Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Ven 1 Juin 2012 - 11:36
C'est le MUJAO qui est derrière tout ça. Il tente d'assimiler une revendication légitime à un mouvement terroriste comme ses commanditaires ont essayé de le faire pour le Polisario.
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Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Ven 1 Juin 2012 - 20:30
Perspectives géopolitiques des Touaregs
Par Pierre de Bellerive le 1 juin, 2012 @ 12:34 Par Jean-Sylvestre Mongrenier*
Citation :
L’offensive de printemps du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et de ses alliés, les islamistes d’Ansar Dine, a permis la conquête du Nord-Mali en quelques jours. Le 6 avril 2012, l’indépendance de l’Azawad était proclamée. Si les revendications des Touaregs s’inscrivent dans la longue durée, elles ne sauraient occulter les inquiétants problèmes géopolitiques de la région.
Du point de vue des puissances occidentales, la priorité stratégique est la lutte contre le terrorisme et l’endiguement des logiques de chaos. De fait, le scénario d’une « afghanisation » du Sahara et d’une convergence des lignes dramaturgiques ne doit pas être négligé. Sur un plan plus général, la dislocation du Mali signifie la fin de l’ordre post-colonial en Afrique, alors même que les révoltes et séditions du Grand Moyen-Orient vont déjà en ce sens.
Au printemps 2012, l’offensive du Mouvement national de libération de l’Azawad (le MNLA) et de ses alliés, les islamistes d’Ansar Dine, aura permis la conquête du Nord-Mali en quelques jours. Le 6 avril, le MNLA pouvait proclamer la constitution de « l’État indépendant de l’Azawad ». Cette nouvelle donne dans l’espace sahélo-saharien n’est certainement pas réductible aux effets pervers entraînés par la chute de Kadhafi et le retour au Mali de mercenaires touaregs, après le pillage des arsenaux libyens. La visée doit être plus large. De fait, la revendication d’indépendance des Touaregs, un peuple aux racines historiques anciennes, s’inscrit dans la longue durée. Pour autant, la légitimité que l’Histoire confère au mouvement touareg ne saurait occulter les inquiétantes problématiques géopolitiques qui bousculent les grilles de lecture d’antan : le romantisme des « sables chauds » n’est point de mise.
Des racines longues-vivantes
La question touarègue renvoie à celle des Berbères et au peuplement originel de l’Afrique du Nord dont le peuple touareg constitue une extension nomadisante dans l’espace sahélo-saharien. Du reste, les Berbères ont eux-mêmes de lointaines origines nomades. Ils sont en partie les descendants des Gétules de la proto-histoire – l’existence de ce peuple est évoquée par des textes égyptiens du XIVe siècle avant Jésus-Christ -, l’origine de ce groupement ethnique remontant au IIIe Millénaire. Issus des oasis sahariennes, les Gétules sont des cavaliers et pasteurs se déplaçant vers le nord au fur et à mesure de la désertification. Ils fournissent ensuite des mercenaires aux Carthaginois, et ce dès la première « guerre punique » (264-241 av. J.-C.), puis des auxiliaires à Rome lors de la « guerre de Jugurtha » (111-105 av. J.-C.), avant d’être sédentarisés. Les peuples berbères apparaissent aussi sous d’autres noms dans l’Antiquité – Hérodote mentionne dans son « Enquête» les Garamantes -, et ce sont les Romains qui les qualifient de « Barbares », un terme à l’origine de leur appellation générique. Les Berbères revendiquent aujourd’hui leur dénomination propre, celle d’Imazighen, le terme signifiant « Hommes libres ». Les Touaregs sont donc les descendants de peuples libyco-berbères se repliant depuis le nord de l’Afrique par vagues successives. La dernier mouvement d’ensemble est intervenu il y a un millier d’années, lors des ultimes phases de l’arabisation-islamisation du Maghreb. Ils forment de lâches confédérations de clans et sous-clans dans le Sahara et ses prolongements sahéliens, soit un immense espace entre les « Arabes » (très souvent des Berbères arabisés, en fait) au nord et les populations du Soudan (le « pays des Noirs ») au sud, les Maures à l’ouest et les Toubous à l’est. Ce peuple possède une langue, le tamasheq, ainsi qu’une écriture, le tifinagh. Les Touaregs sont à l’origine de Tombouctou, au nord-ouest de la grande boucle du fleuve Niger, une ville fondée au XIe siècle. Ce comptoir marchand et esclavagiste est alors le point de départ des caravanes qui relient l’Afrique noire au Maghreb et constitue donc une étape essentielle des routes médiévales de l’or. Sila vielle de Tombouctou est un temps incorporée dans l’empire Songhaï (une entité politique centrée sur Gao et des populations de langue nilo-saharienne), puis dans la sphère de domination de « pachas » marocains, elle repasse ensuite sous le contrôle des Touaregs jusqu’à ce que les Français, en 1893, ne s’en emparent.
Une question géopolitique en suspens
C’est depuis l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest que les troupes françaises progressent au Sahara, non sans rivalités de corps et d’ambitions entre la cavalerie d’une part, l’infanterie de marine d’autre part. Un certain temps, les Touaregs bloquent l’accès au Sahara central et la Mission Flatters, en 1881, est anéantie par les Touaregs de l’Ahaggar, dans la région de Tamanrasset. Entre 1898 et 1900, la Mission Foureau-Lamy parvient à réaliser la jonction entre le Tchad et l’Algérie mais c’est vers 1905 que les Touaregs reconnaissent, plus ou moins, la souveraineté française sur le Sahara. Encore les soulèvements sont-ils réguliers, et ce jusqu’au coeur de la Première Guerre mondiale (on se souvient de l’assassinat par un Touareg de Charles de Foucauld, en 1916, et du soulèvement de certaines tribus qui a suivi). Du moins l’imperium français sur ce vaste « territoireitinéraire » ne porte-t-il pas atteinte à leur mode de vie ancestral. La perspective de la décolonisation est autrement plus inquiétante. Aussi les chefs coutumiers touaregs de la boucle du Niger adressent-ils une « supplique » au Président français, le 30 septembre 1958, pour que leur spécificité ethno-culturelle soit prise en compte dans la géographie politique post-coloniale.Vainement.
De fait, la décolonisation est menée dans le cadre des frontières administratives héritées de l’Empire. Le processus transforme le Sahara et ses marges, espaces réticulés et fluides, en une aire morcelée entre les divers États post-coloniaux de la zone. Le peuplement touareg – entre deux et trois millions de personnes aujourd’hui –, est écartelé entre l’Algérie et la Libye au nord, le Mali, le Niger et le Burkina-Faso au sud. Les axes de transhumance sont coupés et les oppositions de type nomade-sédentaire sont aggravées par des tensions ethno-raciales au Sahel. Bien que les Touaregs se soient pour partie mêlés à leur environnement subsaharien, le clivage Noirs/Blancs et le fait esclavagiste sont très prégnants dans les représentations géopolitiques locales. Dès 1962, le nordest du Mali est en proie à un soulèvement qui s’étend au Niger. La répression est aggravée par la sécheresse des années 1970-1980 et le Sahara algérien voit grossir les camps de réfugiés, non sans inquiétudes à Alger. En 1991, le renversement de Moussa Traoré par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré et le passage à un régime civil laissent espérer l’autonomie du Nord-Mali. En dépit des accords de Tamanrasset, en 1991, le conflit s’amplifie. Un accord de paix est signé à Tombouctou, le 27 mars 1996, mais l’autonomie prévue reste lettre morte quant à l’essentiel. Le népotisme, la corruption et l’impuissance de Bamako ne permettent pas un tel saut. Élu président du Mali en 2002, réélu en 2007, Amadou Toumani Touré se désintéresse de la question et il ne s’engage guère plus dans la lutte contre l’islamisme6.
L’hypothèque islamiste
En 2006, malgré les accords d’Alger, l’insurrection reprend dans le nord du Mali et du Niger. Elle n’a cessé depuis sans que pourtant le bouleversement géopolitique de la zone ne soit réellement envisagé, dans toutes ses dimensions. Relancée en janvier 2011, la « guerre des sables » conduit le capitaine Amadou Sango et un groupe d’officiers subalternes, le 22 mars 2012, à se saisir du pouvoir à Bamako. Ce rebondissement accélère les événements au Nord-Mali. Le MNLA et Ansar Dine (les « Partisans de l’Islam ») se saisissent des cercles de Kidal, Gao et Tombouctou. Le 6 avril 2012, le MNLA proclame unilatéralement l’indépendance de l’Azawad (le « Pays des pâturages »), un territoire de plus de 600 000 km². La perspective d’un État touareg, institué et reconnu, menace aussi bien l’Algérie, la Mauritanie et la Libye que les États des régions soudanaises. Appréhendée dans la longue durée, l’aire de peuplement touareg inclut différentes parties des territoires étatiques en question. Quand bien même la question de l’indépendance ne serait pas aussi pressante en Algérie ou dans le nord du Niger, ne négligeons pas les enchaînements de causes et de conséquences qui, bien souvent, mènent au-delà des anticipations initiales.
Plus largement, la percée de forces islamo-touarègues et les connexions d’Ansar Dine avec Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) inquiètent les puissances occidentales qui redoutent l’extension dufront djihadiste régional11. Aiguillés par l’Ivoirien Alassane Ouattara, les gouvernements de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont fait pression sur les militaires maliens pour qu’ils acceptent une « feuille de route », le président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, assurant l’intérim d’ici la prochaine élection présidentielle12. Reste que l’appareil d’État malien est miné par la corruption et son armée ne semble pas en mesure de se battre pour récupérer les territoires du nord. Quant à l’intervention militaire de la CDEAO, elle demeure hypothétique. Selon certaines analyses, une éventuelle rupture entre le MNLA et Ansar Dine ouvrirait la voie à une alliance avec l’indépendantisme touareg contre les diverses formes d’islamisme dans la zone sahélo-saharienne. A rebours de ce scénario, les deux mouvements rivaux ont annoncé, le 26 mai 2012, leur autodissolution et la création d’un « Conseil transitoire de l’État islamique de l’Azawad ». Les informations sont contradictoires mais AQMI pourrait être partie prenante de ce rapprochement.
La « somalisation » du Sahara
Du point de vue des puissances occidentales, la priorité stratégique régionale est la lutte contre le terrorisme et l’endiguement des logiques de chaos. Dans l’establishment militaire français, d’aucuns expliquaient ces derniers mois, mezzo voce, qu’il fallait se retirer d’Afghanistan au plus vite pour pouvoir redéployer ses efforts sur le flanc sud de l’Europe. Au vrai, on ne sait si cette évaluation géopolitique a commandé la décision du nouveau président, les raisons mises en avant relevant plus du nihilisme pratique et du « chacun pour soi », tempérés par les réalités géopolitiques et logistiques du territoire afghan, que d’une grande politique d’auto-affirmation et de répartition des théâtres d’engagement entre les principales puissances occidentales. Il est pourtant évident que le scénario d’une « somalisation », voire d’une « afghanisation » du Sahara, et celui d’une convergence des lignes dramaturgiques – depuis la Mauritanie et les côtes atlantiques jusqu’à la mer Rouge et à la Corne de l’Afrique – ne doivent pas être négligés. Sur un plan plus général, la dislocation du Mali pourrait anticiper la fin de l’ordre post-colonial et la remise en cause des découpages frontaliers en Afrique, alors même que les révoltes et séditions du monde arabe jouent déjà en ce sens dans le Grand Moyen-Orient. Une certitude donc : ces diverses régions ne peuvent plus être abordées à travers la thématique d’un « pré-carré » que nul ne reconnaît à la France. Autre certitude : l’invocation du multilatéralisme onusien, en guise de politique étrangère, ne suffira pas à la tâche.
L’implosion du Mali
Le coup de force militaire à Bamako et la perte totale de contrôle du Nord-Mali, proclamé indépendant par le Mouvement national de libération de l’Azawad (le MNLA), ne sont pas des épiphénomènes de l’histoire africaine post-coloniale. Le Mali implose et si la CEDEAO (Communauté des États d’Afrique de l’Ouest) est à la manoeuvre afin de contenir l’onde de choc, il sera difficile de redresser la situation. Ce sont des forces profondes qui travaillent ces espaces comme l’ensemble de la région. Parfois présenté par des éditorialistes hâtifs comme un petit État enclavé, le Mali, dans ses frontières reconnues, correspond à un vaste ensemble géopolitique. Son territoire, disloqué de fait, s’étend sur 1 240 000 km² pour environ 15 000 000 d’habitants d’ethnies très diverses. Le Mali est en situation d’interface entre le Sahara et les régions soudano-guinéennes et ce territoire était autrefois le débouché des grandes routes transsahariennes par lesquelles transitait l’or du Soudan en contrepartie des produits du Bassin méditerranéen, marchands arabes et berbères contrôlant ce commerce. Ainsi l’actuel Mali se veut-il l’héritier de puissantes formations politiques du passé (« empires » du Ghana et du Songhaï). Dès le XIe siècle, ces espaces comme l’ensemble du « blad as-sudan » (le « pays des Noirs ») sont pénétrés par la religion islamique. Les régions soudanaises sont conquises par les Français à la fin du XIXe siècle et regroupées dans la colonie du Haut-Sénégal-Niger (1904), l’une des composantes de l’AOF (Afrique Occidentale Française). Le territoire de la Haute-Volta (actuel Burkina-Faso) est ensuite ôté de cette colonie qui devient le Soudan français (1920). Lors de la décolonisation, en 1960, le Soudan français et le Sénégal sont un bref temps associés au sein d’une « Fédération du Mali » qui se révèle illusoire.
L’ancien Soudan français devient alors la République du Mali. Ce nouvel État est traversé par un important clivage géographique nord/sud, tant sur plan physique qu’humain. Quand le Sud soudano-guinéen, peuplé de Noirs sédentaires, abrite la très grande majorité de la population, des pasteurs berbères, Touaregs et Maures, parcourent les immensités du Nord saharien. La question touarègue et les impasses du socialisme qui prévaut à l’indépendance, sur fond de sous-développement, sont les ressorts de l’histoire et de la géopolitique du Mali actuel. Alors qu’à Bamako sévit le régime dictatorial de Moussa Traoré, de 1968 à 1991, le Nord-Mali connaît plusieurs insurrections touarègues. En 1991, le renversement de Moussa Traoré par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré et le passage à un régime civil laissent espérer l’autonomie du Nord-Mali. Le népotisme, la corruption et l’impuissance de Bamako ne le permettent pas. Élu président en 2002 et réélu en 2007, Amadou Toumani Touré se désintéresse de la question touarègue. Relancée en 2011, la « guerre des sables » au nord conduit un groupe de militaires maliens – le capitaine Amadou Sango et des officiers subalternes -, le 22 mars 2012, à mener un coup d’Etat. Ce rebondissement accélère les événements au Nord-Mali. Le MNLA et Ansar Dine (les « Partisans de l’Islam ») se saisissent des cercles de Kidal, Gao et Tombouctou. Le 6 avril 2012, le MNLA proclame l’indépendance de l’Azawad (le « Pays des pâturages »), un territoire de plus de 600 000 km².
Aiguillés par Alassane Ouattara, le président ivoirien, les gouvernements de la CEDEAO font pression sur les militaires pour qu’ils acceptent une « feuille de route », le président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, assurant l’intérim d’ici la prochaine élection présidentielle. Reste que l’appareil d’État malien est miné par la corruption et son armée n’est guère en mesure de se battre pour récupérer les territoires du nord. Quant à l’intervention militaire de la CDEAO, elle est des plus incertaines d’autant plus que cette organisation est aussi aux prises avec les effets du coup d’État intervenu entretemps en Guinée-Bissau.
Le Sud algérien et l’« Etat touareg »
L’indépendance effective de l’Azawad aurait d’importantes retombées pour l’Algérie dont la souveraineté s’étend sur toute la partie nord du Sahara. Aussi la réaction d’Alger consiste-t-elle en un mélange de circonspection, de prétention au rôle d’ « honnête courtier » et de durcissement des frontières.
Il doit être rappelé que le Sahara algérien est une création française, le pouvoir de la régence d’Alger, à l’époque ottomane, ne s’étendant guère en profondeur et moins encore à ces latitudes. C’est pourquoi le sort du Sahara aura été l’un des « points durs » de la négociation entre De Gaulle et le FLN, les gisements d’hydrocarbures et le polygone nucléaire de Reggane rehaussant de surcroît la valeur stratégique et géopolitique de ces immensités. En 1961, Paris finit pourtant par admettre l’inclusion du Sahara dans le futur État algérien indépendant. De ce fait, Alger est partie prenante des conflits géopolitiques sahélo-sahariens. Ces espaces ont d’abord été le champ d’expansion des ambitions algériennes, d’où le conflit avec le Maroc sur le Sahara occidental ainsi que l’opposition au projet d’« États-Unis du Sahara » promu par la Libye de Kadhafi. Au fil du temps, le Sahara est devenu une zone de risques et de menaces pour la sécurité algérienne. Chassés des régions littorales nord-africaines, les islamistes algériens y ont trouvé refuge pour fonder Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Afin de lutter contre l’insécurité, le Centre d’état-major commun opérationnel conjoint (CEMOC) est mis en place à Tamanrasset. Il associe l’Algérie, la Mauritanie, le Mali et le Niger.
Avec la formation d’un État touareg, la problématique d’ensemble prend une autre dimension. Sur le plan historique et ethnographique, l’espace touareg dépasse en effet le Nord-Mali pour englober - outre le Fezzan (Libye), le Niger du Nord et une partie du Burkina-Faso -, le sud du Sahara algérien. Ainsi Tamanrasset et le massif du Hoggar relèvent-ils de l’Azawad. Depuis les années 1970, le poids démographique des Touaregs y est renforcé par l’arrivée de populations ayant fui les sécheresses du Sahel malien (l’Algérie compterait une population de quelque 20 000 Touaregs). Significativement, Iyad ag Ghali, chef du groupe islamo-touareg Ansar Dine, a grandi à Tamanrasset. Si le MNLA limite ses revendications au Nord-Mali, la dynamique touarègue pourrait donc déborder sur le Hoggar. D’ores et déjà, l’enlèvement par un groupe islamiste de diplomates algériens en poste à Gao met en évidence le fait qu’Alger ne saurait s’abstraire de la situation générale.
D’une part, la diplomatie algérienne, tout en rappelant l’intangibilité des frontières du Mali, se pose en intercesseur entre Bamako et le MNLA. D’autre part, les effectifs policiers et militaires à Tamanrasset montent en puissance et les frontières-sud de l’Algérie sont verrouillées. Pourtant, les idées et les flux qui parcourent les immensités sahariennes se jouent des frontières. Alger ne pourra donc se détourner de son hinterland africain où les menaces sont grandissantes. Il semble d’ailleurs qu’une diplomatie secrète et tortueuse soit à l’oeuvre dans les développements de la situation au Nord-Mali.
*Jean-Sylvestre Mongrenier est docteur en géopolitique, il est professeur agrégé d’histoire-géographie et chercheur à l’Institut Français de Géopolitique est chercheur associé à l’Institut Thomas More.
Cet article est publié en accord avec l’Institut Thomas More .
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Dim 3 Juin 2012 - 14:31
Le revers d’une stratégie géo-politico-militaire
PUBLIE LE : 03-06-2012 | 0:00 | B. H.
Citation :
La récente proclamation unilatérale de la république islamique de l’Azawad a été rendue possible, grâce à la conjugaison d’une série d’événements contre lesquels l’Algérie avait averti en temps réel. En 2003, le Sahel était encore terra nullius (la terre de personne) où avaient trouvé refuge les groupes terroristes du GSPC de Mokhtar Benmokhtar, acculés à la défensive puis battant en retraite sous la pression des forces spéciales algériennes.
Pour sa survie, le GSPC fit allégeance à Al Qaida. L’organisation terroriste qui se proclamera, quelques années plus tard, Al Qaeda au Maghreb islamique (AQMI), va se distinguer par ses prises d’otages pour s’autofinancer et installer durablement ses bases dans le Nord du Mali, un territoire de 800.000 km, la partie du territoire malien la plus difficile d’accès.
L’Algérie avait mis en garde les pays européens qui comme l’Allemagne, l’Autriche, la France et l’Espagne, ont payé pour obtenir la libération de leurs ressortissants enlevés par Aqmi. Les groupes de Benmokhtar et de Abdelhamid Abou Zeid ont pu amasser plus de 50 millions de dollars en 10 ans. La prise d’otages était devenue une source de financement des plus juteuses pour le trafic d’armes en direction du nord de l’Algérie.
Il était encore possible vers la seconde moitié des années 2000 de pousser dans leurs derniers retranchements les salafistes qui circulaient librement dans cette immensité désertique de plus 4 millions de km. La France et avec elle ses alliés européens engagés contre les Talibans en Afghanistan et les pirates de Somalie, à des milliers et des milliers de kilomètres de leur propre territoire, avaient ignoré délibérément le danger salafiste qui se trouve, aujourd’hui à un peu plus de mille kilomètres des Canaries, territoire européen. Ces alliés avaient fait la sourde oreille aux appels incessants de l’Algérie pour mettre en place une stratégie étroite contre le terrorisme, en collaboration avec les pays de la ligne de front (Algérie, Mali, Niger et Mauritanie). Nicolas Sarkozy avait un tout autre plan alors : faire contrepoids au pacte de Tamanrasset sur le commandement opérationnel unifié de ces quatre pays dans la lutte contre Aqmi. Son objectif était en fait d’asseoir une nouvelle stratégie géo-politico-militaire dans cette partie de son ancien empire colonial. La région va payer chèrement la mise en œuvre de ce plan.
Vint donc la guerre de Libye. Une nouvelle fois, l’Algérie, et derrière elle l’Union africaine, avait averti des graves conséquences d’une déstabilisation régionale à grande échelle. De la région du Sahel, en particulier, où les armes les plus sophistiquées commençaient à circuler librement depuis le territoire libyen, jusqu’à Kidal, Tombouctou et Gao. Une aubaine pour Aqmi ! Une aubaine plus grande aussi pour le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) que l’Algérie avait, pourtant, pu réconcilier avec le gouvernement malien depuis le début des années 90, au prix d’un colossal effort diplomatique. Un remarquable travail diplomatique, salué par la communauté internationale, qui a permis de sauver le Mali de l’éclatement territorial et des divisions ethniques et permettre à ce pays frère et voisin d’engager son propre processus démocratique et de jeter les bases d’un Etat démocratique. Malheureusement, les choses vont tourner autrement, car les craintes exprimées par le gouvernement algérien sur le prolongement au Sahel du désastre de la guerre de Libye vont se vérifier assez rapidement.
Les salafistes du MNLA et d’Aqmi vont faire du coude à coude pour créer un Etat islamique aux frontières sud de l’Algérie. C’est une nouvelle Somalie, où ont pris pied désormais les terroristes et les radicaux nationalistes locaux, qui est née. Cet « Etat » est en train de mettre en place ses institutions et d’éduquer la société à l’idéologie salafiste. Les écoliers et les écolières sont séparés en classe, les femmes obligées de porter le tchador, la musique est interdite, au même titre que le football, le tabac et l’alcool. La « falaka » est déjà en usage, alors que la lapidation et les amputations vont suivre une fois le nouvel Etat aura installé ses tribunaux où l’application de la « sharia » sera l’unique source unique de droit. Le président intérimaire du Mali, Dioncounda Traoré, n’a d’autres moyens que de menacer de faire la guerre totale aux séparatistes du MLNA et à leurs alliés d’Aqmi. Les moyens militaires de ce pays, l’un des plus pauvres du monde, l’état d’extrême pauvreté des populations locales, conjugués au jeu trouble de l’ancienne puissance coloniale de la région, font craindre, hélas, que ce défi ne soit impossible à relever ! B. H.
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Mar 5 Juin 2012 - 19:38
IL S'OPPOSE À TOUTE INTERVENTION ÉTRANGÈRE AU NORD DU MALI
Le Mouvement Azawad tient à ne pas déranger l'Algérie
05-06-2012
Citation :
Le Mouvement national de libération Azawad (MNLA) a déclaré, dans un communiqué, qu'il ne souhaiterait pas être une source de problèmes aux pays voisins du Mali, notamment l'Algérie. Selon le communiqué, dont le Temps d'Algérie détient une copie, le mouvement Azawad refuse toute intervention étrangère dans le conflit concernant les Azawad.
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Jeu 7 Juin 2012 - 17:15
NORD MALI
Nouvelle manifestation contre les islamistes à Kidal
06-06-2012
Citation :
Au moins 150 personnes ont protesté hier à Kidal contre la présence des islamistes dans cette ville du Nord malien, contrôlé par des groupes armés, au lendemain d'une manifestation similaire violemment dispersée, a affirmé à l'AFP un habitant.
«Ce matin, entre 150 et 200 personnes, en majorité des jeunes et des femmes se sont rassemblés près du stade de Kidal pour protester contre la présence des groupes islamistes», a déclaré un témoin joint par téléphone. Les manifestants ont dit être «pour l'indépendance (du Nord malien) mais pas pour la chari’a (loi islamique). Ils ont hissé le drapeau du MNLA (Mouvement national pour la libération de l'Azawad, rébellion touareg) sur un mât», près du stade, a-t-il indiqué sous couvert d'anonymat. Durant plus de deux heures, les manifestants, à pied, à moto ou en voiture, ont parcouru la ville au son des klaxons. Ils ont promis d'organiser des manifestations similaires.
«Les gens d'Ansar Dine et d'Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) ne sont pas intervenus», a poursuivi le témoin. A la fin de la manifestation, des islamistes à bord d'une vingtaine de pick-up sont arrivés et ont enlevé le drapeau du MNLA, a-t-il ajouté. Une manifestation de femmes et de jeunes protestant contre les islamistes avait été violemment dispersée mardi dans cette ville du nord-est, selon un habitant. Kidal est tombée fin mars, comme l'ensemble de l'immense Nord malien, aux mains de rebelles touareg et d'islamistes armés, Ansar Dine et son allié Aqmi, mouvance composée de nombreux jihadistes étrangers.
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Jeu 7 Juin 2012 - 17:37
En effet, une condition indispensable pour que le Mali puisse récupérer ce qu'il a perdu. En outre, il y a le problème des soldats déserteurs qui se trouvent réfugiés au Niger.
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Jeu 5 Juil 2012 - 23:02
Nouvelles de Gao : Des éléments du MNLA braquent les usagers de la route entre Gao et Gossi
Maliactu du 5 juillet 2012
Citation :
Les éléments du MNLA ne sont pas tous partis de Gao. Pire, depuis le mardi, ces éléments attaquent des cars et camions en provenance de Gao avant de déposséder les passagers de tous leurs biens. C’est du moins ce que rapporte notre source.
Toute porte donc à croire que quelques éléments du MNLA sont jusqu’à présent dans la région de Gao. C’est seulement ceux logés au QG à Gao qui ont été délogés par les islamistes.
Cependant, quelques éléments de ce mouvement indépendantiste continuent de braquer des véhicules entre Gao et Gossi : des cars et des camions en provenance de la ville Gao. « Le mardi dernier, deux éléments du MNLA ont attaqué, entre Gao et Gossi, un car qui venait vers Sévaré.
Ils ont soutiré 20 000 FCFA du chauffeur. Le lendemain, c’est-à-dire le mercredi, d’autres éléments du MNLA ont braqué un camion avant de déposséder les passagers de tous leurs biens. Ils sont même partis avec les chaussures des passagers qui se trouvaient dans le camion. Actuellement, ils (les éléments du MNLA) s’attaquent aux véhicules qui quittent la ville de Gao… », affirme notre source.
Toute chose qui prouve que le MNLA est présent dans cette zone. Toutefois, contrairement à leur volonté d’indépendance de l’Azawad, les éléments de ce mouvement renouent avec leur jeu favori, c’est-à-dire, le banditisme.
A défaut d’obtenir leur indépendance, ce sont les usagers qui en payeront les frais. Aussi, les transporteurs sur cette route Gao-Sévaré doivent faire énormément attention pour éviter de tomber dans les filets de ces bandits armés, surtout que le gouvernement n’est pas encore prêt à affronter ces envahisseurs du Nord. Oumar Diakité
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Jeu 5 Juil 2012 - 23:03
Le temps des faux barrages est arrivé au nord du Mali
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Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Jeu 5 Juil 2012 - 23:07
Fire a écrit:
Le temps des faux barrages est arrivé au nord du Mali
Après la défaite militaire face aux groupes armés de Gao le MNLA est réduit au grand banditisme. Si cette information est exacte, le MNLA perd toute crédibilité et ses revendications deviennent caduques.
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Mer 11 Juil 2012 - 23:52
Mali : Les islamistes chassent les touaregs
11/07/2012 | 23:14
Citation :
Les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont été chassés par les islamistes de leur dernier bastion du nord du Mali situé près de Gao, ville où ils avaient subi une cuisante défaite le 27 juin, ont rapporté aujourd’hui des témoins à l’AFP.
« Les rebelles touareg ont été chassés par les islamistes de leur dernier bastion, Ansogo, située à cent kilomètres au nord de Gao » et « actuellement toute notre zone est désormais entre les mains des islamistes », a déclaré un élu de la localité d’Ansogo, information confirmée par un médecin.
« Nous venons d’avoir un entretien avec les nouveaux maîtres des lieux qui ont dit qu’ils ne sont pas là pour faire du mal aux populations », a ajouté l’élu, sous couvert de l’anonymat. « Avant, le MNLA contrôlait encore une partie de la zone, maintenant, c’est terminé. Ils se sont sauvés dans la brousse », a-t-il ajouté.
Un médecin malien, Albert Djigué, qui a quitté aujourd’hui par la route la frontière nigérienne pour Gao, a confirmé l’information. « De la frontière nigérienne en passant par Ansogo avant d’arriver à Gao, je n’ai pas vu un seul soldat du MNLA. Ils sont tous partis. Ce sont les islamistes qui sont maîtres des lieux », a-t-il affirmé.
A Ansogo, les islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ont renforcé leurs positions en s’installant à la préfecture, dans le bâtiment des travaux publics et au Centre d’animation pédagogique (CAP), selon ce médecin.
Après leur défaite à Gao le 27 juin face aux combattants du Mujao qui les avaient évincé de la ville lors de violents combats ayant faot au moins 35 morts, les rebelles du MNLA, avaient en partie trouvé refuge à Ansogo et ses environs.(Afp)
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Ven 13 Juil 2012 - 14:51
Pourquoi les touaregs ont perdu le Nord-Mali
Au Nord du Mali, les islamistes ont chassé les indépendantistes touaregs.
12.07.2012 - 17:14
Citation :
Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a perdu une nouvelle position au profit des islamistes. Trois mois après avoir proclamé l’indépendance de l’Azawad, le MNLA semble disqualifié dans la région.
Le Mali a annoncé son intention de saisir la Cour pénale internationale «la semaine prochaine» pour «atrocités» commises par les groupes armés qui occupent le Nord du pays
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Ven 13 Juil 2012 - 14:58
À Bamako, la crise politique n’est toujours pas résolue.
12.07.2012 - 17:14
Citation :
Une nouvelle fois, les mauvaises nouvelles sont venues du Nord Mali où mercredi 11 juillet, les islamistes du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ont chassé les indépendantistes touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) d’Ansongo (nord-est), la ville dans laquelle ils s’étaient regroupés après avoir été chassés de Gao, le 27 juin. Une défaite qui semble signer la quasi-disparition du MNLA du Nord Mali.
« De la frontière nigérienne en passant par Ansongo avant d’arriver à Gao, je n’ai pas vu un seul soldat du MNLA. Ils sont tous partis. Ce sont les islamistes qui sont maîtres des lieux », confirme un médecin malien qui a rejoint Gao de la frontière nigérienne par la route, mercredi.
« Je reviens d’un voyage par la route dans toute la région de Tombouctou : je n’ai pas vu un soldat du MNLA. Pas un barrage, un village, un carrefour tenu par eux dans l’ensemble de la région de Tombouctou, à l’exception d’une ville, Léré, à la frontière mauritanienne. Cette ville est leur dernier point d’ancrage dans tout l’ouest du Nord Mali. Pour le reste, les djihadistes sont partout présents », ajoute un notable de Tombouctou joint par La Croix .
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Ven 13 Juil 2012 - 15:01
DÉROUTE DES TOUAREGS
12.07.2012 - 17:14
Citation :
Comment comprendre la déroute du MNLA, à peine trois mois après avoir proclamé l’indépendance de l’Azawad ? Plusieurs raisons à cela.
La première, conjoncturelle, tient au ralliement de membres du MNLA aux groupes djihadistes, principalement Ansar Dine, composé essentiellement de Touaregs islamisés et dirigés par un ancien chef de guerre du mouvement indépendantiste, Iyad Ag Ghaly. « Ce passage a été massif à Tombouctou. Il jouit d’une vraie aura parmi les guerriers touaregs » , constate le notable de la ville.
Ces ralliements s’expliquent par opportunisme, mais aussi pour des raisons religieuses et financières : disposant de l’argent des rançons d’otages, des narcotrafiquants et de l’internationale djihadiste, Ansar Dine a les moyens d’acheter ses ralliements. Ce qui n’est pas le cas du MNLA, trop isolé sur la scène internationale et qui n’a pas su s’attirer les bonnes grâces des populations.
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Ven 13 Juil 2012 - 15:17
DIVERSITÉ ETHNIQUE ET IDÉOLOGIQUE
12.07.2012 - 17:14
Citation :
« Les Touaregs représentent environ un tiers des habitants du Nord » , assure Ferdaous Bouhlel-Hardy, doctorante à Sciences-Po Paris-Ceri, auteur d’une étude sur les représentations de l’autorité politique au Nord Mali. Le reste de la population est composé de nombreux groupes ethniques dont les principaux sont les Arabes et les Songhaï, qui dominent surtout la région de Gao, l’épicentre de leur empire au XVe siècle.
À cette diversité ethnique s’ajoute une diversité de courants parmi les Touaregs. « C’est une erreur de penser que tous les Touaregs maliens sont unis derrière le MNLA. Bien au contraire, ses revendications sont minoritaires », expliquait en avril à La Croix le professeur Akony Ag Iknane, nutritionniste malien très reconnu, touareg lui-même, fermement hostile à la partition de son pays en deux.
« C’est vrai que le MNLA ne représente pas tous les courants du Nord, note l’ancienne ministre malienne Zakiyatou Oualett-Halatine, aujourd’hui proche du MNLA, mais c’est le seul mouvement laïque et démocratique qui entend protéger les intérêts de tous ceux qui vivent dans le Nord. Malheureusement, de nombreux acteurs ont préféré jouer la carte des islamistes pour se débarrasser du MNLA. Ils ne croient pas à la contagion islamique dans l’ensemble du pays.
Ils se trompent : la société malienne est travaillée depuis longtemps par le wahhabisme. On a déjà oublié que le code de la famille, plus respectueux des droits des femmes, a été rejeté à l’appel du Haut Conseil islamique du Mali, un organe à la tête duquel se trouve un président de confession wahhabite. »
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Ven 13 Juil 2012 - 15:23
PAS D’AFFRONTEMENT AVEC LES ISLAMISTES DANS L’IMMÉDIAT
12.07.2012 - 17:14
Citation :
Pour le chargé des relations extérieures du MNLA, Hama Ag Mahmoud, il ne faut pas surinterpréter les défaites du MNLA dans le Nord. « Il est vrai que nous ne sommes plus présents dans les trois grandes villes du Nord. Mais nous n’avons pas disparu pour autant. Nous occupons de vastes étendues désertiques, nous circulons et nous nous rassemblons où nous voulons. »
Et d’expliquer que son mouvement ne « veut pas, pour l’heure, se battre contre les islamistes. C’est un piège qui nous est tendu pour nous affaiblir à l’heure où nous devons nous préparer à une intervention militaire de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Notre stratégie est la suivante : entrer en négociation avec le gouvernement malien, trouver un accord et ensuite, chasser les islamistes de l’Azawad. »
Du côté de Bamako, la situation politique est loin de se stabiliser. Avec un président par intérim réfugié à Paris, un gouvernement sans grande autorité et une armée toujours aux mains des putschistes, le retour de l’appareil d’État au Mali semble bien illusoire. Un retour pourtant attendu par la Cédéao et la communauté internationale, avant d’engager des forces pour la reconquête du Nord Mali.
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Ven 13 Juil 2012 - 19:18
À propos de l’Azawad
RICHARD ROSSIN - 13.07.2012
Citation :
Nul ne peut plus ignorer ce qui se passe en Azawad. Ce vaste territoire du nord de l’ex Mali.
Dès la décolonisation, les peuples Touareg s’étaient officiellement opposés à une union avec les peuples du Sud du fleuve. Il y avait une longue histoire pour cela, elle était violente. Bien sûr on vous dira que Français et Allemands s’étaient bien réconciliés. Encore une façon de se montrer en exemple !
Le colonisateur a voulu imposer cette cohabitation. Les Touareg ont essayé mais ils ont été marginalisés : la règle du plus grand nombre dont certains voudraient faire le stigmate de la démocratie. La démocratie c’est autre chose : des libertés, des droits et des devoirs pour les citoyens. Les Touaregs ont été marginalisés et se sont révoltés à plusieurs reprises.
La répression féroce dont ils furent victimes a poussé nombre d’eux à chercher des refuges et des formations ailleurs. Leurs voisins n’étaient pas tous recommandables, je vous l’accorde, mais choisit-on ses voisins? Certains vinrent en France.
A la naissance du MNLA dont la vision affirmée était la création d’un Azawad laïc et démocratique, il y avait donc des francophones et des arabophones avec des visions légèrement différentes du monde. Ils ont triomphalement libéré leur territoire sans déborder sur le Mali Bambara au sud.
Dans une optique de rassemblement national et au nom de la diversité des opinions, ils avaient d’abord accepté le dialogue avec les islamistes parmi les Touaregs. Paradoxe de la démocratie qui porte en elle les germes de sa propre disparition. Ces islamistes, Ansar-din notamment, avaient un instant accepté l’idée d’une séparation de la religion et de l’Etat. Peut-on reprocher au MNLA d’avoir voulu naïvement jouer le jeu démocratique quand nous-mêmes nous appelons à la démocratie ? Qui n’aurait jamais fait d’erreur ?
Ce regroupement n’a duré qu’à peine une journée. Une seule journée pour semer le doute et entendre lâcher les accusations des commentateurs sur le double jeu, la double parole. Les commentateurs qui n’ont pas voulu voir les manifestations de femmes contre les salafistes de tous poils en arme, ni les masses d’argent et d’armes livrés aux islamistes par le Qatar et l’Algérie soucieuse de son rôle de puissance régionale. L’Algérie qui refoule les blessés des forces démocratiques mais pas ceux des islamistes, l’Algérie dont on voit des militaires avec les troupes islamistes. Ceux du MNLA sont seuls.
Seuls, personne en Europe, en Amérique, à l’ONU n’a voulu les écouter… ni aujourd’hui, ni depuis 1958.
Seuls peut-être au nom de l’intangibilité des frontières et de la coexistence imposée aux peuples hors toute raison. Impose-t-on aux êtres de vivre ensemble quand ils ne le veulent pas ?
Intangibilité et pourtant un Etat nouveau a vu naissance au Sud Soudan. Mais après 20 ans de guerre solitaire et de massacres. Seuls comme les Darfouris qu’on ne veut pas écouter et qui ont pour droit unique, au cœur des crimes poursuivis par la CPI, celui de vivre dans des camps de l’aumône de la communauté internationale et d’aller signer un papier imposé avec leur bourreau !
Alors en Azawad, les femmes sont victimes et Tombouctou, qui venait la veille d’être classée au patrimoine de l’UNESCO, est minutieusement détruite par les islamistes d’Aqmi, Ansar-Din et de Mujao. Indignation internationale. Et certains sont même surpris qui ont occulté les mêmes vagues destructrices des Wahabites dès qu’ils prirent en 1802 et 1803 Kerbala, la Mecque et Médine. Destruction même du dôme vert du mausolée de leur prophète, exhumation des corps des compagnons de leur prophète, massacres. Ils interdisent tout ce qui n’est pas leur pensée, ils détruisent tout ce que d’autres ont bâti. Ce n’est pas une religion d’amour qu’ils prônent mais un culte à la haine et à l’exclusion. Ils se sentent humiliés par la simple existence de l’autre.
Comme autrefois, en 1744, ils interdisent le café et le tabac à l’argument que le prophète ne les avait pas connus. Mais, avait-il connu les pick-up tous terrains, les armes à feu et les missiles ?
Que nous sommes loin de Cyrus le grand qui abolissait l’esclavage et libérait les peuples de son empire vers 530 avant l’ère commune. Un bond en arrière de de 2550 ans.
Jusqu’à quand allons-nous tolérer ça ? Nos pères se sont battus pour la Liberté et une déclaration UNIVERSELLE des Droits de l’Homme.
Universelle : ce n’est pas une pensée colonialiste que de promouvoir la liberté pour les hommes ; seuls les dictateurs qui essaiment sur la planète veulent nous le faire croire, évidemment. Cette déclaration-là n’a pas de patrie, en tous cas j’observe que la France l’a abandonnée depuis bien des décennies. Regardons au fond de notre âme. Certes l’économie est importante mais je dis que la grandeur d’une Nation est d’abord dans la défense de ses valeurs.
Je dis qu’il faut soutenir des mouvements démocratiques et laïcs avec lesquels on pourra vivre en paix et dans la prospérité. C’était le rêve de nos pères aussi.
Je me souviens de notre ministre des Affaires Etrangères d’aujourd’hui qu’en 2007 nous avions accompagné dans les camps de réfugiés darfouris au Tchad puis de sa présence à la Mutualité (il n’était pas le seul). J’avais dit à l’époque que si nous ne faisions rien, ce ne serait plus une Afrique du Nord musulmane qui serait à notre frontière Sud mais une moitié nord islamiste et conquérante de l’Afrique. Le Darfour laïc et démocratique attend toujours. Le MNLA aussi.
Qu’au moins il écoute et tende la main. Ceux-là pourraient être un vrai rempart ou au moins des alliés contre le totalitarisme violent qui ne cesse d’avancer. A moins que la normalité soit de regarder mourir les hommes dans nos propos légers et voir s’évanouir leur liberté avant que la nôtre s’envole.
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Dim 15 Juil 2012 - 17:44
Les Touareg du MNLA renoncent à un Etat de l’Azawad
Par La Rédaction | 15/07/2012 | 16:21
Citation :
Les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qui s’étaient emparés du nord du Mali en avril, ont annoncé dimanche avoir renoncé à leur intention de créer un Etat séparé.
« Nous aspirons à une indépendance culturelle, politique et économique mais pas à la sécession », a déclaré à Reuters par téléphone Ibrahim Ag Assaleh, l’un des dirigeants du MNLA, organisation que ses anciens alliés islamistes, liés à Al Qaïda, ont supplantée dans le nord du Mali.
L’Azawad est le nom que donne le MNLA au nord du Mali, dont il a proclamé l’indépendance, décision qui a été ignorée par une communauté internationale plus préoccupée par la menace de voir la région devenir une plaque tournante pour des organisations réputées proches d’Al Qaïda.
Un autre responsable du MNLA, Hama Ag Mahmoud, a indiqué à Reuters dans la capitale mauritanienne Nouakchott: « L’indépendance est notre objectif depuis le début du conflit, mais nous prenons en compte le point de vue de la communauté internationale pour venir à bout de la crise en cours ».
Des organisations islamistes, dont Ansar Eddine, ont imposé la charia (loi islamique) dans le nord du Mali et détruit les mausolées de certains saints – bâtiments classés au patrimoine mondial de l’Unesco – à Tombouctou.
Contacté par téléphone à Tombouctou, Sanda Ould Boumana, porte-parole d’Ansar Eddine, a dit ne pas être au courant d’un quelconque changement de la position du MNLA, tout en ajoutant: « Ce que je peux vous dire, c’est que c’est nous qui contrôlons les trois régions du Nord » – allusion aux régions de Gao, Tombouctou et Kidal.
Sujet: Re: Rébellion Azawad au Mali Sam 8 Sep 2012 - 14:45
Azawad Aerz-Reportage
Publiée le 20 juil. 2012
Spoiler:
Un reportage diffusé par ARTE le 29 juin 2012, rediffusé le 6 juillet 2012. C'est l'un des rares documentaires qui reste objectif sur la situation dans l'Azawad depuis janvier 2012.
Le reportage est réalisé par Olivier Joulie et Laurent Hamida (ARTE GEIE / Camicas Productions - France 2012)
Présentation d'Arte : 10 avril 2012 : les touaregs du Mouvement National de Libération de l'Azawad déclarent unilatéralement l'indépendance d'un territoire grand comme deux fois la France dans le Nord du Mali.
Au lendemain de l'insurrection, une équipe d'Arte Reportage a pu se rendre au milieu des frontières poreuses du Sahel pour tenter de décrypter une situation extrêmement volatile et complexe où s'entremêlent différents mouvements : nationalistes Touaregs, groupes islamistes et djihadistes d'AQMI. Ces derniers, bêtes noires des chancelleries occidentales, ne cachent pas leur ambition : profiter du chaos pour enraciner le djihad aux portes de l'Europe.
Olivier Joulie et Laurent Hamida ont pu passer plusieurs jours à Gao, capitale du nouvel Etat revendiqué par les Touaregs, ville symbole devenue aujourd'hui l'enjeu de tous les combats politiques.
Puis, ils ont traversé les régions désertiques du Nord, fiefs des brigades de combattants d'AQMI, véritable plaie pour la région et pour les mouvements nationalistes touaregs si souvent associés à tort à des salafistes. A la frontière avec l'Algérie, puissance incontournable de la région -- l'aviation algérienne viole discrètement et en toute impunité l'ancien territoire du Mali - des réfugiés, piégés au milieu de nulle part, entre les deux pays, sont abandonnés de tous.
Stigmate d'un conflit post-colonial, vieux de presque 50 ans, notre équipe découvre la violence d'une guerre qui oppose Bamako aux Touaregs de la région depuis l'indépendance. Villages détruits, politique de terre brûlée, répression sanguinaire sur les populations : un terreau propice à l'enracinement et à la prolifération d'un islamisme radical qui tisse sa toile en se nourrissant des tensions régionales. Comme en Somalie ou dans les zones tribales pakistanaises... Ali témoigne de son parcours depuis l'armée malienne jusqu'aux combattants d'AQMI, l'endoctrinement par des prêcheurs venus du Pakistan, avant de rejoindre le mouvement indépendantiste Touareg.
Le constat est inquiétant. Face au statu quo militaire entre l'Etat malien en déliquescence, une organisation africaine, la CEDEAO, incapable de mettre sur pied une force militaire crédible, l'immobilisme de la communauté internationale, le Mouvement National de Libération de l'Azawad, qui représente peut-être aujourd'hui un dernier rempart contre l'intégrisme, risque de se faire dépasser par des éléments étrangers et radicaux. Dans cette hypothèse, la région échapperait alors à tout contrôle...