Avant son séjour au Qatar, Janet Napolitano s'est rendue en Afghanistan où elle a discuté de la sécurité aux frontières avec le président Hamid Karzaï.
Qatar : L’émir va-t-il renverser le roi d’Arabie ?
Par Contribution | 07/02/2012 | 22:53
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La volonté de puissance de l’émir Hamad du Qatar n’a d’autres limites que celles fixées par l’Otan. Après la Libye et la Syrie, il s’en est pris à la Mauritanie, et attendrait son heure pour " remettre de l’ordre " en Arabie Saoudite.
Il n’y a pas que les descendants du Chérif de La Mecque, renversé par Abdelaziz Ibn Séoud en 1924, pour rêver de revanche, la famille Al-Thani, au pouvoir au Qatar – l’autre Etat wahabbite de la péninsule arabique – aussi. Bien que les relations entre Riyad et Doha soient actuellement bonnes – celles du Qatar avec la Syrie ont aussi été excellentes! – les troubles graves qui secouent depuis neuf mois l’Arabie saoudite semblent confirmer les augures du cheikh Hamad bin Jassem bin Jaber Al Thani, inamovible Premier ministre qatari, à savoir que le roi Abdallah " est épuisé et incapable de contrôler le pays ".
Ces propos, enregistrés clandestinement en 2008, en marge du Sommet arabe de Damas, lors d’une rencontre privée entre l’émir du Qatar Hamad Ben Khalifa Al Thani… et le colonel Kadhafi, ont été diffusés dernièrement par l’agence iranienne IRIB, mais – intérêts occidentaux obligent – n’ont pas eu plus d’échos dans les médias que n’en ont les tirs à balles réelles sur les protestataires de Qatif, Chouika, Awamiya, dans l’est pétrolier et chiite du royaume saoudien.
Démembrer l’Arabie
Le premier ministre qatari disait aussi au Guide libyen, accusé à l’époque d’avoir tenté d’assassiner Abdallah, que Qatar s’emparerait un jour de Qatif et d’Al-Sharqiya et démembrerait l’Arabie. Il affirmait que les Américains et les Britanniques lui avaient demandé un rapport sur la situation dans le royaume, et qu’un soulèvement contre les Saoud était " imminent ".
C’était également l’opinion de l’émir du Qatar qui affirmait: " le régime d’Arabie saoudite va s’effondrer, à cause d’un monarque vieillissant qui ne permet pas aux jeunes princes d’accéder au pouvoir ". On peut s’interroger aujourd’hui, quatre ans après cette conversation, sur le rôle du Qatar dans les troubles qui secouent l’Arabie et les marchandages qui entourent la succession, prévisible à court terme, du roi Abdallah.
En octobre dernier, la nomination de Nayef Ben Abdel Aziz, 78 ans, comme prince héritier, ministre de l’Intérieur très conservateur qui s’est illustré dans la lutte contre Al-Qaïda, est le signe que la gérontocratie saoudienne, à bout de souffle, ne veut rien lâcher.
Pour le Qatar, il ne fait aucun doute que le clan Soudairi – progéniture d’une des épouses favorites du roi Abdelaziz Ibn Saoud, fondateur du royaume – et ses alliés sont dépassés par les évènements. La preuve : en janvier 2011, pendant que la chaîne de télévision qatarie al-Jazeera, activait les " Printemps arabes " tunisien et égyptien, le roi Abdallah accordait, du Maroc où il était en convalescence, l’asile à Zine al-Abidine Ben Ali et téléphonait à Hosni Moubarak pour condamner " les atteintes à la sécurité et à la stabilité de l’Egypte ", commises par certains éléments " infiltrés " au nom de la " liberté d’expression " !
Puis, craignant des émeutes dans son royaume, il était rentré d’urgence à Riyad pour calmer, à coup de milliards de dollars, les revendications des laissés-pour-compte du " miracle " saoudien, mais sans résultat durable. Selon Ali Al-Ahmed, directeur de l’IGA (Institute for Gulf Affairs), chiite originaire d’Al-Khobar, ancien plus jeune prisonnier politique saoudien, les Al-Thani courtisent des membres de la famille régnante en Arabie afin d’y répéter le scénario libyen, de récupérer les territoires qu’ils ont dû céder aux Saoud et, si possible, contrôler les champs pétroliers.
Des soulèvements dans les provinces peuplées d’ismaéliens, voire de sunnites appartenant à d’autres rites que le wahhabisme, sont prévisibles. Un coup d’Etat, du genre de celui organisé par l’émir du Qatar en 1995 pour renverser son père, n’est pas à exclure.
Camouflet diplomatique
Outre son plan de renversement du roi d’Arabie, l’émir du Qatar a des visées au Maghreb. En avril dernier, la presse algérienne s’est émue des menaces qu’aurait proférées son Premier ministre, lors du vote pour la suspension de la Syrie de la Ligue Arabe, à l’encontre de Mourad Medelci, ministre algérien des Affaires étrangères. Il lui aurait dit, selon le quotidien saoudien Al-Watan, vite démenti : "ne défendez pas trop la Syrie car, quand votre tour arrivera, vous aurez certainement besoin de nous"…
On en est resté là, pour l’instant, car l’incursion de l’émir du Qatar en Mauritanie, en janvier dernier, est un signe que l’Otan veut accroître son influence dans la région. Cette fois, la visite de Hamad Ben Khalifa Al Thani n’a pas été de tout repos. Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz l’a remis en place.
Il n’a voulu entendre parler ni de " réformes démocratiques " ni de dialogue avec Mohamed Belhassen Oueld Dadou, chef des islamistes locaux. Il l’a accusé de s’immiscer dans ses affaires intérieures, s’est déclaré solidaire du président Bachar al-Assad, et a qualifié les " révolutions arabes " de " complots ".
Suprême humiliation : l’émir et sa suite ont dû repartir seuls à l’aéroport de Nouakchott. Evidemment, Al-Jazeera s’est bien gardée de filmer ce camouflet diplomatique. Selon le quotidien mauritanien al-Siraj, des sources sécuritaires arabes ont prévenu Mohamed Ould Abdel Aziz que Qatar va tenter de le renverser.
IRIB- Le journal égyptien, "Al-Ahram" a qualifié le Qatar de grand soutien d'Israël dans la région. "L'approche adoptée par Doha en Syrie, en Tunisie, au Soudan, en Palestine, fait de lui le plus grand allié d'Israël dans la région et le partenaire le plus fiable des Etats Unis". "Le Qatar "se sert de la Ligue arabe comme d'un levier de pression contre la Syrie et il cherche à intervenir militairement dans ce pays", ajoute le journal.
Omniprésent depuis le début du printemps arabe, l’émirat qui cherche à jouer dans la cour des grands irrite nombre de ses partenaires arabes.
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A deux reprises au cours du mois de février, Mahmoud Abbas a fait le déplacement de Doha. Au début du mois, le président de l'Autorité palestinienne signe dans la capitale qatarienne un accord de gouvernement avec son rival, Khaled Mechaal, chef du Hamas au pouvoir à Gaza. Trois semaines plus tard, il participe à une conférence internationale sur Jérusalem-Est.
C'est en sa présence que l'émir du Qatar demande à l'ONU de mettre en place une commission d'enquête sur la judaïsation de cette partie de la ville sainte, occupée par Israël depuis 1967. Deux visites qui soulignent l'énergie déployée par le régime qatarien dans le dossier israélo-palestinien: il veut se positionner comme un interlocuteur incontournable.
Actif dans le dossier israélo-palestinien, le Qatar l'est à peu près dans tous les conflits qui touchent le monde arabe: le Darfour, la rébellion chiite au Yémen, les tensions politiques au Liban… Depuis sa prise de pouvoir en 1995, cheikh Hamah bin Khalifa al Thani s'efforce de faire de son petit pays une puissance diplomatique.
Il s'appuie pour cela sur la richesse de l'émirat —selon un classement récent, le Qatar était le pays le plus riche par habitant en 2010— et la force de sa chaîne de télévision Al Jazeera.
«OPA sur l'islam sunnite»
Cet activisme diplomatique a trouvé une nouvelle caisse de résonance avec le printemps arabe. Dans ce contexte de grand chambardement, le Qatar est encore plus omniprésent, tentant «de faire une OPA sur l'Islam sunnite», estime David Rigoulet-Roze, chercheur rattaché à l'IFAS, l'institut français d'analyse stratégique.
Il profite, pour cela, de l'épuisement des deux grandes puissances régionales: l'Egypte en pleine révolution et l'Arabie Saoudite où le pouvoir est affaibli par les batailles de succession engagées au sein de la famille royale —le roi Abdallah a 87 ans, le prince héritier 78.
Décomplexé, le Qatar se retourne contre certains alliés. Le petit émirat va jusqu'à l'engagement armé, aux côtés des Occidentaux, en Libye contre Mouammar Kadhafi. Le revirement est également flagrant sur le dossier syrien avec une proposition d’envoyer une force arabe d'interposition.
Ces positions valent au Qatar une inimitié certaine dans le monde arabe. Son implication militaire en Libye est raillée. L'Egypte n'apprécie guère son activisme dans le dossier palestinien qu'elle considère comme son pré carré. Et dans les pays du Maghreb, le Qatar suscite des craintes en raison de ses liens avec les réseaux islamistes.
L'Algérie scrute ainsi de près les mouvements financiers en provenance de Doha. En Tunisie, malgré la victoire aux législatives du parti Ennhada, «pour qui Doha est une deuxième maison», souligne David Rigoulet-Roze, le Qatar a été contraint de revoir à la baisse ses projets d'investissements.
Et lorsque début janvier, Cheikh Hamad, en visite à Nouakchott, conseille au président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz d'engager des réformes et un dialogue avec l'opposition islamiste, il se voit sèchement reprocher par son interlocuteur l'intrusion d'Al Jazeera dans les affaires internes des pays et ses tentatives d'exportation des révolutions arabes.
Une partie des opinions publiques est également hostile à la politique qatarienne. La venue à Tunis de Cheikh Hamad à l'occasion du premier anniversaire de la chute de Ben Ali et sa visite à Nouakchott quelques jours plus tôt ont toutes deux donné lieu à des manifestations critiquant sa présence.
Le nouvel allié saoudien
Mais s'il interprète sa propre partition, le Qatar ne joue pas seul contre tous. Ses relations avec son grand voisin, l'Arabie Saoudite, ont longtemps été exécrables. Ryad n'a guère apprécié le coup d'Etat de Cheikh Hamad contre son père en 1995 et les velléités du nouvel émir de s'affranchir de la tutelle saoudienne. Mais en 2008, Ryad et Doha ont scellé leur réconciliation.
Et aujourd'hui, les deux pays «partagent une surface commune d'intérêts», estime Hasni Abidi, directeur du Cermam (centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen). Ni l'un ni l'autre ne souhaitait ainsi que la famille royale bahreïnienne soit déstabilisée. Cela aurait été prendre le risque de voir l'Iran renforcer son influence à leur frontière.
Alors quand l'hiver dernier, Manama demande à ses voisins une intervention pour réprimer la contestation, aucun des deux n'y trouve à redire. Ryad envoie même des troupes à Bahreïn. Dans le dossier syrien, les deux pays sont aussi sur une position commune. Ils ont tous les deux adopté une ligne dure à l'égard du régime de Bachar el Assad et militent pour une grande fermeté de la part de la Ligue Arabe.
«Le Qatar est un allié important des Saoudiens pour la mise en place d'un arc sunnite», précise David Rigoulet-Roze. Les deux pays ont d'ailleurs en commun d'être wahhabite, un mouvement qui livre une interprétation rigoriste de l'islam. Ça rapproche. Mais «l'Arabie s'accommode du rôle qatarien tant que le Qatar se conforme aux lignes qu'elle fixe», juge Fatiha Dazi-Héni.
Ryad peut à l'occasion poser ses limites: la dernière tentative du Qatar de mener une médiation entre le gouvernement yéménite et les rebelles houthistes ayant suscité l'irritation des Saoudiens, Doha a fait marche arrière.
Et dans d'autres dossiers, le grand voisin défend ses positions propres. En Egypte, les Saoudiens soutiennent les salafistes du parti Al Nour alors que le Qatar, lui, est proche des Frères Musulmans. Et parfois, Ryad prend le parfait contre-pied de la diplomatie qatarienne. Hostile au Hamas palestinien, l'Arabie Saoudite avait boycotté la conférence sur Gaza organisée à Doha en janvier 2009 pendant l'offensive israélienne «Plomb Durci» et soutenu la médiation égyptienne dans ce conflit.
Intermédiaire précieux pour les Etats-Unis
Proche du Hamas palestinien, en contact avec la plupart des mouvements armés de la région, le Qatar est aussi un allié des pays occidentaux. L'émirat s'efforce de maintenir le lien avec toutes les parties et arrive à recevoir officiellement à Doha les responsables de mouvements considérés comme terroristes par Washington alors qu'il héberge sur son territoire un quartier général avancé de l'armée américaine.
Et si cette présence militaire des Etats-Unis est vitale pour le régime qatarien, dont les forces armées ne peuvent assurer seules la défense, l'administration américaine a elle aussi grand intérêt à rester dans le pays. «Pour éviter un nouveau 11-Septembre, les Etats-Unis sont convaincus qu'il faut qu'un processus de réformes soit engagé dans les pays arabes et que ce processus inclut les mouvements islamistes», analyse David Rigoulet-Roze.
Mais difficile d'entamer un dialogue avec des organisations réprimées pendant des années par des régimes alliés. Le soutien à des présidents autoritaires et les guerres d'Irak et d'Afghanistan ont sérieusement entaché l'image des Etats-Unis dans la région. Le Qatar, lui, fait figure d'intermédiaire crédible. «Que ce soit pour entamer des négociations avec les mouvements islamistes ou faire passer des messages, Washington s'appuie sur Doha», relève Hasni Abidi.
C'est d'ailleurs au Qatar que les talibans afghans ont ouvert une représentation chargée de mener des négociations de paix.
Les Etats-Unis ne sont pas les seuls en Occident à trouver des motifs de satisfaction dans l'activisme diplomatique du Qatar. Même sous mandat de l'ONU, il était difficile de lancer les seuls pays de l'Otan dans l'offensive militaire en Libye. La participation d'un Etat arabe leur était précieuse pour atténuer l'image d'une offensive anti-arabe.
Enfin, Européens et Américains sont également sensibles à l'argument économique. La France a compté sur l'émirat pour payer des indemnités au régime libyen dans le cadre de la libération des infirmières bulgares. Et en pleine crise économique, les Occidentaux ont réduit leur aide au développement. Avoir le pays le plus riche au monde comme allié peut donc se révéler stratégique.
Cet activisme diplomatique du Qatar fonctionne aussi parce que le pouvoir est très concentré, entre les mains de l'émir, du Prince héritier et du Premier ministre, membre aussi de la famille régnante. Mais le soutien aux révolutions arabes a poussé à des réformes à l'intérieur du pays. Un premier scrutin législatif sera organisé l'année prochaine. Deux tiers des membres du Majlis al-Choura, conseil consultatif, seront désignés au suffrage universel. Leur poids restera certes limité mais l'émir pourrait être fragilisé par une victoire des conservateurs, hostiles à l'ouverture du pays.
Le joujou de l’Emir s’est cassé, cassé par la volonté du peuple, une notion incongrue dans l’Emirat du Qatar, qui joue de la malchance en 2012.
Car autant 2011 lui avait été faste, 2012 lui est néfaste avec les déboires de Syrie et les avanies de France.
La France, l’un de ses terrains d’emplette préférés, qui lui a dégagé sans ménagement son joujou favori, Nicolas Nagy de Bocsa, le plus anti-arabe des dirigeants de l’histoire de la République française, à égalité avec le socialiste Guy Mollet.
Retour sur le tandem franco-qatariote : HBJ… alias Hamad Ben Jassem Ben Jaber Al Thani, le symptôme de la mégalocéphalite.
Visite secrète de l’Emir du Qatar en "Israël"(médias)
15/06/2012
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L'Emir du Qatar Cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani a rendu une visite secrète en "Israël", bien que Doha et Tel Aviv n'entretiennent pas de relations politiques, du moins officielles, a rapporté la chaîne satellitaire iranienne Press TV.
La chef du parti israélien Kadima, Tzipi Livni, a accueilli l'Emir et le Premier ministre qatari Sheikh Hamad Bin Jaber Al-Thani pendant la visite.
L'Emir qatari et sa délégation ont également rencontré plusieurs responsables israéliens haut placés.Parmi les sujets discutés entre Cheikh Hamad et Livni, la signature d'un nouveau contrat d'exportation de gaz et la rédaction de manuels scolaires qatari par des experts israéliens.
Cheikh Hamad aurait souligné l'importance de relations politiques entre les deux côtés.Livni a informé le Qatar de l'importance de son rôle dans les discussions entre les Arabes et l'entité sioniste.
Le Qatar et l'entité sioniste ont une convergence de points de vue au sujet du programme nucléaire de l'Iran.
Doha a systématiquement soutenu Tel Aviv contre l'Iran. Le Qatar pourrait également aider l'entité sioniste dans le cas d'une attaque militaire contre les installations nucléaires iraniennes.Il est important de noter qu'en avril 2008, Livni, qui était Premier ministre du gouvernement israélien, rendait de fréquentes visites au Qatar pour pousser l'Etat arabe à s'opposer au programme nucléaire d'Iran.
Mali: des humanitaires du Qatar séjournent dans le nord du pays
Slate Afrique avec l'AFP - 26.06.2012
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Quatre membres du Croissant-Rouge du Qatar séjournent depuis le week-end dernier dans le nord du Mali pour évaluer les besoins humanitaires dans cette vaste région contrôlée depuis près de trois mois par divers groupes armés, a appris l'AFP lundi de sources concordantes.
"Nous sommes venus à Gao (nord-est) pour évaluer les besoins des populations en matière de santé et de fourniture en eau et en électricité. Nous allons repartir très bientôt pour revenir avec le nécessaire", a affirmé un des humanitaires qataris simplement présenté comme Rachid, joint par téléphone depuis Bamako.
Il s'exprimait en anglais et n'a pas fourni d'autres détails sur la mission et n'a pas souhaité commenter des informations de presse faisant état de soutien du Qatar aux groupes islamistes dominant sur le terrain au détriment de rebelles indépendantistes touaregs.
"Nous, nous sommes le Croissant-Rouge du Qatar, et nous sommes là seulement pour aider les populations, il n'y a rien d'autre, rien d'autre", a-t-il conclu.
Selon des sources concordantes à Gao, les humanitaires qataris sont arrivés le week-end dernier à Gao par voie terrestre en provenance du Niger et leur sécurité est assurée par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao).
Ce groupe, dissident d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et qui prône la guerre sainte en Afrique de l'Ouest, est l'un des mouvements armés ayant pris entre fin mars et début avril le contrôle des trois régions administratives du nord du Mali, Kidal, Gao et Tombouctou.
Les membres du Croissant-Rouge du Qatar ont visité dimanche l'hôpital de Gao et les structures de desserte de la ville en eau potable et en électricité, d'après des responsables de ces différents services.
Un membre du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg) qui participe à des négociations à Ouagadougou avec la médiation burkinabè dans la crise malienne, a regretté ce soutien du Qatar au Mujao.
"Le Qatar a donné un appui, sous couvert humanitaire, au Mujao. C'est surtout des vivres qui sont en train d'être distribués, notamment, huile, sucre, riz, thé", a-t-il déclaré à l'AFP sous couvert de l'anonymat. "Le Qatar aide ainsi le Mujao à se rapprocher des populations", a-t-il ajouté.
Qatar : les ambitions démesurées d’une pétromonarchie (première partie)
Par : Ali El Hadj Tahar NASSER OCTOBRE 2, 2012
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En moins de deux décennies, le Qatar a acquis une visibilité à l’échelle internationale. Sa dépendance vis-à-vis des hydrocarbures l’incite à s’autonomiser par le biais de ses investissements à l’étranger. Sanctuarisé par des bases américaines, il se permet d’asseoir une politique étrangère agressive qui veut étendre son pré carré bien au-delà des frontières nationales.
Pendant que les avions US décollaient de Doha pour aller bombarder l’Irak, Al-Jazeera se prétendait antiaméricaine. Pendant que l’émir du Qatar accueillait premiers ministres et ministres israéliens, Al-Jazeera larmoyait sur le sort des Palestiniens…
Et lorsque survient le « printemps arabe », ce pays, qui n’a ni partis politiques, ni assemblée, ni syndicats, devient le héraut de la démocratie ! Pion des États-Unis, il fait avancer leur stratégie dans l’échiquier arabe, ajoutant au chéquier une véritable armée des ondes à travers Al-Jazeera qui veut refaire le monde à coups de fatwas wahhabites et de propagande.
Dans un document en vingt et une parties, élaboré par notre collaborateur Ali El Hadj Tahar, nous analyserons les arcanes de la politique, l’économie et la diplomatie de ce pays, en insistant sur sa tendance à l’ingérence dans les affaires des États-nations et les manières peu orthodoxes qu’il emploie pour atteindre ses objectifs.
Grand comme un mouchoir de poche (11 437 km2), indépendant depuis 1971 et peuplé de deux millions d’habitants, dont 80 % sont des travailleurs étrangers, le Qatar est situé sur une petite péninsule s’avançant dans le golfe Persique, en face de l’Iran avec qui il partage son principal trésor : la réserve gazière de North Field qui en fait le troisième producteur de gaz naturel du monde.
Lorsqu’il accède à l’indépendance en 1971, le Qatar a refusé d’être intégré dans la Fédération des Emirats arabes unis (regroupant sept émirats : Dubaï, Sharjah, Ajman, Oum-al-Qaiwain, Foujaïrah, Ras-al-Khaïmah) qui ont vite décollé et laissé l’émir de Doha à ses casinos et ses frasques. Cheikh Zayed bin-Sultan al-Nahyan, le fondateur des Emirats arabes unis, faisait profiter son peuple de l’or noir et construisant routes, écoles, hôpitaux et gratte-ciel.
Lorsque le prince et premier ministre qatari, Hamad bin Khalifa al-Thani, déposera son père, l’émir Khalifa bin-Hamad al-Thani en 1995, il essaiera de rattraper le retard de son pays par rapport à ses voisins. Les coups d’État sont une vieille histoire de putschs car le père Hamad avait lui-même déposé son cousin, l’émir Ahmad bin-Ali al-Thani, en février 1972. Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont aidé ce coup d’État de Hamad bin- Khalifa al-Thani contre un père qui avait pourtant soutenu la guerre de l’Irak contre l’Iran.
En prenant les rênes au Qatar, Hamad bin-Khalifa al-Thani suivra la voie du développement initiée aux E A U. Tombant à pic, l’embellie du cours des hydrocarbures lui permet de lancer des projets pharaoniques dans tous les secteurs, en se concentrant sur les investissements, notamment dans les infrastructures (urbanisme, routes, réseau ferroviaire, ports, aéroports, infrastructures éducatives, de santé, de loisirs…) et dans les nouvelles industries (aval pétrolier, acier, aluminium…) Hamad a aussi noté les conséquences désastreuses de l’épuisement du pétrole au Bahreïn, devenu dépendant de l’aide saoudienne et de son diktat.
Le Qatar ne jouera pas à la cigale ; son ambition crée une compétition stimulante entre les pays du Golfe, un peu comme celle qui a engendré les quatre dragons en Asie. Certains disent que les think tanks étrangers sont derrière les programmes économiques qataris, mais leurs grandes lignes sont certainement nationales. Dans le domaine de politique étrangère, il n’y a aucun doute que le Qatar obéit à un agenda occidental, mais là c’est une autre question. ?
L’inquiétude des lendemains sans or noir motive la conscience qatarie. Pourtant, contrairement à celles du Bahreïn, les réserves de gaz de ce pays sont énormes et assureront le développement du pays pour une quarantaine d’années avec un même pompage et un même train de vie qu’aujourd’hui. Actuellement, le secteur des hydrocarbures qatari ne représente que 60 % de la création de richesse et 75 % des recettes budgétaires, le pays ayant pu dynamiser son économie, la diversifier et créer de la croissance.