Israël en passe de "perdre" son ami turc - 02 juin 2010
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ANKARA - Israël est en passe de "perdre son seul ami" dans la région, la Turquie, après le raid israélien meurtrier lundi contre une flottille internationale d'aide pro-palestinienne, a indiqué au téléphone le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan à Barack Obama.
Les deux hommes qui se sont parlés mardi soir, ont évoqué la situation après l'assaut par les forces israéliennes d'une flottille d'aide humanitaire destinée à Ghaza, ont annoncé mercredi les services de presse de M. Erdogan.
"Israël est menacé de perdre son seul ami dans la région qui a le plus contribué à la paix régionale", a dit M. Erdogan au président américain, selon un communiqué en ligne.
M. Erdogan dont le gouvernement islamo-conservateur a renoué avec le monde arabe, a affirmé qu'Israël occupera au Proche-Orient une place qui "dépendra de ses actions futures", souligne le texte.
Un commando israélien a lancé lundi dans les eaux internationales un assaut contre une flottille acheminant des centaines de militants pro-palestiniens et de l'aide vers l'enclave palestinienne soumise à un blocus israélien.
Selon l'armée israélienne, 9 passagers ont été tués et 7 soldats blessés à bord du ferry turc Mavi Marmara, le plus grand des six bateaux, qui transportait 600 personnes. Au moins quatre Turcs ont été tués, a-t-on précisé de source turque.
Sur les plus de 650 passagers de la flottille, les plus nombreux étaient les Turcs. Tout en répétant le soutien des Etats-Unis à "une enquête digne de foi, impartiale et transparente sur les faits de cette tragédie", M. Obama a insisté, selon la Maison Blanche, sur "l'importance de trouver de meilleures façons d'apporter une aide humanitaire aux habitants de Ghaza sans saper la sécurité d'Israël".
Plus tôt mardi, M. Erdogan s'en était vivement pris à Israël pour son opération militaire qu'il a qualifiée de "massacre sanglant", exhortant la communauté internationale à "punir" l'Etat hébreu.
Les relations entre la Turquie et Israël, jadis alliés stratégiques, sont au plus bas après le raid. Ankara a dénoncé lundi un acte de "terrorisme d'Etat" et rappelé son ambassadeur en Israël.
Depuis l'arraisonnement de la "Flottille de la Liberté" par la marine israélienne, lundi, la Turquie, pourtant deuxième partenaire commercial de l'Etat hébreu, multiplie les attaques politiques destinées à Israël. Elise Ganem, auteur de L'axe Israël-Turquie, explique au JDD.fr que "les relations entre les deux pays se rafraîchissaient déjà depuis 2008". "Mais les deux pays ont encore trop besoin l'un de l'autre", précise-t-elle.
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Le vice-Premier ministre turc a indiqué vendredi qu'Ankara pourrait revoir "à la baisse", voire "au minimum", ses relations diplomatiques et économiques avec l'Etat hébreu. La Turquie est-elle en train de couper ses liens avec Israël? Si les tensions entre les deux pays sont à leur apogée depuis le raid israélien sur la Flottille, ce phénomène est apparu il y a deux ans. Fin 2008-début 2009, l'opération "plomb durci" [pendant laquelle l'armée israélienne a verrouillé la bande de Gaza, après avoir essuyé des tirs de mortier en provenance du territoire palestinien] avait été très critiquée par Ankara. De nombreuses manifestations pro-palestiniennes s'étaient alors déroulées à Istanbul, alors que la classe politique turque condamnait fermement Israël. D'autres incidents ont suivi. Lors du Forum économique de Davos, en janvier 2009, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait coupé le président israélien Shimon Peres, l'accusant de "tueur" (*). Un an après, en janvier 2010, l'ambassadeur turc, convoqué après la diffusion dans son pays d'un téléfilm antisémite, dit avoir été maltraité par le ministre des Affaires étrangères israélien.
La Turquie est le deuxième partenaire commercial d'Israël après les Etats-Unis. Comment se traduisent ces événements politiques sur leurs relations économiques? L'année dernière on a observé une chute de leurs échanges commerciaux. Du fait de la crise financière mondiale, Israël a vu ses exportations diminuer de 20% avec l'ensemble de ses partenaires. Avec la Turquie, ils ont baissé de 40% au cours des neufs premiers mois de l'année 2009, par rapport à 2008. Israël a conscience de cette réalité économique.
Le contrat hydrologique, signé par les deux pays en 2002, qui porte sur 50 millions de m3 d'eau douce par an, pourrait-il être remis en cause? Ce contrat est très coûteux et a été très difficile à mettre en place. Le ministre turc de l'énergie vient d'annoncer que les projets énergétiques turco-israéliens seraient suspendus tant que les relations entre les deux pays ne seraient pas normalisées. Toutefois sur le long terme je pense qu'il ne sera pas remis en cause avant son issue, prévue en 2022. La question de l'eau est épineuse et concerne l'ensemble des acteurs régionaux. Elle est trop sensible pour y toucher. Plus généralement, les échanges commerciaux entre Israël et la Turquie ne vont pas être arrêtés du jour au lendemain. Aujourd'hui, nous sommes encore dans la déclaration politique. Il est légitime qu'Ankara fustige un raid qui a eu lieu dans les eaux internationales sur des navires, dont certains battaient pavillon trucs, et sur lesquels ont été arrêtés, sans mandat international, des citoyens turcs.
Les deux pays entretenaient des relations sur le plan militaire… Là encore, les relations fraîchissent considérablement. En septembre dernier, des manœuvres communes aux deux armées ont été annulées à la demande de la Turquie. Israël a, de son côté, annulé des contrats d'armement. Ankara s'est ainsi tourné vers l'Italie pour répondre aux demandes de ses militaires. Pourtant, leurs échanges restent vitaux. D'un côté, l'armée turque a besoin de matériel haute-technologie que seul l'état hébreu peut lui fournir. De l'autre, les chasseurs israéliens doivent pouvoir survoler l'espace aérien de l'Anatolie. En effet, cette région de la Turquie ressemble à la géographie de l'Iran. Israël doit pouvoir montrer, par ses exercices au-dessus du territoire turc, qu'elle est capable de mener un raid aérien sur Téhéran en cas d'attaque nucléaire.
Le gouvernement d'Erdogan s'était posé, avant 2008, en médiateur entre l'Etat hébreu, la Syrie et le Pakistan. Le Premier ministre apparaît désormais comme un défenseur de la cause palestinienne. Comment expliquer cette transition? Erdogan est arrivé au pouvoir en 2003, dans des conditions particulières. Leader de l'AKP [traduit en français par le Parti de la Justice et du Développement], une formation politique islamiste, il a dû composer avec une armée puissante et laïque. Les généraux n'imaginaient pas rompre les accords militaires passés avec Israël et de se priver d'un matériel de haute technologie. Désormais installé au pouvoir, et bénéficiant du soutien, en apparence, de l'homme de la rue, Erdogan semble désormais vouloir reprendre la main. Quitte à froisser l'état-major de son armée, il semble vouloir s'imposer en leader de la région. Modéré jusqu'à maintenant sur la question des Palestiniens, son discours politique s'est décomplexé après les événements de lundi. Aujourd'hui, le Premier ministre est un héros du monde musulman.
La Turquie peut-elle prétendre au leadership du monde musulman? En tout cas, elle veut s'imposer en tant que tel. Cela tient à une succession d'événements qui ont conforté le rôle-pivot de la Turquie dans la région. Si elle n'a abandonné l'idée, Ankara sent qu'elle n'est pas la bienvenue au sein de l'Union européenne. L'éloignement de Bruxelles a recentré les intérêts du pays vers le Moyen-Orient. Plus stable politiquement que l'Egypte, et évidemment mieux accepté par la communauté internationale que l'Iran, la Turquie s'apprête à occuper la place, vacante, de leader de la région, voire du monde musulman. Erdogan s'est d'ailleurs investi dans le dossier du nucléaire iranien, ou a plusieurs fois donné de la voix en tant que membre non-permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Il a également effectué un rapprochement stratégique avec l'Arménie [la question du génocide arménien reste un frein dans les relations turco-occidentales]. L'héritage historique, avec les souvenirs de l'ancien empire ottoman, pèsent également dans la politique d'Erdogan. S'il ne peut pas mettre fin à ses relations avec Israël, il doit s'en éloigner pour pouvoir faire l'unanimité dans la région. C'est en tout cas une très mauvaise nouvelle pour l'état hébreu qui accroît son isolement.
L'assaut de l'armée israélienne contre les bateaux de la "Flotille de la paix" a changé les équilibres dans la région, et fait basculer le positionnement diplomatique de la Turquie vis à vis de ces partenaires. Les Turcs jouent désormais leur propre partition dans le concert des nations.
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Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, admirateur de Machiavel, n'est pas homme à laisser échapper une parole mal pesée. Alors qu'il se trouvait à Washington lundi dernier, il n'a pourtant pas hésité à comparer l'assaut donné par le commando israélien contre "la flottille de la paix" à "un 11-Septembre pour les Turcs". En Turquie, l'émotion est immense et l'honneur national piqué au vif. Jeudi, les funérailles de huit des neuf victimes, toutes tuées par balles selon les médecins légistes, ont été suivies par plus de 10.000 personnes à Istanbul, hurlant leur colère aux cris de "Dieu est grand" et "nous sommes les soldats du Hamas". Les rescapés ont été accueillis en héros. Les drapeaux palestiniens ont envahi Istanbul et, à l'inverse, les drapeaux turcs se sont déployés dans tout le Moyen Orient. L'onde de choc provoquée par le drame du Mavi Marmara, le ferry turc affrété par l'IHH, une ONG islamiste, produira des effets à long terme sur les équilibres politiques dans la région, estime l'éditorialiste turc Mehmet Ali Birand. La Turquie et le Hamas en sont les deux grands bénéficiaires et Ahmet Davutoglu y a sans doute pensé avant de pousser la flottille vers Gaza. Le président turc Abdullah Gül a lui-même souligné que "les relations ne seront plus jamais les mêmes entre la Turquie et Israël".
Il y a peu encore, la Turquie et Israël étaient deux alliés indéfectibles dans la région. Ankara avait été l'un des premiers à reconnaître l'Etat d'Israël en 1947. Membre de l'Otan, proche des intérêts américains, la Turquie avait signé des accords de coopération économique, militaire et énergétique avec l'Etat juif. Ces relations vont être réduites "au minimum", a prévenu vendredi le vice-Premier ministre Bülent Arinç. Ce divorce officialisé vient finalement conclure plusieurs années de brouille entre les deux pays. L'opération Plomb Durci, lancée en décembre 2008 contre Gaza, et l'élection d'un gouvernement de faucons en Israël, avaient déjà amené la Turquie à prendre ses distances. Depuis, le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan tire à boulets rouges sur l’Etat hébreu: "Israël est la principale menace pour la paix au Proche Orient", déclarait-il ainsi à Paris en avril.
Pour le politologue libanais Michel Naufal, auteur du Retour de la Turquie en Orient, "la Turquie n'est plus le cheval de Troie de l'Occident". Sous l'impulsion de son ministre des Affaires étrangères, la diplomatie turque s'est affranchie de ses tuteurs et joue désormais sa propre partition. Puissance politique et économique émergente, la Turquie tisse des réseaux commerciaux et pacifie ses rapports avec ses voisins, la Syrie, l'Irak et l'Iran. L'influence turque s'étend dans toute la région, comme aux temps de l'âge d'or ottoman. "La rivière a retrouvé son lit", avait dit Erdogan au cours d'une visite à Damas. C'est dans cette idée qu'Ankara, aidée du Brésil, a poussé l'Iran à accepter un échange d'uranium pour son programme nucléaire. La Turquie n'est plus prête à soutenir des sanctions qui ne serviraient pas ses intérêts
Nucléaire iranien: les sanctions compliquent la solution du problème (Ankara)
ANKARA, 9 juin - RIA Novosti
Ankara qualifie d'"erreur" l'adoption par le Conseil de sécurité de l'Onu d'une résolution introduisant un nouveau train de sanctions contre l'Iran, a déclaré mercredi le ministère des Affaires étrangères de la Turquie, membre non permanent du Conseil, qui a voté contre ce document.
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"Il y a lieu de craindre que cette décision crée des complications pour régler le problème nucléaire iranien par des moyens diplomatiques", stipule la déclaration de la diplomatie turque.
Vu le refus de Téhéran de suspendre ses travaux d'enrichissement d'uranium, le Conseil de sécurité de l'Onu a adopté mercredi une résolution pénalisant l'Iran par 12 voix contre 2 et une abstention. Le Brésil et la Turquie ont voté contre, le Liban s'est abstenu.
C'est déjà la 4e résolution du Conseil de sécurité sur des sanctions infligées à l'Iran pour tenter de le convaincre de suspendre ses activités nucléaires sensibles et rassurer la communauté internationale sur la nature pacifique de son programme.
Le projet de résolution a été rédigé par les Etats-Unis et amendé par les Six médiateurs pour le dossier nucléaire iranien (Russie, USA, Grande-Bretagne, France, Chine et Allemagne).
Le texte reprend et élargit le champ des sanctions adoptées auparavant à trois reprises par le Conseil de sécurité de l'Onu, notamment en décembre 2006, mars 2007 et mars 2008. L'Iran est soupçonné de chercher à se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme civil, ce qu'il dément formellement.
Flottille: des élus américains s'en prennent violemment à la Turquie
Al manar 17/06/2010
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Des élus de la Chambre des représentants américaine ont violemment critiqué le rôle de la Turquie, mercredi au cours d'une conférence de presse, dans l'affaire de la flottille humanitaire pour Gaza qui a fait l'objet d'un raid israélien sanglant.
Selon le numéro trois républicain de la Chambre des représentants, Mike Pence, "il y aura des conséquences si la Turquie conserve sa tendance actuelle de rapprochement avec l'Iran et de confrontation croissante avec Israël".
M. Pence et plusieurs de ses collègues républicains ont durement critiqué Ankara, pour avoir soutenu la flottille et protesté contre Israël après le raid qui a coûté la vie à neuf ressortissants turcs.
Ils ont également critiqué Ankara pour s'être opposés aux pressions américaines visant à imposer de nouvelles sanctions contre Téhéran pour son programme nucléaire.
"C'est d'autant plus scandaleux que la Turquie est un membre de l'Otan", a pour sa part jugé le démocrate Eliot Engel.
Le représentant républicain Peter King est allé plus loin en prétendant qu'Ankara est responsable de la mort de ses neufs ressortissants. "Je pense que le sang est sur les mains de la Turquie", selon lui.
Par ailleurs, la démocrate Shelley Berkley a estimé que la Turquie ne "mérite pas d'être membre de l'Union européenne tant qu'elle ne se comportera pas davantage comme une nation européenne et beaucoup moins comme l'Iran".
Concernant la Turquie, une démocrate américaine s'imisce dans les affaires internes européennes - 17 juin 2010
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Des élus de la Chambre des représentants américaine ont violemment critiqué le rôle de la Turquie, au cours d'une conférence de presse, dans l'affaire de la flottille humanitaire pour Gaza qui a fait l'objet d'un raid israélien sanglant.
Parmi ces élus, la démocrate Shelley Berkley a estimé que la Turquie ne "mérite pas d'être membre de l'Union européenne tant qu'elle ne se comportera pas davantage comme une nation européenne et beaucoup moins comme l'Iran".
Première visite d'un président Indonésien en Turquie depuis 25 ans
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28/06/2010 - almanar - Le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono est arrivé lundi en Turquie pour une visite de trois jours qui s'inscrit dans la volonté des deux pays musulmans d'accroître leur coopération commerciale, a rapporté l'agence de presse Anatolie.
Il est le premier chef de l'Etat Indonésien à visiter la Turquie depuis 25 ans.
M. Yudhoyono doit s'entretenir à Ankara avec son homologue Abdullah Gül. Les deux hommes doivent présider aussi une réunion des chefs d'entreprises à Istanbul.
Les deux pays, membres de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), doivent signer plusieurs accords de coopération bilatérale, a annoncé la présidence turque.
Le volume commercial bilatéral s'est chiffré en 2008 à 1,7 milliard de dollars (1,4 md euros), contre 1,5 md (1,2 md euros) en 2007, selon les chiffres officiels.
La Turquie et les pétroliers réunis pour gérer le trafic dans les détroits
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01/07/2010 Les autorités turques et une vingtaine de géants du pétrole ont discuté jeudi à Istanbul des moyens de réduire les risques environnementaux et humains liés au franchissement des détroits du Bosphore et des Dardanelles par un nombre sans cesse croissant de tankers.
"En 2009, 51.424 navires ont franchi le détroit du Bosphore, qui traverse Istanbul, dont une forte proportion de tankers. C'est quatre fois plus que le détroit de Panama, trois fois plus que celui de Suez", s'est exclamé le ministre turc de l'Energie Veysel Eroglu à l'issue de la rencontre.
"Désormais, les détroits ne peuvent clairement plus supporter un accroissement du trafic des tankers et des cargos. Les risques d'accident, d'accident environnemental, sont évidents", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
Au cours de la réunion, les autorités turques ont présenté aux compagnies pétrolières --parmi lesquelles figuraient BP, Chevron, ENI, Exxonmobil, Shell, Total ou encore Transneft-- des alternatives terrestres au franchissement des détroits.
Les projets d'oléoducs Samsun-Ceyhan (entre le nord et le sud de la Turquie) et Bourgas-Alexandropolis (respectivement dans le sud-est de la Bulgarie et le nord-est de la Grèce) pourraient ainsi absorber quelque 50 millions de tonnes de pétrole par an, soit un tiers du volume transitant par les détroits, a estimé le ministre de l'Energie Taner Yildiz.
La création avec les entreprises d'un fonds pour couvrir les frais d'une éventuelle catastrophe, initialement envisagée par Ankara, n'a en revanche pas été discutée, a indiqué le ministre.
"Le plus important, c'est que nous nous sommes entendus avec les firmes sur l'existence du problème. Nous avons lancé un processus", a commenté Yildiz.
Quatrième bras de mer le plus fréquenté au monde, le Bosphore traverse Istanbul, métropole de plus de 13 millions d'habitants et coeur économique et culturel de la Turquie.
La circulation est particulièrement dangereuse sur ce détroit sinueux encombré par le trafic, perpendiculaire à celui des cargos et des bateaux faisant la navette entre les rives occidentale et orientale de la ville.
REPORTAGE - "Je crois que nous, les Européens, avons commis l'erreur de pousser la Turquie vers l'Est, au lieu de l'attirer vers nous", a analysé Franco Frattini, ministre des affaires étrangères italien. Il est vrai que depuis quelques mois, la Turquie semble avoir pris son envol sur la scène internationale, se rapprochant des pays du Moyen-Orient.
Gül : l’UE érige des "obstacles artificiels" devant la Turquie
Publié le Mercredi 07 Juillet 2010 à 13:55
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Reuters - Le président turc Abdullah Gül s'est interrogé mardi sur ce qui empêche les opposants à l'entrée de son pays dans l'Union européenne de voir tout le bénéfice qu'ils auraient à en tirer. La Turquie est située au carrefour de l'Asie et de l'Europe, situation stratégique qui en fait un passage presque obligé des oléducs et gazoducs venant alimenter le Vieux continent.
"Tout le monde sait que la plus grande contribution de la Turquie sera dans le domaine de l'énergie", a dit Gül dans une interview accordée à Reuters à bord de son avion présidentiel, de retour du Kazakhstan, pays dont les ressources sont courtisées par la Chine, la Russie et l'Occident.
Mais des interrogations subsistent sur l'opportunité d'intégrer un pays musulman de 71 millions d'habitants, dont beaucoup vivent dans des zones reculées aux confins de l'Anatolie.
Malgré les réformes récentes, beaucoup la voient encore comme un pays dont l'histoire contemporaine rime avec difficultés économiques et interventions de l'armée.
Certains pays membres de l'Union européenne érigent des "obstacles artificiels" et n'ont aucune vision à long terme des avantages d'une adhésion de la Turquie, pays musulman laïc et dont l'économie croît rapidement, a estimé Gül. "Si vous sacrifiez les objectifs stratégiques pour des raisons tactiques, vous ne serez jamais un grand acteur", a-t-il avancé.
Depuis que l'UE et la Turquie ont entamé des négociations formelles d'adhésion, cinq ans se sont écoulés. Un chapitre - le nom donné aux domaines de discussions - a été clos et 13 autres sont ouverts. Il en reste encore 21 à lancer.
Trois d'entre eux sont bloqués dont un, au grand désarroi du président turc, porte sur les questions énergétiques. Cet obstacle est essentiellement imputable à la situation de Chypre, île divisée entre une partie grecque membre de l'UE et une partie turque non reconnue. Mais les partisans de la candidature turque estiment que le dossier chypriote est devenu un prétexte pour éluder d'autres motifs d'opposition à l'adhésion d'Ankara. "Certains pays, même s'ils ne sont pas directement affectés, se cachent derrière ce sujet pour créer des obstructions artificielles", a jugé Abdullah Gül.
D'autres opposent à la Turquie son ouverture de plus en plus prononcée vers ses voisins orientaux - Proche-Orient, monde arabo-islamique, Russie et anciens pays du bloc soviétique. Certains vont plus loin et voient dans le rapprochement avec l'Iran ou la Syrie la patte du Parti justice et développement (AKP) au pouvoir, qui plonge ses racines dans l'islam politique. Mais pour Gül, il n'en est rien et l'adhésion à l'UE reste une priorité absolue.
L'AKP, dont Gül est issu, aime à se définir comme le pendant turc des chrétiens-démocrates européens. La Turquie est attachée aux idéaux de démocratie, de droits de l'homme, du marché, de transparence ou encore de responsabilité, affirme son président. "La Turquie est devenue une espèce de pôle d'attraction. Chacun s'interroge et se dit: si la Turquie peut le faire, nous pouvons le faire aussi", assure Gül.
Quant aux relations avec les voisins orientaux, argue-t-il, elles sont naturelles de par l'histoire commune, dont l'héritage ottoman, et répondent d'une volonté d'extension de la stabilité et de la sécurité à toute la région.
"On confond l'orientation de la Turquie avec ses contacts et ses relations - ce sont des choses distinctes. La Turquie est comme un générateur de stabilité dans la région", insiste Gül.