Sujet: Re: Invisible Empire Mer 26 Jan 2011 - 22:54
Autre effet de cet échec : la montée de la colère parmi la population qui multiplie les revendications aussi bien sur le plan de l’amélioration des conditions de vie que sur celui de la démocratie.
Sujet: Re: Invisible Empire Mer 26 Jan 2011 - 22:55
Le réchauffement climatique, avec des événements violents, la sécurité alimentaire mondiale et l’accès à l’eau ont pris le dessus sur la préoccupation sécuritaire.
Sujet: Re: Invisible Empire Mer 26 Jan 2011 - 22:57
Les Américains semblent donc décidés à s’attaquer à la deuxième cause en accentuant la pression sur les régimes arabes pour les pousser au moins à engager des réformes politiques et économiques.
Sujet: Re: Invisible Empire Mer 26 Jan 2011 - 23:13
Après les événements en Tunisie
La nouvelle politique américaine dans le monde arabe se dessine
Citation :
Lounes Guemache - Pour les régimes arabes, être un "rempart contre l’islamisme" ne suffit plus pour rester ou devenir un allié permanent des Etats-Unis. Le président Ben Ali vient de le découvrir, il a été lâché par Washington. D’autres dirigeants arabes pourraient connaître un sort similaire. Les événements en Tunisie marquent en effet un tournant dans la politique américaine vis-à-vis du monde arabe. Le cycle idéologique arrive à sa fin et Washington entame une nouvelle ère dont les contours commencent à se dessiner.
Entamé au lendemain des attentats du 11 septembre, le cycle idéologique a conduit les Américains à déclarer la guerre à plusieurs pays musulmans et à intervenir militairement dans d’autres. Ils ont apporté leur soutien à tous les pays musulmans engagés contre des groupes islamistes armés ou en proie à une montée de l’islamisme sur leur sol. Un soutien qui s’est fait au détriment de deux éléments essentiels pour la stabilité : le développement économique et les droits de l’homme.
Cette guerre a été bénéfique pour les Etats-Unis. Elle a permis aux Américains d’accéder à d’importantes sources énergétiques, voire de les contrôler. Elle l’a nettement moins été pour les populations de ses partenaires arabes. Ces derniers se sont enfoncés dans la dictature. Ils ont oublié le développement économique, favorisant paradoxalement le renforcement des mouvements islamistes radicaux. Autre effet de cet échec : la montée de la colère parmi la population qui multiplie les revendications aussi bien sur le plan de l’amélioration des conditions de vie que sur celui de la démocratie.
Dans le même temps, l’idéologie n’est plus le principal défi qui se pose pour la première puissance du monde. Le réchauffement climatique, avec des événements violents, la sécurité alimentaire mondiale et l’accès à l’eau ont pris le dessus sur la préoccupation sécuritaire. Al-Qaïda devient certes un problème secondaire mais pour les Américains il faut continuer à le combattre.
En fait, les Américains sont arrivés à une conclusion : Al-Qaïda se nourrit essentiellement du conflit israélo-palestinien et de l’absence de démocratie et de développement dans les pays arabes. Agir sur la première cause est quasi-impossible du fait de la puissance du lobby pro-israélien aux Etats-Unis. Les Américains semblent donc décidés à s’attaquer à la deuxième cause en accentuant la pression sur les régimes arabes pour les pousser au moins à engager des réformes politiques et économiques.
Sujet: Re: Invisible Empire Sam 12 Fév 2011 - 22:26
Nouvelle stratégie militaire US : une prise de conscience de la réalité
Citation :
RIA Novosti - Aux Etats-Unis, la nouvelle version de la stratégie militaire nationale a été publiée. Le document, dont la dernière rédaction date de 2004, a subi d’importantes modifications.
Le changement de la mission première de la stratégie a été la principale innovation. Selon le document de 2004, il s’agissait de la défense des Etats-Unis contre une éventuelle frappe et de la garantie de la suprématie militaire et technologique globale par rapport à l’adversaire. Désormais, la mission principale est le renforcement des liens entre les Etats-Unis et les partenaires étrangers. La participation aux coalitions internationales est considérée comme un gage de sécurité dans le monde contemporain.
Malgré l’attachement au format coalition, les Etats-Unis se réservent le droit d’agir de manière autonome si nécessaire.
Entre autres tâches, le document évoque le renforcement de la sécurité régionale, la lutte contre l’extrémisme, la dissuasion des agressions et la formation des « forces du futur. » Par ailleurs, il est souligné que les Etats-Unis aspirent à un monde sans armes nucléaires. Les menaces et les alliés.
Le terrorisme international est toujours considéré comme la principale menace à la sécurité des Etats-Unis. Ce choix de la menace détermine le choix des cibles stratégiques : l’élimination de la nébuleuse Al-Qaïda et de ses partisans qui opèrent principalement en Afghanistan et au Pakistan.
Dans la nouvelle stratégie, le thème de la Russie n’est abordé qu’une seule fois. Les auteurs du document proposent de renforcer la coopération entre la Russie et les Etats-Unis : « Nous allons renforcer le dialogue et la coopération militaire avec la Russie en partant des succès obtenus dans la réduction des armes stratégiques », stipule le document.
Les auteurs citent également des exemples des intérêts communs russo-américains. Il s’agit de la lutte contre la prolifération des armements nucléaires et contre le terrorisme, de la coopération dans la domestication de l’Espace et la création du système de défense antimissile (ABM).
De plus, les Etats-Unis apprécieraient que la Russie joue un rôle plus actif dans le maintien de la stabilité et le renforcement du système de sécurité en Asie.
Dans la nouvelle stratégie militaire américaine une attention particulière est accordée à la Chine. Les Etats-Unis constatent la croissance de la puissance de la Chine et de son influence dans la région et ont l’intention de coopérer avec ce pays afin d’arriver à une meilleure compréhension mutuelle, ainsi que de stabiliser la situation en Corée grâce aux efforts conjoints. Cependant, les auteurs de la stratégie font remarquer que la croissance de la puissance militaire de la Chine représente une menace potentielle dans la région, et les Etats-Unis ont l’intention de « montrer leur désir et leur volonté d’aider leurs alliés dans la lutte contre toute activité menaçant le système existant des relations économiques internationales. »
L’examen de la stratégie
Tirant les conclusions de ce qui est exposé dans la stratégie, on pourrait dire la chose suivante : les Etats-Unis ont de facto reconnu la perte de leur statut de leader mondial incontestable qui déterminait de son propre chef l’architecture du système de sécurité internationale et la hiérarchie des pays dans ce système. Le fardeau que les Etats-Unis ont assumé dans les années 1990 s’est avéré insurmontable. Et le renforcement des liens avec les partenaires étrangers était une conséquence naturelle des problèmes rencontrés par les Etats-Unis au Proche-Orient et en Asie centrale. Toutefois, les Etats-Unis demeurent (et pour longtemps) la plus grande puissance militaire de la planète. Mais ils ne sont plus les seuls à contrôler les événements, et le risque de déstabilisation s’est considérablement accru.
Les menaces à la sécurité internationale demeurent et même augmentent malgré la fin formelle de la guerre froide. Les conflits locaux, nombreux et difficilement contrôlables, ainsi que les processus politiques dans beaucoup de pays du tiers monde impactent de plus en plus la sécurité des puissances mondiales, y compris celle des Etats-Unis.
Un thème à part concerne la croissance significative des capacités et de l’influence de la Chine qui pourrait à terme menacer la position des Etats-Unis en Asie-Pacifique plus que quiconque depuis l’époque de l’URSS.
Dans ces conditions, le changement de priorités était logique et il ne reste qu’une seule question cruciale : dans quelle mesure l’administration américaine est-elle capable de mettre en œuvre les dispositions énoncées dans la stratégie ? Ce n’est pas un secret qu’aux Etats-Unis et en Russie des personnes agissant dans le cadre des stéréotypes de la guerre froide continuent à exercer une influence non négligeable. Et leurs actions, par exemple à l’égard de la Russie, visent moins l’entente et la coopération mutuelle que l’aliénation internationale de la Russie et son « exclusion » des rangs des preneurs de décisions. Au final, cette stratégie, qui témoigne de la prise de conscience par les autorités américaines en général et par le département militaire en particulier des nouvelles réalités, n’aura de valeur que si elle est mise en œuvre par ceux qui y croient sincèrement. Au cours des deux prochaines années, la nouvelle stratégie américaine sera confrontée à deux inconnues de taille, à savoir pourra-t-elle survivre à l’épreuve de la prochaine saison électorale aux Etats-Unis, et dans quelle mesure l’aspiration à la coopération se traduira-t-elle par des propositions concrètes et par la disposition à faire des compromis sur les questions litigieuses.
Si tel n’est pas le cas, on pourra alors constater que la stratégie militaire nationale des Etats-Unis 2011 n’est en grande partie qu’une énième belle déclaration.
Sujet: Re: Invisible Empire Mer 1 Fév 2012 - 12:16
Stratégie et politique étrangère américaine (5): Coercition
Written by Stephane Taillat on février 1, 2012 – 11:12 -
Outil majeur de la politique étrangère américaine, la stratégie de coercition se distingue aussi bien de la dissuasion (par l’objectif qu’elle sert) que de la préemption (par son moyen et ses effets poursuivis).
Cet humble et court billet cherche à poser quelques jalons, à donner quelques rappels ou à poser quelques questions pour bien saisir la nature et les enjeux des stratégies de coercition, notamment dans l’optique d’une réflexion plus approfondie sur les drones.
Spoiler:
Citation :
1 – Influer sur la volonté politique de l’adversaire:
Contrairement à la dissuasion qui vise à maintenir un status-quo, la coercition cherche à modifier celui-ci. Autrement dit, il s’agit dans les deux cas d’influer sur le processus de prise de décision de l’adversaire en imposant sa volonté sur la sienne. Dans le cas des stratégies de coercition, l’objectif recherché est d’obtenir de l’autre qu’il fasse quelque chose ou qu’il cesse de faire quelque chose.
Il n’est donc nullement question d’un simple rapport de force matériel, ni même de la nécessité d’une bataille. Ce dernier point est souvent la raison pour laquelle la coercition est parfois classée dans le domaine diplomatique (notamment lorsqu’elle prend la forme des sanctions économiques, financières ou commerciales) mais rarement dans celui de la guerre proprement dite (sauf à parler de la coercition punitive par représailles telle qu’imaginée par les théoriciens du bombardement stratégique).
On pourrait donc penser que la stratégie de coercition entre aisément dans le cadre de l’affrontement des volontés et de l’usage de la force (physique, psychologique ou symbolique) pour faire triompher l’une sur l’autre. Or, bien souvent les stratégies de coercition doivent être analysées à l’aune des enjeux, lesquels sous-tendent les volontés politiques des deux adversaires. Un raisonnement sur ces enjeux est donc nécessaire pour saisir l’intensité et la profondeur des coûts que l’adversaire pourra consentir avant de plier. Ainsi, une mauvaise appréciation de ces enjeux – et une concentration trop excessive sur l’idée que l’anéantissement et les représailles suffisent à faire plier toute volonté (« ils ne comprennent que la force ») – explique l’échec des bombardements américains sur le Nord-Vietnam à compter de 1964.
Destinés à progressivement obtenir du gouvernement de Hanoï qu’il cesse son soutien aux insurgés du Sud, les bombardements n’ont cessé de s’accroître en fréquence et en intensité, sans obtenir l’effet voulu. En effet, il aurait fallu tenir compte des coûts que le gouvernement du Nord-Vietnam était prêt à assumer et à faire assumer à sa population, pour toute une série de raisons qu’il n’est pas nécessaire de développer ici (enjeux plus absolus, gouvernement autoritaire, faiblesse de l’infrastructure industrielle, etc.)
Il apparaît donc comme vital de saisir qu’une stratégie de coercition doit tenir compte des enjeux de l’adversaire, qui sont le véritable soubassement de sa volonté politique. Ces enjeux ne sont pas forcément unitaires, et il s’agit aussi de bien distinguer la rhétorique de l’adversaire de ses intérêts réels. Ainsi, la campagne de coercition aérienne au Kosovo n’a porté ses fruits que lorsque les bombardements ont visé les intérêts propres des apparatchiks serbes, et non seulement les forces armées ou bien les infrastructures de communication, de commandement, de fabrication.
A défaut de cette réflexion sur les enjeux, les stratégies de coercition risquent de conduire à la montée aux extrêmes sous la forme de l’escalade des moyens employés, ce qui conduit mécaniquement à augmenter le coût de telles stratégies, parfois au-delà des enjeux et des objectifs initiaux qui les ont déclenchées. De la même manière, cette élévation mécanique des moyens employés risque de mettre en équation les stratégies de coercition avec des stratégies d’anéantissement, là où l’on voit bien que la coercition et l’attrition sont souvent plus efficaces dans la plupart des contextes.
2 – De l’usage indiscriminé à l’usage sélectif de la force:
Les stratégies de coercition peuvent également être analysées en fonction du mécanisme par lequel l’effet militaire produit l’effet politique choisi. En général, faire plier la volonté politique de l’adversaire conduit à chercher trois voies: celle qui consiste à faire plier les populations civiles, celle qui vise à affaiblir les capacités militaires ou de défense de l’ennemi, celle qui cherche à cibler les dirigeants adverses (par décapitation ou par pression sur les intérêts de ceux-ci).
On constate ainsi que la tendance doctrinale (et souvent opérationnelle) s’inscrit dans une tension fondamentale, notamment pour ce qui concerne les États-Unis. D’un côté en effet, la croyance qu’une utilisation massive et brutale de la force -discriminée ou non- permet d’atteindre directement l’objectif voulu tend à appuyer l’usage de stratégies d’anéantissement. De l’autre, l’adaptation intellectuelle et pratique conduit à rechercher un usage plus sélectif de la force, à travers un abaissement du niveau d’usage de la coercition, et à travers une séparation entre menace et usage de la force. Les drones illustrent parfaitement cette évolution: ils permettent d’appliquer la coercition sur des individus ou de petits groupes d’individus, tant par l’usage de la peur que suscite la présence permanente des appareils robotisés au-dessus de leurs têtes que par le déploiement subit et brutal de la force brute.
D’autre part, les stratégies de coercition américaines tendent à être vues comme des mécanismes de causalité entre l’effet militaire (l’application de la force, même sélective) et l’effet politique (l’adversaire se pliant à la volonté américaine). Or, il faut bien constater que le lien entre les deux est davantage contingent, et demande une appréhension correcte du contexte dans lequel on applique la force. Ainsi, les preuves historiques ne permettent pas de dire que l’usage de la force sur les populations (par les bombardements) pousse celles-ci à faire plier leur gouvernement. De la même manière, cibler les dirigeants n’est pas systématiquement la solution, et relève d’une vision naïve des systèmes politiques et sociaux. Enfin, on peut penser largement que la coercition peut être entièrement ou partiellement contre-productive.
C’est la raison pour laquelle le stratégiste américain John Warden a suggéré, dans sa théorie des Cinq Cercles, une adaptation progressive de la stratégie de coercition au cours d’une campagne (aérienne pour ce qui le concerne) dans le sens d’un élargissement des cibles. Il faut noter néanmoins que son approche, si elle a le mérite de rappeler la nécessité d’un usage sélectif de la force, reste beaucoup trop mécanique sur les liens entre effets militaires et effets politiques. Par ailleurs, sa théorie a souvent servi à l’Air Force pour justifier le maintien ou le développement de systèmes d’armes aptes à mener ces missions. Enfin, il reste à souligner combien cette conceptualisation des opérations s’inscrit dans les préférences de l’establishment politique et militaire américain pour l’usage de la force, semblant en justifier l’usage en tout temps, sans en penser les conséquences et les effets possibles
Un dossier alléchant de L'Express qui ne disait pas tout
Julien Peyrié - Mercredi 15 Février 2012
Citation :
VVous êtes assuré d’être gouverné par ceux que vous avez élus. Vous assistez, palpitant, le mercredi et par télé interposé, à la séance des questions orales au gouvernement de l’Assemblée Nationale. A la fin du Conseil des Ministres, la délicieuse Valérie Pécresse vous informe des principales décisions de votre Président et de ses ministres. Vous croyez être sinon au cœur du pouvoir, tout au moins informé du principal, pour peu que vous vous en donniez la peine.
Eh bien, ne vous êtes un naïf. L’Express, dans son numéro daté du 2 février, nous a appris que nos dirigeants sont, en réalité et peu ou prou, dirigés ou participant à des instances, dont certains membres n’ont pas reçu l’aval du sacro-saint suffrage universel. Comme dit Anne Roumanoff, "on ne nous dit pas tout". Est-on revenu à la mythique Synarchie des années 30, ou au bien réel Comité des Forges?.
Non. « Cette main cachée qui dirige » aujourd'hui s’appelle: Comité de Bâle pour les questions financières et bancaires regroupant les dirigeants des banques centrales de 30 pays ou conférence de Bilderberg pour les questions économiques et les grands problèmes mondiaux ou encore Conseil de l’Europe où des diplomates, après de nombreux et discrets conciliabules avec les politiques, mettent en place les décisions qui vont régir notre vie, via un vote, de plus en plus de principe, des Parlements nationaux élus.
Bien plus, vous croyez-vous protégés dans vos transactions financières et bancaires? Erreur! Les Etats-Unis, sous prétexte de lutte contre le terrorisme, ont eu accès à des milliards de transactions bancaires européennes, après accord des "autorités" européennes. Quelle belle mine de renseignements tous azimuts pour les guerriers économiques de l’oncle Sam. Que d’atteintes potentielles à la vie privée !
Vous êtes jeune et ambitieux? Essayez d’intégrer l’International Visitors Leadership Program. Son adresse : l’ambassade des Etats-Unis à Paris. Si vous y arrivez, vous pourrez avoir un brillant avenir. C’est une caution et un gage que la grande démocratie américaine prend sur les futures élites étrangères. Cela pourrait s’appeler du trafic d’influence. Les Etats-Unis ont compris que les Jeunes des banlieues françaises joueront un rôle dans l’avenir. Ils s’en occupent comme de grands frères. Nous n'emploierons pas l'expression de 5ème colonne, mais quand l'ingérence est à ce point...
Bien sûr, L'Express a fait un fourre-tout qui a oublié bien d'autres choses en route. Il faut attirer le lecteur avec du saignant à la couverture, mais quand même pas tout lui révéler sur d'autres centres de pouvoirs occultes et cacher ce qui se dit aux dîners du Crif, du Siècle etc. Parce que cela se passe chez nous et que les patrons de L'Express, comme certains de ses journalistes, sont eux-mêmes dans le pot de miel de ces accointances. Alors chut....
Pour en savoir un peu plus vous devez lire Metamag, bien sûr, et aussi "Circus Politicus" de Christophe Deloire et Christophe Duboi chez Albin Michel ou "Au coeur du pouvoir" d'Emmanuel Ratier chez Facta.
Sujet: Re: Invisible Empire Jeu 1 Mar 2012 - 15:49
Stratégie et politique étrangère américaine (7): la « doctrine » Obama
Written by Stephane Taillat on février 29, 2012 – 6:00 -
Citation :
Lors de son élection en 2009, Barack Obama a soulevé de nombreuses attentes, surtout au sein des sociétés européennes, israéliennes ou arabo-musulmanes. Attendu comme le messie par certains, craint par d’autres attachés à la politique étrangère de George W Bush, le nouveau président américain a également du affronter l’opinion domestique, épuisée par une décennie de « guerre à la Terreur » et de « longue guerre ».
Dans le contexte électoral actuel, nombreux ont été ses opposants, mais aussi des journalistes ou des analystes, à critiquer l’approche du président et son souci pédagogique d’adapter les États-Unis aux évolutions quant à sa position géopolitique. Le reproche le plus courant concerne sa doctrine: tantôt accusé de ne pas en avoir, tantôt mis en demeure de ne pas affaiblir la puissance américaine face à la Chine, l’Iran ou la Russie, tantôt contesté pour être intervenu en Libye ou avoir laissé les Européens conduire cette affaire.
Sujet: Re: Invisible Empire Ven 27 Avr 2012 - 18:26
"Les guerres de l'empire global", par Alain Joxe
Crise de l'euro et des dettes souveraines, occupations qui s'éternisent en Afghanistan ou en Palestine, restrictions des libertés liées à la lutte antiterroriste, corruption des élites, soulèvements des peuples : comment comprendre ce sombre panorama des premières années du XXIe siècle ?
Comment expliquer que les Etats et l'ONU ne parviennent pas à enrayer cette spirale de désordres ? Dans cet essai, Alain Joxe répond à ces questions en analysant toutes les dimensions de l'empire global du néolibéralisme - qui déborde l'empire américain. La mondialisation de l'économie et de la finance vise à accumuler des profits sans limites, à enrichir les riches et appauvrir les pauvres. Une nouvelle noblesse rentière dénationalisée consacre ainsi la souveraineté des entreprises, au détriment de la fonction protectrice des Etats. Cette profonde mutation politique conduit à transformer les missions militaires en doctrines policières. Et un nouvel arsenal informatisé surgit (drones et munitions spéciales), utilisable contre les soulèvements populaires dans les pays du Sud comme du Nord. [...] Alain Joxe, spécialiste des questions stratégiques, est directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales et fondateur en 1982 du CIRPES (Centre interdisciplinaire de recherches sur la paix et d'études stratégiques) et de la revue Le Débat stratégique (cirpes.net). II est notamment l'auteur de L'Amérique mercenaire (Stock, 1992), L'Empire du chaos (La Découverte, 2002) et La Globalisation stratégique (CIRPES, 2006).
Sujet: Re: Invisible Empire Sam 9 Juin 2012 - 20:46
Les USA : une menace à la paix et la sécurité internationales ?
El Watan - 09.06.2012
Citation :
Contrairement aux idées reçues, l’administration Obama pour laquelle "l’arc d’instabilité est le centre de la plupart des défis auxquels sont confrontés les Etats-Unis" semble poursuivre le même dessein que la précédente.
Spoiler:
Mais elle le fait judicieusement en remédiant au plus grand échec de l’administration Bush qui a été son manque d’imagination stratégique. Six jours seulement après le 11 septembre, George Tenet, alors directeur de la CIA, a présenté lors d’un briefing la "Worldwide Attack Matrix", un document classifié décrivant les opérations antiterroristes secrètes de la CIA dans 80 pays d’Asie, du Moyen-Orient et d’Afrique. Les actions, en cours ou recommandées, seraient comprise entre la "propagande de routine à des actions secrètes mortelles en préparation pour des attaques militaires". Les plans "donneraient à la CIA l’autorité la plus large et la plus meurtrière de son histoire". A peu près au même moment, Donald Rumsfeld, alors Secrétaire à la défense, a proclamé que la nation avait lancé "un grand effort à multi-têtes s’étendant probablement à 60 pays". A la fin des années Bush, le Pentagone aurait en effet des opérations des forces spéciales dans 60 pays à travers le monde. Des 97 pays que compte "l’arc d’instabilité" l’administration a élargi la présence et le déploiement de l’US Special Operations forces à 75 pays. Au total, 192 420 soldats ont été déployés dans 150 pays en début de 2012, alors qu’en 2006, 245.000 soldats ont été déployés dans 120 pays seulement.
Dans le cas du Grand Moyen-Orient, l’administration Obama est venue pour finir le travail comme le montrent les tentatives de justifier une guerre contre l’Iran, la guerre non déclarée contre la Syrie, l’intervention en Libye, l’élargissement des responsabilités d’Africom, l’intensification et l’élargissement du théâtre de la guerre mondiale contre le terrorisme. La seule différence, c’est au niveau de la communication publique. Ainsi, au lieu d’utiliser la guerre mondiale contre le terrorisme, on évoque "l’ère de conflit persistant" ou des "opérations de contingence à l’étranger" par exemple. Quand le président Obama annonce que "lentement, mais sûrement, nous aidons à transformer le Grand Moyen-Orient d’un arc d’instabilité à un arc de la liberté", c’est aussi un simple changement de langage. Dans le monde réel, l’empire de la liberté a toujours été l’empire de sécurité/prospérité. En définissant en janvier 2010 la guerre contre le terrorisme au sens large, le président Obama a déclaré que "les Etats-Unis sont en ‘‘guerre contre Al-Qaîda’’". De cette façon, il est venu à donner à la guerre une portée élargie en "la divorçant de la géographie". Dans la pratique, cela a fourni un moyen d’élargir le champ de bataille au-delà de l’Irak et de l’Afghanistan pour inclure une géographie imprécise. "Comme la version de l’Administration Bush de la guerre contre le terrorisme, cette guerre avec Al-Qaîda nous permet de suivre nos ennemis partout où ils peuvent aller", note-t-on.
Parmi les régimes que l’administration Bush a prévu de renverser militairement dans le cadre la reconfiguration géopolitique du Grand Moyen-Orient, le général Wesley Clark rappelle qu’en 2003 les pays dans la ligne de mire des responsables du Pentagone étaient l’Irak, l’Iran, la Syrie, la Libye, le Soudan, la Somalie et le Liban. Il n’est donc pas surprenant que "les soulèvements en Libye et Syrie" en particulier soient considérés comme "des menaces à la sécurité mondiale" par Ben Rhodes, vice-conseiller à la sécurité nationale pour les communications stratégiques, qui indique que la réponse sera multilatérale et pas nécessairement par la force. En clair, le soutien discret aux manifestants en Egypte, en Iran et Syrie, entre autres, fait partie de la doctrine Obama. En effet, juste après que le président Obama soit entré en fonction en 2009, Dennis Blair, alors directeur du National Intelligence, a informé la Senate Select Committee on Intelligence sur l’attention particulière que requiert "l’arc d’instabilité". A ses yeux, "la grande région du Moyen-Orient à l’Asie du Sud est le lieu pour un grand nombre des défis auxquels sont confrontés les Etats-Unis dans le XXIe siècle". Par conséquent, le Printemps arabe n’était qu’une occasion pour renforcer/élargir leur domination sur la région.
Le plus inquiétant dans la stratégie de l’Amérique sous Obama est la dépendance à la technologie ; la robotisation de la guerre et le renforcement du contrôle/surveillance. En l’espace de trois ans, l’administration a construit un appareil complet pour utiliser des drones pour mener à bien les assassinats ciblés de terroristes présumés, et la surveillance furtive d’autres adversaires. L’appareil comprend des dizaines de facilités secrètes dans au moins six pays sur deux continents. La technologie a permis à Obama de détenir quelque chose à laquelle peu de personnes s’attendaient : un président qui a considérablement élargi la capacité de la branche exécutive à mener la high-tech clandestine war. Avec une détermination qui a surpris beaucoup, Obama a embrassé la CIA, a étendu ses pouvoirs, et approuvé des assassinats ciblées plus que n’importe quel président moderne.
Au cours des trois dernières années, l’Administration Obama a effectué au moins 239 attaques de drones secrètes, plus de cinq fois les 44 approuvées sous George W. Bush. Et après avoir promis de rendre les opérations de lutte contre le terrorisme plus transparentes et freiner le pouvoir exécutif, Obama a sans doute fait le contraire, le maintien du secret et de l’expansion l’autorité présidentielle. Le retrait des troupes américaines de l’Irak et de l’Afghanistan, ainsi que la création de forces militaires plus petites et plus agiles réparties à travers l’Asie, le Pacifique et le Moyen-Orient, font également de la Doctrine d’Obama.
Ironiquement, selon Beier Marshall, la précision de l’exactitude supposée des nouvelles générations d’armes ‘‘intelligentes’’, avec leur capacité de cibler de manière précise les individus, a fait des frappes ‘‘chirurgicales’’ un outil de l’art de gouverner de l’Amérique. Une préoccupation qui va bien au-delà de la lutte antiterroriste. Avec le Predator drones et raids nocturnes de "capturer ou tuer" du Commandement des opérations spéciales, l’Amérique a trouvé un moyen de punir ses ennemis sans risquer la vie des soldats américains. Sans être temporaire, et en l’absence de cadre juridique, le recours aux drones intervient dans un effort de restructuration des forces armées et de changements de la stratégie américaine, sans tenir compte ni du droit international ni de la perte des civils – certaines actions sont du terrorisme, même si l’on utilise leur propre terminologie et définition du terrorisme. Le nombre des civils tués est alarmant. Au Pakistan, en moyenne, plus de 90% des personnes tuées lors des attaques des drones des civils.
Pour chaque nombre des talibans et d’Al-Qaîda, 140 civils pakistanais innocents sont tués. Plus certains ont le courage de dire que, contrairement aux "soviétiques (qui) ont employé la politique de la terre brûlée", les Américains agissent dans l’intérêt des populations de la région qui elles-mêmes demandent la présence américaine. Disons-le clairement aujourd’hui, les Etats-Unis sont la plus grande menace à la paix et la sécurité internationales. "Aujourd’hui, la philosophie du militarisme — de conquête, de domination, de violence et de l’Empire — imprègne l’économie, les institutions politiques et la culture des Etats-Unis". Cette posture menaçante est catastrophique aujourd’hui en reléguant l’Amérique à une "condition de crise de sécurité nationale permanente".
En effet, pour mettre en œuvre ce que A. J Bacevich appelle les "Washington Rules" de la "trinité sacrée" ("présence militaire mondiale", "projection de puissance mondiale" et "interventionnisme mondial") avec "le crédo américain" ("mener, sauver, libérer et, finalement, transformer le monde") un nouvel paradigme a émergé au sein du Pentagone ; initialement baptisé "la révolution dans les affaires militaires (RAM)" et désormais appelé la Transformation. "Bien que la révolution dans les Affaires militaires a offert une façon de reconceptualiser la guerre, son importance s’étend bien au-delà de cette sphère. En fait, la RAM a été l’expression d’un vaste effort visant à formuler une nouvelle vision du monde lui-même et de la place appropriée de l’Amérique dans (et à califourchon sur) ce monde".
Grâce à cette esthétique, la guerre elle-même tend à s’imposer comme la "nouvelle normalité". L’utilisation d’un langage religieux chargé — crédo américain et trinité sacrée — pour décrire les Washington Rules n’est pas anodin mais montre que l’approche de la politique de sécurité nationale a évolué au point de devenir une sorte d’une "quasi-religion".
L’Amérique a émergé comme une puissance dominante et ils ont systématiquement cherché le pouvoir sous toutes ses formes : territoriales, commerciales, politiques, culturelles et militaires. Les agents de l’Etat en sont venus à fixer le rythme et la direction et finalement à déterminer la nature de la domination américaine. La nouveauté est qu’"une simple primauté ne suffit plus. Avec à peine un chuchotement-débat national, une suprématie militaire mondiale sans ambiguïté et perpétuelle a émergé comme un prédicat essentiel au leadership mondial". La pensée stratégique américaine durant les années 1990 dictée par Washington consistait non pas à acquérir "la force militaire", mais "la suprématie militaire", selon laquelle l’Amérique devrait posséder "des capacités militaires lui permettant de l’emporter sur toute combinaison imaginable d’adversaires".
C’est une composante clé des "Washington Rules".
En vertu des "règles de Washington", pour être un acteur dans la politique étrangère des Etats-Unis, il faut accepter les règles qui se composent d’un "credo qui inspire le consensus et la trinité dans lequel ils trouvent leur expression". Les règles sont cachées et pas consciemment discutées, parce qu’elles sont les hypothèses de base pour les discussions de politique étrangère. Cette tradition "combine deux composantes, chacune si profondément ancrée dans la conscience collective américaine pour avoir quasiment disparu de la vue". Ces deux composantes/croyances sont le "Credo" et la "Trinité", qui, pris ensemble, signifient que c’est à l’Amérique, seulement à l’Amérique, qu’il revient de changer le monde, que ce dernier le veuille ou non. En d’autres termes, l’Amérique a la capacité, le droit et le devoir de changer le monde comme elle veut et par n’importe quel moyen.
En effet, quatre dogmes sous-tendent le "catéchisme de l’art de gouverner de l’Amérique" :
1) Les Etats-Unis doivent organiser et remodeler le monde ou le "chaos va certainement régner" ;
2) l’Amérique est l’organisateur et le seul capable de «prescrire et faire appliquer un tel ordre mondial». Personne d’autre ne peut le faire, et les Etats-Unis doivent sans cesse prendre de nouvelles obligations ;
3) l’Amérique va définir les principes de cet ordre. Ces principes sont américains, mais aussi universels. L’évolution des principes américains sur une question donnée, que ce soit les armes nucléaires, le terrorisme, les droits des femmes, etc., sont toujours universels. Le reste du monde doit s’adapter aux dernières attitudes américaines — s’aligner à chaque fois que les Etats-Unis changent leur esprit, humeur, etc ;
4) à l’exception de quelques récalcitrants, tout le monde accepte cette réalité. En clair, les dirigeants du monde veulent que les Etats-Unis dirigent l’ordre mondial, et ils restent inquiets que les Etats-Unis peuvent abdiquer leur responsabilité de le faire. Ironiquement, à la fois les élites politiques et l’opinion publique américaines "savent peu sur le reste de monde et sont largement inconscients des forces historiques et culturelles qui l’ont façonné".
En plus, étant donné "les Etats-Unis devraient conduire et transformer le monde, et le rôle actif de l’Amérique devrait s’appuyer sur le Hard Power, et non pas la persuasion", ce credo implique une "trinité sacrée" des préceptes opérationnels militaires : présence militaire mondiale, projection de puissance mondiale, et interventionnisme mondial. Bien que beaucoup de choses ont changé dans l’armée américaine, cette trinité reste apparemment trop sainte pour être interrogée. Dans cette optique, le terme "Full Spectrum Dominance" signifie que les Etats-Unis devraient être mondialement dominants dans tous les domaines : espace, nucléaire, marine, air, armée, les opérations secrètes, etc. Ce dogme est "si profondément ancré dans la conscience collective américaine pour avoir quasiment disparu de vue". C’est le produit de plus d’un siècle de militarisme qui trouve des racines dans les structures sociales, politiques, économiques et culturelles du pays. "Aujourd’hui plus que jamais dans leur histoire, les Américains sont fascinés par la puissance militaire. La suprématie militaire mondiale dont jouissent les Etats-Unis actuellement — et est déterminée à perpétuer — est devenue centrale pour notre identité nationale", affirme A. J Bacevich. Que chacun tire ses conclusions !
Tewfik HAMEL
Chercheur à l’Université de Strasbourg Consultant/expert correspondant à la FMES A également écrit des articles dans la Revue Défense Nationale