Sujet: Bases militaires US à l'étranger Dim 25 Avr 2010 - 23:07
Japon : l'île d'Okinawa dit "non" à une base militaire américaine - 15 Avril 2010
Citation :
Prés de cent mille habitants d'Okinawa ont manifesté dimanche pour exiger le déplacement d'une base américaine hors de cette île du sud du Japon, nouvelle péripétie d'un feuilleton qui envenime les relations entre Tokyo et Washington et fragilise le Premier ministre Hatoyama.
Quelque 90.000 personnes selon les organisateurs, dont de nombreux responsables politiques locaux de toutes tendances, ont défilé à Yomitan, un village situé à proximité d'une base aérienne américaine.
"Pas de base !" ou "Les bases américaines hors d'Okinawa !", pouvait-on lire sur les banderoles brandies par les manifestants qui sifflaient, criaient et applaudissaient à tout rompre lors des discours.
Sujet: Re: Bases militaires US à l'étranger Lun 26 Avr 2010 - 16:53
«Pas de base !» fait partie des slogans clamés par plusieurs dizaines de milliers de personnes qui ont manifesté contre la base militaire américaine à Okinawa, le 25 avril 2010.
Sujet: Re: Bases militaires US à l'étranger Lun 26 Avr 2010 - 18:32
Il fallait s'y attendre, les bases militaires étrangères de toutes les grands puissances ne sont plus les bienvenues. Il ne faut pas non plus que les pays d'accueil en font un fond de commerce politique comme certains !!!
Sujet: Re: Bases militaires US à l'étranger Sam 1 Mai 2010 - 21:18
Les États-Unis et la base militaire d'Okinawa
Inside Story - Okinawa: Finding a compromise
AlJazeeraEnglish — 29 avril 2010 — Yukio Hatoyama, the Japanese prime minister, plans a visit to Okinawa to settle the row over the US airbase on the island. On the one hand, he has to appease the residents of Okinawa and on the other, he cannot afford to strain relations with Washington. Can both countries reach a compromise? Why is Okinawa important to the US? And how has a huge military presence worldwide served Washington?
Sujet: Re: Bases militaires US à l'étranger Mar 4 Mai 2010 - 13:41
Japon: le Premier ministre Hatoyama renonce à retirer une base américaine d'Okinawa
04 Mai 2010
Citation :
Le Premier ministre japonais Yukio Hatoyama a annoncé mardi qu'il renonçait à sa promesse électorale de retirer une base américaine controversée de l'île d'Okinawa (sud).
"Je suis vraiment désolé d'avoir à demander aux habitants d'Okinawa leur compréhension car une partie des opérations de la base va devoir être maintenue", a dit le chef du gouvernement devant des journalistes alors qu'il effectuait sa première visite sur l'île depuis son élection en septembre.
Sujet: Re: Bases militaires US à l'étranger Sam 8 Mai 2010 - 11:37
Les bases américaines de Manas et Futenma : Washington au pied du mur - 08 Mai 2010
Citation :
Les négociations entre les États-Unis et le Japon sur les bases militaires américaines se tiennent à Tokyo sur fond de protestations. En cas d’erreur au cours de ces négociations, le premier ministre japonais Yukio Hatoyama pourrait perdre son poste car, selon les sondages, il n’est soutenu que par 20,7% des électeurs, contre 72% initialement. Lire la suite : http://fr.rian.ru/discussion/20100506/186640326.html
Sujet: Re: Bases militaires US à l'étranger Ven 14 Mai 2010 - 11:02
Okinawa : The future of US military bases
AlJazeeraEnglish — 13 mai 2010 — Almost 50,000 US military personnel are stationed in Japan, more than half on the island of Okinawa. But their presence has often been controversial. The Okinawa base is vital to the US in protecting its interests in Asia. But protests against the base are increasing. On this edition of 101 East, we look at the future of US military bases in Japan.
Sujet: Re: Bases militaires US à l'étranger Mer 2 Juin 2010 - 23:39
Interruption du ravitaillement d'avions US au Kirghizistan - 02 juin 2010
Citation :
L'armée américaine a momentanément cessé de ravitailler certains avions dans sa base aérienne de Manas au Kirghizistan, le temps qu'elle renégocie un contrat sur le kérosène avec le gouvernement de transition porté au pouvoir à Bichkek lors des troubles d'avril, a fait savoir mardi le Pentagone.
Le remplissage des réservoirs des avions ravitailleurs en vol KC-135 est effectué désormais en un autre endroit, qui n'a pas été divulgué par Washington pour des raisons de sécurité.
"Nous sommes en discussion avec eux (les Kirghizes) pour déterminer le moyen optimal de se procurer du carburant, à l'avenir", a expliqué un porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman. "Le temps que ces discussions sont en cours, nous avons procédé à certaines modifications. Par exemple, nos avions KC-135 ne décollent pas de Manas pour l'instant", a-t-il ajouté.
La décision de renégocier le contrat d'approvisionnement de la base de Manas a été prise la semaine dernière, moins de deux mois après le soulèvement qui a chassé du pouvoir le président kirghize Kourmanbek Bakiev et l'a remplacé par la présidente intérimaire Roza Otounbaïeva.
Bakiev avait renouvelé le bail de la base en 2009, après avoir tout d'abord dit que l'armée américaine devrait quitter les lieux. Les autorités de transition actuelles accusent l'ancien président et sa famille de corruption, estimant qu'ils ont tiré des profits illicites d'accords comme celui passé pour le ravitaillement de Manas en carburant.
Sujet: Re: Bases militaires US à l'étranger Jeu 3 Juin 2010 - 23:15
Kirghizstan : entre révolution et incertitude - 26 mai 2010
Moscou au cœur du Grand échiquier
par Jean Géronimo
« Le Kirghizstan a été et reste un partenaire stratégique de la Russie »
Natalie Timakova Porte-parole du Kremlin[1]
(reprenant les propos officiels du président D. Medvedev)
Citation :
Après l’Ouzbékistan et l’Ukraine, Washington risque de perdre un pivot clé de sa stratégie d’influence dans l’ex-espace soviétique. En effet le renversement, début avril, d’un régime kirghiz jusque là pro-occidental – bien que guidé par un certain pragmatisme, l’obligeant à ménager la Russie – retire à l’Etat américain une de ses pièces maitresses sur l’échiquier eurasien. Même si, à priori, ce dernier n’a pas eu une attitude neutre dans ce coup d’Etat, qu’il aurait même plutôt ‘’encouragé’’ selon certaines sources locales. Une fois de plus mise devant « le fait accompli », Moscou a été obligée de replacer ses pions sur le Grand échiquier, dans le but de maximiser ses gains issus de ce changement politique brutal et inattendu et, par ce biais, stopper son recul en Eurasie post-communiste. Et surtout, elle veut faire de la crise kirghize un symbole fort de sa reprise en main de son ancien Empire.
Fondamentalement, cette crise politique représente donc pour Moscou une indéniable opportunité stratégique pour se replacer en Asie centrale et, à terme, y relancer son leadership régional[2]. Même si cette crise reste, pour reprendre l’affirmation officielle du premier ministre V. Poutine, « une affaire intérieure du Kirghizstan’» [3]. Mais pour l’heure, dans le but d’éviter l’embrasement d’une région politiquement fragilisée et de préserver ses intérêts nationaux, la Russie a besoin d’un pouvoir ‘’fort’’ au Kirghizstan, selon le souhait du président D. Medvedev, exprimé le 20 avril 2010[4]. En d’autres termes, dans l’optique d’éviter un chaos géopolitique, la Russie est contrainte de réactiver sa politique étrangère dans sa périphérie post-soviétique, dans un sens plus paternaliste envers ses anciennes républiques. De ce point de vue, il nous semble légitime de revenir sur cette évolution porteuse d’incertitudes géopolitiques et in fine, d’en cerner les véritables enjeux. Implicitement, cela nous conduira à centrer notre analyse sur une question majeure : assiste-t-on à un tournant décisif dans le devenir politique de l’ancienne URSS ? Par définition, ce tournant est étroitement corrélé au futur rôle - et statut - de la Russie au sein de cette dernière transformée le 8 décembre 1991, par le Traité de Minsk, en Communauté des Etats indépendants (CEI).
Reflux de la vague libérale
La récente révolution kirghize - sanctionnée par la chute du président Kourmanbek Bakiev[5] - exprime un renversement de tendance en zone post-soviétique fondamentalement marquée, depuis la disparition de l’URSS en décembre 1991, par la progression géopolitique de l’influence américaine. Car cette «révolution» s’inscrit dans un contexte plus large de recul des révolutions «colorées» - à orientation libérale - insidieusement encouragées par l’Occident et qui ont successivement touché la Géorgie (2003), l’Ukraine (2004) et le Kirghizstan (2005). Perçu par Washington comme un avertissement à l’encontre de sa politique expansive axée sur la pénétration d’un espace longtemps interdit, ce reflux de la vague libérale ‘’de couleur’’ apparait, en définitive, comme la condition permissive au retour du leadership russe en Eurasie post-communiste. Et surtout, il exprime l’échec de la ligne Brzezinski - amorcée en phase de Guerre froide - de déstabilisation et de compression de l’autorité russe sur son espace post-impérial, considérée comme nuisible pour l’avenir de la région.
Dans son essence, cette seconde révolution kirghize exprime deux éléments : d’une part, la radicalisation d’une forme d’instabilité politique en Asie centrale et d’autre part, la continuation de la partie d’échecs entre Russes et Américains – médiatisée par la Chine – au cœur de l’espace eurasien. Car l’Asie centrale - dont le potentiel énergétique conditionne le caractère stratégique - se retrouve au centre d’une lutte d’influence entre les deux anciens leaders de la Guerre froide, avides d’y instaurer une forme stable et légitime de domination, en vue d’objectifs géopolitiques fondamentalement opposés. Or, dans un premier temps, une conséquence majeure de l’éviction de K. Bakiev est de fragiliser les autres régimes autoritaires d’Asie centrale, encore imprégnés d’une forte culture soviétique et redoutant désormais, une «contagion révolutionnaire» particulièrement menaçante pour leur pouvoir. Dans un second temps, la crise kirghize risque de remettre en cause certaines alliances politiques régionales, impliquant l’Amérique et intégrées par celle-ci dans son offensive eurasienne. De ce point de vue, cette crise aura un impact certain sur le rapport de force américano-russe structuré en Eurasie post-communiste et qui, à terme, devra intégrer la menace chinoise. En cela, elle se présente comme une source potentielle d’instabilité.
Dans cet axe, le président ouzbek Islam Karimov a confirmé le 20 avril 2010, que la situation actuelle au Kirghizstan était «contraire aux intérêts des pays voisins»[6]. Pour éviter cette contagion, ces derniers seront certainement tentés d’intensifier la répression contre les dérives extrémistes et alternativement, de renforcer la verticale du pouvoir – dans l’optique finale de verrouiller toute forme d’expression spontanée du peuple et de l’opposition. Dans la vision russe, une première priorité sera de stabiliser le nouveau régime kirghiz, dans la mesure où ce dernier - en tant que membre des organisations politico-militaires de l’OTSC et de l’OCS[7] - est un verrou essentiel de la structure sécuritaire en Asie centrale dont Moscou apparait, en dernière instance, comme l’ultime garant. Dans ses grandes lignes, cette préoccupation stratégique a été réitérée, le 26/04/2010 par le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Grigori Karassine : « La Russie contribuera à instaurer (au Kirghizstan, ndlr) un pouvoir légitime et durable. Un Kirghizstan souverain et stable est une composante indissociable de la sécurité de la région centre-asiatique »[8]. Dans ce but, Moscou continuera à fournir une aide multi-dimensionnelle à Bichkek.
Révolution et instabilités eurasiennes
Ce véritable coup d’Etat ouvre donc une période de grande incertitude dans une région centre-asiatique particulièrement convoitée et pour un régime kirghiz qui, jusque là, a pratiqué une politique de louvoiement entre les deux puissances russe et américaine, appelée « politique pluri-vectorielle ». Globalement, cette politique pragmatique de nature consensuelle et coopérative visait à se rapprocher des puissances majeures tout en privilégiant, en théorie, les intérêts nationaux du Kirghizstan mais, en réalité, œuvrant pour les intérêts d’une élite politique rentière repliée sur son pouvoir. Il s’agit donc d’une ligne extérieure réaliste, intégrant les nouveaux rapports de force en Eurasie - dont l’émergence de nouvelles puissances - et, de ce fait, contrainte de s’appuyer sur un partenariat pluriel. Au delà, cette stratégie du président Bakiev - empreint de méfiance vis à vis de V. Poutine - cherchait à éviter une trop grande dépendance à l’égard du puissant voisin russe et, par ce biais, à réduire ses capacités de «pression» sur le régime kirghiz. Or, une partie du peuple kirghiz resté fidèle à Moscou n’a pas accepté cette séparation progressive du «grand frère russe»’, dont l’apport durant la période soviétique - via la redistribution opérée par le plan - a été particulièrement bénéfique. Et cela, d’autant plus que la ligne réformiste de K. Bakiev appliquée dans la sphère économique - et génératrice d’une déstructuration du tissu social - a partiellement échoué.
A l’origine issue d’une révolte populaire - insidieusement manipulée par des forces extérieures - l’action politique contre le régime népotique de Bakiev semble doublement justifiée par la corruption des élites dirigeantes et la marginalisation sociale d’une partie du peuple kirghiz, privé des fruits de la croissance. L’assistance financière généreusement accordée par la Russie a été honteusement détournée et confisquée par la nomenklatura au pouvoir, par nature intéressée au statu-quo politique et donc, au maintien de Bakiev à la présidence. Aujourd’hui, ce dernier a été d’ailleurs accusé d’enrichissement personnel illégal et conséquent, parfois au profit de son proche entourage[9] (au moins 200 millions de dollars transférés à l’étranger, juste avant sa chute[10]). Ce contexte socio-politique défavorable, aggravé par la montée rapide des inégalités et de la pauvreté - 40 % de la population sous le seuil de pauvreté - a fini par couper le Pouvoir central de son peuple et surtout, a conduit à délégitimer son autorité. Et cette fragilité des équilibres socio-économiques est accentuée par le fait que 45 % du PIB kirghiz est constitué par les envois des travailleurs expatriés[11] - reflétant en cela, l’extrême faiblesse et dépendance de l’économie kirghize. Dans ce climat social dégradé, la hausse excessive des prix des matières premières a été un véritable catalyseur et en définitive, poussé le peuple au soulèvement. Juste retour des choses.
Depuis la révolution «des tulipes» de 2005, le Kirghizstan s’est sensiblement rapproché de Washington et a pratiqué, sur le plan économique, une (apparente) politique libérale visant à assurer la transition vers le marché pour in fine, obtenir les bonnes grâces financières de son nouveau «protecteur». Mais, de manière globale, cette inflexion libérale s’inscrit dans une stratégie de long terme d’insertion à l’économie mondiale. En effet, le Kirghizstan a été le premier Etat de la CEI à être admis à l’OMC en 1998, suite à la privatisation totale (en partie détournée) de son économie en 1992-1993 et dans le même temps, il est devenu le «pays-pilote» pour les aides des institutions financières internationales. Dans ce contexte, l’Initiative de la dette[12] (PPTE) - sous la double impulsion du FMI et de la Banque mondiale, levier de la gouvernance libérale - a contribué, sous le prétexte de réduire la dette et la pauvreté, à accélérer cette orientation pro-occidentale en imposant un modèle libéral centré sur l’assainissement, la compétitivité et l’ouverture de l’économie kirghize. Et surtout, cette orientation est en totale rupture avec l’ancienne spécialisation productive imposée par la division du travail socialiste. Par définition déconnecté de l’héritage russe structuré sous le soviétisme, ce modèle économique vise donc, de manière implicite, à émanciper le Kirghizstan de la domination - et de la culture - russe. A terme, il s’agit de créer une nouvelle forme de dépendance à l’égard de la culture libérale.
Manas et la trahison de Bakiev
De façon mécanique, ce rapprochement avec Washington a conduit le pays à s’éloigner de la puissance russe, considérablement affaiblie par la transition post-communiste et dont l’autorité dans l’ancien espace soviétique a perdu de sa légitimité, donc de sa force. Progressivement - et sous la «bienveillance» de certaines ONG occidentales politiquement hostiles et enclines à manipuler l’opinion publique, via les médias - l’autorité russe a été de plus en plus contestée et à terme, perçue comme une ingérence étrangère et néfaste. En fait, dés 2001, avec l’installation de la base militaire de Manas justifiée par la politique anti-terroriste issue du ‘’11 septembre’’, la puissance américaine a cherché à consolider sa présence en Asie centrale, au détriment de Moscou. De ce point de vue, la «croisade» contre Al-Qaïda et l’extrémisme religieux a été instrumentalisée à des fins politiques – dans le but ultime d’accélérer l’expansion militaire américaine. Et cette présence militaire en Asie centrale sera, par la suite, renforcée par l’implantation d’une autre base en Ouzbékistan - fermée en 2005, suite à une ‘’dispute politique’’du président ouzbek Karimov avec le pouvoir américain, à l’issue des sanglants événements d’Andijan.
Moscou a très mal ressenti cette présence américaine sur son espace d’influence traditionnelle, considéré comme un symbole exclusif de son passé (soviétique) de ‘’grande puissance’’. Elle perçoit cette présence comme une mise en cause de ses prérogatives historiques et de son ‘’droit de regard’’ sur une terre considérée comme son monopole géopolitique. En conséquence, elle perçoit cette provocante avancée américaine - associée à celle de l’Otan - comme l’expression concrète de sa marginalisation politique sur la scène eurasienne. D’autant plus que sous l’impulsion de G.W. Bush, l’impérialisme politico-militaire de la puissance américaine a repris une certaine vigueur, tout en se considérant comme le bras armé de la justice internationale. Ainsi, en dépit d’une attitude initialement «compréhensive» au nom de la lutte anti-terroriste, Moscou s’est par la suite efforcée de persuader Bakiev de fermer la base américaine de Manas, moyennement des ‘’facilités’’ financières[13].
Car, au-delà d’un symbole politique fort, la base de Manas - en concurrence avec la base russe de Kant - tend à cristalliser la lutte américano-russe pour la domination en Asie centrale. Et surtout, la fermeture de Manas permettrait à Moscou d’une part, de supprimer un avant-poste clé de la progression américaine dans une zone névralgique et d’autre part, de contrôler les itinéraires septentrionaux de transit otanien vers l'Afghanistan, qu’elle souhaiterait voir exclusivement passer – contre rémunération – sur son territoire. De manière objective, la fermeture de Manas ferait de Moscou un partenaire incontournable et, par ce biais, lui donnerait un indéniable moyen de pression - et d’influence - sur la politique américaine en zone post-soviétique. En mars 2009, à son grand soulagement, le président Bakiev prend la décision d’expulser les américains de la base. A l’époque, Moscou espère amorcer un reflux de la puissance américaine en Asie centrale. Espoir vain.
Structurellement, le président Bakiev a joué sur un rapport de force un temps favorable pour lui et surtout, sur une surenchère entre Etats russe et américain en concurrence pour élargir leur espace politique. En fait, Bakiev a joué sur les deux tableaux : d’abord il a cherché à «monnayer» la présence américaine, via la révision du loyer annuel de la base - désormais 60 millions de dollars, multiplié par trois en 2009 - et l’octroi de diverses aides économico-financières ; ensuite, il s’est efforcé de tirer le maximum d’avantages d’une Russie redoutant de perdre son vieil allié kirghiz et par ce biais, une base militaire lui permettant d’être actif - donc crédible - en Asie centrale et d’y exercer une sorte de veille sécuritaire. Au total, le pouvoir kirghiz aurait reçu en mars 2009 - contre la promesse de fermer la base - près de 2 milliards de dollars de son «protecteur» russe[14].
Cette «collaboration» multi-dimensionnelle fructueuse avec les Etats russe et américain a permis, en définitive, d’accélérer le développement des infrastructures stratégiques dans la région mais dans le même temps, d’enrichir le «clan Bakiev». Or après avoir optimisé ses gains financiers et géopolitiques sur la base de sa politique pluri-vectorielle - en fait, de prédation - Bakiev a fait brusquement volte-face. Après d’âpres négociations avec son partenaire américain, il est en effet revenu sur sa décision de supprimer la base de Manas pour la transformer le 23 juin 2009 en «centre de transit» vers l’Afghanistan, en vue (officiellement) d’y soutenir les opérations de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF). Nouvelle appellation « politiquement correcte » - mais foncièrement hypocrite - pour atténuer la juste colère de Moscou. Ultime et inutile provocation.
La fuite du président
L’orgueilleuse Russie, de retour sur le Grand échiquier eurasien, a perçu cette décision comme une véritable trahison et pour cette raison, n’a rien fait pour empêcher le coup d’Etat, certes fomenté d’une manière plus ou moins directe de l’extérieur. Cela explique – et justifie – le «lâchage» politique de Bakiev, obligé de fuir le Kirghizstan le 16 avril 2010, sous la pression populaire. Car on ne peut impunément jouer avec la confiance - et les roubles - de l’Etat russe, désormais enclin à se faire respecter dans son Etranger proche, terre historique de domination. Implacable sanction.
Sujet: Re: Bases militaires US à l'étranger Dim 6 Juin 2010 - 18:37
La nouvelle bataille d’Okinawa - 06 juin 2010
Neuf mois. Même pas une année complète. C’est le temps qu’aura duré le mandat de Yukio Hatoyama. Elu en fanfare en août 2009 où il brisa le règne sans partage du Parti Liberal-Démocrate depuis la fin de la seconde Guerre Mondiale avec la victoire par les urnes du tout jeune (fondé en 1998) Parti Démocratique Japonais qu’il présidait. Pourtant, cet élan fervent où sa coalition remporta plus de 48% des sièges au parlement s’échoua sur l’archipel des îles Ryukyu, et plus précisément sur la fameuse Okinawa.
Citation :
Outre un parfum de scandale financier dans un contexte de difficile sortie de crise économique (la deuxième en dix ans tout de même pour le pays du soleil levant), c’est surtout l’impossibilité de concilier les exigences de ses électeurs et celles de l’allié stratégique qui aura eu raison du vainqueur politique de l’été dernier.
Un bouleversement géopolitique latent et irrépressible côté Japonais Interpellé par les habitants de cette préfecture quant au devenir de la présence Américaine sur l’île (soit 13 camps tout de même sur l’ensemble de ce territoire accueillant la moitié du contingent cantonné au Japon), cette singularité est régulièrement remise en cause depuis plusieurs années sur le fondement de plusieurs revendications :
■la préservation de l’environnement ■la pollution sonore permanente (du fait de l’existence d’héliports et d’aéroports) ■le rappel d’une tutelle étrangère en droit et en fait ■une juridiction d’exception au droit national (U.S. - Japan status of forces agreement signé en 1960)
Plusieurs affaires défrayèrent la chronique et mirent en exergue un rejet croissant de la population à l’égard des militaires Américains. Citons les affaires de 1995 (viol en réunion d’une fillette de 12 ans) et de 2002 (agression sexuelle et destruction de biens personnels) qui aboutirent à des manifestations non seulement des habitants de l’île mais aussi de leurs représentants légaux et locaux. Loin de décroître, le ressentiment perdure et même s’est amplifié au point de remonter directement vers la capitale et de devenir un sujet pouvant désormais perdre un Premier Ministre en poste.
Hatoyama en ce 2 juin a regretté n’avoir pu obtenir la fermeture de l’une des bases, les autorités Américaines ayant fait peser toute leur influence pour ne concéder qu’un transfert géographique sur la partie septentrionale du territoire, à Henoko. Nonobstant ce camouflet, des solutions alternatives ont toutefois été ébauchées à terme, tels un redéploiement des exercices militaires sur l’île de Tokunoshima (archipel de Ryukyu toujours) ou même l’île de Guam (sous souveraineté Américaine depuis 1898).
Toutefois et malgré une volonté conciliatrice des Etats-Unis, rien ne semble freiner la colère à la fois des habitants de l’île comme des membres du propre parti de l’ex-Premier Ministre, colère elle même diffuse au sein de la population Japonaise. Ce qui ne saurait augurer une amélioration des relations américaino-nippones dans un futur immédiat. Prévision d’autant plus pessimiste que si Hatoyama démissionna par honnêteté et respect envers son propre peuple, ce dernier pourrait bien se demander quels seraient les moyens alternatifs à employer pour évincer définitivement la présence Américaine de leur sol si les politiciens n’en sont aucunement capables : l’aveu d’impuissance du plus haut personnage politique après l’Empereur est sous cet angle un mauvais point pour Washington.
Un verrou géopolitique et une question d’honneur militaire côté Américain Okinawa revêt pour les Américain une double importance qui tant l’une que l’autre ne sauraient être minorées.
La première, et la plus immédiate, saute à l’oeil de suite : sa position stratégique. Okinawa est proche à la fois du Japon, de Taïwan, de la Corée du Sud comme de la Chine. On ne peut rêver mieux comme projection de forces. A l’heure où la tension est montée d’un cran entre les deux Corées suite au torpillage d’une vedette, la forte présence Américaine dans le secteur est une garantie d’action rapide suffisamment massive pour être dissuasive de tout acte direct d’affrontement.
Si l’on s’en tient aux chiffres fournis, ce ne sont pas moins de 36 000 soldats à terre et 11 000 en mer, et de 48 000 employés en tant que personnel civil (hors travailleurs locaux) qui assurent aux Etats-Unis cette présence de poids dans le secteur géographique. La position clef d’Okinawa est une évidence : elle est à la fois vigie comme rampe de lancement. Le tout avec un régime d’exception juridique hérité de la victoire au sortir de la Guerre du Pacifique.
La seconde raison de l’attachement des autorités Américains au statu quo est le rappel symbolique et historique de l’incroyable résistance nippone face à un adversaire pourtant supérieur en nombre et en matériel. Malgré tout, 11 semaines seront nécessaires pour venir à bout des défenseurs. Lors de l’affrontement 49 151 soldats Américains furent tués ou blessés tandis que les victimes du côté Japonais s’élevèrent à près de 60 000, sans y inclure les civils qui auraient été au nombre de 150 000.
Cet esprit du sacrifice pousé à son paroxysme (l’on pourrait aussi y ajouter l’expérience d’Iwo Jima quelques mois auparanvat) sera peut-être l’une des causes de l’emploi de la bombe atomique sur les villes de Nagasaki et Hiroshima. De ce fait, l’administration d’Okinawa restera entièrement sous la bannière étoilée de 1945 à 1972. Le Japon ne récupèrera sa souveraineté sur l’île qu’à partir de cette date, tout devant accepter ainsi que supporter en partie la charge financière d’une présence allogène en ces lieux.
Pour ces deux motifs, il est difficilement concevable que le Président Américain puisse reculer substantiellement sur le sujet, à la rigueur à la marge et de façon très limitée, sans encourir les foudres d’une partie de sa propre population couplée à la grogne de son état-major et de conseillers conscients que la zone Asie-Pacifique est la région phare avec laquelle il faut compter économiquement comme militairement (ce qui implique très nettement un désintérêt croissant pour le vieux continent [1] ).
L’ère Heisei a succédé aux décennies Shōwa ayant donné naissance au redressement Japonais, substituant une défaite militaire par une victoire le plan technologique et économique. Cette ère semble désormais concorder pleinement depuis 1989 avec les incertitudes économiques, politiques et diplomatiques majeures. La tutelle Américaine dès lors passe de plus en plus mal au sein de l’opinion qui ne cesse de demander la renégociation des accords d’après-guerre et en corollaire le retrait des dernières troupes de l’Irak en 2008 (appui logistique aérien modeste mais réel). Pour l’heure les Etats-Unis ne cèdent pas, mais la situation sera-t-elle pour autant supportable à moyen terme?
Site des marines basés à Okinawa (en version anglaise) US Forces Japan (en version anglaise)
[1] Ainsi Barack Obama s’excusa-t-il très laconiquement de ne pas assister au sommet EU-UE à Madrid prévu le 24-25 mai dernier en raison d’une prétendue incompatibilité de calendrier. Dernier camouflet en date mais non le premier si l’on prend en compte les discussions au dernier sommet de Copenhague sur le changement climatique où les Européens furent mis en porte-à-faux par une coalition Etats-Unis – Chine – Inde.
Sujet: Re: Bases militaires US à l'étranger Jeu 17 Juin 2010 - 17:54
US base threatened, 400,000 flee violence, Kyrgyzstan sends SOS
RussiaToday — 17 juin 2010 — The UN says that up to 400 thousand people have fled from the ethnic violence in Kyrgyzstan. It also warns that many are facing shortages of food, water and medical supplies. Meanwhile, Kyrgyzstan's interim government says it could close the U.S. Manas air base in the country if the UK doesn't extradite Maksim Bakiev, the son of the ousted President.
Sujet: Re: Bases militaires US à l'étranger Mer 13 Oct 2010 - 21:59
Le parti nationaliste kirghiz menace de fermer la base américaine de Manas
Citation :
13/10/2010
Le parti nationaliste kirghiz Ata-Jourt, arrivé en tête des législatives de dimanche, a menacé mercredi de fermer la base aérienne dont disposent les Etats-Unis dans ce pays, cruciale pour les opérations de la coalition en Afghanistan. "Nous allons soulever la question au Parlement sur le retrait de la base militaire américaine", a déclaré Akhmatbek Keldibekov, numéro deux de la formation. "La décision va être prise après des consultations avec les autres partis au Parlement. Nous devons créer une large coalition", a pour sa part souligné le leader d'Ata-Jourt, Kamtchybek Tachiev.
Ata-Jourt, proche de l'ancien président Kourmanbek Bakiev renversé par une sanglante révolution en avril, a obtenu le meilleur résultat aux législatives dimanche, censée marquer l'instauration d'une république parlementaire au Kirghizistan. Avec 28 sièges sur 120, il est cependant loin d'avoir la majorité et doit former une coalition. Le Kirghizistan, un Etat très pauvre d'Asie centrale, est le seul pays au monde à héberger une présence militaire à la fois russe et américaine. La Russie y maintient une base militaire depuis l'époque soviétique.
Les Etats-Unis y ont installé en 2001 une base aérienne à l'aéroport de Manas, près de Bichkek, par laquelle transitent chaque mois des dizaines de milliers d'hommes engagés dans l'opération armée en Afghanistan. Manas, où opèrent 1.200 militaires américains, est aussi essentiel au ravitaillement en carburant des avions engagés dans le conflit contre les talibans. Le loyer versé par les Etats-Unis pour l'utilisation de la base de Manas est de 60 millions de dollars (43 millions d'euros), auxquels s'ajoutent 110 millions de dollars d'aide gouvernementale. Les accords sur le maintien de la base ont été signés par le président kirghiz déchu Kourmanbek Bakiev, au grand dam de la Russie, à laquelle il en avait promis la fermeture.
Sujet: Re: Bases militaires US à l'étranger Mer 13 Oct 2010 - 22:08
Peut-être qu'il s'agit d'une simple manoeuvre destinée à faire augmenter le loyer (60 millions de dollars) ainsi que l'aide gouvernementale (110 millions de dollars) versés annuellement au Kirghistan en contrepartie de son utilisation.
Les américains sont en mesure de doubler, voir tripler ces montants afin de maintenir cette base stratégique tant pour la guerre en Afghanistan que pour d'autres objectifs planifiés liés à leur hégémonie en Asie.