oncle maternel, qui s’occupera désormais de son éducation, qu’il découvrira le sens du combat nationaliste grâce aux réunions clandestines du Néo-Destour auxquelles il assistait à la frontière algéro-tunisienne. A l’âge de 15 ans, il est exclu de son lycée pour «subversion» suite à la vente du journal El Ouma dont il était un lecteur assidu. A partir de 1939, il organise les cellules du PPA à Annaba et à Guelma et prend contact avec le bureau du Parti à Alger. Refusant d’accomplir son service militaire sous le drapeau français, il rentre dans la clandestinité. Habile meneur d’hommes, il mobilisera, grâce aux tracts qu’il rédigera à la main lui-même durant des nuits entières et qu’il fera distribuer, les travailleurs et les chômeurs de sa région pour les manifestations du 1er mai 1945.
Une semaine plus tard, le 8 mai, il est à la tête des manifestations où, pour la première fois, le drapeau algérien est brandi. La répression qui s’en est suivie le rattrapera quelque temps après, et il sera incarcéré à la prison de Annaba avant d’être transféré vers Constantine. A sa libération quelques mois plus tard, il reprend contact avec Mohamed Belouizdad et tente de restructurer Guelma la martyre. Au congrès du Parti à Zeddine, qui décide la création de l’OS en février 1947, il est responsable de la zone qui couvre Annaba, Skikda, Aïn Beïda et les Algériens résidant en Tunisie. L’année suivante, il est arrêté et emprisonné à Barberousse. Il entame alors une longue grève de la faim pour obtenir les droits politiques. Après sa libération, il est membre du Comité central du MTLD. Suite au démantèlement de l’OS en 1950, il est arrêté et torturé et ne sera libéré que vers la fin de l’année 1951 avant de rejoindre la France en 1952.
Du responsable de la Fédération de France au diplomate de guerre
Lors de la crise qui ébranle le MTLD, il prend position contre Messali mais sans s’engager avec les Centralistes. Il rejoint le camp des activistes et retourne en Algérie en 1954 pour y rencontrer dans le Constantinois Mustapha Ben Boulaïd et Didouche Mourad pour les derniers préparatifs avant le déclenchement de la lutte armée. Ce sera leur dernière rencontre.
De retour en France la veille du jour J, le 30 octobre, il prend attache avec le PCF pour une éventuelle reconnaissance du FLN. Peine perdue. Activement recherché, il prendra le pseudonyme de Pablo et réorganisera la Fédération de France après l’arrestation des principaux dirigeants avant qu’elle ne soit confiée à Omar Boudaoud à la fin de l’année 1957.
Toujours traqué par la police française, il réussit à passer en Suisse et s’établit à Lausanne et crée une antenne du FLN dans le petit hôtel Orient, une sorte de pension très discrète, dans l’avenue Ouchy. Ce modeste gîte, devenu un bureau du FLN, sera l’axe idéal France/Italie par lequel transiteront régulièrement Francis Jeanson et son réseau de porteurs de valises. Durant ce premier séjour en Suisse et avant d’être expulsé par les autorités helvétiques pour «activités clandestines», il se liera d’amitié avec un journaliste de la Gazette de Lausanne, Charles-Henri Favrod, à qui il fournira les premiers éléments du livre que ce dernier écrira en temps réel, c’est-à-dire dans le feu de la guerre.
Ce sera le premier ouvrage qui sera intitulé La Révolution algérienne et qui tranchait nettement avec ce qui se disait ou s’écrivait sur la prétendue Algérie française. La prestigieuse maison d’édition française Plon refusera de l’éditer sous ce titre «provocateur» et ce sera une petite imprimerie suisse qui se chargera de le faire. En 1958, il sera ambassadeur du GPRA à Rome. La représentation algérienne sera hébergée à l’ambassade tunisienne dans la capitale italienne. Un jour, l’ambassadeur tunisien s’apercevra que des armes destinées au FLN en guerre transitaient par sa chancellerie. Pris de panique, il s’en plaindra au président Habib Bourguiba. Le leader du Néo-Destour relèvera le plaignant et accréditera son propre fils qui laissera faire. En 1959, lorsque le futur président des Etats-Unis, John Kennedy, prendra position en faveur du FLN, ce sera un séisme politique sans commune mesure qui secouera la France coloniale.
L’Allemagne, la Suède, l’Angleterre et l’Italie, pour ne citer que ces pays occidentaux, encourageront des comités de soutien au FLN. La représentation algérienne à Rome acquiert un statut quasi officiel, et de prestigieux hommes d’affaires italiens, tels que Agnelli (Fiat), Mattei (Eni) prennent contact avec le FLN par le biais de Tayeb Boulahrouf. Le célèbre réalisateur de La Bataille d’Alger, Pontecorvo, sera parmi les contacts privilégiés de Pablo.
L’attentat à la voiture piégée
Cette effervescence diplomatique ne laissera pas de marbre les partisans de l’Algérie française et Tayeb Boulahrouf sera parmi ses cibles. Il échappera in extremis à un attentat à la voiture piégée attribué à une sorte de nébuleuse appelée «la main rouge». Il a fallu attendre quatre décennies pour qu’enfin la vérité éclate, comme l’affirme Constantin Melnik, chargé des Services secrets français de janvier 1959 à avril 1962 auprès du Premier ministre Michel Debré dans une interview accordée au Nouvel Observateur du 25 janvier 2002 : «…Et puis, il y eut l’attentat contre Tayeb Boulahrouf, à Rome. Sa voiture a été piégée, mais, est-ce dû à de mauvais repérages ? ; l’homme est sorti plus tard que prévu et c’est un enfant qui a péri dans l’explosion : il était allé chercher son ballon sous le véhicule... Cette mort a provoqué une crise de conscience dans le service…».
L’otage suisse en Guinée
Fin 1960, un avocat du barreau de Genève, Me Nicolet et le secrétaire général de l’Association internationale des juristes, Me Lalive, contactent le représentant du GPRA à Rome, Tayeb Boulahrouf, qui avait auparavant séjourné à Lausanne mais interdit d’entrée en Suisse depuis le 17 février 1960. Ils lui demandent d’intercéder auprès du chef du gouvernement guinéen, Ahmed Sékou Touré, afin d’obtenir la libération d’un ressortissant suisse emprisonné en Guinée.
Grâce aux démarches du GPRA, Sékou Touré libère le prisonnier. Cet événement renforce la crédibilité des Algériens chez les suisses, et Me Nicolet fait des démarches à Berne et arrive à obtenir à Pablo un sauf-conduit le 18 novembre de la même année pour rencontrer le 23 décembre 1960 le diplomate suisse, Olivier Long. Boulahrouf expose à ce dernier le drame algérien et lui demande d’intercéder auprès des autorités coloniales pour une éventuelle négociation. Séduit par la «sincérité et le sérieux»* de son interlocuteur, et avec l’accord du chef du DPF**, M. Petitpierre, Olivier Long rencontre secrètement Louis Joxe, ministre d’Etat chargé des Affaires algériennes. Ce fut le 10 janvier 1961 à Paris. Il faut signaler que le diplomate suisse entretient des relations personnelles avec L. Joxe et M. Debré qui remontent à plusieurs années et se fondent même sur des liens familiaux.
Cette rencontre fera date dans l’histoire de la révolution algérienne et aboutira à la signature des Accords d’Evian qui mettent fin à 130 années de colonisation de peuplement. Ainsi, la cinquième puissance mondiale a fini par s’asseoir autour d’une table à Evian avec ceux qu’elle appelait les fellagas. Ce fut le début de la fin d’une guerre atroce et des exactions dont les hommes politiques de la IVe République endosseront la responsabilité après avoir cédé leurs pouvoirs aux militaires, inaptes à régler par la force un problème de décolonisation qui ne pouvait avoir de solution que politique autour d’une table. Pablo a été à la hauteur de la mission qui lui a été confiée.
Le diplomate post-indépendance ou l’intrépide défenseur des opprimés
A l’indépendance, du haut de ses quarante ans, il se mariera avec la nièce de son avocat suisse Me Nicolet. Il refusa de convoler en justes noces avant l’indépendance, car «je ne voulais pas faire des orphelins comme moi», confiait-il à un de ses proches. Cependant, il continuera sa mission diplomatique officiellement avec la lettre d’accréditation. Mais Tayeb Boulahrouf, malgré le cachet officiel de sa mission post-indépendance, dérogera à la règle et restera le Pablo révolutionnaire. La preuve ? Durant sa mission à Buenos Aires, la façade de la représentation diplomatique algérienne sera la cible de rafales de mitraillettes «tirées par des inconnus», selon les autorités argentines de l’époque.
La raison de cet attentat, qui sonnait comme un avertissement à la veille de la Coupe du monde de 1978, est à chercher dans les contacts et les prises de position de Pablo avec l’opposition à la dictature de Videla. Une opposition qui bénéficiait des largesses du diplomate algérien qui distribuait des passeports algériens aux opposants argentins pour quitter l’enfer de la junte militaire. Le vent de la démocratie latino-américaine de la fin des années 1980 lui donna raison. Qui présentera les premières condoléances à ses enfants au lendemain de son décès le 26 juin 2005 ? Izquierda Unida***, la gauche unie…
Mes meilleurs sentiments et remerciements à son fils Jalil Boulahrouf pour sa gentillesse et sa disponibilité.
Sujet: Re: Guerre d'Algérie Sam 30 Juin 2012 - 17:58
Ils ont été gazés par l’armée française
Des ossements d'Algériens dans un tunnel depuis 53 ans
Par : Rubrique Radar - 30.06.2012
Citation :
Les enfants de chahid, des moudjahidine des deux communes d'Aït Yahia Moussa et de Tadmaït, dans la wilaya de Tizi Ouzou, remettent sur la sellette le projet de recherche des ossements de vingt-cinq corps, cinquante-trois ans après qu'ils eurent été gazés, dans un tunnel de plusieurs mètres de longueur localisé dans le lit d'Assif N'tletta, sur le territoire de la commune de Tadmaït, plus précisément au lieudit Afroun.
“Ce massacre remonte au 6 janvier 1959, lors de la grande bataille d'Aït Yahia Moussa. Ils étaient tous recherchés par l'armée française, alors ils s'étaient réfugiés dans le tunnel. Après avoir été localisés suite certainement à une dénonciation, les militaires leur demandèrent de se rendre. Braves et courageux qu'ils étaient, ils avaient préféré mourir que d'abdiquer. Devant leur refus, ils ont été aspergés de gaz mortels avant de leur bloquer l'entrée avec du béton”, nous a confié un moudjahid, aâmi Rabah de Tadmaït.
En ce cinquantième anniversaire de l'Indépendance, leurs ossements sortiront-ils définitivement de ce cachot pour aller se reposer dans un carré des martyrs ?
Sujet: Re: Guerre d'Algérie Mar 3 Juil 2012 - 14:34
L'obscur héros bulgare de l'indépendance algérienne
Par Alexandre Lévy - 02/07/2012 à 19:21
Citation :
Agé de 97 ans, le capitaine Valtchanov avait, en 1960, brisé l'embargo sur les armes destinées aux moudjahidins.
À 97 ans, le capitaine Vassil Valtchanov est un vieux loup de mer intarissable. Mais, de toutes ses missions, il y en a une qui lui tient particulièrement à cœur: la livraison clandestine de deux tonnes d'armes au FLN en mai 1960, au nez et à la barbe de la marine française. Une opération pilotée par la Darjavna Sigurnost (DS), les services secrets bulgares, dont la réussite a, selon les historiens algériens, apporté un coup de pouce décisif aux moudjahidins.
«Nous étions aux côtés du peuple algérien et avons fourni à ses forces de libération des armes qui ont contribué à sa libération. Avec cet acte, nous avons gagné la reconnaissance éternelle des Algériens», témoigne le capitaine aujourd'hui. Quasiment inconnu dans son pays, cet homme est une véritable «légende» de l'autre côté de la Méditerranée, selon l'ancien ministre algérien Kamel Bouchama. À la tête d'une délégation venue d'Alger, ce dernier a pu lui exprimer de vive voix la gratitude de ses compatriotes pour son «acte héroïque», à l'occasion du cinquantenaire de la proclamation d'indépendance. Les recevant dans sa maison de campagne, le capitaine a certainement déroulé une fois de plus le fil de cette mission qu'il a consignée dans un livre publié en 2011.
Capitaine d'un vieux bateau de marchandises, le Breza (Bouleau), il se voit confier par la DS une impressionnante cargaison d'armes destinée aux rebelles algériens qu'il va dissimuler dans la soute à la place des engrais chimiques qu'il était censé transporter.
Ballon d'essai Une fois en mer, le Breza change de cap et, trompant la vigilance des patrouilleurs français, aborde le rivage algérien. «Je suis le premier à avoir brisé le blocus français de l'Algérie», fanfaronne-t-il. Sa principale crainte? Que le Breza soit la cible des services français avant même son départ du port de Varna: «J'avais peur qu'un de leurs agents ne soit dissimulé dans la brigade qui a chargé le bateau.» Pour ne pas paraître suspect, le capitaine embarque alors sa famille dans la cabine - «juste au-dessus des explosifs».
Exprimée de manière plus discrète, cette action lui vaudra également une reconnaissance de la DS qui œuvre, en sous-main, pour qu'il soit nommé chef de la flotte de la mer Noire puis ambassadeur à Genève. Cette opération servira aussi de ballon d'essai pour les activités futures d'une des sociétés bulgares les plus prospères de l'ère communiste, la Kintex. Décrite comme une «pompe à devises» de la DS, elle s'était spécialisée dans le commerce d'armes à destination du tiers-monde, mais aussi dans la contrebande de tabac et le trafic de stupéfiants.
Sujet: Re: Guerre d'Algérie Mar 3 Juil 2012 - 14:39
Majd a écrit:
L'obscur héros bulgare de l'indépendance algérienne
Par Alexandre Lévy - 02/07/2012 à 19:21
Citation :
Agé de 97 ans, le capitaine Valtchanov avait, en 1960, brisé l'embargo sur les armes destinées aux moudjahidins.
À 97 ans, le capitaine Vassil Valtchanov est un vieux loup de mer intarissable. Mais, de toutes ses missions, il y en a une qui lui tient particulièrement à cœur: la livraison clandestine de deux tonnes d'armes au FLN en mai 1960, au nez et à la barbe de la marine française. Une opération pilotée par la Darjavna Sigurnost (DS), les services secrets bulgares, dont la réussite a, selon les historiens algériens, apporté un coup de pouce décisif aux moudjahidins.
«Nous étions aux côtés du peuple algérien et avons fourni à ses forces de libération des armes qui ont contribué à sa libération. Avec cet acte, nous avons gagné la reconnaissance éternelle des Algériens», témoigne le capitaine aujourd'hui. Quasiment inconnu dans son pays, cet homme est une véritable «légende» de l'autre côté de la Méditerranée, selon l'ancien ministre algérien Kamel Bouchama. À la tête d'une délégation venue d'Alger, ce dernier a pu lui exprimer de vive voix la gratitude de ses compatriotes pour son «acte héroïque», à l'occasion du cinquantenaire de la proclamation d'indépendance. Les recevant dans sa maison de campagne, le capitaine a certainement déroulé une fois de plus le fil de cette mission qu'il a consignée dans un livre publié en 2011.
Capitaine d'un vieux bateau de marchandises, le Breza (Bouleau), il se voit confier par la DS une impressionnante cargaison d'armes destinée aux rebelles algériens qu'il va dissimuler dans la soute à la place des engrais chimiques qu'il était censé transporter.
Ballon d'essai Une fois en mer, le Breza change de cap et, trompant la vigilance des patrouilleurs français, aborde le rivage algérien. «Je suis le premier à avoir brisé le blocus français de l'Algérie», fanfaronne-t-il. Sa principale crainte? Que le Breza soit la cible des services français avant même son départ du port de Varna: «J'avais peur qu'un de leurs agents ne soit dissimulé dans la brigade qui a chargé le bateau.» Pour ne pas paraître suspect, le capitaine embarque alors sa famille dans la cabine - «juste au-dessus des explosifs».
Exprimée de manière plus discrète, cette action lui vaudra également une reconnaissance de la DS qui œuvre, en sous-main, pour qu'il soit nommé chef de la flotte de la mer Noire puis ambassadeur à Genève. Cette opération servira aussi de ballon d'essai pour les activités futures d'une des sociétés bulgares les plus prospères de l'ère communiste, la Kintex. Décrite comme une «pompe à devises» de la DS, elle s'était spécialisée dans le commerce d'armes à destination du tiers-monde, mais aussi dans la contrebande de tabac et le trafic de stupéfiants.