Sujet: Émirats : Rafale vs Eurofighter Mer 24 Oct 2012 - 12:32
EXCLUSIF.Armement. Jean-Yves Le Drian : « Les Rafale attendront »
Le ministre de la Défense estime, dans l’interview exclusive qu’il nous a accordée, que les relations avec les Emirats arabes unis se sont dégradées. Au grand dam de la France, qui peine à vendre son Rafale à l’étranger.
Propos recueillis par Matthieu Pelloli | Publié le 24.10.2012, 07h39
Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense.
Citation :
Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, avait choisi les Emirats arabes unis (EAU) pour le premier déplacement dans le golfe Persique d’un ministre du gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Ce voyage éclair, effectué le week-end dernier chez un partenaire stratégique richissime, aurait également pu permettre de débloquer une énorme commande de Rafale (groupe Dassault). Il n’en a rien été.
Pourtant, il y a un tout juste un an, le ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy, Gérard Longuet, avait évoqué une probabilité « très, très forte » de vendre 60 Rafale aux Emirats. Depuis, les négociations n’ont jamais abouti, et les Emirats hésitent de plus en plus.
Pourquoi ce choix des Emirats arabes unis pour votre première visite au Moyen-Orient?
JEAN-YVES LE DRIAN. La France entretient avec les Emirats arabes unis une relation très spécifique et très ancienne dans le domaine de la défense. Ce partenariat se traduit par l’existence de forces françaises terrestres, aériennes et navales prépositionnées (750 hommes). Il y a très peu d’endroits dans le monde où c’est le cas. Cette visite, qui intervient à un moment où le Moyen-Orient est miné par de nombreuses menaces, en Syrie, en Iran, avait pour objectif de réaffirmer notre attachement à ce partenariat. Les entretiens que j’ai eus avec l’émir de Dubaï ainsi qu’avec le prince héritier d’Abu Dhabi, l’homme fort du régime, m’ont montré que cet attachement était réciproque.
Avez-vous évoqué les négociations gelées avec les Emirats pour l’achat de 60 Rafale à Dassault?
Je pense que chacun doit rester dans son rôle. Les relations d’Etat à Etat doivent rester des relations d’Etat à Etat, c’est-à-dire un partenariat stratégique et technologique. Le rôle d’un membre du gouvernement, c’est d’établir les conditions de la confiance. Les industriels, eux, doivent jouer leur rôle et proposer l’offre la plus performante. Mais il ne faut pas mélanger les genres.
Rafale, c’est quand même un mot que vous avez prononcé au cours de votre visite?
Non. Un ministre de la Défense s’adresse à des partenaires, pas à des clients. Il n’arrive pas avec un catalogue sous le bras. Je pense que, si la France n’a jamais vendu de Rafale, c’est qu’on a peut-être confondu les rôles. Je ne les confondrai pas.
Vos interlocuteurs émiratiens ne vous ont pas non plus parlé du Rafale?
Non. Pourquoi? Parce que ce dossier empoisonnait nos rapports. Il y a eu un effilochage de notre relation depuis dix-huit mois. Les EAU, qui effectuaient 70% de leurs dépenses militaires en France, ont fait passer ce pourcentage à 10%. Mon objectif était de rétablir la confiance. Je ne suis pas allé aux Emirats pour les Rafale. Les Rafale attendront. Cette discussion viendra ultérieurement…
C’est pour cette raison qu’il n’y avait pas d’industriels dans votre délégation?
Lorsqu’on veut recréer du lien, on ne commence pas par dire : « Je viens avec mes industriels ! » Ce serait inamical… Des annonces fortes par le passé, il y en a eu, mais à ma connaissance elles n’ont jamais abouti. J’insiste par ailleurs sur le fait que le Rafale n’est pas notre unique produit militaire d’exportation. De ce point de vue, la France a aussi des frégates, des sous-marins et des satellites.
Votre déplacement préparait-il une visite de François Hollande, au cours de laquelle seront directement abordés, cette fois, les contrats militaires?
Ce n’est pas à moi de répondre à cette question. Tout ce que je peux dire, c’est que j’étais porteur d’une lettre du président de la République.
Sujet: Re: Émirats : Rafale vs Eurofighter Mer 24 Oct 2012 - 22:42
La vente de 60 Rafale aux Emirats arabes unis n’est pas une priorité pour Jean-Yves Le Drian
24 octobre 2012 – 15:07
Citation :
Annoncée comme imminente au début de l’année, la vente de 60 avions Rafale aux Emirats arabes unis ne s’est pas encore faite et risque bien de ne pas se faire du tout. C’est du moins ce qu’a laissé entendre le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, dans les colonnes du quotidien “Le Parisien“.
Pour son premier déplacement dans le golfe Persique, l’actuel locataire de l’Hôtel de Brienne avait choisi les Emirats arabes unis, pays avec lequel la France entretient une profonde relation militaire au point des des forces françaises y sont pré-positionnés.
Interrogé sur les négociations portant sur la vente du Rafale, lancées il y a maintenant plus de 4 ans, Jean-Yves Le Drian a fait savoir que ce sujet n’a pas été abordé au cours de sa visite. “Un ministre de la Défense s’adresse à des partenaires, pas à des clients. Il n’arrive pas avec un catalogue sous le bras. Je pense que, si la France n’a jamais vendu de Rafale, c’est qu’on a peut-être confondu les rôles. Je ne les confondrai pas” a-t-il expliqué.
“Je pense que chacun doit rester dans son rôle. Les relations d’Etat à Etat doivent rester des relations d’Etat à Etat, c’est-à-dire un partenariat stratégique et technologique. Le rôle d’un membre du gouvernement, c’est d’établir les conditions de la confiance. Les industriels, eux, doivent jouer leur rôle et proposer l’offre la plus performante. Mais il ne faut pas mélanger les genres” a-t-il ajouté.
Sauf qu’il est réducteur de dire que le Rafale ne s’est pas encore vendu à l’exportation parce qu’il y a eu confusion des rôles en France. Des contrats de cette nature, qui engagent la force aérienne d’un pays sur plusieurs dizaines d’années, a évidemment une dimension politique.
Selon M. Le Drian, la question du Rafale a “empoisonné” les rapports entre la France et les Emirats. “Il y a eu un effilochage de notre relation depuis dix-huit mois” a-t-il ajouté, en affirmant ensuite qu’Abu Dhabi a fait passer le poucentage de ses dépenses militaires en France de 70 à 10%. “Mon objectif était de rétablir la confiance” a-t-il poursuivi. Et par conséquent, la vente de l’avion de Dassault Aviation attendra.
Cela étant, les difficiles négociations au sujet du Rafale ne sont pas en elles-mêmes les responsables des récentes anicroches entre la France et les Emirats, même si ces derniers n’ont pas apprécié quelques indiscrétions publiées à leur sujet par la presse. En revanche, il est vrai que les autorités émiraties ont été mécontentes d’un article du Figaro (propriété de Dassault) concernant leur achat d’équipements de sécurité israéliens alors qu’elles n’ont officiellement aucune relation avec Tel-Aviv.
Et puis l’on peut également citer les pression des Emirats sur Paris afin d’obtenir des droits de trafic supplémentaires à destination de la France pour leurs compagnies aériennes. Il avait fallu, à l’époque, l’intervention de l’ancien président Sarkozy pour remettre les choses au clair lors d’une rencontre à l’Elysée, en décembre 2010, avec le prince héritier d’Abou Dhabi.
Aussi, et après un énième épisode dans cette affaire ayant contraint Charles Edelstenne, le pdg de Dassault Aviation, à reprendre les choses en main, le site LaTribune.Fr écrivait, en février dernier, que les relations entre “le constructeur aéronautique français et Abu Dhabi étaient “au beau fixe” et que “tout avait été déverouillé.”
Mais a priori, l’élection présidentielle française a tout ralenti. La même source écrivait ainsi, en mai, que le Nicolas Sarkozy, battu, n’était alors “plus là pour mettre une pression énorme sur les Emiratis ainsi que sur son entourage pour finaliser coûte que coûte le contrat”, en précisant qu’Abou Dhabi attendait “un signe du nouveau président.”
Ce signe pourrait être la lettre que le président Hollande à fait transmettre au prince héritier d’Abu Dhabi par l’intermédiaire de Jean-Yves Le Drian. S’agirait-il de préparer ainsi une visite du chef d’Etat français aux Emirats au pour évoquer des contrats d’armement. Interrogé par le Parisien sur cette éventualité, le ministre de la Défense a botté en touche.
Sujet: Eurofighter Typhoon aux Émirats arabes unis Jeu 8 Nov 2012 - 22:06
L’Eurofighter désormais bien placé pour équiper les forces aériennes des Emirats arabes unis
8 novembre 2012 – 15:27
Citation :
Au début de l’année, et selon des confidences faites à la presse, il y avait de bons espoirs de conclure d’ici au printemps la vente de 60 Rafale aux Emirats arabes unis, après des mois de négociations pour le moins compliquées et émaillées de rebondissements.
Il fallait notamment trouver un accord sur la prise en charge des développements de l’avion demandés par Abu Dhabi (motorisation plus puissante, radar à antenne active, etc…) ainsi que sur la reprise des 60 Mirage 2000-9 appelés être remplacés.
Et à ce jeu-là, les émiriens sont de redoutables négociateurs, n’hésitant pas à faire mine d’aller voir ailleurs pour obtenir des concessions sur la facture finale. C’est d’ailleurs ce qu’ils ont en novembre 2011, en demandant des informations sur l’Eurofighter, construit par le consortium du même réunissant BAE Systems, EADS et Finmeccanica.
Seulement, la campagne de l’élection présidentielle et l’alternance politique qui a suivi en France ont fait que la conclusion de ce dossier a été reportée. Aussi, le site économique LaTribune.fr écrivait, en mai dernier, que finalement, les responsables français avaient “redécouvert que le client n’avait pas forcément besoin de ces avions de combat tout de suite mais plutôt à un horizon un peu plus lointain”, tout en soulignant que les Emirats attendaient “un signe” des nouvelles autorités françaises issues des urnes.
“Que fera François Hollande sur ces dossiers d’exportations de systèmes d’arme? Sera-t-il actif ou pas? Car plusieurs prospects importants dans la région sont en bonne voie, susceptibles de peser dans la balance commerciale et sur l’emploi en France dans un secteur technologique… En fera-t-il une obsession comme Nicolas Sarkozy?” s’interrogeait alors LaTribune.fr.
Il aura fallu attendre presque 6 mois pour avoir une réponse à ces questions. Ainsi, à l’issue d’un déplacement aux Emirats arabes unis, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait déclaré lors d’un entretien accordé au Parisien que la vente de Rafale attendra et que les discussions reprendront “ultérieurement”.
“Le ministre de la Défense s’adresse à des partenaires, pas à des clients. Il n’arrive pas avec un catalogue sous le bras. Je pense que, si la France n’a jamais vendu de Rafale, c’est qu’on a peut-être confondu les rôles. Je ne les confondrai pas” avait-il expliqué, en soulignant que les négociations concernant la vente des 60 avions de Dassault Aviation “empoisonnaient nos rapports”.
Quelques jours plus tard, le président Hollande a adopté la même approche lors d’une visite en Arabie Saoudite, où DCNS et Thales espèrent décrocher quelques marchés importants. “Je ne suis pas venu signer je ne sais quel contrat”, a-t-il affirmé, avant d’ajouter que “c’est une relation personnelle et de confiance qui devait être établie” à l’occasion de sa rencontre avec le roi Abdallah. Les négociations commerciales devraient cependant avoir lieu plus tard.
Cela, cette manière de faire n’est pas celle du Premier ministre britannique, David Cameron, qui n’a pas hésité à évoquer les contrats d’armement lors de sa récente visite en Arabie Saoudite. Là, il a été question de vendre un nombre “substantiel” d’avions Eurofighter Typhoon supplémentaires, après la commande de 72 appareils de ce type passée par le royaume wahhabite en 2007.
Mais avant de se rendre à Riyad, le locataire du 10 Downing Street a fait un passage aux Emirats arabes unis, où des Eurofighter Typhoon de la Royal Air Force (RAF) étaient opportunément déployés dans le cadre d’un exercice militaire.
Et David Cameron n’avait pas fait de mystère sur les motivation de sa visite : il s’agissait ni plus ni moins de “mettre en avant l’industrie britannique de défense” et de “faire la promotion” de l’Eurofighter Typhoon.
Résultat : un communiqué conjoint publié le 6 novembre a indiqué que Londres et Abou Dhabi vont établir “un partenariat dans l’industrie de la défense, y compris une étroite coopération au sujet des avions de combat Typhoon.”
“Des négociations vont s’engager sur un contrat de vente aux Emirats d’une soixantaine de Typhoon, qui doit inclure l’installation aux Emirats d’une usine pour la fabrication ou le montage de pièces de cet avion” a commenté Riad Kahwaji, membre de l’Institut d’analyse militaire pour le Proche Orient et le Golfe, basé à Dubaï. Autrement dit, et sauf nouveau coup de théâtre, les discussions sur la vente du Rafale n’auront pas lieu ultérieurement… car elles ne reprendront probablement jamais.
Sujet: Re: Émirats : Rafale vs Eurofighter Jeu 10 Jan 2013 - 14:18
Hollande, aux Emirats, pour vendre ses "Rafale"
jeudi, 10 janvier 2013 03:10
Citation :
IRIB- Le président français est attendu, mardi prochain, aux Emirats arabes unis, où il devra discuter avec les autorités de la vente des avions de combat " Rafale". Le contrat est loin d'être finalisé, mais, selon les sources françaises, "il y a, encore, des chances, pour que la France puisse l'emporter".
La Grande Bretagne a réussi à vendre ses "Eurofighter" aux Emirats et la rude concurrence entre les armuriers occidentaux pousse la France à en faire autant, selon un diplomate. en 2011, les Emirats ont renoncé à l'achat des "Rafales", faisant subir à l'industrie aéronautique du pays, en pleine période de crise, un revers important.
Sujet: Re: Émirats : Rafale vs Eurofighter Mer 16 Jan 2013 - 1:39
François Hollande relance le Rafale aux Emirats Arabes Unis
Michel Cabirol | 15/01/2013, 18:14 - 417 mots
Lors de sa visite à Dubaï, la France a relancé le Rafale à Abu Dhabi en vue d'une vente de 60 avions de combat. François Hollande et le président des Emirats arabes unis, cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyane, ont évoqué le Rafale lors de leurs discussions.
Citation :
"Une question de prix". La vente d'avions de combat Rafale aux Emirats arabes unis (EAU) n'est qu'une "question de prix", a estimé ce mardi François Hollande au cours d'un voyage à Dubaï. "Nous pensons que c'est un très bon avion, je n'ose pas dire que l'expérience l'a démontré, mais c'est pourtant le cas, aussi bien en Libye que même sur le théâtre malien", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse. "Nous pensons que c'est une technologie exceptionnelle, nous l'avons dit à nos amis émiriens. Ils ne le contestent pas d'ailleurs. Après, c'est une question de prix", a-t-il précisé. "Mais ce n'est pas le président de la République française qui fixe le prix des avions. Donc cela obéit à des logiques de discussions, de négociations." François Hollande a également demandé au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, de revenir aux Emirats arabes unis pour poursuivre les discussions.
Des négociations freinées
Fin 2011, les négociations portant sur la vente de 60 Rafale à Abu Dhabi avaient pris un coup de froid, les Emiriens avaient jugé "non compétitive et irréalisable" l'offre de l'avionneur tricolore, qui avait focalisé la colère de Cheikh Mohammed Bin Zayed Al-Nahyan, le prince héritier et ministre de la défense d'Abou Dabi. Les liens entre Abu Dhabi et Paris n'ont jamais été coupés mais la campagne présidentielle française, puis l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle équipe dirigeante a freiné considérablement les discussions. Surtout, Abu Dhabi, débarrassé de la pression considérable de Nicolas Sarkozy pour une signature de ce contrat, n'était plus aussi pressé de s'offrir de nouveaux avions de combat. Non pas qu'ils n'étaient plus intéressés par le rafale mais leur besoin opérationnel n'est pas à court terme. "C'était une campagne politique orchestrée par Nicolas Sarkozy et non pas à l'initiative des industriels", rappelle un observateur. D'où un décalage entre la volonté du client et la propositions de Paris... qui a d'ailleurs raté le coche en ne liant pas la construction de la base française aux Emirats à l'achat des avions de combat par Abu Dhabi. "Est-ce maintenant trop tard?", s'interroge un industriel. Possible. "Avec le temps, on oublie les cadeaux qui ont été faits", poursuit-il.
L'Eurofighter en piste
Pour montrer son courroux vis-à-vis de Dassault Aviation, Cheikh Mohammed Bin Zayed Al-Nahyan avait mis fin 2011 dans les pattes du Rafale, l'Eurofighter. Sans pour autant arrêter les négociations avec Dassault Aviation. Au grand dam des Britanniques et du Premier ministre, David Cameron, qui a pourtant tout essayé pour torpiller définitivement l'offre française lors de son passage aux Emirats en novembre dernier.
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Sujet: Re: Émirats : Rafale vs Eurofighter Mer 3 Juil 2013 - 17:49
Rafale contre Eurofighter aux Emirats : c'est aussi un match entre Paris et Londres
Michel Cabirol | 03/07/2013, 07:21 - 739 mots
Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, se rend aux Emirats Arabes Unis, pour une visite de deux jours. Le match Rafale-Eurofighter se joue en partie dans les coulisses diplomatiques. Entre Londres et Paris, la guerre fait rage.
Le Rafale de Dassault Aviation
Citation :
C'est l'un des duels aériens les plus féroces du moment : quel est l'avion de combat - Rafale contre Eurofighter - qui équipera l'armée de l'air des Emirats Arabes Unis (EAU). Surtout c'est un duel entre deux capitales européennes, Paris et Londres, qui se livrent une guerre diplomatique totale. C'est dans ce contexte que le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, effectue une nouvelle visite très consistante de deux jours aux Emirats en fin de semaine, du samedi 6 au lundi 8 juillet. Lors du dernier salon de défense à IDEX en février, le ministre français a su nouer une bonne relation avec l'homme fort des Emirats, le prince héritier cheikh Mohamed Bin Zayed Al Nahyan, principal décideur en matière de coopérations militaires, d'achats d'armement, d'énergie et de culture (La Sorbonne, Le Louvre). Les deux hommes ont notamment partagé un déjeuner simple en dehors d'un cadre protocolaire strict, ce qui leur avait permis de discuter librement du Rafale... et d'autres dossiers de coopérations entre la France et les Emirats. Bref, le "fit" est passé... Le nouveau PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, qui connait bien les Emirats pour y avoir vendu 30 Mirages 2000-9 en 1998, dispose depuis le salon IDEX d'une "road map claire pour travailler" de la part de Cheikh Mohamed.
A Jean-Yves Le Drian de conforter cette bonne relation ce week end. Le président de la République avait reçu avec tous les honneurs en juillet 2012 au Palais de l'Elysée, Son Altesse cheikh Mohamed Bin Zayed Al Nahyan, qui sera, sauf accident, le prochain émir d'Abu Dhabi et le prochain président des EAU, à l'occasion d'une visite qu'il effectuait en France. C'est aussi l'interlocuteur privilégié de Paris en général, et des groupes de défense tricolores en particulier. Enfin, François Hollande avait maintenu une visite importante en janvier dernier aux Emirats en dépit du début de l'intervention militaire française au Mali. La relation entre la France et les Emirats est une relation mure et approfondie par des années de coopérations. Elle n'est surtout pas une relation au coup par coup en fonction des contrats commerciaux.
Optimisme de BAE Systems
Londres joue également sa partition sur le plan diplomatique et industriel. BAE Systems intensifie ses campagnes Eurofighter à l'export face au Rafale. Au salon du Bourget, BAE Systems, qui dirige la campagne commerciale du consortium Eurofighter GmbH (outre le britannique, EADS et l'italien Finmeccanica en font partie) aux Emirats a fait preuve d'un réel optimisme pour l'Eurofighter. Le groupe britannique, qui a distillé à la plupart des interloculeurs rencontrés un souffle d'euphorie, espère une décision cette année des EAU en faveur de l'Eurofighter Typhoon, très fortement soutenu par le Premier ministre britannique David Cameron, pour un contrat portant sur le remplacement d'au moins 60 Mirage 2000-9, un avion qui a particpé à l'opération Harmattan en Libye.
Pour quelles raisons les Britanniques entretiennent-ils un tel optimisme ? Info ou Intox ? Méthode coué ? Plusieurs raisons à cela. Car Londres croit en son étoile aux Emirats même si le duel Rafale/Eurofighter a toujours tourné en faveur de l'avion français. Une pierre dans le jardin britannique. Et ce d'autant que selon le vice-président d'une division de Selex (groupe Finmeccanica), Chris Bushell, le carnet de commandes de l'Eurofighter Typhoon à l'export se tarira si le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne ne parachèvent pas leur accord de financement en faveur d'un système de radar à balayage électronique... dont le Rafale est déjà équipé.
La Reine VRP de l'Eurofighter
Sur le plan diplomatique, Londres a mis les petits plats dans les grands quand elle a reçu le président des EAU, l’Emir d’Abu Dhabi et commandant suprême des forces armées, cheikh Khalifa Bin Zayed Al Nahyan, qui a effectué une visite d’Etat de quatre jours en Grande- Bretagne fin avril-début mai. Même la reine Elisabeth II a été "mise à contribution, personnellement, pour mieux réussir l’opération de séduction en direction de la classe dirigeante émiratie, et pour appuyer les approches officielles et commerciales au profit des industriels britanniques", avait écrit la revue Middle East Strategic Perspectives. Cheikh Khalifa, qui détient les cordons de la bourse aux Emirats, a été sensible à cet accueil.
Surtout, Londres compte sur le traité entre la Grande-Bretagne et les Emirats pour remporter la victoire. La signature d'un contrat Eurofighter dont le montant est évalué à 10 milliards de dollars, enverrait, selon les Britanniques, un signal très positif sur la relation stratégique entre les deux pays. Dans ce cas-là, Londres installerait une base aérienne à Al-Minhad.