Un an après Kadhafi, la Libye entre désordre et pétrole

Publié le 20/10/2012 à 06:00 0 Commenter cet article

Maghreb. Le 20 octobre 2011 a marqué la fin du parcours du dictateur Kadhafi. Un an n’a pas suffi pour que la stabilité revienne dans le secteur, surtout au Sahel.

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Un an après la mort de Kadhafi et la chute de son régime, la Libye reste une poudrière. Elle dispose, depuis dimanche dernier, d’un Premier ministre, Ali Zeidan, élu par le Parlement.

Mais l’État libyen existe-t-il vraiment ? Le territoire est morcelé entre tribus et clans surarmés et les ex-rebelles, constitués en milice font la loi. La tribu des Warfalla, qui était celle de Kadhafi, résiste. Cette semaine, des groupes d’ex-rebelles, se réclamant de l’armée libyenne – qui a littéralement explosé – ont attaqué Bani Walid, un des derniers bastions de l’ancien régime…

Instabilité et insécurité

Cette instabilité est source d’insécurité à l’intérieur de la Libye, comme on a pu le voir à l’occasion de l’attaque du consulat américain de Benghazi, le 11 septembre, qui s’est soldée par la mort de l’ambassadeur américain. Elle est aussi source de déséquilibres à l’extérieur. La chute de Kadhafi a ouvert un boulevard aux islamistes dans le Sahel. L’ancien dictateur se voulait le frère aîné des Africains. Ses pétrodollars lui permettaient de peser sur nombre de régimes et de contrôler des oppositions, armées ou non, jusqu’au cœur de l’Afrique noire. Les islamistes n’ont pas tardé à combler le vide qu’il laisse.

En Libye même, le parti Justice et Construction, vitrine des Frères musulmans, n’a pas obtenu la majorité au Parlement, où l’Alliance des forces nationales de l’ancien Premier ministre Mahmoud Jibril forme le groupe le plus important. Mais l’influence des Frères musulmans dépasse de loin – y compris au Parlement – celle du Parti qui les représente, et l’instauration de la charia – la loi islamique – est plus que jamais à l’ordre du jour. Le mot « libéral », en Libye, n’a pas du tout le même sens que chez nous. Il définit tout au plus des options politiques qui ne vont pas jusqu’à l’instauration d’une charia pure et dure. Une question de dosage, en quelque sorte.

Une croissance record

L’extraction de pétrole, qui était tombée à presque zéro durant la guerre, est repartie. Elle atteint presque le niveau d’avant l’intervention franco-britannique, et le Fonds monétaire international (FMI) prédit à la Libye une croissance record de 116,6 % cette année.

Les compagnies occidentales – dont Total – sont toutes revenues très vite. Mais elles sont contraintes d’assurer elles-mêmes leur sécurité et d’autres investisseurs, notamment dans le secteur des services et du commerce, hésitent à se risquer en Libye. L’attaque du consulat américain de Benghazi en a fait fuir beaucoup.

Le pétrole surnage en quelque sorte au-dessus d’un chaos institutionnalisé. Ce n’est pas étonnant : les réserves libyennes sont les plus importantes d’Afrique