Messages : 2892Points actifs : 4005Localisation : Bab El OuedInscription : 11/04/2010Nationalité :
Sujet: Le Tchad entend jouer un rôle-clé dans la région Mar 5 Mar 2013 - 17:13
"le Tchad entend jouer un rôle-clé dans la région"
En affirmant avoir abattu deux chefs d’Aqmi, le Tchad d’Idriss Déby affiche son rôle dans l’intervention militaire au Mali. Pour quelles raisons? Décryptage avec Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Iris en charge de l’Afrique.
Mathilde Tournier - Le 05/03/2013 à 13:07
Soldats tchadiens posant avec un drapeau d'Aqmi et des munitions qu'ils ont récupérées à Tessalit, dimanche 3 mars.
Citation :
Deux mille hommes déployés en renfort de l'armée française au Mali, et désormais l'affirmation d'avoir abattu deux figures d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar: le Tchad affirme sa visibilité dans le conflit malien. Pour Philippe Hugon, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) en charge de l'Afrique, le régime d'Idriss Déby et la France trouvent chacun leur compte dans cette situation. Interview.
Quel intérêt pour le Tchad de s'engager dans la guerre au Mali?
Le Tchad avait plusieurs raisons d'intervenir aux côtés de la France au Mali. D’abord parce qu'il craignait une expansion djihadiste sur son propre territoire. Ensuite parce qu'il a une dette envers la France, depuis l'intervention française aux côtés du régime d'Idriss Déby en 2006 contre les rebelles qui menaçaient N'Djamena.
Enfin, le Tchad espère aussi des contreparties financières de son aide. Pour la France, il peut notamment faire pression sur ce point en lui rappelant l'affaire de l'Arche de Zoé, où des humanitaires français avaient enlevé des enfants tchadiens en les faisant passer pour des orphelins du Darfour.
Mais pourquoi ce rôle de premier plan?
Idriss Déby et le Tchad entendent jouer un rôle-clé dans la région, tant sur les plans politique que militaire. Le Tchad est un petit pays qui a essentiellement deux atouts: la puissance du pétrole et celle de son armée. Celle-ci est principalement composée de membres de l'ethnie Zaghawa, celle du président Déby, et jouit d'une solide réputation dans la région. Une manière pour lui d'asseoir son influence.
Cette armée joue-t-elle un rôle aussi important qu'elle le laisse entendre?
Dans l'exécution des deux chefs jihadistes, tant le Tchad que la France ont intérêt à ce que ce soit l'armée tchadienne qui ait un rôle de premier plan. Le Tchad affirme ainsi sa puissance. Et la France a tout intérêt à ce que de telles exécutions, si elles se confirmaient, soient vues comme une opération africaine.
Auprès des djihadistes d'une part, car la vie d'otages est en jeu. Vis-à-vis des opinions publiques ensuite, qui ne voient pas forcément d’un bon œil l'ingérence d'une ancienne puissance colonisatrice dans la région.
Est-ce à dire que la France est en réalité derrière ces exécutions?
Sur ce point, on ne peut rien affirmer pour le moment car on ne sait même pas si Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar sont bien morts. Mais s'ils le sont, il est probable que ce soit au cours d’attaques aériennes. Françaises, donc.
Sujet: Niger : double attentat-suicide à Agadez et Arlit, le Mujao accusé Ven 24 Mai 2013 - 8:11
Niger : double attentat-suicide à Agadez et Arlit, le Mujao accusé
Par RFI - jeudi 23 mai 2013 à 10:05 - Dernière modification le : jeudi 23 mai 2013 à 12:13
L'une des voitures piégées visait les installations de la Somaïr, à Arlit.
Citation :
Un double attentat a eu lieu à Agadez et Arlit, au Niger, ce jeudi 23 mai au matin. Deux véhicules piégés ont visé un camp militaire et une usine d'une entreprise minière. Des échanges de tirs ont ensuite éclaté. Le gouvernement accuse le Mujao, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest, d'être à l'origine de l'attaque.
La première attaque s’est produite au nord-est de la ville d’Agadez, devant le principal camp militaire de la zone de défense n°2. Un véhicule 4x4 bourré d’explosifs a sauté tout près du portail. Selon plusieurs sources contactées par RFI, la violence de l’explosion qui s’est produite au petit matin a provoqué la panique dans la ville d’Agadez.
Les militaires ont rapidement réagit, faisant face à un groupe de combattants djihadistes qui suivait le kamikaze. Les combats ont ensuite cessé et les assaillants auraient été encerclés. Selon le ministre de la Défense, Mahamadou Karidjo, « les assaillants ont été neutralisés ». Plusieurs soldats nigériens auraient été tués, selon des sources militaires. Un diplomate français, sous couvert d'anonymat, évoque une dizaine de morts.
Une certitude aujourd’hui : on peut dire que le Mujao a infiltré le nord du Niger. C'est la première fois que ce pays est pris pour cible par ce type d'attaques. Mahamadou Karidjo désigne des « peaux rouges », un terme utilisé dans cette région pour qualifier les communautés touarègue et arabe.
Attaque à Arlit
La seconde attaque, simultanée, s’est produite à Arlit, la cité minière. Un véhicule également bourré d’explosifs a sauté tout près de l’usine de la Somaïr, qui n’a pas été endommagée. Areva annonce dans un communiqué que 13 employés nigériens ont été blessés par la déflagration.
La Somaïr, Société des mines de l'Aïr, est une filiale d'Areva en copropriété avec l'Etat nigérien. Elle exploite depuis 1971 plusieurs gisements d'uranium dans le nord-ouest du Niger.
Les assaillants ont trompé la vigilance des gardiens en pénétrant dans la zone sécurisée, avec les véhicules qui transportaient les équipes de relève. Le conducteur, habillé en treillis militaire, aurait été tué dans l'explosion.
Les villes d'Agadez et d'Arlit sont en état d'alerte ainsi que toute la zone nord du pays. Les militaires sont sur le pied de guerre.
Les auteurs des deux attentats-suicides perpétrés jeudi au Niger, contre un camp militaire à Agadez et contre un site du groupe nucléaire français Areva à Arlit "venaient de Libye", a affirmé samedi le président nigérien Mahamadou Issoufou.
"Les assaillants, selon toutes les informations que nous avons eues, venaient de Libye, du Sud libyen", a déclaré M. Issoufou, confirmant des informations déjà avancées par des responsables nigériens sitôt après les attentats.
Ces attaques confirment que "la Libye continue d'être une source de déstabilisation pour les pays du Sahel", a-t-il poursuivi, s'exprimant à l'issue d'une rencontre à Niamey avec le patron du groupe Areva, Luc Oursel. A Agadez, la grande ville du Nord désertique, 24 personnes ont été tuées, essentiellement des militaires nigériens, selon le dernier bilan officiel. A Arlit, site d'extraction d'uranium, un employé d'Areva a été tué et 14 blessés, tous nigériens, selon le groupe. Dix jihadistes sont morts, d'après Niamey.
Les attentats, les premiers du genre au Niger, ont été revendiqués par Les Signataires par le sang, groupe du jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar - qui avait été donné pour mort par le Tchad - et par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao).
Le Mujao est l'un des groupes islamistes liés à Al-Qaïda délogés du Nord malien depuis janvier par l'intervention des forces militaires françaises et africaines, notamment nigériennes.
"J'avais déjà prévenu depuis le déclenchement de la crise libyenne (...) qu'il fallait éviter que les solutions après la défaite (du défunt dirigeant libyen, ndlr) Kadhafi soient pires que le mal, et j'avais précisé que si l'Etat libyen se somalisait ou tombait entre les mains d'intégristes, la solution serait pire", a souligné M. Issoufou devant plusieurs médias, dont France 24.
"Aujourd'hui la situation est très difficile, les autorités libyennes font le maximum pour la contrôler, mais le fait est là: la Libye continue d'être une source de déstabilisation pour les pays du Sahel", a-t-il dit. Selon de nombreux experts, le Sud libyen est devenu au cours des derniers mois l'un des sanctuaires où se sont reformées les cellules d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et autres groupes islamistes armés après l'offensive française au Mali.
Sitôt après les attentats, les autorités nigériennes avaient pointé la Libye voisine: "les kamikazes viennent effectivement de Libye", "un sanctuaire des terroristes", avait ainsi assuré un haut responsable civil de la région d'Agadez.
"Le Sahel est une zone ouverte, extrêmement difficile à contrôler, il est possible qu'à l'avenir il y ait d'autres infiltrations, donc nous allons tirer des leçons de ce qui s'est passé à Agadez pour voir des mesures supplémentaires à prendre pour mieux défendre notre territoire", a ajouté le président nigérien, sans plus de précision.
"Il n'y a pas eu de failles dans le système de sécurité. Ce qu'il faut dire, c'est que quelles que soient les mesures qu'on prend, il n'y a pas de risque nul", a-t-il insisté.
Dans un communiqué signé de Belmokhtar lui-même, Les Signataires par le sang ont menacé de frapper de nouveau le Niger et les autres pays engagés militairement au Mali.
Sujet: Le Burkina Faso craint des attaques terroristes Mer 29 Mai 2013 - 16:48
Le Burkina Faso craint des attaques terroristes
MERCREDI 29 MAI 2013 / PAR ABUBAKR DIALLO
Blaise Compaoré, le Président du Burkina Faso
Citation :
Les attentats suicides islamistes perpétrés jeudi dernier au Niger contre une base militaire à Agadez et une mine d’uranium d’Areva à Arlit, plus au nord, et qui ont fait 21 morts et des dizaines de blessés, ne laissent pas de marbre les Burkinabès, voisins de ce même Niger qui a volé en éclats la semaine dernière, qui craignent des représailles au même titre que tous les pays engagés dans la guerre au Mali.
À Arlit, 14 civils au moins avaient été blessés et deux islamistes tués lors de l’explosion d’une voiture piégée à la mine d’uranium de la Somaïr, la plus importante du pays. À Agadez, 20 soldats nigériens au moins avaient été tués et 16 autres blessés au cours de l’attaque lancée par des kamikazes. Trois islamistes étaient également tués au cours des incidents au Niger. Une preuve que, malgré l’intervention française, le Mujao et les autres groupes djihadistes maliens restent capables d’actions d’envergure au Sahara. Dans la mesure où le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest s’est juré de s’attaquer à tous les pays qui ont aidé la France à les combattre farouchement au Mali. Et parmi ces pays figure le Burkina Faso, qui a participé à l’intervention militaire de la France lancée en janvier dernier au Mali voisin, pour chasser les groupes djihadistes qui s’étaient emparés du nord du pays.
Le Niger voisin du Burkina Faso
Alors, la question que se pose tout bon Burkinabè est de savoir si le « Pays des hommes intègres » n’est pas aussi sous cette menace terroriste.
Surtout que certains observateurs étaient convaincus que le Burkina est le prochain sur la liste des pays qui seront visités, entre autres, par les islamistes. Si l’on ajoute que le rapporteur spécial des Nations Unies, Ben Emmerson, a de sombres pressentiments et estime que le Burkina Faso est exposé « à toutes les menaces ». Il y a de quoi se demander quand est-ce que les islamistes vont frapper au Burkina Faso, comme ils l’ont promis aux compagnons de la France. Et ce n’est pas la sortie du Président nigérien, Mahamadou Isssoufou, qui déclarait au lendemain des attentats que « L’ennemi qui nous a attaqués à Agadez et Arlit vient du Sud, d’où parallèlement une autre attaque est préparée contre le Tchad », qui contribue à rassurer le peuple burkinabè qui, plus que jamais vit la psychose de recevoir la visite du Mujao.
Ce qui pourrait justifier les mesures sécuritaires inhabituelles prises dans plusieurs localités du pays, dont Ouagadougou, apprend-on du site burkina24.com.
Sujet: La prison de Niamey attaquée par des hommes armés Dim 2 Juin 2013 - 3:49
Niger: la prison de Niamey attaquée par des hommes armés
Par Agence | 01/06/2013 | 19:39
Citation :
La prison de Niamey, la capitale du Niger, a été attaquée samedi par des hommes armés, qui ont tué au moins deux gardes pénitentiaires, a-t-on appris de sources concordantes.
Interrogé par l’AFP, le ministre nigérien de la Justice Marou Amadou a parlé dans un premier temps de l’attaque d’un groupe armé non identifié, avant d’affirmer que ces violences étaient le fait de quatre détenus poursuivis pour terrorisme, dont trois ont été arrêtés.
Il s’agit de quatre individus détenus à la prison civile de Niamey et poursuivis pour terrorisme, a indiqué M. Amadou, par ailleurs porte-parole du gouvernement.
Trois ont été pris, vivants, et le quatrième est à l’intérieur de la prison, a-t-il poursuivi, sans fournir de précision sur leur identité.
Deux gardes ont été tués et un autre gravement blessé, a-t-il ajouté, assurant que désormais la situation est contenue, maîtrisée par les forces de l’ordre.
Ces détenus avaient déjà des armes sur eux, une enquête doit déterminer l’origine de ces armes. Mais ils ont aussi pu saisir l’arme d’un garde, a ajouté M. Amadou.
Un peu plus tôt, le ministre avait affirmé que la prison civile de Niamey a été attaquée. Il s’agit d’un groupe armé que nous n’avons pas encore identifié, avait-il dit.
On entend des tirs depuis la prison centrale. Tout le monde est barricadé chez lui, a rapporté en début d’après-midi un riverain de la prison, située dans le centre de la capitale nigérienne entre un quartier résidentiel et des casernes militaires.
Les tirs ont cessé plus tard dans la prison, encerclée par les forces de l’ordre, selon des témoins.
C’est la panique partout, nous avons très peur, a toutefois raconté une habitante du quartier. Selon elle, le grand marché de Niamey tout proche a fermé.
Ces troubles surviennent alors que le Niger a été frappé le 23 mai par deux attentats suicide, les premiers de son histoire.
Deux attaques quasi-simultanées contre le grand camp militaire d’Agadez, la principale ville du Nord, et un site d’uranium du groupe nucléaire français Areva à Arlit (à plus de 200 km au nord) avaient fait plus d’une vingtaine de morts, essentiellement des militaires nigériens.
Ces attentats ont été revendiqués par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et un autre groupe jihadiste, les Signataires par le sang de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar.
Cet ex-responsable d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a menacé de frapper de nouveau le Niger et les autres pays engagés militairement au Mali, où une intervention franco-africaine a permis depuis janvier de reprendre le nord du pays aux islamistes armés qui le contrôlaient depuis 2012.(Afp)
Victimes collatérales de la chute de Kaddafi, puis acteurs de l'intervention militaire au Mali, les présidents Issoufou et Déby Itno sont plus que jamais dans le collimateur des jihadistes.
Silence dans les rangs des officiels nigériens. On évite, désormais, d'accuser publiquement la Libye d'héberger les groupes terroristes de la région. Même en « off », la réserve est de mise. « Ce n'est pas le moment d'envenimer la situation. On veut calmer le jeu », explique un diplomate nigérien. Ces dernières semaines, ce proche du président Mahamadou Issoufou n'a cessé d'alerter sur la menace qui se constitue dans le sud de la Libye, une zone de non-droit décrite par de nombreux experts comme « le nouveau sanctuaire des jihadistes ». Mais depuis quelques jours, il fait profil bas. Le ton entre les deux voisins est monté trop haut, trop vite.
La première anicroche a eu lieu le 26 mai à Addis-Abeba, trois jours après le double attentat d'Arlit et d'Agadez (35 morts, dont une majorité de soldats et une dizaine de jihadistes) qui a été revendiqué, à quelques heures d'intervalle, par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) puis par Les Signataires par le sang, le groupe de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar. Dans le huis clos des chefs d'État et de gouvernement du sommet de l'Union africaine, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Mohamed Bazoum, a dénoncé l'incapacité de Tripoli à contrôler ses frontières méridionales.
Le lendemain, nouvelle passe d'armes. À Agadez, où il est venu constater l'extrême violence de l'attaque qui a été menée par les kamikazes contre une garnison de l'armée, Issoufou pointe une nouvelle fois du doigt la Libye, d'où, dit-il, seraient venus les assaillants. Ces attaques, accuse-t-il, confirment que « la Libye continue d'être une source de déstabilisation pour les pays du Sahel ». Rien de neuf : il le répète depuis la chute de Mouammar Kaddafi. Quelques heures plus tard, le Premier ministre libyen, Ali Zeidan, en visite à Bruxelles, contre-attaque. Rien ne prouve que les auteurs de ce double attentat venaient de Libye, se défend-il, avant d'assurer que son pays « n'est pas un foyer de terrorisme ». Arsenal
Vaine défense. Personne ne doute, aujourd'hui, de la présence dans le Sud libyen d'un grand nombre de groupes jihadistes armés. « Il est difficile de dire qui s'y trouve, et où. Mais il est certain que des groupes s'y sont reconstitués », estime Mathieu Pellerin, chercheur associé à l'Institut français des relations internationales. Outre une bonne partie de l'arsenal que Kaddafi s'était constitué avant sa chute, et de nombreux camps d'entraînement qui ont servi de base pendant des années aux rebelles touaregs nigériens et maliens armés par le « Guide », on y croise des Soudanais, des Égyptiens, des Tunisiens, des Libyens évidemment, et certainement aussi des Algériens, des Nigériens, des Maliens... Depuis que les autorités algériennes ont bouclé leur frontière avec le Mali, quelques jours après le début de l'opération Serval lancée par la France, la Libye - via le nord du Niger et notamment la passe de Salvador, un passage obligé (mais extrêmement difficile à surveiller) qui se situe à la jonction des frontières nigérienne, algérienne et libyenne - est leur seul refuge.
Aqmi
Le plus dur est de franchir la passe. Pour ce faire, les jihadistes ont déjoué l'étroite surveillance aérienne menée dans la zone par les Algériens, les Nigériens, les Français et les Américains à l'aide d'avions de reconnaissance et de drones. « Ils forment de petits convois de un, deux ou trois pick-up pour ne pas être repérés. Certains se déplacent même à dos de chameau, confie le ministre nigérien de la Défense, Mahamadou Karidjo. Malgré tous nos efforts, nous ne pouvons pas faire grand-chose. Il est très difficile de surveiller un territoire aussi vaste et des frontières aussi poreuses. »
De fait, la présence en Libye des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ne fait plus guère de doute. Les liens de ce groupe avec les jihadistes libyens sont anciens. Deux des figures d'Aqmi, Abou Zeid (donné pour mort par le Tchad et la France) et Mokhtar Belmokhtar (dont la mort, annoncée par N'Djamena, reste à confirmer), avaient été aperçues dans la province du Fezzan en 2011. Belmokhtar s'y était même installé un temps, près d'Oubari, dans le Sud-Ouest, peut-être dans l'optique de s'y constituer une base de repli. Tous les observateurs remarquent que le double attentat d'Arlit et d'Agadez porte sa signature. « C'est le même procédé qu'à In Amenas », indique une source sécuritaire française. Revendiqué par Belmokhtar, l'assaut meurtrier du site gazier algérien, le 16 janvier, « aurait été totalement impossible sans une coordination étroite avec les cellules jihadistes libyennes », notait il y a quelques semaines un expert dans ces mêmes colonnes.
En revanche, la présence d'éléments du Mujao est moins certaine. Les services de renseignements occidentaux situent leurs points de chute au Niger, en Algérie, peut-être même au Tchad et au Soudan (sans compter ceux qui se terrent au Mali), mais pas en Libye. Les spécialistes rappellent en outre que les liens entre le Mujao et Aqmi sont ténus.
Sur place, si l'on en croit les informateurs des autorités nigériennes qui vivent dans cette zone - des Touaregs et des Toubous principalement -, c'est un paradis sur terre pour les troupes de l'internationale jihadiste. « Le Sud libyen est un territoire où règne l'anarchie, contrôlé par des milices touarègues, touboues et arabes », glisse une source sécuritaire nigérienne. Ces milices n'ont rien d'islamiste et ne voient pas d'un très bon oeil cette arrivée massive susceptible de faire capoter leurs trafics de cigarettes, de drogue et d'armes. Mais elles ne veulent pas d'une confrontation avec ces nouveaux venus redoutablement armés.
Les jihadistes, qui bénéficient de complicités jusqu'à Tripoli, y font donc ce qu'ils veulent. Ils s'y procurent des armes, pour la plupart issues de l'arsenal de l'armée kaddafiste, et réinvestissent les camps d'entraînement laissés à l'abandon depuis la chute du « Guide ».
Les services de renseignements nigériens situent le gros des troupes de cette nébuleuse dans les régions de Sebha et d'Oubari. Mais leur QG se trouverait bien plus au nord, au bord de la mer Méditerranée, dans la région de Benghazi. Rien de surprenant : les ramifications entre le Sud et la côte est, où l'on trouve de nombreux groupes jihadistes, sont connues.
Coopération
À Niamey, on est ainsi persuadé que le double attentat du 23 mai a été fomenté à Derna, l'ancienne capitale de la province de Cyrénaïque située à l'est de Benghazi, bien loin d'Arlit et d'Agadez. Une dizaine de jours avant l'offensive éclair, combattants de retour du Mali et jihadistes libyens s'y seraient réunis pour identifier les cibles à atteindre tant au Niger qu'au Tchad. Ordre aurait été donné d'attaquer les intérêts des deux pays les plus impliqués dans l'intervention armée au Mali, en partie responsables de leur débandade. Au Niger, où l'enquête sur les attentats progresse dans le plus grand secret, voilà plusieurs mois que l'on tente de se rapprocher de Tripoli. Niamey souhaiterait notamment mettre en place des patrouilles mixtes avec la Libye, à l'instar de ce qui se fait depuis quelques mois au sud, avec le Nigeria. Mais il n'y a rien à faire. « On n'a pas de contacts. Il n'y a pas d'autorité en Libye », déplore un diplomate. Selon lui, le temps presse. « On savait qu'il y aurait un risque un jour. Mais on ne pensait pas qu'il se matérialiserait si vite. On n'imaginait pas que les jihadistes pourraient se reconstituer aussi rapidement. Et cela n'aurait jamais été possible s'ils n'avaient pu bénéficier d'un tel sanctuaire. »
Retour à l'envoyeur
S'agit-il d'une riposte des autorités libyennes aux accusations récurrentes de Niamey ? Fin mai, des centaines de ressortissants d'Afrique de l'Ouest (entre 800 et 1 500 selon les sources) qualifiés de clandestins par Tripoli, et parmi lesquels figurent une majorité de Nigériens, ont été refoulés de Libye. Entassés dans des camions, ils ont été envoyés au Niger. « Nous avons été tenaillés par la soif et la faim, il y a eu deux morts durant le voyage qui a duré une semaine à travers le désert, a témoigné un immigrant lors de son arrivée à Agadez. Nous avons tout laissé en Libye, on nous a tout confisqué. » Un autre camion transportant des immigrés tchadiens aurait pris la route du Tchad. Selon un représentant de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) cité par RFI, les refoulements de ce type sont fréquents depuis le début de cette année. R.C.