Moderniser l'armée cela veut dire évincer le Ministre de la Défense.

Ces derniers temps ils ne s'entendent plus avec lui car il ne soutient pas Moubarek

Oui, l’armée égyptienne peut basculer, mais de quel côté ?

L’armée, en Egypte, bénéficie d’avantages et de prébendes plus que nulle autre composante de la société égyptienne et la bascule espérée par les manifestants pourrait ne pas avoir lieu.

Dans une société d’extrême injustice et pauvreté, elle jouit du meilleur : salaires démultipliés, reclassements dorés, avantages substantiels, matériels modernes et entretenus, chouchou du pouvoir et fournisseur des cadres de la société civile et privé, quoi de mieux pour acheter la fidélité ?

Les signes de ralliement que certains croient percevoir ne sont que des signaux corporels d’entités qui s’affrontent passivement et dans la peur.

Le soldat qui, de sa tourelle, des penche vers les mains tendues des manifestants pour les saisir, n’est pas un signe de ralliement mais une posture physique synchronisée par la crainte pour sa vie.

Devant les soldats, certes nombreux, armés et abrités en relative sécurité, se massent des foules grondantes dont les soldats craignent l’avancée et c’est la peur au ventre qu’ils font face, mince ruban d’acier à une marée humaine qui, si elle devait avancer, poussée par les masses arrières, les submergeraient aussitôt malgré les armes et c’est cette peur qui leur fait tendre les bras.

Les « cerveaux » militaires égyptiens ne sont pas très loin pour distiller les bons ordres et mettre « bon ordre » aux velléités de ralliements.

Sur une armée de 500.000 actifs, quelques déserteurs peuvent effectivement changer de camp et inspirer d’autres vocations, ce serait marginal, et, connaissant les structures mentales de la hiérarchie militaire égyptienne, durement réprimé…

Un système répressif opérationnel

La chaîne de la répression a formidablement bien fonctionné en Égypte, il ne s’est pas trouvé un, deux, trois ou quatre techniciens des télécoms, de la TV ou d’Internet pour mettre en échec les coupures décidées par le dictateur, tous ont obéi sans faillir et appliqué la censure, cela démontre que le système répressif est opérationnel.

La police et l’armée contiennent les manifestants de la même manière et malgré les morts, les deux entités font bien partie de la chaîne répressive et pas un ne s’est illustré par une conduite favorable aux manifestants.

Le régime de Moubarak, s’il veut rester, a intérêt à miser sur un pourrissement et éviter un paroxysme de situation, point de basculement, en muselant comme il le fait, l’information et toute opposition.

Si l’armée n’a pas tiré, c’est, vraisemblablement, que les ordres de ne pas tirer ont été donné, si de tels ordres arrivaient ce serait certainement la fin du régime Moubarak qui ne trouverait plus aucun soutien, les raisons de son maintien volant en éclat, le fameux paroxysme de situation étant dépassé.

Aujourd’hui, la situation est pourrie mais personne, sur la planète Terre, géostratégie oblige, ne souhaite que l’Égypte bascule , la grève générale prévue pourrait générer de nouveaux troubles mais le régime tient et personne n’a vraiment envie d’une autre Égypte pour l’instant.

En conclusion, l’armée tient le pouvoir, pire ou mieux encore elle est le pouvoir, lâcher du lest pour elle signifierait aussi laisser de la place ou la place aux Frères musulmans.

Elle est agrippée à tous les leviers du pouvoirs et elle n’est pas prête de céder ;sa place au nouveau gouvernement en est la preuve.

Une distribution de pain n’est pas un acte d’adhésion à la rébellion, ce n’est pas le genre de signe qu’il faut guetter et interpréter.

Le général Souleimane qui vient d’être adoubé nourrit la haine des islamistes, il fera tout pour les écarter du pouvoir, avec l’aide de l’armée qui le lui rendra bien

Imaginons un instant la chute de Moubarak.???

Elle succéderait certainement à des violences militaires.