Dubaï et l’Algérie en guerre contre le blanchiment et le transfert illicite d’argent
Publier le 22.05.10
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Algérie-Dubaï | Est-ce la fin de la filiale des transferts illicites des capitaux vers Dubaï ? C’est en tout cas ce que laisse entrevoir la signature en fin de semaine d’un mémorandum d’entente, entre la Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF) et l’Unité émiratie de lutte contre le blanchiment d’argent et les opérations douteuses.
En fait, les pouvoirs publics réagissent aux avertissements de l’Organisation internationale Global Financial Integrity (GAFI), qui dans le cas où nos frontières continuent à être des passoires, l’Algérie sera sévèrement punie, note-t-on. Pour rappel, les services de sécurité Emiratis avaient déjà attiré l’attention des Douanes algériennes, sur les montants «exorbitants» qui sortent dans des valises pour être acheminés à Dubaï.
La «Dubaï connection» n’a pas pour autant attirer l’attention des responsables et des médias algériens, sans doute dissimulée par l’autre affaire d’Oran/Marseille et Oran/Alicante. En fait, l’Algérie risquait gros devant la GAFI, (organisme intergouvernemental qui lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, ndlr) qui a, moult fois, «mis en demeure officieusement» l’Algérie, note-t-on.
En effet, à en croire le dernier rapport de la GAFI, l’Algérie est classée parmi les cinq pays africains qui ont enregistré les plus grands montants de flux financiers illicites, elle aurait ainsi vu s’envoler 25,7 milliards de dollars entre 1970 et 2008…Il faut savoir que la Loi du 26 août 2003 relative à la monnaie et au crédit ainsi que le règlement n° 07-01 du 3 février 2007 de la Banque d’Algérie relatifs aux règles applicables aux transactions courantes avec l’étranger et aux comptes devises interdisent pourtant formellement le transfert libre de devises. Dans tous les cas de figure, ce mémorandum d’entente signé avec les Emiratis porte sur le transfert des capitaux et à la lutte contre le blanchiment d’argent.
ALGEX et Dubaï/exportations sous la même bannière
Les documents ont été signés en présence des co-présidents de la session, Karim Djoudi et Soltane Ben Saïd Al-Mansouri, respectivement ministres des Finances et de l’Economie. Karim Djoudi a expliqué que ce mémorandum, entre dans le cadre d’une meilleure traçabilité des opérations et d’une assistance mutuelle des autorités de contrôle des flux et transferts de capitaux».
S’exprimant sur la teneur des travaux de cette commission mixte, le ministre a expliqué qu’ils ont permis «de faire une évaluation des investissements et de présenter la nouvelle politique d’investissement et les mesures introduites par la L.F.C 2009 et d’en expliquer les tenants et les aboutissants ainsi que les procédures de mise en œuvre».
Dans la foulée, un autre «mémorandum of understanding» qui ont été signés conjointement par l’Algérie et les EAU, lors des travaux de la 8ème session de la Commission mixte Algéro-émiratie. Il est relatif à la promotion des exportations qui a été signé entre l’Agence algérienne de promotion des exportations (ALGEX) et la société Dubaï pour le développement des exportations. En outre, une série de projets de protocoles d’accords et de conventions d’assistance ont été convenus par les deux parties, lors de cette rencontre. Il s’agit notamment d’un protocole d’accord sur la protection réciproque des investissements et d’accords concernant l’énergie, le commerce, et le secteur agricole.
Les deux parties ont aussi convenu d’organiser une rencontre en juin prochain à Abou Dhabi destinée aux hommes d’affaires émiratis pour leur présenter la réglementation algérienne en matière d’investissements et examiner des projets d’investissement susceptibles d’être réalisés en partenariat.
Transferts d’argent des migrants vers l’Algérie: Le diktat de l’informel
Publier le 27.09.10
«Pour l’Algérie, il est reconnu que la majorité des flux emprunte les canaux informels et de ce fait, les statistiques officielles ne représentent qu’une petite part du total des flux», relève un document publié par Invest in Med sur «les attentes des migrants en matière de transferts d’argent dans la zone Euro méditerranéenne ».
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Le rapport détaille les principaux résultats et conclusions de l’étude réalisée par PlaNet Finance, sur les attentes des migrants issus des pays de la Méditerranée en matière de transferts d’argent. L’étude a été réalisée à la demande du groupe de travail sur l’argent des migrants de l’Euromed Postal, afin de mieux comprendre les attentes des migrants habitant, notamment en France, Italie et Espagne et de présenter les opportunités des marchés liés aux transferts d’argent sur la zone Euro Méditerranée.
L’étude fait apparaître que les atouts principaux du service de transferts, que vont privilégier les migrants sont, d’une manière générale, la confiance dans l’opérateur, la proximité du bénéficiaire et la qualité du service. L‘étude reposant sur des entretiens réalisés dans les principaux pays émetteurs de transferts (France, Italie et Espagne s’est concentrée sur les principales communautés émettrices depuis ces pays (Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte). Ainsi, 7 des 8 principaux corridors de la zone (France- Algérie, Maroc et Tunisie, Italie- Maroc, Tunisie et Egypte ; Espagne – Maroc), ont pu faire l’objet d’une enquête détaillée. Le document indique que «les transferts financiers revêtent une importance économique considérable pour la plupart des pays de la Méditerranée». Ils constituent ainsi entre 2 et 10% du PIB des pays destinataires. Ils sont supérieurs au volume d’aide publique au développement et sont surtout d’une grande régularité avec une croissance constante sur les vingt dernières années.
Au Maroc, ils permettent ainsi, avec les revenus du Tourisme, d’assurer l’équilibre de la balance des paiements. «Avec toutes les réserves qu’appellent ces évaluations, on obtient ainsi le montant de 10 milliards d’euros passant du Nord au Sud de la Méditerranée via les transferts des migrants, tel qu’il a été cité notamment par le groupe de travail sur l’espace financier Euro méditerranéen, piloté par l’Institut de Prospective Economique du Monde méditerranéen», indique le document. Alors que les migrants méditerranéens ont plutôt tendance à essaimer vers les différents pays de destination, la diaspora algérienne se caractérise par une relation quasi exclusive avec la France : ainsi alors que l’on compte près de 1,2 million d’algériens en France, on n’en dénombre moins de 50. 000 en Espagne et moins de 30.000 en Italie. Le corridor France- Algérie est estimé à plus de 4 milliards d’euros. Ce corridor constitue un des flux majeurs de la zone euro méditerranéenne, mais il est certainement l’un des plus difficiles à cerner.
«Ce n’est pas l’origine des transferts qui pose problème car, selon la Banque Centrale d’Algérie, citée dans l’étude FEMIP-Ecorys 90 % des transferts d’argent arrivant en Algérie proviennent de France, reflétant l’implantation majoritaire des migrants algériens. On ne peut toutefois manquer d’être effaré devant la diversité des montants avancés pour quantifier ce corridor», relève-t-on. La principale raison à cette situation est que, plus que partout ailleurs dans la zone, le secteur informel domine. «Comme nous l’a dit une personne rencontrée, lors des entretiens effectués : je n’ai jamais vu quelqu’un passer par une banque.
Les raisons à cette situation sont nombreuses et rendront donc ainsi le passage à un système formel plus difficile», note le rapport. «Alors que ce corridor est certainement un des plus importants en volume dans la zone, il est paradoxalement l’un des plus chers. Un transfert de compte à compte de la Société Générale vers la Banque Nationale d’Algérie de 400 euros coûtait 19,73 euros en 2006. La masse monétaire qui circule hors des circuits bancaires est évaluée à 700 milliards de dinars (soit près de 7 milliards d’euros). L’activité du marché parallèle des devises est également soutenue par la réticence des algériens à utiliser d’autres moyens de paiement que le cash» ajoute le document, indiquant que. Le système informel est extrêmement bien organisé.
«La qualité du fonctionnement du système informel a été soulignée par tous les interlocuteurs rencontrés : soit ils font appel à de la famille ou à des amis, soit ils se rendent à l’aéroport (« on connaît toujours quelqu’un»), soit encore ils font appel à des intermédiaires non officiels qui par un simple coup de fil, lesquels se chargent de faire parvenir le montant désiré à leur destinataire en Algérie. Cette prestation s’effectue en outre, sans coûts visibles pour l’expéditeur», rapporte le rapport. Selon l’étude, la fonction première des transferts est, dans un souci de solidarité, de contribuer à l’amélioration de la situation familiale.
Dans le cas des récepteurs, les transferts sont considérés comme une diversification des sources de revenu : l’utilisation des fonds transférés est décidée par les bénéficiaires sans interférence des migrants et dédiée aux dépenses de consommation essentielles de la famille (alimentation, santé, éducation, logement, etc.). Des entretiens effectués, il ressort qu’un ménage à faible revenu et peu bancarisé constitue le profil type des bénéficiaires des transferts d’argent. En effet, les transferts représentent en moyenne, la moitié du budget familial des récepteurs. En tout état de cause.
L’étude s’attache non seulement à mieux comprendre les attentes des migrants de la zone euro-méditerranéenne en matière de transferts d’argent, mais aussi à faire ressortir les principales tendances du marché des transferts en matière d’évolution des flux et de bancarisation des migrants. Les rédacteurs de l’étude reconnaissent eux même les limites de la méthodologie utilisée.