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| Sujet: Mali - Les leçons de Serval Lun 13 Jan 2014 - 18:29 | |
| Les leçons de ServalMichel Goya - Le Journal du Dimanche dimanche 12 janvier 2014 Michel Goya est un historien militaire, chef du bureau recherche du Centre de doctrine d’emploi des forces, auteur de Sous le feu (Tallandier).Colonel Michel Goya - Citation :
- De la Force d’interposition des Nations unies au Liban en 1978 à l’opération Licorne débutée en 2002 en république de Côte d’Ivoire, l’armée française a payé cher l’abandon de la notion d’ennemi et la stérilité des missions d’interposition. De l’engagement en Bosnie en 1995 à celui mené contre le régime de Kadhafi en 2011, les opérations de guerre ont alors été conduites en coalition sous leadership américain jusqu’à l’épuisement. Parallèlement, sur le sol africain, la France était dans un processus de désengagement militaire, réduisant le nombre de ses conseillers et de ses bases tout en privilégiant le soutien aux forces régionales et l’appel à l’Union européenne.
L’occupation du nord du Mali par les groupes djihadistes en toute impunité pendant 2012 a consacré la fin de ces processus. Il n’y avait d’autre choix que le retour à la forme classique d’intervention "à la française". L’intervention militaire au Mali, le 11 janvier 2013, fut d’abord une surprise stratégique pour les djihadistes qui ne l’avaient probablement pas anticipée, une erreur d’appréciation certainement due à une vision d’États occidentaux désormais réticents à s’engager au combat après l’expérience afghano-irakienne. Il a été ainsi possible de porter très rapidement un coup d’arrêt à l’offensive en cours par des moyens aériens tout d’abord, puis en l’espace de quelques jours par la mise en place d’une brigade terrestre. En deux semaines, les forces engagées ont dépassé en volume le plus fort de l’engagement en Afghanistan.
Le conflit est entré maintenant dans une "longue traîne" de stabilisation
Dans ce type de conflit contre des organisations non étatiques où aucun traité ne vient officialiser la victoire, c’est au politique de marquer symboliquement les succès. Tel fut l’objet du voyage du président de la République le 2 février, consacrant la réussite de la première partie de la mission : la restauration de l’autorité de l’État malien sur l’ensemble du territoire. Mais, il restait encore plusieurs centaines de combattants d’Aqmi aguerris et motivés qui s’étaient installés depuis des années dans le massif de Tigharghar à l’ouest de l’adrar des Ifhogas. Après avoir localisé cette base, les forces françaises ont accepté le combat rapproché, ce qui a sans doute constitué une nouvelle surprise pour des djihadistes. Après un mois de combat, le bastion d’Aqmi au Mali a été détruit et plus de 200 de ses combattants, dont le chef de katiba Abou Zeïd, ont été tués ou capturés.
Un an après, aujourd’hui, la situation ne s’est pas pour autant normalisée. Serval est devenue une opération antiterroriste qui s’inscrit maintenant dans le long terme et dans un contexte régional. Les organisations terroristes sont toujours présentes et conservent une capacité d’action dans tout le Sahel. La question touareg n’est pas résolue et l’alliance tactique française avec les organisations locales comme le MNLA, pourtant à l’origine des événements de janvier 2002, a irrité les gouvernements alliés de la région et continuera de constituer un facteur de discorde tant qu’une solution politique n’aura pas été trouvée. À plus long terme, les facteurs politiques, économiques et même écologiques d’affaiblissement des États de la région sont toujours présents. Le conflit est entré maintenant dans une « longue traîne » de la stabilisation. http://www.lejdd.fr/Chroniques/Invite-du-JDD/Mali-les-lecons-de-l-operation-e-l-armee-francaise-648140 |
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