Sujet: Le dessous des cartes en Centrafrique Ven 20 Déc 2013 - 15:15
Centrafrique : l'intervention n'est-elle pas un nouveau type de colonialisme ?
Par Marc Albert Chaigneau - vendredi 20 décembre 2013 04:14
L'intervention militaire française en Centrafrique va coûter 21,5 millions d'euros à l'état pour 2013. cc/flickr/Samuel Pfleumer
Citation :
Le conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies a donné son ≪ feu vert ≫ pour une intervention de l’armée française en Centrafrique. Certains commentateurs qualifient le France de gendarme de l’Afrique et, après les interventions en Côte d’Ivoire, en Lybie et au Mali qui, toutes, furent présentées comme humanitaires et destinées à protéger les populations, au moins dans un premier temps, on peut se demander si ces interventions ne constituent pas une nouvelle forme de colonialisme ? Quelle sera la conséquence de cette intervention sur la situation politique du pays ?
Car au regard des conséquences des précédentes interventions sur les gouvernements des pays en cause, il est certain que cette dernière ne sera pas neutre. Les nouveaux dirigeants, politiques et militaires, ont pris le pouvoir par la violence. Ils n’ont aucune assise ni soutien populaire et ne sont parvenus au pouvoir que grâce au soutien hétéroclite de ≪ milices ≫, plus ou moins Djihadistes, qui massacrent et terrorisent les populations.
Ces derniers jours sont apparus dans la presse et sur les écrans des reportages montrant les victimes musulmanes d’exactions soi‐disant perpétrées par des chrétiens. En fait le conflit n’est ni politique, ni religieux. Les populations s’entendent bien, ou s’entendaient bien et ce sont les groupes armes venus du nord et surtout du nord‐est, ainsi que les nouveaux dirigeants, qui cherchent à obtenir un soutien international, afin de se maintenir au pouvoir.
L’exemple des interventions précédentes, surtout en Côte d’Ivoire, ou les exactions des nouveaux maitres ont été longtemps dissimulées, en mettant en scène celles des anciens, et continuent à se perpétuer sans provoquer d’émotion, devrait inciter à agir avec la plus extrême prudence. Le véritable problème étant de savoir si cela est encore possible ?
La Centrafrique est un pays qui, comme son nom l’indique, est très central, donc entoure de plusieurs pays dont les gouvernements ne sont ni vraiment démocratiques, ni vraiment stables. Le premier objectif de leurs dirigeants est de se maintenir au pouvoir et ils sont généralement peu regardants sur les moyens d’y parvenir. Le pillage des ressources, avec la complicité de sociétés étrangères, est le moyen le plus courant de s’assurer les moyens financiers permettant d’équiper et d’entretenir une armée, qui constitue le soutien le plus efficace.
Il est devenu, rétrospectivement, clair que le premier objectif de l’intervention en Irak n’était pas de détruire un arsenal militaire inexistant, mais de permettre à des entreprises US de prendre le contrôle de l’économie et en premier lieu du secteur pétrolier du pays.
Laurent Gbagbo n’était plus un ≪ ami ≫ de la France, il se comportait plutôt comme un amant déçu, considérant avoir été trahi. Est‐ce a juste titre ? C’est difficile à dire. Il semble qu’il y ait eu des déceptions et des déconvenues de chaque cote. Que certaines demandes n’auraient pu être satisfaites, sauf à provoquer d’énormes scandales, si les choses avaient été révélées dans un pays démocratique comme la France. Que la discrétion, qui a un temps pu prévaloir dans les affaires ≪ franc africaines ≫, ne peut plus être assurée de la même façon de nos jours.
La Centrafrique a des ressources, peu et mal exploitées actuellement. Des sociétés françaises et étrangères s’y intéressent, auxquelles la situation actuelle est préjudiciable. Qui espèrent tirer des bénéfices de l’intervention de l’armée française. Coût à la charge du contribuable, bénéfices en faveur des sociétés privées ! Situation connue, à laquelle il ne pourrait être échappe qu’en imposant une fiscalité locale conséquente et un remboursement des couts ultérieurement, par un état stabilise. Ce qui semble plutôt utopique.
Comment intervenir, en protégeant les populations et sans soutenir un gouvernement illégitime, ayant pris le pouvoir par la violence, grâce au soutien d’une armée corrompue ? On nous promet une intervention à court terme, soit. Mais que se passera‐t‐il après ? Quelle sera la nouvelle situation ? Est‐il possible d’espérer instaurer un fonctionnement démocratique, ou seulement une paix civile, dans un pays plus grand que la France, peuple de quatre millions et demi d’habitants, disperses dans la brousse, dont les équipements et infrastructures sont confidentiels et les frontières de simples traits sur des cartes ?
Les milices et groupes armes ne se dissoudront‐ils pas dans le paysage comme au Mali ? Ne passeront‐ils pas les frontières, parfois sans même le savoir, encore plus facilement ? Ne reviendront‐ils pas immédiatement après le passage des troupes françaises ?
Des troupes, plus nombreuses que les soldats français, en provenance des états voisins, dotées de casques bleus, vont intervenir en soutien et assurer cette paix. Les expériences antérieures montrent que cette description idyllique correspond assez mal à la réalité. Les équipements, compétences et motivations, de ces troupes font souvent défaut. Sans aller jusqu’à comparer le comportement avec celui de troupes d’occupation, tel que ce que l’on rencontre en Haïti, les traitements infliges aux populations locales par les troupes d’intervention africaines est rarement digne d’éloge. Surtout s’agissant d’ethnies ou de religions différentes.
Une action de guerre contre les milices est inenvisageable et serait nécessairement inefficace. Faire la police ? Pour protéger les populations évidemment, c’est ce que l’on nous dit. Comment ? En désarmant les milices ? Ce qui permettra à l’armée de reprendre rapidement ses exactions sans plus rencontrer la moindre opposition ? En désarmant également l’armée ? Et en encourageant ensuite la course aux fournitures d’armes, par les entreprises étrangères, en provenance des pays voisins ?
Comment une intervention de courte durée pourrait‐elle contribuer à résoudre les problèmes ? Dans une négociation multipartite, qui pourrait représenter légitimement et efficacement les populations ? Existe‐t‐il encore des autorités tribales, locales, qui pourrait assumer ce rôle ? Malgré les interventions, ni l’Irak, ni la Cote d’Ivoire, ni la Lybie, ni le Mali, n’ont connu la solution de leurs problèmes. Qu’en sera‐t‐il en Centrafrique ?
Sujet: Re: Le dessous des cartes en Centrafrique Lun 23 Déc 2013 - 0:01
Centrafrique : plusieurs milliers de musulmans manifestent contre l'armée française à Bangui
(AFP) - Par Francetv info - publié le 22/12/2013 | 19:13 La contestation a débuté après la mort de trois combattants Séléka dans un accrochage avec des soldats français.
Citation :
Des habitants des quartiers musulmans de Bangui (Centrafrique) ont manifesté en masse, dimanche 22 décembre, contre l'opération militaire française Sangaris. La contestation a débuté après la mort de trois combattants Séléka dans un accrochage avec des soldats français, lors d'une opération de désarmement.
La Séléka est la coalition rebelle à majorité musulmane qui a porté le président Michel Djotodia au pouvoir. Ses membres font partie des miliciens que l'opération française a pour objectif de désarmer, afin de mettre fin aux violences interreligieuses.
Les forces françaises accusées de prendre parti pour les milices chrétiennes
Dans l'après-midi, les manifestants se sont rassemblés dans le centre-ville de la capitale centrafricaine et ont ensuite marché sur une grande avenue vers le quartier musulman PK5. "Non à la France", "Hollande criminel!", scandaient notamment les protestataires, qui entendaient dénoncer "la partialité" des militaires français déployés depuis début décembre en République centrafricaine (RCA).
Sans protection des Séléka, de nombreux musulmans s'estiment laissés à la merci des atrocités des milices chrétiennes "anti-balaka"
Sujet: Re: Le dessous des cartes en Centrafrique Mar 24 Déc 2013 - 14:01
Centrafrique : nouvelle manifestation anti-française à Bangui
(APS) mardi 24 décembre 2013 10 : 47
Citation :
BANGUI - Des centaines de Centrafricains se sont rassemblés mardi dans un quartier du nord de la capitale Bangui pour dénoncer la présence militaire française dans le pays.
"Non à la colonisation française ! Non à la France ! Non à l’opération Sangaris", criaient les manifestants, rapporte l’AFP.
"On ne veut pas de conflit religieux dans notre pays", disait l’un des manifestants.
Des affrontements ont eu lieu lundi dans la soirée dans ce même quartier PK5, mais dans une autre zone, qui était totalement désertée par ses habitants mardi matin.
"Des éléments incontrôlés se sont rendus lundi soir au PK5 pour faire des tirs", a indiqué un officier supérieur de la force africaine (Misca). Les assaillants n’ont pas été identifiés, selon cet officier. Deux Centrafricains avaient été lynchés par la foule lundi après-midi, et leurs corps mutilés, rappelle l’agence.
Dimanche, deux manifestations anti-françaises avaient déjà eu lieu, l’une d’elle rassemblant plusieurs milliers de personnes, après la mort le jour même de trois rebelles Séléka, tués dans un accrochage avec des militaires français.
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Sujet: Re: Le dessous des cartes en Centrafrique Jeu 9 Jan 2014 - 21:22
Centrafrique: le sommet au Tchad pas pour changer de régime
Mais il pourrait, dit Fabius, prendre des décisions sur le sort de Djotodia.
Ajouté par AFP le 9 janvier 2014 à 4:00.
Le président centrafricain Michel Djotodia à Bangui le 21 décembre 2013 (Miguel Medina/AFP)
Citation :
Le sommet extraordinaire des pays d’Afrique centrale jeudi à N’Djamena sur la Centrafrique n’a pas pour objet de changer un régime, ni de changer la transition à Bangui, a déclaré mercredi à l’AFP le secrétaire général de la Communauté économique des États d’Afrique centrale.
Le sommet a été convoqué à cause de la détérioration de la situation sécuritaire, a déclaré le secrétaire général de la CEEAC, Allami Ahmat, ajoutant: il ne s’agit pas de changer un régime, ni de changer la transition, il s’agit de prendre des dispositions pour restaurer la paix et la sécurité en Centrafrique.
Il s’agit de voir les voies et moyens pour éviter que la situation n’échappe au contrôle de la communication internationale, a-t-il poursuivi.
Les autorités centrafricaines seront interpellées pour mieux faire au lieu de perdre leur temps à se quereller, à s’insulter sur la place publique, a indiqué M. Ahmat en référence aux relations notoirement mauvaises entre le président Michel Djotodia et le Premier ministre Nicolas Tiengaye qui assisteront tous les deux aux débats.
On assiste à une situation déplorable: d’un côté les autorités de la transition qui font montre d’une certaine incapacité, voire impuissance, à résoudre le problème, de l’autre une société civile et une classe politique qui s’évertuent à jeter de l’huile sur le feu, à compliquer la situation en désignant certains pays de la sous-région comme s’ils étaient responsables de leurs problèmes, selon le secrétaire général.
Le sommet extraordinaire de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) se tient alors que la Centrafrique est plongée dans un conflit sanglant et une impasse politique.
Selon le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, le sommet de la CEEAC pourrait prendre des décisions sur le sort de M. Djotodia.
Une source française avait indiqué mercredi matin à l’AFP que les présidents tchadien Idriss Deby et congolais Denis Sassou Nguesso voulaient rebattre les cartes et étaient à la recherche d’un plan B.
Selon une autre source française, en convoquant ce sommet, l’idée de Deby est d’accélérer la transition politique en Centrafrique. Mais la vacance du pouvoir est un risque que personne ne veut prendre, a ajouté cette source.
Interrogé sur une éventuelle démission de M. Djotodia, le porte-parole de la présidence centrafricaine Guy Simplice Kodégué avait estimé qu’elle n’était pas à l’ordre du jour. Parler du départ de Djotodia aujourd’hui serait mettre le pays à feu et à sang, avait-il ajouté