Sujet: La France en Afrique Mer 4 Déc 2013 - 10:32
La France renoue avec sa politique d’intervention militaire
03/12/2013 18:44
La France, qui s’apprête à intervenir en Centrafrique, enchaîne les opérations militaires sur le continent, mais insiste sur le fait qu’il s’agit désormais de passer au plus vite le relais aux Africains pour assumer leur propre sécurité.
Soldat français Bangui Centrafrique RCA
Citation :
Opérations en Libye et en Côte d’Ivoire en 2011, Serval au Mali en 2013, la Centrafrique aujourd’hui: les interventions se succèdent, quel que soit le pouvoir en place. Le Livre blanc de 2013 a simplement remis l’Afrique au rang des priorités stratégiques de la France, au nom de sa sécurité et de celle de l’Europe.
Enjeu “Les pays africains doivent assurer eux-mêmes leur propre sécurité. Mais nous ne pouvons les laisser seuls face aux risques et aux menaces qui, à terme plus ou moins rapproché, nous concerneraient directement”, résume Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense. C’est “tout l’enjeu”, selon lui, du sommet sur la sécurité en Afrique qui se tiendra vendredi et samedi à Paris. Les crises africaines ont conduit les forces françaises à agir dans l’urgence, comme au Mali, où les jihadistes s’apprêtaient début janvier à déferler sur Bamako.
Présence militaire La France dispose pour ça d’une connaissance approfondie de l’Afrique et de forces prépositionnées qui lui permettent d’agir vite et efficacement. Si l’on est loin des 30.000 hommes qu’elle maintenait sur le continent en 1960, la présence permanente française devrait s’élever à plus de 4.000 militaires en 2014, à Djibouti, au Gabon, au Tchad, au Sénégal et en Côte d’Ivoire.
Libye, Côte d’Ivoire, Mali et Centrafrique Depuis 2011, les armées ont été confrontées aux situations les plus diverses et ont montré l’étendue de leur savoir-faire : emploi de la force aérienne en Libye, combats urbains en Côte d’Ivoire, dans le désert au Mali, démantèlement de bandes armées, qui relève plus de la sécurisation que de la guerre, demain en Centrafrique.
Seule au front Revers de la médaille: alors que l’Afrique suscite de plus en plus d’intérêt et que les investissements étrangers (chinois, européens, américains…) augmentent, les Français se retrouvent en première ligne, le plus souvent seuls, quand il s’agit d’envoyer des troupes. “Ce sont des zones où il faudra toujours intervenir, on ne pourra pas laisser les gens se massacrer”, relève un officier général, qui regrette le manque de soutien des partenaires européens de la France qui “ne veulent pas y mettre les pieds”.
Mandat des Nations-Unies Pour prévenir les critiques contre l’interventionnisme de l’ancienne puissance coloniale, Paris agit le plus possible dans le cadre de la légalité internationale, sous mandat des Nations-Unies. En Centrafrique, les Français interviendront ainsi “en soutien” de la force africaine, la Misca, déjà sur le terrain. Même s’ils devraient assumer l’essentiel du travail au début de l’intervention. “L’objectif est de rétablir une sécurité minimale et de favoriser la montée en puissance de la Misca. Nous mobilisons un millier d’hommes pour une période de montée en puissance de 4 à 6 mois puis de retrait progressif de 4 à 6 mois”, résume mardi Jean-Yves le Drian dans le Dauphiné libéré.
Force de soutien Comme le souligne l’amiral Edouard Guillaud, le volet militaire n’apporte “qu’une partie de la solution du problème”. “Les forces armées agissent en soutien d’un projet politique global, consistant le plus souvent à recréer les conditions d’un fonctionnement normal et apaisé des institutions et d’une reprise de la vie économique”, note le chef d’état-major des armées dans la Revue Défense Nationale. Sur le terrain, les forces africaines devront prendre le relais des Français. A moyen terme au Mali, où Paris entend maintenir un millier d’hommes pour une durée indéterminée. Plus rapidement en Centrafrique, où Paris table sur une opération ponctuelle d’environ six mois. Des forces africaines qui manquent de capacités de réactivité, logistiques ou de commandement.
Mobilisation financière souhaitée Le succès de ce type d’opérations passe donc par la mobilisation d’un soutien financier international important pour les aider à s’équiper et s’organiser. La succession des opérations françaises survient en effet dans un climat de restrictions généralisées pour les armées, en France comme dans l’ensemble des pays occidentaux. Et les interventions dans des zones au climat parfois extrême, comme au Mali, et difficiles d’accès, sollicitent gravement les hommes et le matériel.
Sujet: La mission militaire française en Afrique Jeu 16 Jan 2014 - 14:49
Accord de défense Mali-France : Objectif : Tessalit ?
Publié le 16 jan 2014 - 6:35
Base aérienne de Tessalit
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Le 20 janvier prochain, date anniversaire de l’armée malienne, aura lieu la signature d’un accord de coopération militaire entre le Mali et la France. Une signature qui intervient dans un contexte particulier avec la présence sur le sol malien de soldats français de l’opération Serval. S’achemine-t-on vers l’ouverture d’une base française au Mali ? La France compte-t-elle s’installer durablement (définitivement ?) dans le septentrion malien ? Qu’en est-il de la présence de soldats français dans la localité de Tessalit, qui serait une zone stratégique dans la sous-région, voire dans le monde ?
Ce sont là autant de questions entendues à Bamako à quelques jours de la signature de cet accord.
Pour sa part, Soumeylou Boubèye Maïga, ministre de la défense et des anciens combattants, justifie : ‘’nous devons envisager nos relations futures avec la France surtout que nous avons beaucoup d’axes de coopération militaire. Il s’agit pour nous d’envisager la présence des unités françaises sur la base d’un support politique et juridique qui puisse prendre la forme d’un accord militaire ».
Tessalit : une base française ?
Malgré l’assurance du ministre Maïga, des observateurs estiment que cet accord du 20 janvier 2014 pourrait aller au-delà d’un simple ‘’support’’. Il (cet accord) pourrait consacrer l’ouverture d’une base française au nord du Mali, précisément à Tessalit. Cette localité est semble-t-il très convoitée par des puissances occidentales.
Par le passé, le Mali aurait subit d’énormes pressions de la part de Paris en vue d’obtenir une présence de soldats français à Tessalit et dans la zone Sahélo-saharienne. Cette pression française s’est accrue lorsque Sarkozy a voulu forcer la main à ATT pour l’obliger à accepter une présence militaire française à Sévaré (Mopti), à défaut d’une localité du nord du Mali. En ce moment, la coopération militaire entre le Mali et les Etats-Unis se renforçait.
Et les Américains étaient très présents au Mali. Ils avaient implanté leur ‘’base’’ à Gao, et ils multipliaient des manœuvres (conjointes) avec l’armée malienne dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Mais malgré toutes les pressions exercées, les Français n’ont pu obtenir gain de cause ni avec Alpha Oumar Konaré, ni avec Amadou Toumani Touré. Alors arriveront-ils finalement à leurs fins avec le pouvoir actuel ? Et l’intervention française au Mali à partir de janvier 2013, et même la déstabilisation des régions nord du Mali, sont interprétées dans certains milieux sécuritaires comme étant des prétextes qui n’avaient qu’un seul objectif : obtenir l’ouverture d’une base française au Mali.
Sujet: Re: La mission militaire française en Afrique Sam 18 Jan 2014 - 22:13
La signature de l'accord de coopération et de défense entre la France et le Mali, reportée
samedi, 18 janvier 2014 17:42
Citation :
IRIB- La signature du nouvel accord de coopération et de défense entre le Mali et la France, prévue, lundi 20 janvier, à Bamako, a été repoussée à une date indéterminée.
Le nouvel accord de coopération et de défense entre le Mali et la France ne sera pas signé, lundi 20 janvier, comme, initialement, annoncé. Selon une source ministérielle française, "il s'agit davantage d'un problème de forme que de fond". En effet, si le document est, quasiment, finalisé- il reste quelques points à régler -, la signature officielle a, visiblement, été reportée, d'un commun accord, pour ménager la sensibilité de l'opinion publique malienne.
Interventions militaires françaises en Afrique : les dessous d’une nouvelle politique
20-01-2014 12:23 - Par La Voix de la Russie
Spoiler:
Citation :
Il est paradoxal, au moment où le socialiste François Hollande accède à l’Elysée, de constater que la France multiplie ses ardeurs guerrières à travers le monde. Paradoxal, dans la mesure où la gouvernance socialiste a toujours par le passé combattu les hégémonies dictatoriales des pouvoirs et milité en faveur du droit des peuples à déterminer leur propre destin.
Cette ligne a du reste été confirmée dans le programme électoral de Monsieur Hollande et dans ses premières déclarations, martelant la fin du système France Afrique en ces termes « Le temps de ce qu'on appelait autrefois « la Françafrique » est révolu. Il y a la France et il y a l'Afrique. Il y a le partenariat entre la France et l'Afrique, avec des relations fondées sur le respect, sur la clarté et sur la solidarité». Or, depuis quelques temps, du Mali en Centrafrique, en passant par la Syrie, la France se montre de plus en plus déterminée à user de la force sur les théâtres d’opération extérieurs. La question est de savoir dans quel but ? Il convient aussi de s’interroger sur les soubassements d’un tel engagement qui, à l’analyse, peut être soutendu par une nouvelle politique.
Comme le disait un célèbre penseur, la meilleure façon de cerner un problème est d’analyser son contexte et son prétexte. En ce qui concerne ce dernier, aussi bien au Mali qu’en Centrafrique, la France a toujours mis en avant des considérations liées aux droits de l’homme et des raisons humanitaires. Dans le premier pays, des fondamentalistes musulmans en forte progression vers Bamako, la capitale, nourrissait l’ambition de conquérir une partie du territoire malien au nom de la Charia. La France y a vu des risques de restriction des libertés fondamentales d’un peuple et un effet de contagion qui pouvait contrecarrer ses intérêts notamment en Afrique de l’Ouest. Pour le cas de la Centrafrique, l’arrivée d’un pouvoir d’obédience musulmane à la tête d’un pays majoritairement chrétien, a fait craindre des risques de guerre civile. La Syrie n’est pas en reste ; il a fallu le réalisme des Etats Unis pour amener la France à tempérer ses ardeurs d’intervention dans ce pays. Au nom de quelle nouvelle idéologie, la France, de manière solitaire, s’arroge-t-elle le droit d’être en première ligne sur des conflits qui ne se déroulent pas sur son sol ? N’existe t-il pas là un risque pouvant écorner l’image de paix que véhicule l’Europe et affaiblir ce continent à la longue ?
Un constat s’impose : le contexte actuel de crise économique en Europe et de perte de leadership de certaines puissances occidentales, dans un environnement mondial très concurrentiel, préoccupe le vieux continent. Cette situation est exacerbée par les tendances actuelles de diversification des relations de coopération des anciennes colonies à l’endroit de pays émergents comme le Brésil, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, Taiwan et certains dragons du Sud est asiatique. Ce contexte peu favorable commande du côté européen des changements tactiques, voir profondément stratégiques, pour doper des économies endettées, en perte de vitesse et sans perspectives solides à moyen terme et consolider les positions diplomatiques. Il devient à cet effet impératif, pour un pays comme la France, qui voit de plus en plus s’effriter son rang dans le concert des nations et en Europe, de trouver de nouveaux moyens de rebondir.
L’Afrique, au regard de ses potentialités immenses, intéresse fortement le reste du monde et ne peut échapper aux ambitions de l‘hexagone. Un autre élément du contexte est à rechercher dans l’élection du Président afro-américain Obama à la tête de la principale puissance économique mondiale. Au début de son mandat, une bonne partie de l’opinion publique européenne et même mondiale était quasiment persuadée que son accession au pouvoir allait se traduire par une baisse du leadership américain dans le monde. Le pouvoir de Monsieur Sarkozy avait constitué, à travers cette belle opportunité, une occasion historique de repositionner la France dans le concert des puissances qui comptent, ce qui explique sans doute les revirements diplomatico-militaires dont le point d’orgue a été l’intervention française en Lybie.
Sur un autre plan aussi, il n’est pas superflu de s’interroger sur l’éventualité d’un « deal » survenu entre les Etats-Unis et l’Europe (avec la France, puissance militaire dotée de l’arme nucléaire comme principale locomotive). Cet arrangement secret pourrait consister en une répartition des rôles dans la stratégie planétaire de lutte contre la principale menace des intérêts occidentaux dans le monde, à savoir le « terrorisme islamique », les USA intervenant dans le reste du monde tandis que l’Europe s’occuperait de l’Afrique subsaharienne. Un tel scénario pourrait être dicté par la géopolitique, et par le souhait des Etats-Unis de ne plus voir un allié de l’OTAN aussi important que la France se mettre en marge des initiatives d’invasion militaire occidentales comme ce fut le cas en Irak. Il est enfin à rappeler que dans l’histoire, des pays en perte de vitesse diplomatique et économique ont parfois utilisé des stratégies de conquête pour mieux rebondir.
On est loin de la cohabitation Chirac-Jospin pendant laquelle la France avait choisi d’observer en spectateur les soubresauts socio-politiques en Côte d’Ivoire. Cette politique de neutralité avait causé beaucoup de dégâts collatéraux au point de remettre en cause de manière profonde et décisive les intérêts français dans ce pays très riche d’Afrique.
La nouvelle stratégie de l’Hexagone semble puiser ses ressources de l’analyse des prétextes et du contexte ci-dessus tout en capitalisant les enseignements tirés de l’erreur stratégique commise en Côte d’Ivoire. Le pays semble se réapproprier le dicton qui dit que les Etats n’ont pas d'amis. Ils n’ont que des intérêts.
La nouvelle démarche repose, de notre point de vue, sur quatre visions. La première est géopolitique et consiste à montrer au reste du monde que la France a été et reste une puissance politique et diplomatique sur laquelle il faut compter en dépit de ses problèmes économiques. La deuxième consiste à rattraper les erreurs stratégiques commises par l’ex-président Sarkozy, consistant en la fermeture de bases militaires et la réduction d’effectifs de soldats français en Afrique, en mettant à profit l’existence de foyers de tension situés dans des zones hautement stratégiques pour y déployer des troupes. A cet effet, il n’est pas superflu de se demander si, concernant le cas de la Centrafrique, le départ, sans grosse résistance des puissances extérieures, de l’ex-président Bozize et l’arrivée des rebelles de la Seleka, n’a finalement pas été un prétexte calculé pour remettre en jeu les cartes en Afrique Centrale.
Une véritable opération de « maîtrise du Sahara et de l’équateur » se ressent dans les deux interventions françaises du Mali et de la Centrafrique. La troisième est d’ordre économique : trouver de nouvelles parts de marchés et protéger les intérêts économiques comme la position géostratégique importante du Sénégal, l’uranium du Niger, les réserves de pétrole et de diamants encore non exploitées en Afrique Centrale face à deux sortes d’« ennemis » : les « islamistes » et les nouvelles puissances économiques émergentes. Le discours prononcé par M. Hollande à Dakar, lors de son premier déplacement en Afrique, avait déjà donné le ton :
« Les besoins d'infrastructures sont considérables. La qualité de son agriculture, ses ressources naturelles, ses richesses minières, ce continent a tous les atouts pour être demain le continent de la croissance, du développement et du progrès. Il y a en Afrique un potentiel exceptionnel ». Toujours au plan économique, je présume fortement que la France soit sans doute en train de préparer pour l’Europe des facilités dans le cadre des négociations en cours sur les Accords de Partenariat Economique. La quatrième vision est communicationnelle et procède d’une volonté de séduire les opinions publiques africaines en mettant en avant l’argument de la restauration des libertés.
La stratégie retenue pour arriver à la concrétisation de ces visions semble également novatrice et se base sur une démarche à quatre volets. Le premier consiste à utiliser le canal de la francophonie pour créer un noyau dur autour de la nouvelle politique. Le deuxième à s’ouvrir à des Etats anglophones du continent pour éviter les critiques à soubassement néocolonialistes et démontrer au reste du monde qu’un large consensus se dessine sur ces nouvelles problématiques.
Le troisième volet consiste à exploiter intelligemment le canal des organisations politiques sous-régionales et continentale du genre CEDEAO, UEMOA, CEMAC et UA afin d’obtenir des adhésions multilatérales, plus efficientes que les seules contacts bilatéraux. Le quatrième volet enfin est à rechercher dans cette propension à toujours agir sous le couvert de l’Organisation des Nations Unies afin de donner une légalité internationale aux opérations à mener. Il est à remarquer que lors de la guerre du Golfe, l’ex-président Chirac avait usé des mêmes pratiques pour ramener à sa cause l’ex-secrétaire général de l’ONU Koffi Annan, dont la présence inhabituelle au 22ème sommet France Afrique en avait étonné plus d’un.
La France semble avec cette nouvelle politique commettre une erreur stratégique historique. En effet, en procédant ainsi, elle annihile le capital sympathie que lui vouait une bonne partie de l’opinion publique africaine, jusque là très sensible à ses prises de position courageuses sur l’aide au développement et à sa politique d’intégration. Une grande partie de la population de ce jeune continent ne comprendra jamais assez les dessous de cette nouvelle politique. Pourquoi une question de sécurité concernant le continent africain se règle à Paris, à des milliers de kilomètres du théâtre des opérations ?
Pourquoi près d’une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement francophones, anglophones et lusophones acceptent un tel forum réunissant un pays de 66 millions d’Habitants à un continent de plus de 700 millions d’âmes ?
Les Africains négligent assurément toujours le côté symbolique dans leur démarche de tous les jours et il est clair que ce sommet France Afrique renvoie à des images particulièrement défavorables et négatives pour le continent. Comment le Birman, le Malais, l’Indonésien et le Bolivien pourraient-ils respecter un tel continent ? En lieu et place, la tenue de sommets Europe Afrique devrait être encouragée, ne serait-ce que pour des raisons protocolaires et de parallélisme, à l’image des sommets Europe Amérique du Sud. Des pays comme l’Inde, le Brésil, ou l’Iran, j’en suis persuadé, n’auraient jamais, pour justement ces raisons de symboles, accepté de participer à des sommets Espagne Amérique du Sud, ou Portugal Asie.
Tout comme l’idée d’un sommet Etats-Unis Europe ne pourrait recevoir l’assentiment de pays comme la France, l’Allemagne ou la Grande Bretagne pour des raisons de dignité. Par ailleurs, la coïncidence notée entre le décès de l’ex-président Mandela et la tenue du sommet France Afrique n’est pas vraiment un hasard. Parce que la disparition du leader Sud Africain a éclipsé l’évènement, j’y vois un message outre tombe du grand africaniste et un signe qui appelle les dirigeants africains à plus de rigueur et de discernement dans leur rapport avec le reste du monde.
Il est temps que nos dirigeants intègrent dans leur raisonnement quotidien que nous sommes dans un monde de Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication dans lequel les symboles ont un grand sens dans les perceptions individuelles et collectives. Ils devraient avoir plus de considération par rapport à ces symboles s’ils veulent remettre en cause les idées reçues et les préjugés et modifier positivement la façon dont l’extérieur perçoit leur détermination pour le développement du continent. Sur un autre plan, ne voyant aucun intérêt sur lequel le continent pourrait capitaliser dans cette grande messe du sommet France Afrique, je m’interroge sur les dividendes que pourraient récolter individuellement les dirigeants du continent noir d’une telle adhésion à cette nouvelle stratégie de la France. Sans doute des promesses d’appuis politiques et financiers.
Deux choses semblent sures. La première est que l’Union Africaine n’a pas pris ses responsabilités dans les crises malienne et centrafricaine. Le rôle que la France joue actuellement devait être le fait de l’organisation continentale. La deuxième est que cette nouvelle stratégie de la France ne sera jamais bénéfique pour le continent. En revisitant l’histoire issue d’une cinquantaine d’années d’indépendance des Etats africains, on remarque que les rares pays qui s’en sortent bien sur le continent sont le Rwanda, le Mozambique, le Ghana, l'Afrique du Sud, l'Ethiopie et le Botswana, des anciennes colonies britanniques.
Aucun des pays francophones n’est cité dans les nations potentiellement émergentes. La raison fondamentale est que là où les britanniques ont su tourner les pages de la colonisation en laissant les anciennes colonies à l’apprentissage des questions liées à la gestion économique, la France a choisi le chemin inverse consistant au maintien d’une dépendance politique et économique. En scrutant minutieusement les pays africains francophones, l’on se rend compte aisément que les élites qui ont la lourde responsabilité de tracer la voie, parce qu’elles sont formées en France, en deviennent des relais dans les sphères de prises décision nationales et continentales. Une structuration économique inadaptée, forgée pendant la période coloniale, continue de subsister, faisant de ces pays des réservoirs de matières premières exportables à souhait. La logique des « relais locaux » est tellement bien forgée et entretenue que peu parmi les élites locales aiment véritablement leurs pays et se soucient de leur prospérité.
Le système prévoit même des outils de maintien du dispositif comme l’appui au maintien au pouvoir des élites favorables à l’hexagone, le spectre d’un octroi insuffisant de l’aide bilatérale et multilatérale, les accords de défense de même que la garantie de la convertibilité de la monnaie. Avec un Franc CFA arrimé à une monnaie très forte, l’euro, les pays d’Afrique francophone arrivent difficilement à asseoir des politiques d’exportation efficaces. Sans oublier des moyens de communication radiophoniques et télévisuels puissants, en mesure de façonner les mentalités de manière décisive.
Face au caractère inexpliqué de la persistance des sommets France Afrique, les opinions publiques africaines devraient plus que jamais monter au créneau pour appeler à la vigilance les autorités du continent. N
* Monsieur Magaye Gaye est le Directeur Général du CABINET DE RECHERCHE DE FINANCEMENT GMCCONSEILS basé à Dakar, au Sénégal. Titulaire d’un DESS en économie appliquée à la Gestion de l’Université de Rennes 1 en France, il a exercé pendant une quinzaine d’années dans les organisations sous régionales africaines de financement du développement. Le Cabinet GMCCONSEILS rédige mensuellement des articles très engagés sur le développement de l’Afrique.
Les résultats des opérations militaires des pays occidentaux en Orient en témoignent : les problèmes complexes sont devenus intraitables, et les malheureux sont devenus encore plus malheureux. La France est-elle prête à accepter de tels résultats de ses missions dans la politique étrangère ?
Le 19 janvier dernier, le président syrien Bachar al-Assad a déclaré dans un entretien accordé à l’AFP: « Aujourd'hui, soit c’est la politique européenne, qui est formulée avec la bénédiction américaine, soit c’est la politique américaine qui est perçue par les européens comme leur propre ».Selon le président syrien, ni l’Europe en général, ni la France en particulier, ne sont capables de jouer un rôle quelconque dans l’avenir de la Syrie et des pays voisins.
Mais la France envisage jouer ce rôle dans les pays d’Afrique, qui sont restés sous son influence. Le 21 janvier le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a parlé de l’« expansion de la présence militaire » dans les pays du Sahel, une zone d’influence traditionnelle de la France. A Abidjan, la capitale économique de la Côte d'Ivoire, un centre logistique d’approvisionnement militaire pour les bases militaires et les opérations des troupes françaises sera créé. Et dans la capitale tchadienne N'Djamena, c’est un centre Régional de l'Armée de l'air française et une base aérienne de l'armée qui vont être mis en place. Enfin, les véhicules aériens sans pilote (UAV) seront basés dans la capitale du Niger Niamey.
Cette séparation des zones d’influence satisfait totalement les Etats-Unis. Selon l’analyste de Stratfor Mark Schroeder, la France prive ainsi les Etats-Unis de la nécessité de réagir à des crises dans les pays qui n’intéressent pas vraiment les Américains.
Cependant, tout n’est pas si simple. La protection des intérêts nationaux implique des coûts importants. Sur le fond des réductions budgétaires considérables, le ministre de la Défense de la France a réussi à préservé le budget de la Défense au même niveau que les années précédentes – à 31,4 milliards d’euros. Des dépenses pour des opérations d’outre-mer ne sont pas prévus dans ce budget, alors que l’opération au Mali a coûté 650 millions d’euros à la France. Le montant du budget de l’opération qui vient de commencer en République centrafricaine est difficile à déterminer : la situation y est bien pire qu’on ne le prévoyait.
Les voisins européens de la France ne se bousculent pas au portillon pour aider la France à financer cette campagne. Lors du sommet de l'UE à Bruxelles en décembre 2013, le président François Hollande a tenté d'obtenir la reconnaissance de l'opération militaire en RCA à l'échelle européenne pour bénéficier d’une aide financière d’office, mais on ne lui a pas accordé cette reconnaissance. Comme l'a indiqué Angela Merkel : « Nous ne pouvons pas financer ces opérations, car nous n’avons pas participé au processus de prise de décision dès le début. » Il y a quelques jours, Le Drian a rencontré à Paris son homologue allemande, Ursula von der Leyen. Les deux diplomates discutaient notamment des « opérations des forces de l’UE » en Afrique.
Malgré cela, le problème de financement ne perturbe pas les plans militaires de la France. Dans une interview accordée à Associated Press, Jean-Yves Le Drian a déclaré que dans sa lutte contre le terrorisme, la France s’avance vers une approche régionale, qui englobe le Tchad, la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso, le Niger et le Mali. « Nous sommes en train de réorganiser les méthodes de déploiement des forces militaires en Afrique pour mieux faire face aux crises potentielles », a indiqué le ministre français de la Défense.
L’imposition de la paix nécessite non seulement du temps, mais aussi de l’argent et des soldats. Avant 2019, la France prévoit de réduire les effectifs de ses forces armées de 80.000 personnes. On ignore quelle influence cela aura sur les forces d’expédition. D’ailleurs, il n’est pas prévu d’élargir le contingent militaire en Afrique. Selon Le Drian, « le même nombre de soldats restera dans la région du Sahel – 3000. Mais ils seront organisés différemment.»
L'expérience montre qu’il est difficile de prédire comment évoluera la situation dans ce cas. Au Mali, le contingent français est déjà en passe d’être réduit. Quant à la RCA, il s’est avéré que 1600 soldats qui y sont déployés, ce n’est pas suffisant. La présidente par intérim du pays Catherine Samba Panza a déjà déclaré que «… le nombre de soldats actuel ne suffit même pas à remettre de l'ordre à Bangui. Si on veut rétablir la paix sur toute l'étendue du territoire.»
Les récentes opérations des pays occidentaux à l’Est étaient menées par des coalitions de pays avec des ressources et des budgets illimités. Les résultats de ces opérations sont déplorables. La France espère obtenir un résultat différent en Afrique. Et l’Afrique l’espère aussi. Lire la suite: http://french.ruvr.ru/2014_01_25/La-mission-militaire-africaine-de-la-France-5853/
Sujet: Re: La mission militaire française en Afrique Mar 28 Jan 2014 - 21:46
La France réorganise son dispositif militaire au Sahel autour de quatre bases
26 janvier Jean-Dominique Merchet - lopinion.fr
Gao, Niamey, N'Djaména et Ouagadougou : face aux terroristes, l'armée française adopte une approche régionale.
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C'est un immense terrain d'opérations, aussi vaste que l'Europe, mais presque entièrement désertique. Les «groupes armés terroristes» (GAT, selon l'acronyme militaire) qui le parcourent ne connaissent pas les frontières internationales, tracées au cordeau par les anciennes administrations coloniales, au milieu de... rien. Comme ses ennemis, l'armée française, qui est au premier rang dans la guerre contre les djihadistes au Sahel, a décidé de s'abstraire de ces frontières. Dans ce but, le ministère de la Défense réorganise en profondeur son dispositif militaire en Afrique. Cette «régionalisation de la bande sahélienne» est en cours de mise en oeuvre : pas d'annonces mirobolantes mais un travail d'ajustement discret dont voici les grandes lignes.
Tout part d'une analyse de la menace : après avoir défait - mais non entièrement supprimé - les GAT dans le nord du Mali au premier semestre 2013, l'armée française et les services de renseignement ont, sans surprise, constaté que ceux-ci s'étaient, pour une part, dispersés dans les Etats voisins. Notamment dans le sud-ouest de la Libye, où s'est constitué un véritable « trou noir sécuritaire» au Fezzan, autour du triangle Oubari-Sebha-Mourzouk. C'est depuis cette base arrière que les djihadistes reviennent vers le Nord Mali - dix-neuf d'entre eux ont été tués au cours d'une opération spéciale en décembre - et le Niger, où une action terroriste importante a récemment été déjouée. Les GAT empruntent un axe de plus de mille kilomètres qui, après la passe de Salvador, suit la frontière entre le Niger et l'Algérie. Les pistes empruntées passent aussi bien sur le territoire algérien que nigérien. La stratégie de la France consiste à couper les djihadistes de leur base arrière en Libye, où il est impossible d'intervenir de manière ouverte.
Pour les militaires français, trois Etats de la région forment désormais un unique théâtre : le Mali, le Niger et le Tchad. Leurs trois gouvernements sont impliqués dans la lutte antiterroriste et coopèrent avec la France.
Dans la région, la France disposera de quatre bases principales : N'Djaména (Tchad), Niamey (Niger), Gao (Mali) et Ouagadougou (Burkina Faso). A N'Djaména : des avions de combat Rafale et Mirage 2000, appuyés par des ravitailleurs, et des forces terrestres - ainsi que l'état-major qui commandera les opérations au Sahel. A Niamey, des moyens de renseignement, notamment les deux nouveaux drones Reaper achetés aux Etats-Unis et qui seront opérationnels dans les prochains jours. Ces appareils de surveillance pilotés depuis le sol sont colocalisés à Niamey avec ceux de l'US Air Force. Cette base peut également accueillir des avions de combat et de patrouille maritime Atlantique 2, qui servent aussi bien au dessus du désert que de l'océan. A Gao, des forces terrestres, avec un détachement important d'hélicoptères. Enfin, plus discrètement, à Ouagadougou, le groupement des forces spéciales Sabre qui opère dans toute la zone à partir de cette base arrière. A ces quatre bases principales, l'armée française va ajouter des points d'appui, situés plus au nord, c'est-à-dire au plus près des éventuelles zones d'interception des groupes terroristes. Deux d'entre eux ont été choisis : Tessalit, à l'extrême nord du Mali, et Faya-Largeau, dans le nord du Tchad. Un autre est toujours recherché dans le nord-est du Niger, sachant que les forces spéciales sont déjà présentes dans la zone minière d'Arlit (nord-ouest). Ces points d'appui doivent posséder une piste d'aviation, même sommaire, permettant de déposer des véhicules légers ou de mettre en œuvre des hélicoptères. Sans parler du recueil du renseignement, humain ou électronique... Au total, ce dispositif dans la bande sahélienne mobilisera 3000 militaires français de manière permanente, avec des moyens aériens de près de trente aéronefs (avions de combat, de transport, hélicoptères, drones, etc).
L'ensemble de ce nouveau dispositif, qui n'a pas reçu de nom de baptême générique, sera appuyé par trois bases arrières en Afrique : Dakar (Sénégal), Abidjan (Côte d'Ivoire) et Libreville (Gabon). Pour compenser la montée en puissance dans la zone sahélienne, les effectifs de Dakar et Libreville, ainsi que ceux de Djibouti, seront revus à la baisse. L'abandon d'Abidjan, un temps envisagé, n'est plus d'actualité, bien au contraire. Son rôle logistique est même considéré comme prioritaire en direction du Sahel. Djibouti, tourné vers un autre théâtre d'opération - notamment la Somalie - verra ses effectifs continuer à décroître. Les relations entre la France et le gouvernement djiboutien ne sont plus ce qu'elles étaient... Un régiment, la 13ème DBLE, a déjà quitté le pays pour s'installer aux Emirats arabes unis.
Au total, ce sont environ 6000 militaires français qui resteront présents en Afrique, de manière permanente, dont la moitié au Sahel. C'est beaucoup. Plus en tout cas qu'aucun autre pays occidental. L'idée de se retirer du continent, caressée lors de la rédaction du précédent Livre blanc de la défense (2008), a fait long feu. La France reste, plus que jamais, une puissance militaire africaine permanente, bien au-delà des opérations décidées par François Hollande, Serval au Mali et Sangaris en Centrafrique.
Les Etats-Unis soutiennent globalement ce choix. Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian doit se rendre à Washington fin janvier pour y expliquer le nouveau dispositif au Sahel, mais Washington fournit déjà un soutien militaire et de renseignement aux Français. Les Etats-Unis souhaitent se désengager là où ils le peuvent et voient donc d'un œil relativement favorable les Français prendre en charge la lutte antiterroriste au Sahel. Même attitude de la part des pays européens, ravis de voir Paris faire le travail dans ses anciennes colonies, même s'ils sont prêts à donner, parfois, un petit coup de main.
Si tout se fait évidemment avec l'accord des Etats concernés - la France devrait ainsi signer un accord de défense avec le Mali dans les prochaines semaines - reste un problème sérieux : celui de l'Algérie. Jean-Yves Le Drian n'a pas encore pu expliquer en détail à ses interlocuteurs algériens, par exemple le Premier ministre Abdelmalek Sellal, ce que la France faisait dans ce qu'Alger considère volontiers comme son arrière-cour. Voir 3000 militaires français déployés en permanence au sud de l'Algérie pourrait ne pas amuser tout le monde en Algérie, où les relations avec l'ancienne puissance coloniale restent passionnelles. Sur le papier, Alger et Paris combattent les mêmes groupes djihadistes, mais la réalité du terrain et les susceptibilités des uns et des autres ne vont pas jusqu'à une coopération étroite et confiante. L'Algérie pourrait donc rester le point aveugle de cette «régionalisation de la bande sahélienne», mise en place par la France.