Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Ven 6 Avr 2012 - 12:01
Le plus intriguant et le plus paradoxal dans toute cette histoire est que le putsch militaire du 22 mars a encouragé et facilité l'avancée des troupes de l'alliance militaire constituée autour du MNLA, plus particulièrement lorsque les soldats maliens ont déserté leurs campements de Gao comme s'ils obéissaient à des consignes strictes venant de Bamako, ville où le jeu est réellement trouble en raison de l'existence de plusieurs services secrets étrangers, notamment européens.
Donc, effectivement nous sommes en droit de nous poser des questions sur les tenants et aboutissants du conflit Azawad. Toujours est-il que le pouvoir central du Mali est directement responsable du soulèvement Touareg dont la région n'a presque pas connu de développement économique et social, contrairement à l'attention permanente portée aux régions du sud. Le motif économique est la source de toutes les manipulations possibles.
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Ven 6 Avr 2012 - 14:28
L'indépendance du nord du Mali proclamée et rejetée
La communauté internationale a rejeté de vive voix cette proclamation d'indépendance.
a-Croix.com avec AFP - 06 Avril 2012
Citation :
La rébellion touareg du Mali a proclamé vendredi 6 avril l'indépendance du territoire de "l'Azawad" dans le nord du pays, un effet d'annonce rejeté à l'étranger et qui ajoute à la confusion dans une zone dominée par des groupes armés islamistes et criminels, au bord du "désastre humanitaire".
REJET DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
Très vite, l'Union africaine (UA) et l'Union européenne (UE) ont rejeté cette déclaration unilatérale comme "nulle et non avenue" ou "sans aucune valeur", selon Jean Ping, président de la Commission de l'UA. Invoquant notamment "le principe fondamental de l'intangibilité des frontières" héritées de la colonisation, Jean Ping a appelé "toute la communauté internationale à soutenir pleinement cette position de principe de l'Afrique"
L'ALGERIE DEFEND L'INTEGRITE TERRITORIALE DU MALI
L'Algérie par la voix de son Premier ministre Ahmed Ouyahia, dans une interview accordée au journal Le Monde, a affirmé pour sa part défendre "l'intégrité territoriale du Mali" et prône le "dialogue" pour régler la crise.
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Ven 6 Avr 2012 - 16:28
[size=120]Mali: "pas de solution militaire" au problème touareg (Juppé)[/size]
06 Avril 2012
Citation :
La France estime qu'il n'y a pas de "solution militaire" aux revendications des Touareg au Mali et que les pays voisins doivent contribuer à une solution politique, a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. "Il n'y aura pas de solution militaire pour les Touareg", a déclaré le ministre, invité par l'Association de la presse anglo-américaine à Paris.
"C'est une solution politique qu'il faut", a ajouté M. Juppé, précisant que la Communauté économique des Etats d'Afrique l'Ouest (Cédéao), ainsi que l'Algérie et la Mauritanie devaient y contribuer. "Il faut que la junte (qui a pris le pouvoir après un coup d'Etat le 22 mars, ndlr) s'écarte et que, soit le président de l'Assemblée nationale malienne soit quelqu'un d'autre, prenne le pouvoir constitutionnel et que ce pouvoir soit aidé pour stopper l'avance d'Aqmi", a-t-il ajouté.
"Nous soutenons tous les efforts de la Cédéao, y compris les préparatifs d'une action militaire", a déclaré pour sa part le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères Bernard Valero, lors d'un point-presse jeudi.
Sujet: Rébellion Azawad - Mali Ven 6 Avr 2012 - 16:30
Les officiels français n'arrivent plus à trouver les bons plans et se contredisent. D'un côté Juppé affirme qu'il n'y aura pas de solution militaire" au problème touareg alors que son porte parole annonce que la France soutient les préparatifs d'une action militaire par la CEDEAO. Allez comprendre quelque chose
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Sam 7 Avr 2012 - 8:31
Mali : les familles des diplomates algériens rapatriées
Par Hakim Merabet | 06/04/2012 | 19:39
Diplomate algérien enlevé à Gao le 5.4.2012
Citation :
Enfin une bonne nouvelle en provenance du chaos malien. Les familles des diplomates algériens, enlevés jeudi au Mali, ont été rapatriées aujourd’hui vendredi «saines et sauves», a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Ces familles ont été rapatriées à bord d’un avion des forces aériennes de Bordj Badji Mokhtar (wilaya d’Adrar) sur la base militaire de Boufarik, a précisé la même source, ajoutant qu’une ressortissante française qui travaillait à l’agence de l’UNICEF et qui s’était réfugiée au consulat d’Algérie à Gao a été évacuée sur le même vol.
«Un diplomate algérien, qui n’était pas présent au moment où les ravisseurs avaient investi le consulat, a pu également être évacué sur le Niger où il a été pris en charge par notre représentation diplomatique» a fait savoir le ministère des Affaires étrangères.
Il rappelle que «le gouvernement algérien s’est engagé à tout mettre en oeuvre pour assurer un retour sain et sauf de nos compatriotes et que la cellule de crise mise en place suit en permanence les développement liés à cette affaire». Le Consulat d’Algérie à Gao a fait l’objet jeudi matin d’une attaque par un «groupe non identifié», avait indiqué le ministère des Affaires étrangères.
«Le consul et six (06) éléments de la représentation consulaire algérienne ont été conduits vers une destination inconnue», avait précisé le ministère. «A la suite de cet acte que l’Algérie condamne avec fermeté, une cellule de crise a été mise en place pour suivre l’évolution de cette affaire et afin que tout soit mis en oeuvre pour le retour sain et sauf de nos nationaux», avait ajouté la même sourc
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Sam 7 Avr 2012 - 8:46
Document exclusif : Mali rebellion touareg
29 novembre 2009
une vidéo de 2009 qui vous transporte dans la région de Tin-zaouatine, Kidal etc...
Au Mali, alors que les autorités avaient signé un accord de paix avec les principaux représentants de la cause touaregs en juillet 2006, la rébellion Touareg a repris en août 2007. Les troupes du chef rebelle Ibrahim AG Bahanga, retranchées du côté de la frontière algérienne ont attaqué plusieurs positions de larmée régulière malienne.
De violents accrochages ont fait plusieurs morts. Des militaires ont été pris en otage. Les rebelles ont déclaré un cessez-le-feu puis relâché leurs otages avant d'être délogés de leurs positions par l'armée malienne. Depuis, la situation est redevenue calme. Jusqu'à quand?
Ce reportage a été tourné en janvier 2008. Il faut plusieurs jours de route avant de rejoindre l'extrême nord-est du Mali, aux confins de l'Algérie et du Niger, la zone touareg en perpétuelle rébellion depuis les années 60. Elle se trouve dans la 8eme région du Mali, l'une des plus pauvres, où les expériences agricoles sont minées par les sècheresses à répétition et les projets de développement toujours en suspens.
Une région pauvre où le sous-sol recèle de richesses pourtant, certaines encore inexploitées. Outre le phosphate, on se prépare vers Tombouctou, à y extraire du pétrole qui intéresse beaucoup les américains, les algériens mais aussi les lybiens. C'est aussi une zone de trafic de drogues, de non droit, de kidnapping où s'est réfugiée une des branches armée d'Al Qaida Maghreb. Reportage : François-Xavier Freland
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Sam 7 Avr 2012 - 12:19
Mali : des personnalités dénoncent ‘’une recolonisation programmée’’
La France espérait obtenir la base militaire stratégique de Tessalit
Dakar - 06/04/2012 18:10 GMT
Citation :
‘’La France, écrivent-ils, espère obtenir de la future République laïque et démocratique de l’Azawad ce que le président malien Amadou Toumani Touré (ATT) n’a pas su ou voulu lui accorder : la base de Tessalit hautement stratégique au plan économique et militaire, de la fermeté dans la lutte contre l’émigration + clandestine+ et Al Qaeda au Maghreb (AQMI)’’.
Aprés un léger réaménagement de sa piste d'envol, une telle base pourrait servir à déployer des Rafale et constituerait par ailleurs un relais aux satellites militaires récemment lancés aux fins d'espionnage militaire, des écoutes et même au brouillage électronique en cas de conflit armé dans la région.
Aérodrome Tessalit en 1961 (escales de ravitaillement)
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Sam 7 Avr 2012 - 17:21
Le sort des otages français au Mali passe au second plan
De Michel MOUTOT (AFP) – Il y a 2 jours
Citation :
PARIS — L'offensive des Touaregs et des islamistes dans le nord du Mali complique les tractations sur le sort des otages français au Sahel et renforce la position de l'un des intermédiaires traditionnels, estiment des sources concordantes. Alors que des contacts, certes indirects et intermittents, étaient maintenus avec les ravisseurs pour tenter d'obtenir la libération des six Français détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), la conquête par les rebelles touaregs, les formations intégristes et des membres d'Aqmi de la moitié nord du Mali, gèle le dossier des otages. "La situation actuelle complique énormément la résolution de ces prises d'otages" a confié à l'AFP une source diplomatique qui, impliquée dans le dossier, demande à ne pas être identifiée. Il y a dix jours le ministre français de la coopération, Henri de Raincourt, assurait que les six français aux mains d'Aqmi au Sahel étaient "en vie" mais que "la période n'est pas très favorable à l'approfondissement des contacts avec les ravisseurs (...) toujours indirects et pas continus". Les services occidentaux de renseignement estiment que les otages français, ainsi que deux Espagnols et une Italienne kidnappés en octobre 2011 en Algérie et détenus par le Mouvement unicité et jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), un nouveau groupe islamiste issu d'une scission au sein d'Aqmi, ont été séparés et sont détenus dans des massifs montagneux du nord-ouest du Mali. Alors que les hommes d'Aqmi ont quitté leurs bases isolées pour conquérir, aux côtés ou en même temps que les rebelles touaregs, toutes les grandes villes de la région, il est encore trop tôt pour savoir ce qu'il est advenu de leurs captifs. Mais ce qui est certain c'est que ces conquêtes territoriales renforcent considérablement l'influence et le poids dans la région de Iyad Ag Ghaly. Cette figure des rébellions touaregs des années 1990 au Mali, désormais à la tête du mouvement islamiste armé Ansar Dine ("Défenseurs de l'islam", en arabe) contrôle notamment la grande ville de Tombouctou, qu'il a capturée à la tête d'une colonne d'une cinquantaine de pick-ups. Réputé proche d'Aqmi, dont l'une des katibas est dirigée par l'un de ses cousins, Hamada Ag Hama, plus connu sous le nom d'Abdelkrim Taleb, il a dans le passé fait office d'intermédiaires dans les négociations qui ont abouti à la libération d'otages français et allemands capturés dans le région. A Gao, selon des témoins, ses hommes ont pris leurs quartiers dans un camp militaire aux côtés de jihadistes du Mujao. Selon une source sécuritaire dans la région, trois des principaux chefs d'Aqmi au Sahel (Abou Zéïd, Mokhtar Belmokhtar et Yahya Abou Al-Hammam, tous trois algériens) auraient été vus en compagnie d'Iyad Ag Ghaly récemment à Tombouctou. A Paris, des sources policières proches du dossier estiment que l'approche de la date du premier tour de l'élection présidentielle pourrait inciter, comme ce fût le cas dans le passé, les ravisseurs à se manifester. Selon l'une de ces sources, qui demande à rester anonyme, cela pourrait prendre la forme d'une vidéo des ravisseurs ou des otages postée sur internet au cours des prochains jours. Lors d'une récente interview au journal régional français "La Provence" Bernard Squarcini, directeur central du Renseignement intérieur, évoquait "les otages du Mali" en déclarant: "A mon avis, cela ne va pas tarder à entrer aussi dans la campagne". Parmi les captifs, quatre collaborateurs français du groupe nucléaire Areva et de son sous-traitant Satom ont été enlevés à leurs domiciles au Niger le 16 septembre 2010. Deux autres Français, qui se présentaient comme des géologues, ont été capturés le 24 novembre 2011 dans leur hôtel à Hombori, dans nord-est du Mali.
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Dim 8 Avr 2012 - 19:53
FRANÇAIS ET AMÉRICAINS SOUTIENNENT SA DÉMARCHE
Alger demeure en première ligne dans la lutte contre Aqmi
Le kidnapping de diplomates algériens va, à coup sûr, susciter davantage de cooptation internationale dans la lutte contre le terrorisme.
Dimanche 08 Avril 2012
Citation :
SYNTHESE - La déclaration d'indépendance de l'Azawad par le Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla), ven-dredi dernier, a éclaté comme une bombe à fragmentation, menaçant de fait nombre de pays du Sahel, en l'occurrence l'Algérie et le Niger.
Alain Juppé a déclaré récemment à la presse qu'il est du devoir des pays du Sahel de monter en première ligne contre notamment la menace islamiste et terroriste dans la région. «Aujourd'hui, il faut mobiliser les pays du Sahel, l'Algérie a un rôle majeur à jouer, la Mauritanie, le Niger, les autorités de Bamako quant à elles seront opérationnelles pour lutter contre ce fléau, qui menace toute la zone, jusqu'au Niger», a-t-il encore suggéré.
Même son de cloche de la part des Etats-Unis d'Amérique. Ces derniers soutiennent que l'Algérie, forte de son expérience en matière de lutte contre le terrorisme et militairement bien organisée et bien déployée, doit jouer un rôle pivot dans la crise malienne.
Si les Français et les Américains soutiennent sa démarche, c'est qu'Alger est en première ligne dans la lutte contre Aqmi et il y a aussi un consensus de l'opinion internationale considérant l'Algérie comme étant un acteur incontournable pour désamorcer la crise malienne.
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Dim 8 Avr 2012 - 22:16
Les deux guerres du Mali, par Bernard LUGAN, spécialiste de l'Afrique
Bernard Lugan, spécialiste de l'Afrique, se penche sur l'actualité récente du Mali : que se passe-t-il au Mali ? Quelle est l'originalité de ce conflit mené par les Touaregs ? Que se passe-t-il à Tombouctou ? En conclusion : quel va être le jeu des pays voisins du Mali ? Que vont faire les occidentaux ? Vont-ils accepter avec réalisme de prendre en compte le fait accompli Touareg ?
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Dim 8 Avr 2012 - 22:19
Les deux guerres du Mali, par Bernard LUGAN, spécialiste de l'Afrique
Bernard Lugan, spécialiste de l'Afrique, se penche sur l'actualité récente du Mali : que se passe-t-il au Mali ? Quelle est l'originalité de ce conflit mené par les Touaregs ? Que se passe-t-il à Tombouctou ? En conclusion : quel va être le jeu des pays voisins du Mali ? Que vont faire les occidentaux ? Vont-ils accepter avec réalisme de prendre en compte le fait accompli Touareg ?
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Lun 9 Avr 2012 - 8:30
Indépendance de l’Azawad : Le congrès mondial amazigh pour le fédéralisme
Une base pour l'AFRICOM
07.04.2012 | 17h48
Citation :
Les Américains cherchent un pied à terre
La proclamation de l’Azawad est également refusée par les Etats-Unis. Une position exprimée par un simple porte-parole du département d’Etat, « nous rejetons la déclaration d'indépendance du MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) et répétons notre appel à préserver l'intégrité territoriale du Mali ». En France, c’est Alain Juppé, le chef de la diplomatie, qui s’est exprimée là-dessus.
Washington ne souhaite pas brûler toutes ses cartes avec les Touaregs. Le très menaçant danger de AQMI y est pour quelques chose. Devant la débandade de l’armée régulière du Mali, les Touaregs de l’Azawad pourrairnt constituer l’ultime chance pour les Américains de stopper l’avancée de Al Qaida.
Un arrangement autour d’une éventuelle base militaire américaine à Azawad n’est pas exclue. Washington cherche depuis des années un pied à terre en Afrique du nord pour ses soldats de l’AFRICOM, toujours stationnés à Stuttgart en Allemagne. Le Maroc et l’Algérie ont refusé d’accueillir ces unités, l’Azawad pourrait bien l’accepter.
Il est difficile de se frayer une piste qui mène vers les intentions réelles de ceux qui fomentent des complots. Toutefois je dirai que celui qui occupe solidement le terrain peut toujours brouiller les chemins obscures de l'ennemi et imposer sa volonté, d'une manière ou d'une autre.
Si ceux qui viennent d'ailleurs se permettent de conspirer et d'anticiper sur les terres du Nord-Mali, comme le font les groupes terroristes et le pseudo-porte parole du MNLA installé à Paris, l'Algérie voisine peut et devrait en faire autant.
Dans la partie d'échecs qui se joue au sud de l'Algérie, la meilleure défense c'est l'attaque.
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Lun 9 Avr 2012 - 14:48
Mali : les Etats-Unis évacuent leurs diplomates
9 Avril 2012, 15:40
Citation :
Les autorités américaines ont évacué les bénévoles du Peace Corps, organisation humanitaire américaine et ont conseillé au personnel diplomatique non indispensable de quitter également le pays en raison de l'instabilité suite au coup d'Etat du 22 mars.
Le département d'Etat invite les Américains à éviter les voyages au Mali notamment en raison de l'insurrection touarègue dans le Nord et de la menace persistante d'attentats ou d'enlèvements.
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Lun 9 Avr 2012 - 17:09
Toujours entre les mains de leurs ravisseurs
Qui a intérêt à enlever les diplomates algériens à Gao ?
Par Hasna Yacoub - 08 Avril 2012
Citation :
SYNTHESE - En fait, la question qui se pose est simple : qui a intérêt à enlever les diplomates algériens et dans quel but ?
Cet «affront» qui s’est produit à Gao, ne peut être une action isolée de vengeance d’un groupe terroriste. Ce dernier n’est que l’exécutant d’un plan qui aura des conséquences géopolitiques. Autrement dit, les commanditaires de l’enlèvement ont des objectifs qui transcendent de loin ceux des groupes qu’ils manipulent. Si les terroristes voient dans le kidnapping des otages une affaire juteuse, les commanditaires, eux, aspiraient à impliquer l’Algérie dans l’imbroglio du Nord-Mali.
L’enlèvement des diplomates vise donc à «convaincre» l’Algérie que l’intervention militaire s’impose dans le Nord-Mali pour mettre un terme à tous les facteurs de déstabilisation et d’insécurité qui menacent le Mali et les pays du Champ. L’Algérie fait cependant la part des choses et distingue entre la problématique des Touareg et le terrorisme. Le premier est une question malo-malienne qu’elle a aidé à son règlement à travers les accords de Tamanrasset et ceux d’Alger, le second est un problème d’insécurité régionale qui nécessite l’effort de tous les pays concernés.
Bamako entretient la confusion à dessein ce que Alger refuse. D’où l’appel des autorités maliennes à l’intervention étrangère. C’est dans ce contexte qu’il s’agit de comprendre l’enlèvement des diplomates algériens et c’est dans ce contexte que leur devenir sera tranché.
Les sept diplomates algériens, enlevés jeudi dernier à Gao, une localité du Nord-Mali, seraient toujours entre les mains de leurs ravisseurs. Selon une source proche de ce dossier, ils seraient localisés entre Gao et Tombouctou. L’information sur leur libération, qui s’est répandue dans la matinée d’hier après des négociations qui auraient été menées avec Mokhtar Belmokhtar, l’un des ex-émirs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (actuellement agissant pour son propre compte dans le Sahel), n’a pas été confirmée officiellement. D’ailleurs, c’est le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), un groupe dissident d’Aqmi -qui avait revendiqué dernièrement l’attentat de Tamanrasset- qui a revendiqué hier le rapt des diplomates. Dans un message écrit transmis à l’AFP, confirmé par un appel téléphonique d’un certain Adnan Abu Walid Sahraoui, qui s’est présenté comme le porte-parole du Mujao, le mouvement a confirmé sa responsabilité dans l’enlèvement des otages : «C’est nous qui avons organisé l’enlèvement. Ils (les otages) sont avec nous. Nous allons, après, donner nos revendications.» En fait, la question qui se pose est simple : qui a intérêt à enlever les diplomates algériens et dans quel but ? Aujourd’hui, le territoire Azawad, déclaré indépendant par le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), est sous le contrôle du groupe islamiste d’Ansar Eddine, allié d’Aqmi et du Mujao, qui ont participé à la chute du Nord-Mali aux côtés du Mnla. Il est donc logique de penser que les otages algériens ont été enlevés par les éléments d’un de ces groupes islamistes. Que ce soit le Mujao, Aqmi ou encore les hommes d’Ansar Eddine qui auraient enlevé les otages algériens et quelle que soit la nature des revendications exprimées, ce ne sera que la partie visible de l’iceberg. Une autre lecture des événements pourrait être faite. Ces différents groupes terroristes savent très bien que l’Algérie ne cédera à aucune de leurs revendications quelles qu’elles soient. A ce titre, l’enlèvement des diplomates n’aurait aucun autre but que de se venger de l’Algérie pour ses positions sur le terrorisme et son engagement pour le combattre. Précisons que ces différents groupes, y compris les amateurs parmi eux, savent que l’enlèvement de diplomates algériens pourrait avoir des conséquences fâcheuses sur leur propre survie. Donc, cet «affront» qui s’est produit à Gao, ne peut être une action isolée de vengeance d’un groupe terroriste. Ce dernier n’est que l’exécutant d’un plan qui aura des conséquences géopolitiques. Autrement dit, les commanditaires de l’enlèvement ont des objectifs qui transcendent de loin ceux des groupes qu’ils manipulent. Si les terroristes voient dans le kidnapping des otages une affaire juteuse, les commanditaires, eux, aspiraient à impliquer l’Algérie dans l’imbroglio du Nord-Mali. L’ennemi premier du régime malien n’a jamais été le terrorisme et le banditisme dont des pontes du régime tirent profit. En revanche, les revendications politiques, économiques et sociales des touareg constituent pour Bamako, une menace réelle qu’il fallait endiguer depuis ses balbutiements jusqu’à sa conversion forcée en une rébellion qui menaçait le Mali de partition. Les autorités maliennes actuelles et précédentes n’ont jamais caché leurs vœux de voir des forces étrangères occidentales intervenir directement dans le Sahel, non pas pour combattre la menace terroriste mais pour mâter la rébellion touareg assimilée ouvertement au terrorisme. L’Algérie qui a depuis toujours exprimé sa position principielle, voire dogmatique, contre toute intervention étrangère dans la région, prône une coopération sincère des pays du Champ pour endiguer et le terrorisme et le banditisme dans la région et surtout pour engager un processus de développement économique et social de nature à permettre l’émancipation des populations de toute la région. L’enlèvement des diplomates vise donc à «convaincre» l’Algérie que l’intervention militaire s’impose dans le Nord-Mali pour mettre un terme à tous les facteurs de déstabilisation et d’insécurité qui menacent le Mali et les pays du Champ. L’Algérie fait cependant la part des choses et distingue entre la problématique des Touareg et le terrorisme. Le premier est une question malo-malienne qu’elle a aidé à son règlement à travers les accords de Tamanrasset et ceux d’Alger, le second est un problème d’insécurité régionale qui nécessite l’effort de tous les pays concernés. Bamako entretient la confusion à dessein ce que Alger refuse. D’où l’appel des autorités maliennes à l’intervention étrangère. C’est dans ce contexte qu’il s’agit de comprendre l’enlèvement des diplomates algériens et c’est dans ce contexte que leur devenir sera tranché.
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Lun 9 Avr 2012 - 23:00
Les chars d’Ansar Eddine » à Tombouctou
Ajoutée par AlJazeeraEnglish le 8 avril 2012
Qui contrôle vraiment la ville de Tombouctou? Dans un reportage de la télévision Aljazeera, diffusé aussi bien, sur la chaîne en langue arabe que sur celle en anglais, on voit nettement les islamistes d »Ansar Eddine » qui paradent dans la ville à bords notamment de véhicules blindés avec les drapeau noir flottant au vent. Doit-on croire sur parole, le Mouvement National de libération de l’Azawad (MNLA) qui a proclamé l’indépendance de l’Azawad, lorsqu’il affirme contrôler le territoire?
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Mar 10 Avr 2012 - 13:43
Les évènement du Mali ont provoqué un afflux de réfugiés maliens aux frontières des pays voisins. Cette situation est largement médiatisée sauf en Algérie (pas de photos).
Spoiler:
La réunion du HCR avec la coordination des réfugiés M'Béra - Mauritanie-Photographie Hamadi Ag MOHAMED ABBA
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Mar 10 Avr 2012 - 14:58
La libération des diplomates n'est pas pour demain
Ce MUJAO en guerre contre l’Algérie
10 Avril 2012,
Citation :
Le Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) n’est pas une branche salafiste armée dissidente d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Cette nouvelle branche terroriste a été créée pour déstabiliser les plans du Cémoc (état-major des pays du Champ) et pour brouiller les pistes des pays du Sahel. Une pure tactique de guerre prévue par Al Qaïda au Maghreb.
Mieux, ce groupe terroriste, né quelque part, a une mission très particulière, ciblée les intérêts algériens. Encore mieux, cette organisation criminelle, composée essentiellement de djihadistes maliens et mauritaniens et drainé par un certain Abou Gaâgaâ, n’a pas l’intention de relâcher les sept diplomates algériens, comme cela a été rapporté par beaucoup de médias algériens.
Le plus sûr c’est que ce mouvement est né, quelque part, et doté d’armes de guerre et son but est de mettre à feu et à sang les frontières algériennes. Toutefois, les autorités algériennes sont très conscientes de la situation et de la menace et pour cette raison, le général-major, Ahmed Boustila, commandant de la Gendarmerie nationale, avait fait une escale au lendemain de l’attentat de Tamanrasset pour entamer un plan spécial qui vise à traquer les terroristes du MUJAO et ceux d’Aqmi. Un plan qui suit, aujourd’hui, son cours et qui pare à d’éventuelles actions terroristes du MUJAO.
C’est un groupe terroriste sanglant, dont l’idéologie est faite de sang. Le 4 mars dernier, cette branche islamiste armée avait déclaré la «guerre» sainte contre l’Algérie. Le 3 avril passé, elle a enlevé sept Algériens et brûlé le drapeau algérien. Des signes de «guerre».
Comment, devant ce fait, peut-on voir une libération rapide des sept otages algériens? Impossible. Les otages algériens seront détenus pendant des mois, faut-il le signaler, car le MUJAO est une faction radicale et extrémiste. Des sources et des informations circulent depuis avant-hier, parlant de la libération des sept otages algériens détenus par le Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO). Puis, d’autres informations affirment que les otages algériens ont été transmis aux rebelles touaregs. C’est faux.
Toutes ces sources et ces informations ne disaient que du faux. Pourquoi ? Il faut retenir une chose, pour ceux qui ne le savent toujours pas, le groupe terroriste du MUJAO est une faction terroriste très sanglante et ne reculant devant rien. En brûlant le drapeau algérien qui flottait au-dessus du Consulat d’Algérie à Gao et le remplaçant par celui du MUJAO, ce groupe terroriste, emmené par un certain Abou Gaâgaâ, voulait porter un message clair aux autorités algériennes que la «guerre» vient d’être déclarée.
Comment peut-on espérer ou voir une libération des sept diplomates algériens devant un tel signe de guerre ? Le Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) pour ceux qui l’ignorent encore, est une organisation criminelle composée de djihadistes sanglants, assoiffés de sang ayant déjà fait la guerre en Afghanistan, alors que d’autres étaient en Irak.
Leur idéologie est beaucoup plus sanglante que celle de l’ex-chef d’Al Qaïda, en l’occurrence Oussama Ben Laden. Le MUJAO est composé essentiellement de djihadistes maliens et mauritaniens, puis de quelques terroristes d’origine algérienne, marocaine, nigérienne et tunisienne. Leur nombre dépasse aujourd’hui les 1000 hommes, fortement armés et grands connaisseurs du grand désert du Sahel.
Ce mouvement terroriste avait déclaré la «guerre» sainte contre les intérêts algériens, c’était juste après l’attentat-suicide ayant ciblé le siège de la brigade territoriale de la Gendarmerie nationale de Tamanrasset. Un attentat terroriste commis par deux jeunes kamikazes d’origine étrangère, mais fort probablement par deux maliens. Comment un tel groupe, aussi radical et extrémiste, est-il en mesure de relâcher les sept diplomates algériens ?
C’est pratiquement impossible. Ce groupe criminel, dirigé par un certain Abou Gaâgaâ, d’origine mauritanienne tient dur comme fer à détenir les sept diplomates algériens, il n’a aucune volonté de les relâcher après les avoir pris en otages.
Cela dit, les sept Algériens qui sont, aujourd’hui, entre les mains de MUJAO, ne seront pas libérés de sitôt. Ils seront, par contre, détenus pendant des mois, cela bien entendu, s’ils ne sont pas exécutés. La situation est très préoccupante pour la vie de ces Algériens. D’ailleurs, le récent attentat suicide qui a visé, le 3 mars dernier, le siège de la brigade de la Gendarmerie nationale de Tamanrasset est une preuve solide de cette menace potentielle.
Un attentat kamikaze qui a fait, rappelons-le, 23 blessés dont 15 gendarmes, 5 pompiers et 3 civils qui passaient par là, au moment de l’explosion de l’engin piégé de 200 kg de TNT. Un attentat revendiqué, quelques heures après, par le Mouvement de l’Unicité et du Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO). Dirigé par un jeune djihadiste, un mauritanien d’origine, ce mouvement armé avait déjà menacé les autorités algériennes d’une «guerre sainte».
Le plus étonnant dans ce nouveau mouvement armé c’est que l’ensemble de ses opérations ciblent, très particulièrement, les frontières algériennes, d’où la grande question. Quelle est la mission du MUJAO? Pourquoi s’acharne-t-il contre l’Algérie? Et quels sont les enjeux de ce Mouvement ? Des questions qui restent, présentement, sans réponse.
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Mar 10 Avr 2012 - 19:26
Alger peine à reprendre l’initiative dans le dossier malien
10/4/12 - 18 H 10
Citation :
Le rôle de médiateur joué historiquement par les Algériens entre Bamako et la rébellion touarègue du nord s’est brusquement dilué ces dernières semaines. L’enlèvement de leurs diplomates à Gao renforce les difficultés.
La déclaration du ministre de l’intérieur, Daho Ould Kablia, qui envisageait, dimanche, « la fermeture des frontières », a sonné comme un aveu d’impuissance.
« Alger n’a pas compris que l’agenda du terrain n’était plus entre les mains de ses interlocuteurs habituels du MNLA. C’est la faction Ansar Dine de la rébellion touarègue du Nord qui a dicté la radicalisation », souligne Salah Deramchi, ancien diplomate.
L’ENLÈVEMENT DU CONSUL, UN CASUS BELLI ?
L’enlèvement à Gao, jeudi dernier, du consul algérien et de six de ses collaborateurs par un groupe islamiste armé a fini d’affaiblir la position d’Alger. « Nos services de sécurité ont été incapables de prévenir l’effondrement de l’armée malienne dans le Nord et le risque de débordement du MNLA par des factions islamistes.
La présence de diplomates algériens à Gao ce jour-là est clairement une erreur d’appréciation », soutient Said Rabia, politologue.
Quatre jours après la proclamation de « l’indépendance de l’Azawad », dans le nord du Mali, le gouvernement algérien avait encore du mal lundi 9 avril à reprendre l’initiative devant des événements qui l’ont pris de vitesse. Alger a certes exprimé par la voix de son premier ministre, Ahmed Ouyahia, son hostilité à « une remise en cause de l’intégrité territoriale » de son voisin du Sud. Mais la déclaration du ministre de l’intérieur, Daho Ould Kablia, qui envisageait, dimanche, « la fermeture des frontières », a sonné comme un aveu d’impuissance. Surtout lorsque l’on sait qu’Alger partage près de 1 000 km de frontière saharienne poreuse avec un pays d’où ont afflué plus de 80 000 réfugiés depuis la reprise de l’insurrection en janvier dernier.
Le rôle de médiateur joué historiquement par Alger entre Bamako et la rébellion touarègue du Nord s’est brusquement dilué ces dernières semaines avec l’assaut du MNLA, le mouvement indépendantiste touareg, sur les principales villes du nord du Mali. Un scénario opposé aux vœux de la diplomatie algérienne, partisane en toutes circonstances, « du dialogue politique ». « Alger n’a pas compris que l’agenda du terrain n’était plus entre les mains de ses interlocuteurs habituels du MNLA. C’est la faction Ansar Dine de la rébellion touarègue du Nord qui a dicté la radicalisation », souligne Salah Deramchi, ancien diplomate.
L’ENLÈVEMENT DU CONSUL, UN CASUS BELLI ?
L’enlèvement à Gao, jeudi dernier, du consul algérien et de six de ses collaborateurs par un groupe islamiste armé a fini d’affaiblir la position d’Alger. « Nos services de sécurité ont été incapables de prévenir l’effondrement de l’armée malienne dans le Nord et le risque de débordement du MNLA par des factions islamistes. La présence de diplomates algériens à Gao ce jour-là est clairement une erreur d’appréciation », soutient Said Rabia, politologue.
Ce rapt spectaculaire a suscité une telle émotion que le quotidien El Watan s’est interrogé en Une : « L’ANP (NDLR : l’armée algérienne) doit-elle intervenir au Mali ? » Jusqu’ici, l’ANP avait soutenu l’armée malienne dans la lutte contre Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) dans le cadre d’un dispositif régional appelé « pays du champ ».
« Miser sur Bamako pour sécuriser le nord du Mali était déjà un pari perdant il y a dix ans. Le président Toumani Touré a aggravé la situation ces dernières années par son immobilisme dans cette région », explique Said Rabia. Il a considéré que la lutte contre la guérilla islamiste du Sahel devait revenir principalement à l’Algérie, pays d’origine du fléau. Mais Alger, qui refuse une intervention des puissances occidentales dans la région, n’a jamais réussi à coordonner avec le Niger et la Mauritanie la sécurisation d’un territoire grand comme l’Europe occidentale.
AVEC LES TOUAREGS, MAIS CONTRE L’INDÉPENDANCE
À court terme, l’urgence pour Alger est de récupérer saine et sauve sa mission diplomatique à Gao. Il compte pour cela sur le MNLA, son partenaire politique, dont les combattants sont coupables d’avoir abandonné la protection du consulat à l’arrivée du groupe islamiste responsable du rapt. Les dirigeants du mouvement Azawad subissent ainsi leur premier test de « puissance publique » sur un territoire dont ils revendiquent le contrôle.
Ils affichent pourtant une certaine assurance sur leur capacité à résoudre convenablement la crise. « Cela permettra au MNLA de rester le premier interlocuteur d’Alger, alors que le gouvernement malien reste pour le moment introuvable », affirme Saleh Deramchi. Pour autant, reconnaît-il, « cela ne va pas faire fléchir la position sur l’indépendance de l’Azawad » d’une Algérie qui reste vigoureusement accrochée à la doctrine de l’intangibilité des frontières héritées de l’ère coloniale.
AMINE KADI, à Alger
Et voilà, l'Algérie est perçue comme étant "impuissante" à cause d'une diplomatie devenue sénile, inefficace et incapable de prendre l'initiative. En réalité, la prise d'otage a carrément neutraliser nos politiciens.
Par ailleurs, alors que les américains ont réduit leur personnel diplomatique, l'Algérie continue à croire que la rencontre de football du 9 juin contre le Mali doit se dérouler à Bamako.
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Mar 10 Avr 2012 - 21:38
Exclusif : comment l’Algérie tente de contrôler « les terres rouges » de l’Azawad Posté le : 10 avril, 2012
Citation :
Rien ne va plus entre le MNLA-Mouvement National pour la Libération de l’Azawad- et le gouvernement algérien. Depuis la déclaration d’indépendance du territoire touareg au Nord du Mali, Alger exerce énormément de pression, notamment médiatique, sur les indépendantistes Touaregs. A Alger, c’est le Département Renseignement et Sécurité (DRS), les « services », qui prend en charge totalement le dossier malien depuis des années. C’est sous les conseils du général d’armée Mohamed Mediène dit « Tewfik », patron du DRS, que le gouvernement d’Abdelaziz Bouteflika avait choisi de ne pas intervenir militairement dans la région. En effet, il aurait été maladroit sur le plan diplomatique d’intervenir contre un mouvement de libération alors que l’Algérie abrite sur son territoire depuis une quarantaine d’année le Front Polisario qui lutte contre le Maroc afin d’obtenir l’indépendance du Sahara occidental. Pour Alger, il fallait donc jouer finement : déstabiliser le MNLA sans pour autant se montrer trop hostile aux indépendantistes azawadiens. Pour cela, le DRS a sorti de son chapeau une vieille connaissance. Il s’agit du chef historique Touareg du MNLA Iyad Ag Ghali, qui sur les conseils du pouvoir algérien avait déposé les armes avant d’être nommé, en 2007, vice-consul du Mali en Arabie Saoudite. C’est dans ce pays qu’Iyad Ag Ghali aurait effectué sa mue et serait devenu salafiste sous l’influence d’un prédicateur pakistanais. En rentrant d’Arabie Saoudite, Iyad Ag Ghali disparaît de la circulation pendant un bon moment. Il prête ses services à plusieurs états de la région, mais ne rompt jamais ses liens avec le DRS. Avec la chute de Mouammar Kadhafi et le retour des milliers de combattants Touaregs de la Libye, Iyad Ag Ghali refait brusquement surface à la tête d’une légion salafiste de 1000 combattants particulièrement bien équipée, bien entraînée et surtout bien informée, qu’il intitule « Ansar Addine ». Dans le Nord du Mali, quand il ne fait pas la course en tête, il talonne de près les rebelles du MNLA à qui il met la pression à chaque bataille contre les forces loyalistes maliennes. A Kidal, ses hommes – bien renseignés dit-on par les services algériens- livrent une bataille féroce contre la garnison malienne. A Tombouctou, alors que le MNLA se cantonne à l’aéroport de la ville, « Ansar Dine » sont au centre de la cité et font hisser le drapeau malien version islamiste. Quelques jours après, Iyad Ag Ghali se fend d’une déclaration dans laquelle il détaille les objectifs de son mouvement, notamment un Mali uni appliquant la Chariâ. Il se démarque du MNLA et de son agenda indépendantiste. A Paris, les observateurs avertis notent qu’Iyad Ag Ghali a été hospitalisé à l’hôpital militaire Aïn Naadja à Alger il y a quelques semaines. Une coïncidence troublante qui renforce les doutes sur la relation entre « Ansar Dine » et le DRS algérien, d’autant plus que d’après un cadre de la DGSE, les groupes salafistes algériens et ceux du Sahel sont largement infiltrés par les services algériens et cela depuis des années déjà. Alger aurait tout à gagner de la présence d’Iyad Ag Ghali au Nord du Mali. Elle démontre ainsi que le MNLA est incapable de contrôler l’Azawad et d’y fonder un Etat. Elle exerce en outre une surveillance de près sur trois anciennes connaissances Yahya Abu El Hemam, chef de la mystérieuse « Siyriat Al Forqane », Mokhtar Belmokhtar-(appelé le Borgne ou Mister Marlboro) – et enfin Abid Hammadou dit Abou Zeid. Une situation qu’Alger affectionne et qui lui laisse les mains libres dans la région sans qu’elle n’ait besoin d’intervenir directement.
Sujet: Rebellion Azawad - Mali Mer 11 Avr 2012 - 14:20
Les 12 plaies du Mali
Publié le 11/04/2012 à 13:01
Citation :
Si la junte se voit contrainte de restituer le pouvoir aux civils, les acteurs de la transition héritent d'un chantier écrasant : pacifier le nord du pays, passé sous la coupe de séparatistes touareg et de milices islamistes. Décryptage d'un désastre qui inquiète l'Afrique. Et au-delà...
1. Pourquoi le pouvoir malien s'est-il effondré si vite ?
Le 22 mars, les mutins emmenés par l'obscur capitaine Amadou Sanogo conquièrent moins le pouvoir qu'une impuissance. Car ils s'engouffrent dans le vide creusé par l'apathie d'Amadou Toumani Touré, alias "ATT", chef d'Etat en fin de mandat et à bout de souffle. Leur pronunciamiento suscite d'ailleurs à Bamako, la capitale, une indéniable adhésion. Notamment celle des "petits soldats", lassés de monter au casse-pipe face à des rebelles venus de Libye plus aguerris et bien mieux équipés qu'eux, et écoeurés par le train de vie d'officiers corrompus, souvent en cheville avec les trafiquants d'armes et de drogue qui sillonnent le Sahel.
2. Pourquoi le putsch a-t-il viré au fiasco ?
Même si la junte a fait vibrer la corde patriotique, elle précipite une partition nord-sud qu'elle prétendait enrayer. Sur fond d'anarchie, ses maigres troupes ne tentent rien pour entraver l'avancée des insurgés, touareg ou djihadistes. Les "pieds nickelés du camp Kati" - ainsi un général français les désigne-t-il - finiront par appeler à la rescousse des partenaires occidentaux et africains qu'ils vouaient aux gémonies, avant, toute honte bue, de sommer les civils nordistes d'entrer en résistance... La piteuse aventure trouve son épilogue le 6 avril, sous la forme d'un "accord-cadre" aux allures de reddition conclu avec la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), qui lève aussitôt l'embargo "total" infligé au Mali. En contrepartie d'une amnistie consentie à lui-même et à sa clique, Sanogo s'engage alors à restituer le pouvoir aux civils dès la démission formelle d'ATT, l'élu déchu. Laquelle survient deux jours plus tard.
3. Quelles seront les étapes du retour à l'"ordre constitutionnel" ?
Celui-ci s'inspire d'une loi fondamentale - celle de février 1992 - que la junte avait prétendu abroger au profit d'un texte taillé sur mesure. Conformément à l'article 36 de la Constitution, l'intérim de la présidence revient au patron de l'Assemblée nationale, Dioncounda Traoré. Lourde tâche que celle qui échoit à ce mathématicien, chargé de conduire une transition dont la durée reste à fixer. Il doit certes nommer un Premier ministre qui, doté de pouvoirs étendus, animera un gouvernement d'union nationale ; parmi les favoris, une poignée de prétendants à la succession d'ATT, ainsi qu'un Arabe "nordiste", Zahby Ould Sidi Mohamed, pour l'heure fonctionnaire onusien au Soudan. Mais Traoré a aussi pour mission d'organiser des scrutins présidentiel puis législatif. Une certitude : les Maliens n'éliront pas le prochain chef de l'Etat dans un délai de quarante jours, comme l'exige la loi - d'autant qu'un toilettage du fichier électoral devrait précéder l'appel aux urnes. Au rayon des urgences, un chantier plus herculéen encore attend le régent du palais de Koulouba : pacifier le grand Nord malien et le ramener dans le giron national.
4. Qui sont les Touareg et que veulent-ils ?
Le peuple touareg compte 1,5 million de personnes, dispersées entre le Mali, le Niger, l'extrême sud de l'Algérie, la Libye et le nord du Burkina Faso (voir la carte, page 66). D'origine berbère, les "hommes bleus" parlent leur propre langue, le tamacheq, et sont restés pendant plus de mille ans les maîtres du Sahara central. Au début des années 1960, lors des indépendances, ces nomades ont été relégués aux marges des nouveaux Etats africains. Dans le nord du Mali, où ils seraient environ 550 000, les Touareg se sont rebellés à plusieurs reprises contre Bamako (voir la chronologie, page 72). Depuis janvier dernier, la "révolution" menée par le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) a pris une ampleur inédite. Les rebelles contrôlent aujourd'hui la moitié nord du pays, un territoire grand comme une fois et demie la France. Le MNLA chapeauterait 3 000 combattants : des Touareg ayant servi dans l'armée libyenne et rentrés lourdement armés au Mali après la chute de Kadhafi, des intellectuels et anciens rebelles, ainsi que des jeunes de langue tamacheq sans perspective d'avenir. Durant sa conquête éclair, le MNLA a attiré dans son sillage des groupes djihadistes. En premier lieu, Ansar ed-Din (Défenseurs de la religion), commandé par Iyad ag Ghali, un ancien chef rebelle touareg converti au salafisme et proche de certains émirs d'Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), mais aussi le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), un groupuscule qui aurait commis des viols et enlevé sept diplomates algériens à Gao, la ville principale du nord du Mali.
C'est peu probable, car leurs ambitions respectives sont incompatibles et la rébellion touareg a intérêt à se démarquer des djihadistes dans l'opinion internationale. Le MNLA, qui se proclame laïque, a atteint son objectif : contrôler l'Azawad (le grand Nord malien), dont il a déclaré l'indépendance afin de négocier en position de force. De plus, les Touareg pratiquent d'ordinaire un islam paisible : les femmes ne portent pas le voile et jouissent d'une liberté inégalée dans le monde musulman. A contrario, le mouvement djihadiste Ansar ed-Din prétend imposer la charia à l'ensemble du Mali. Quant à Aqmi et sa branche dissidente, le Mujao, ils veulent déstabiliser l'ensemble des Etats de la région afin d'établir un émirat islamique au Sahel.
6. Le nord du Mali restera-t-il un sanctuaire d'Aqmi ?
Tout dépendra de l'évolution de la situation politico-militaire dans la région. Depuis 2007, l'Etat malien n'a rien fait pour empêcher les groupes d'Aqmi de s'enkyster dans le grand Nord du pays, où ils retiennent des otages occidentaux et prélèvent leur dîme sur tous les trafics transfrontaliers. Certains élus et officiers maliens se gardaient d'ailleurs d'intervenir, en échange de contreparties financières. Aujourd'hui, l'armée de Bamako, refoulée vers le sud du pays, est incapable d'intervenir. De même, si la Cedeao envoie dans le sud du Mali une force militaire, cette dernière se trouvera en premier lieu confrontée à la rébellion touareg et non aux djihadistes. A moyen terme, les mieux placés pour déloger Aqmi des zones désertiques des confins du Mali, de l'Algérie et de la Mauritanie, sont sans doute les combattants du MLNA. Toutefois, l'armée mauritanienne a déjà mené, à plusieurs reprises, des raids contre des groupes d'Aqmi dans le Nord malien.
A Bamako, où le coup d'Etat avait bien été accueilli, on vit dans le dénuement et l'angoisse d'incursions armées ou d'attentats. REUTERS/ Luc Gnago
7. La partition du Mali est-elle irréversible ?
Non. Mais pour conjurer un tel scénario, il faudra y mettre le prix. Echaudés par les déconvenues antérieures, les leaders du MNLA ont proclamé "solennellement" le 6 avril l'indépendance pleine et entière de l'Azawad. Déclaration unilatérale nulle et non avenue, ont promptement riposté l'Union africaine (UA), la France et les Etats-Unis. "Il faut y voir un effet d'annonce et une posture de négociation, avance un proche de Sarkozy. Nos interlocuteurs touareg savent cet objectif inatteignable. Et inacceptable aux yeux de tous les acteurs de la région, à commencer par l'Algérie." Mortifiée par l'enlèvement de sept de ses diplomates en poste à Gao, dont le consul, le puissant voisin du Nord martèle qu'il "n'acceptera jamais" la moindre entorse à l'"intégrité territoriale du Mali". Reste que la version 2012 d'une révolte centenaire ne se contentera cette fois ni de promesses de "large autonomie" ni de "programmes de développement" sans lendemain. "Il faudra, concède un "africain" de l'Elysée, lui prodiguer de robustes garanties, frappées du sceau de l'ONU, de l'UA, de l'Europe et de Paris. Si ATT n'avait pas fait la sourde oreille à nos appels répétés au dialogue, le Mali n'en serait pas là." Le hic ? Un tel schéma suppose que les hommes bleus supplantent leurs rivaux islamistes. Dénouement pour le moins hypothétique. Vu des bords de la Seine, il n'est pourtant qu'une stratégie à ce stade : enfoncer un coin entre les irrédentistes "canal historique", supposés laïques, et leurs alliés de circonstance djihadistes. La hantise : des attentats terroristes au coeur de Bamako.
8. Une intervention militaire est-elle envisageable ?
Sur le papier, oui. Même si Alger réprouve le recours à la force. Réunis le 5 avril à Abidjan (Côte d'Ivoire), les chefs d'état-major de la Cedeao ont esquissé les contours d'une force interafricaine de 2 000 à 3 000 hommes, appelée à renvoyer dans leurs foyers les insurgés nordistes de toutes obédiences. "Mais le temps presse, souligne un expert militaire. Or, assembler in situ un tel contingent requiert une sacrée volonté politique et, a minima, de cinq à dix semaines : il faut identifier les unités, les mettre à niveau, les équiper, les acheminer, arrêter un plan opérationnel. Et s'assurer que le troufion sénégalais est prêt à se faire tuer pour l'unité du Mali." Si la France et les Etats-Unis excluent l'envoi du moindre détachement, ils fourniraient en revanche aux Casques blancs de la Cedeao, Nigérians en tête, un appui substantiel, sous la forme de véhicules, d'armements, de transmissions, de renseignement, voire de couverture aérienne. En la matière, il importe de "faire comme si". De brandir le glaive pour ne pas avoir à l'abattre.
9. La France a-t-elle sous-estimé l'impact de la révolution libyenne ?
Quoi qu'on en dise à l'Elysée, la réponse est oui. "On a été nuls ! soupire un officier supérieur familier des théâtres africains. Le Mali sera notre Irak. Comme les Américains là-bas, nous avons déclenché un bordel régional. La diplomatie des "coups" a un prix. Prohibitif." Civils ou militaires, les cassandres assez lucides pour pressentir les effets collatéraux de l'effondrement de la Jamahiriya de Mouammar Kadhafi ont été priées de rengainer leurs prophéties. "Nous étions inaudibles, râle l'une d'elles. Pas question de ternir l'épopée du grand chef." En clair, de Nicolas Sarkozy. De fait, il est plus aisé d'imputer la faute à ATT, coupable de cécité. A la clef, un match "nul", en effet - un déni partout.
10. Quel est le risque de contagion ?
Tout dépend de ce qu'il adviendra au nord du Mali. Le Niger voisin, où vivent 700 000 hommes bleus, a connu deux rébellions armées dans le Nord, entre 1990 et 1995, puis en 2007-2009. Mais, depuis l'année dernière, le nouveau président, Mahamadou Issoufou, a largement associé les élites touareg au pouvoir. Le Premier ministre, Brigi Rafini, est lui-même de langue tamacheq, et Rhissa ag Boula, l'un des anciens leaders rebelles, est aujourd'hui conseiller à la présidence. Ce dernier a affirmé que l'aventure séparatiste menée par les "frères touareg du Mali" était une voie sans issue. Cependant, certains jeunes ex-combattants pourraient être tentés d'y monnayer leurs services. "Si la force militaire de la Cedeao attaquait l'Azawad, cela susciterait une énorme émotion chez les Touareg des pays voisins, avec des conséquences imprévisibles", estime Pierre Boilley, historien spécialiste des peuples sahariens. Le Niger a renforcé sa présence militaire aux abords de sa frontière avec le Mali.
11. Quid des otages français ?
Aqmi et ses satellites détiennent dans le nord-est du Mali 13 otages occidentaux, dont six Français. Quatre d'entre eux, employés d'Areva ou d'une filiale de Vinci, Satom, ont été kidnappés sur le site uranifère d'Arlit (Niger) le 16 septembre 2010 ; deux en novembre 2011 à Hombori, entre Mopti et Gao. A l'Elysée comme au Quai d'Orsay, on considère que leur vie n'est pas plus en péril aujourd'hui qu'hier. En revanche, le chaos ambiant brouille davantage les écrans radars des médiateurs qui s'activent dans l'ombre. "C'est déjà galère d'établir et de maintenir le contact avec des interlocuteurs identifiés, soupire un diplomate. Alors là..." Seuls les plus optimistes arguent que toute redistribution des cartes, si confuse soit-elle, ouvre de nouveaux canaux. De l'aveu d'un haut gradé, le sort des captifs, qui obsède le président français sortant, Nicolas Sarkozy, pèse d'un poids "écrasant" sur la posture adoptée par Paris. Et dicte le serment de ne pas engager un seul soldat dans le bourbier malien. "Les aléas de terrain, concède un initié, menacent moins nos compatriotes que les échéances électorales hexagonales, propices à toutes les surenchères."
12. Quel est le coût humanitaire du chaos malien ?
Les principales victimes de la crise sont une nouvelle fois les populations civiles, toutes ethnies confondues. La région, déjà touchée par la sécheresse, se trouve "au bord d'un désastre humanitaire majeur", alerte Amnesty International. Depuis le début des combats, le 17 janvier dernier, au moins 210 000 personnes ont fui leur domicile. Plus de la moitié d'entre elles ont trouvé refuge dans des camps, hors du Mali : 46 000 en Mauritanie, 30 000 en Algérie, 25 000 au Niger et 23 000 au Burkina Faso. Environ 90 000 autres, déplacées à l'intérieur du pays, sont prises au piège. Les réfugiés parvenus à Kidal, Gao et Tombouctou, les trois principales villes du Nord, ont subi les exactions de bandes armées. Des cas d'enlèvements et de viols ont été rapportés à Gao et à Menaka. Des hôpitaux et les entrepôts d'ONG ont été pillés dans ces villes où l'accès à l'eau, aux soins et à la nourriture devient chaque jour plus difficile. D'où l'urgence d'ouvrir des "corridors" humanitaires.