Sujet: Syrie - une guerre par procuration Jeu 8 Aoû 2013 - 19:05
Syrie : Riyad a proposé à Moscou un marché pour affaiblir Damas
Publié le : jeudi 8 août 2013 15:21 par Elric de Melniboné) Source : fr.rian.ru
Citation :
L’Arabie saoudite a proposé à la Russie plusieurs incitations économiques en échange d’une modération du soutien que Moscou apporte au président syrien Bachar el-Assad, rapportent jeudi les médias occidentaux citant des sources proches du dossier.
"Des sources au sein de l’opposition syrienne proches de l’Arabie saoudite affirment que le prince Bandar a proposé d’acheter des armes russes pour un montant allant jusqu’à 15 milliards de dollars ainsi que de garantir que le gaz en provenance du golfe Persique ne menacera pas les positions de la Russie en tant qu’un des principaux fournisseurs de gaz vers l’Europe", rapporte l’agence Reuters.
Cette proposition aurait été faite lors de l’entretien entre le président russe Vladimir Poutine et le prince Bandar ben Sultan, chef des renseignements saoudiens, qui a eu lieu à Moscou la semaine dernière.
En échange, Riyad veut que Moscou modère son soutien au régime de Damas et accepte de ne pas opposer son veto aux futures résolutions du Conseil de sécurité sur la Syrie, prétendent les sources citées par l’agence.
D’après les sources diplomatiques citées par Reuters, la première réaction de M.Poutine a été "peu probante". Un diplomate occidental estime qu’il est peu probable que le dirigeant russe soit disposé à marchander sa position stratégique dans la région contre un contrat d’armements, quel qu’en soit le montant.
Selon un "représentant éminent de l’opposition syrienne" désireux de garder l’anonymat, le prince Bandar a tenté de dissiper les deux principales inquiétudes de la Russie : que des extrémistes islamistes remplacent Assad et que la Syrie devienne une plateforme pour les exportations de gaz du Golfe, notamment du Qatar, au détriment des intérêts russes".
Sujet: Re: Syrie - une guerre par procuration Ven 9 Aoû 2013 - 0:12
Poutine ne négociera jamais la position géostratégique acquise par son pays en Syrie ainsi que les avantages militaires certains qui en découlent dans le cadre d'une éventuelle confrontation directe ou indirecte avec l'Otan. C'est ainsi que les radars nouvelle génération que la Russie a installé en Syrie et au Liban lui permettent de contrôler toute la méditerranée orientale.
En faisant une offre aussi alléchante à coups de milliards de dollars, Bandar donne l'impression d'ignorer totalement les intérêts majeurs et stratégiques que la Russie veut préserver à tout prix car la Syrie demeure le dernier verrou avant une attaque massive contre l'Iran.
Sujet: Re: Syrie - une guerre par procuration Ven 9 Aoû 2013 - 20:21
Syrie : L’Arabie Saoudite aurait tenté d’amadouer la Russie
9 août 2013 – 14:40
Citation :
Depuis le début de la crise syrienne, l’Arabie Saoudite et le Qatar cherchent à accroître leur influence au sein de l’opposition armée qui se bat contre les forces de Bachar el-Assad, renforcés par des éléments du Hezbollah libanais et de combattants chiites venus d’Irak ainsi que de l’appui militaire de l’Iran et du soutien politique de la Russie.
Début juillet, Riyad a remporté une manche décisive puisque c’est l’un de ses protégés, Ahmed Assi Jarba, qui a été élu à la tête de la Coalition nationale syrienne, aux dépens de Moustapha Al-Sabbagh, un homme d’affaires proche de l’émirat du Qatar, lequel soutien les Frères musulmans syriens. En outre, il semblerait que l’Arabie Saoudite ait accéléré les livraisons d’armes à destination des rebelles syriens.
Seulement, cela n’est pas suffisant car les forces régulières syriennes reprennent peu à peu la main, comme cela a été récemment le cas à Alep. Par ailleurs, au Conseil de sécurité des Nations unies, toutes les initiatives concernant la Syrie sont bloquées par la Russie. Ce qui rend improbable, du moins sur le plan du droit internationale, toute éventuelle intervention militaire extérieure pour venir en aide aux rebelles syriens.
C’est pourquoi, selon l’agence Reuters, le prince Bandar ben Sultan, le chef du renseignement saoudien, a proposé au président Poutine de lui acheter des armes, d’investir dans son pays et de ménager les intérêts russes en matière d’exportation de gaz naturel en échange d’une position plus “compréhensive” au Conseil de sécurité. En clair, pour que Moscou ne mette pas son veto à tout projet de résolution concernant la Syrie.
Cette offre a été faite le 31 juillet dernier, à l’occasion d’un déplacement à Moscou du prince Bandar. D’après des membres de l’opposition syrienne proches de Riyad, il aurait été question de commandes d’armements d’un montant de 15 milliards de dollars. Mais a priori, Reuters a rapporté qu’aucun chiffre n’avait été avancé selon une “source bien informée du Golfe”.
En 2009, la presse russe avait indiqué que l’Arabie Saoudite avait fait une telle proposition au Kremlin. Il était en effet question de l’achat auprès de la Russie d’une “grande quantité d’armements” (pour 2 milliards de dollars) afin de la convaincre de ne pas livrer de systèmes de défense aérienne S-300 à l’Iran. Ces matériels ne sont jamais arrivés à Téhéran, non pas en raison d’une commande saoudienne mais d’un arrangement passé avec Israël.
A l’époque, le quotidien Vedomosti avait parlé de négociations portant sur la livraison à l’Arabie Saoudite de chars T-90S, de véhicules blindés BMP-3, d’hélicoptères Mi-36 et Mi-17 et de systèmes anti-aériens. Or, traditionnellement, Riyad équipe des forces armées en se fournissant auprès des Etats-Unis, du Royaume-Uni et, dans des proportions plus modestes, de la France. Et, depuis, le royaume saoudien a conclu des contrats de plusieurs dizaines de milliards de dollars avec l’industrie américaine de défense. Au point d’ailleurs que l’on voit mal ce qu’il pourrait acheter de plus à la Russie.
Le plus intéressant est sans doute l’offre saoudienne en matière d’énergie. En 2009, le président syrien avait refusé de signer un accord avec le Qatar visant à construire un gazoduc reliant le Golfe à l’Europe en passant par la Syrie. Et cela pour une raison simple : Damas voulait ménager les intérêts de son allié russe, premier fournisseur de gaz naturel du Vieux continent.
Aussi, le prince Bandar aurait donné l’assurance que, “quel que soit le régime” qui succéderait à celui de Bachar el-Assad, l’Arabie Saoudite ne permettrait pas que le gaz naturel venu du Golfe transite via la Syrie. Apparemment sans succès.
“Le président Poutine a écouté poliment son interlocuteur et lui a fait savoir que son pays n’allait pas changer de stratégie malgré ces propositions” a fait savoir un diplomate arabe ayant des contacts à Moscou et dont les propos ont été rapportés par l’AFP. “Bandar ben Sultan a alors fait comprendre aux Russes que la seule option était donc militaire en Syrie et qu’il fallait oublier Genève car l’opposition ne s’y rendrait pas”, a-t-il ajouté.
Le fait est. La Russie n’a aucune raison de lâcher le président Assad alors que ce dernier renforce ses positions face une rébellion syrienne divisée. En outre, la promesse d’un important achat d’armes auprès de l’industrie russe de défense est peu crédible. Enfin, pour ce qui concerne le transit du gaz vers l’Europe, Moscou a l’assurance que rien ne bougera tant qu’il n’y aura pas de changement à la tête de la Syrie étant donné que le pouvoir en place lui est favorable.
En outre, les relations entre Damas et Moscou sont anciennes. En proposant des rials au président Poutine pour acheter sa passivité au Conseil de sécurité, le prince Bandar a fait preuve de cynisme en montrant ainsi qu’il connaissait le prix de tout mais la valeur de rien.
Sujet: Re: Syrie - une guerre par procuration Mar 14 Jan 2014 - 20:47
Syrie : une guerre par procuration entre l'Iran et l'Arabie saoudite
13/01/2014 Par Georges Malbrunot – LeFigaro.fr
Citation :
La guerre syrienne par procuration ne cesse de s'accroître. D'un côté, l'Iran et le Hezbollah en soutien du régime, de l'autre, l'Arabie saoudite, sponsor du Front islamique contre Bachar el-Assad.
Le conflit a commencé au printemps 2011 par des manifestations pacifiques, sévèrement réprimées par l'armée, avant de se militariser et de devenir un affrontement régional entre l'Iran, parrain des chiites, et l'Arabie saoudite, protectrice des sunnites et ennemi juré de Bachar el-Assad. Conséquences: sur le terrain, la marge de manœuvre des rebelles est en grande partie liée à leurs donneurs d'ordres, qui disposent des leviers financiers (argent) et logistiques (armes) pour les contraindre de suivre leur stratégie.
Ces derniers mois, la nature des attaques s'est sensiblement modifiée. Aux escarmouches répétées des insurgés contre l'armée ont succédé de plus larges batailles, notamment dans la Ghouta, cette région agricole autour de Damas. Le régime syrien est convaincu que ces affrontements de plus grande ampleur sont planifiés par des services de renseignement étrangers, conduits par ceux de l'Arabie saoudite et du prince Bandar Ben Sultan, leur chef, qui a fait de la chute de Bachar el-Assad une question personnelle.
«C'est vrai que les Saoudiens, depuis un certain recul du Qatar, ont pris le relais», affirme Louaï Hussein, un opposant toléré par le régime. Ryad a été notamment à l'origine du Front islamique, dont la principale brigade - l'Armée de l'Islam - est dirigée par un de ses alliés, Zahran Alloush, l'homme fort de la région de Douma près de Damas, auquel ses parrains saoudiens ont récemment livré des missiles d'une portée de 60 km. Deux offensives rebelles témoignent de cette guerre par procuration. Celle lancée tout d'abord mi-novembre dans la Ghouta orientale, grâce à l'arrivée de plusieurs milliers d'insurgés formés en Jordanie, qui a ébranlé l'armée. «Les terroristes ont défoncé nos quatre premières lignes de défense», reconnaît un haut gradé syrien. Les loyalistes ont mis plusieurs jours pour récupérer, grâce aux renforts du Hezbollah, le terrain perdu. Certains affirment qu'il s'agissait en fait de l'attaque massive qui devait accompagner les frappes américano-françaises, reportées fin août après le règlement de la crise sur les armes chimiques employées par le régime contre ses adversaires.
Acteurs multiples
L'autre offensive, qui ne doit rien au hasard, est celle qui oppose actuellement rebelles salafistes et djihadistes, dans le nord frontalier de la Turquie. «Elle a été décidée fin novembre lors d'une réunion des services secrets saoudiens et turcs», révèle au Figaro une source diplomatique onusienne au Liban. S'en est suivie quelques jours plus tard la prise du QG de l'Armée syrienne libre pour marginaliser un partenaire gênant. Et une campagne médiatique de délégitimation de l'État islamique en Irak et au Levant, accusé d'être «une marionnette» entre les mains d'Assad. Elle a enfin coïncidé avec l'offensive d'al-Qaida à Faloudja et Ramadi en Irak contre les forces loyales au premier ministre chiite Nouri al-Maliki dans l'espoir que les djihadistes ne puissent pas tenir deux fronts à la fois.
En Syrie, «le prince saoudien Bandar veut montrer aux Occidentaux qu'il peut vaincre à la fois al-Qaida qui leur fait peur et le régime d'Assad», affirme un diplomate arabe à Beyrouth. Mais dans cette sale guerre aux acteurs multiples qui en compliquent le règlement, Ryad doit encore compter avec son turbulent voisin le Qatar, qui n'a pas renoncé à jouer sa propre partition. «Quand le Qatar n'arrive pas à faire élire ses hommes dans les instances de l'opposition, nous affirme depuis Istanbul un opposant, les émissaires de Doha essaient de se venger en livrant des armes aux groupes (islamistes, NDLR) qui nous sont hostiles. Nous essayons actuellement de les calmer», dit-il avant d'ajouter que «leur ministre des Affaires étrangères, Khaled al-Attiyah, nous a promis quelque chose».
Kerry et Lavrov tentent de déminer la route de Genève 2
Les États-Unis et la Russie ont évoqué lundi l'ouverture de «corridors humanitaires», des trêves «localisées» ou encore des échanges de prisonniers comme autant de mesures susceptibles d'établir la confiance entre le gouvernement syrien et la rébellion. Ces idées ont été mentionnées lors d'une conférence de presse à Paris par le secrétaire d'État américain, John Kerry, et le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, alors qu'approche la conférence dite de «Genève 2», qui devrait avoir lieu le 22 janvier à Montreux, sur les bords du lac Léman.
Les deux hommes se sont rencontrés au lendemain d'une réunion des «Amis de la Syrie» dans la capitale française. L'émissaire des Nations unies sur la Syrie, Lakhdar Brahimi, était également présent.
Sergueï Lavrov a indiqué que le gouvernement du président Bachar el-Assad pourrait accepter l'ouverture de «corridors humanitaires» pour venir en aide à la population civile en Syrie, notamment dans la Ghouta orientale, à la périphérie de Damas, où 160.000 habitants sont piégés par les combats selon les Nations unies.
D'après John Kerry, les rebelles soutenus par Washington - qui sont loin de représenter toutes les factions engagées sur le terrain contre Damas - ont accepté de respecter un cessez-le-feu si le gouvernement s'engage à appliquer une trêve partielle.
Sujet: Re: Syrie - une guerre par procuration Jeu 16 Jan 2014 - 15:21
SUR INITIATIVE DE PLUSIEURS ONG ET DE DIZAINES DE PERSONNALITÉS
Plainte à l'ONU contre l'Arabie saoudite et le Qatar pour «crimes contre l'humanité» en Syrie
15-01-2014
Citation :
Une plainte vient d'être déposée par des organisations non gouvernementales (ONG) et des personnalités turques contre plusieurs pays dont l'Arabie saoudite et le Qatar, pour «crimes de guerre» et «crimes contre l'humanité». C'est ce que nous apprenons d'une correspondance adressée à notre journal hier par ces ONG, dont le Comité contre l'ingérence en Syrie (CIS).
«Nous avons l'honneur de porter à votre connaissance le rapport de l'Association turque pour la paix (Baris Dernegi) et du collectif d'avocats turcs Juristes pour la justice (Adalet için Hukukçular) sur les crimes de guerre commis contre le peuple syrien», lit-on dans cette correspondance.
«En tant que promoteurs internationaux du présent rapport, nous l'avons transmis à la Commission d'enquête internationale indépendante sur les crimes de guerre en Syrie, mandatée par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies et composée de M. Paulo Sergio Pinheiro qui en est le président, de Mme Karen Koning Abu Zayd, de Mme Carla del Ponte et de M. Vitit Muntarbhorn», est-il ajouté.
«A une semaine de la conférence dite de Genève-2, nous invitons chaque citoyen du monde, chaque organisation et chaque gouvernement à lire et à diffuser ce rapport le plus largement possible afin de démasquer les sponsors internationaux des groupes terroristes antisyriens et de contribuer ainsi à la paix et à la réconciliation en Syrie», lit-on dans l'appel lancé par ces ONG.
Par ailleurs, 45 avocats, journalistes, députés, syndicalistes, artistes turcs viennent de publier un rapport accablant sur les «crimes commis contre le peuple de Syrie» transmis à l'ONU.
Visées : les agissements des groupes djihadistes, la guerre d'agression contre la Syrie, avons-nous appris de même source. L'«Association turque pour la paix» et les «Avocats pour la justice» préparent, a ajouté cette source, depuis plusieurs mois un rapport préliminaire à des poursuites contre les criminels de guerre en Syrie et leurs commanditaires. Poursuite devant les tribunaux turcs et surtout devant les cours internationales.
«Le rapport vient d'être remis à la Commission d'enquête indépendante de l'ONU sur les crimes commis en Syrie», avons-nous également appris de même source.
Il est expliqué que par cette initiative, ces ONG ont pour idée «de mettre sur pied l'équivalent du Tribunal Russell pour les crimes de guerre au Vietnam dans les années 1960, expérience répétée pour les guerres en Irak et en Palestine, pour juger des crimes perpétrés par l'impérialisme».
Le cœur de l'accusation repose sur le concept de «guerre d'agression» reconnue par un amendement du statut de Rome datant de 2005, concernant normalement un Etat agresseur, est-il encore expliqué.
Pour l'Association pour la paix, «il s'agit d'abord de dénoncer les instigateurs, les soi-disant «Amis de la Syrie», réunis à Tunis en février 2012, à Doha en juin 2013, qui ont dès le début reconnu le Conseil national syrien, donc apporté leur soutien à la rébellion armée.
Cette plainte est dirigée, selon ces organisations non gouvernementales et le Comité contre l'ingérence en Syrie, contre l'Arabie saoudite, le Qatar, les Etats-Unis d'Amérique, la Turquie et Israël.
Les avocats et journalistes turcs se basent sur le «Statut de Rome» prévu par la Cour pénale internationale (CPI) et classent les crimes commis en Syrie en trois types : crimes d'agression, crimes de guerre et crimes contre l'humanité, selon les auteurs de cette plainte.
«Pour les Etats-unis, rien de nouveau sous le soleil, l'association rappelle les plans pour éliminer tout obstacle à son plan de Grand Moyen-Orient, Irak, puis Syrie, enfin Iran. Ils dialoguent avec les groupes armés, les coordonnent, leur apportent un soutien financier et logistique avéré», écrivent les auteurs de cette plainte, exprimant les reproches qu'ils font aux Etats-Unis d' Amérique.
L'Arabie saoudite cherche, elle, à isoler l'Iran et à créer une Syrie sunnite sous patronage saoudien. «La puissance saoudienne investit des milliards pour armer les combattants, les entraîner et les commander directement en vue de ses objectifs de puissance régionale», écrivent-ils concernant l'Arabie saoudite qui ne cache pas son soutien militaire et financier aux terroristes, dont ceux d'Al Qaïda, sévissant en Syrie.
L'Arabie saoudite appelle même à la poursuite de la guerre et donc au massacre de civils en Syrie, refusant toute paix dans ce pays et soutenant publiquement les nébuleuses affiliées à Al Qaïda.
Sujet: Re: Syrie - une guerre par procuration Dim 19 Jan 2014 - 16:20
La guerre du royaume d’Arabie saoudite contre la Syrie
Publié le : dimanche 19 janvier (dernier : 19 janvier 15:13 par lipa) - Source : silviacattori.net
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Citation :
Tout observateur du conflit syrien désireux de connaître de plus près la rébellion anti-régime aura quelque peine à s’y retrouver en raison de l’inflation des groupes armés que l’on estime aujourd’hui à plus d’un millier. La guerre fratricide dans laquelle sont plongées les principales milices djihadistes depuis le début de l’année accentue la confusion notamment sur le rôle et l’évolution d’Al Qaïda dans le conflit. Pourtant, au-delà de leurs rivalités économiques et territoriales, une même idéologie et une même stratégie les unissent et les relient à un acteur clé de la guerre de Syrie : le royaume d’Arabie saoudite.
Le wahhabisme syrien avant la guerre
Le courant religieux fondé il y a quelques 250 ans par le prédicateur extrémiste Muhammad Ben Abdel Wahhab dans le Najd en Arabie saoudite, n’est pas un phénomène de mode soudainement apparu en Syrie à la faveur du printemps arabe. Le wahhabisme dispose en effet d’une base sociale solide entretenue depuis plusieurs années par les Syriens qui vivent en Arabie saoudite et dans les autres théocraties de la péninsule arabique. En Syrie, les émigrés du Golfe sont singulièrement appelés « les Saoudiens » car à leur retour au pays, on les confond avec les vrais Saoudiens. La plupart de ces émigrés reviennent en effet imprégnés du puritanisme rituel, vestimentaire, familial et sociétal qui caractérise les royaumes wahhabites.
Mais le wahhabisme syrien est aussi le fait de prédicateurs salafistes chassés par le régime de Damas et accueillis par les royaumes du Golfe. Malgré la distance et la répression, ces salafistes exilés sont parvenus à entretenir des réseaux d’influence dans leurs régions et leurs tribus d’origine.
La multiplication des chaînes satellitaires émettant depuis les pays wahhabites a renforcé en Syrie la popularité de certains exilés syriens reconvertis dans le « télé-coranisme ». Le plus emblématique d’entre eux est sans doute Adnane Arour. Exilé en Arabie saoudite, celui que l’on surnomme le cheikh de la discorde (fitna), anime plusieurs émissions sur Wessal TV et Safa TV où il a popularisé les harangues anti-chiites et anti-alaouites notamment celle où il appelle à « passer les alaouites au hachoir et à jeter leur chair aux chiens ». Dans la région de Hama dont il est originaire, Arour a gardé une influence significative au point que son nom était loué dès les premières manifestations anti-régime de 2011.
D’un point de vue historique et territorial, la wahhabisation rampante de la Syrie s’est d’abord imposée dans les populations rurales échappant au sunnisme institutionnel syrien d’orientation hanafite réputé tolérant. Suite au virage libéral emprunté par le parti Baas en 2005, le wahhabisme a connu un nouvel essor dans les banlieues misérables des métropoles syriennes ou les villes de seconde zone comme Douma ou Darayya ravivant le spectre de la discorde inter-communautaire.
Sujet: Re: Syrie - une guerre par procuration Dim 2 Fév 2014 - 21:16
" En Syrie, tous les équilibres religieux et politiques ont volé en éclats "
Henri Garabed | le 02.02.2014 à 11:00
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Citation :
La guerre civile syrienne est une arène impitoyable dans laquelle rivalisent grandes puissances et Etats rivaux de la région. Elle symbolise aussi la ruine des fragiles équilibres communautaires syriens. Directeur du Groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient à Sciences Po Lyon, le géographe Fabrice Balanche explore pour fait-religieux.com la situation des ces communautés, dont certaines sont clairement menacées dans leur existence même.
Comment évolue le conflit qui a éclaté il y a près de trois ans, en mars 2011 ?
Bachar El-Assad conserve le contrôle des points stratégiques et de la Syrie utile, c'est à dire l'axe Lattaquié-Tartous-Homs-Damas, jusqu'à la frontière jordanienne, malgré la persistance de poches rebelles dans cette bande de territoire. Le régime exerce son contrôle sur la majorité de la population syrienne. Un quart de la population lui échappe : les deux tiers sont sous le contrôle des groupes rebelles et un tiers sous celui des miliciens kurdes, alliés stratégiques du régime. Enfin, 15 à 20 % de la population se situe dans les zones disputées.
Le régime peut-il tenir sans le soutien du Hezbollah libanais ?
L'appareil militaire du régime syrien n'est pas intact, mais il fonctionne encore. Le régime ne manque ni de carburant, ni d'armes, ni de munitions. Son problème, ce sont les effectifs. Aux quelques milliers de déserteurs s'ajoute la méfiance du régime vis-à-vis d'une partie de l'armée, notamment dans les régiments de réservistes sunnites. Il s'appuie donc sur les minorités, alaouites, druzes et chrétiennes, dont il sait qu'elles lui seront fidèles. Pour toutes ces raisons, les combattants du Hezbollah sont indispensables au régime. Selon moi, il pourrait y en avoir entre 10.000 et 50.000 en Syrie.
Pourquoi le Hezbollah est-il à ce point impliqué ?
Le Hezbollah joue sa survie politique. Si le régime syrien tombe au profit d'une opposition sunnite, plus ou moins islamiste, il se retrouverait isolé au Liban, privé de son arrière-pays syrien et de sa continuité territoriale avec l'Iran via l'Irak. Les sunnites libanais, l'Arabie saoudite et les Etats-Unis pourraient tirer profit d'une telle opportunité pour l'éliminer. L'Iran a sans doute demandé au Hezbollah d'intervenir massivement en Syrie, parce que ce pays est la clé de son dispositif vers l'ouest. Si le régime de Bachar al-Assad tombe, c'est l'influence de l'Iran au Liban qui s'effondre.
Qu'en est-il des Kurdes ?
Les Kurdes tirent profit de cette situation pour faire progresser leur autonomie. Ils préfèrent un Bachar Al-Assad faible plutôt que des sunnites forts. Au début, certains clans voulaient s'allier à l'opposition tandis que d'autres préféraient un conseil national kurde indépendant. Finalement, les Kurdes ont complètement rompu avec l'opposition, concrétisant ainsi leur rapprochement stratégique avec le régime. C'est le PYD, la branche syrienne du PKK - le parti des travailleurs du Kurdistan, fondé en Turquie - qui s'est imposé au détriment du PDK - parti démocratique du Kurdistan, fondé en Irak mais syrien.
En décembre 2012, la Turquie a poussé les djihadistes à l'assaut des bastions kurdes syriens. Équipés d'armes lourdes, les combattants du Front al Nosra ont pénétré dans la ville-frontière de Ras Al-Aïn. Les Kurdes sont parvenus à les repousser. D'autres combattants djihadistes ont pénétré en Syrie via l'Irak. Ils voulaient s'emparer du village de Malkiyé, à l'extrême nord-est de la Syrie. Là encore, les Kurdes les ont repoussés et ont réussi à couper la route entre Mossoul, en Irak, et Hassaké en Syrie. Des renforts de combattants du PKK ont sans doute été nécessaires, de même que le soutien logistique de l'armée syrienne.
Combien y-a-t-il de Kurdes en Syrie et sur quels territoires ?
Les Kurdes contrôlent près de 5 % du territoire, essentiellement au nord-est du pays. Avant la guerre, ils représentaient environ 15% de la population, c'est-à-dire 3 millions de personnes. Difficile d'être plus précis, car il y a beaucoup de Kurdes, notamment à Damas, qui sont issus de mariages mixtes, pour lesquels l'identité se dissout. Ceci étant, avec cette crise, il y a un retour identitaire.
Comment évolue la situation des chrétiens ?
Les rebelles veulent chasser les chrétiens. C'est très clair, malgré les discours de dénégation. Il n'y a pas de bataillon chrétien dans l'ASL, l'Armée syrienne libre, contrairement à une grossière mise en scène véhiculée sur Internet. Les chrétiens issus des régions tombées aux mains des rebelles ont fui. Par exemple, les trois villages chrétiens de la campagne d'Idleb, dans le nord-ouest, ont été abandonnés. Autre exemple : au nord-ouest, près de Lattaquié, le village mixte arménien et alaouite de Aramo a été attaqué par le Front al Nosra et des bataillons soi-disant modérés de l'ASL. Il y a eu une centaine de morts et près de cent cinquante personnes enlevées, notamment des Arméniens. Mais qui en a parlé ? Plus au nord, la cité de Kessab, une enclave arménienne chrétienne avec une minorité alaouite, a été attaquée par des Turkmènes qui se battent au côté de l'ASL. Ils ont été repoussés par les milices d'autodéfense arméniennes. Au sud-est de Homs, le village de Sadad où vivaient trois mille chrétiens a été également attaqué par les rebelles. Des églises ont été profanées, des gens assassinés.
Globalement, parmi les chrétiens, certains défendent leur territoire en intégrant les milices de la défense nationale, d'autres soutiennent le régime de manière pacifique, mais tous savent que leur survie en Syrie dépend de son maintien. A Alep, une partie de la population arménienne est partie, vers la république d'Arménie et d'autres pays de la diaspora.
Dans l'est de la Syrie que reste-t-il des communautés chrétiennes ?
La moitié d'entre eux sont partis. On trouve encore des chrétiens dans les secteurs de Qamichli, Tel Tamar et Hassaké, dans le nord-est du pays. Dans cette dernière ville, il y a encore des combats, même s'il y a moins d'insécurité. Les évêques ont lancé des appels à l'aide parce qu'il n'y avait plus rien à manger. Les chrétiens s'exilent via le Kurdistan irakien et la Turquie. D'autres exilés chrétiens utilisent la ligne aérienne Qamichli-Lattaquié pour se rendre ensuite au Liban et au-delà. Les Assyriens chrétiens utilisent les réseaux existants pour partir vers la Suède. La question est de savoir si cette émigration est provisoire ou définitive. Cette dernière option est la plus probable. Les jeunes adultes et ceux qui ont des enfants ne reviendront pas. On note très clairement en ce moment une accélération de l'émigration chrétienne de Syrie.
Les alaouites ont-ils une diaspora ?
Beaucoup ont émigré dans le passé, notamment durant le mandat français puis dans les années 50 et 60. Ils sont partis en Amérique du Sud, au Brésil, en Argentine et au Venezuela. En Australie aussi. Ils ont suivi les réseaux chrétiens libanais et syriens vers ces destinations. C'était une émigration de pauvreté, avant la révolution baassiste des années 60. Depuis, en Syrie, ils bénéficient des largesses du régime et accèdent aux emplois publics et à l'armée.
Y a-t-il plus d'alaouites en Syrie ou à l'étranger ?
Les alaouites sont environ 2,3 millions en Syrie. En Turquie, ils sont quelques centaines de milliers dans la province du Hatay, l'ancienne Antioche, une région connue également sous le nom de golfe d'Alexandrette. Au Liban, ils sont 100.000. Au-delà, difficile de savoir. Les liens ont été coupés. Ils n'ont pas forcément conservé d'attaches avec le pays d'origine.
Les druzes sont-ils affectés par la guerre ?
Il s'agit d'une minorité turbulente. Ils se sont rebellés à l'époque du mandat français en 1924. Ils ont eu des accrochages avec les alaouites en 1967 avant d'être marginalisés. Au début de la crise syrienne, il y a eu des mouvements anti-Bachar Al-Assad en leu sein, puis les druzes ont été attaqués par les combattants d'Al-Nosra. Ils ont finalement accepté les armes du régime et se sont constitués en milices de quartier au sein de la défense nationale. Ils représenteraient 3 % de la population. Peut-être 700.000 autour de Soueïda, au sud, mais aussi à Damas et dans cinq villages d'un massif situé près d'Idleb. Dans ce secteur, ils ont donné des gages aux révolutionnaires, faute de choix.
Il existe aussi une communauté d'ismaéliens. Quel est leur place dans ce conflit ?
Les Ismaéliens, qui sont chiites, craignent l'islamisation des rebelles syriens. Ils comptent pour 1 % de la population, localisés dans le djebel Ansariyé et principalement à Salamiyeh à l'est de Hama. Ils ont participé au coup d'état baasiste, mais ont ensuite été éliminés parce qu'ils étaient perçus comme une opposition « communiste » au régime. Au début de la crise, ils ont manifesté pacifiquement à Salamiyeh contre le régime. Aujourd'hui, ils se sont constitués en milices de protection, tout comme les druzes.
Autre composante identitaire et religieuse : la communauté arabe sunnite. Comment réagit-elle ?
Dans le déroulement de cette crise, les Saoudiens et les Occidentaux ont complètement négligé la fragmentation des Arabes sunnites, qui représentent 65 % de la population. La grande bourgeoisie est du côté du régime. Elle a bénéficié de l'ouverture économique de ces vingt dernières années. Les commerçants et les industriels vouent de la haine aux rebelles qui ont pillé leurs usines à Alep et cassé la dynamique économique.
Un clivage très fort existe aussi entre ruraux et urbains. Alep en est l'exemple type. Les citadins installés depuis des siècles ont vu d'un très mauvais oeil l'arrivée en ville des rebelles de la campagne. L'ouest de la ville reste fidèle au régime tandis que les quartiers informels à l'est et au sud sont des zones rebelle, car c'est à cet endroit que se sont implantées les populations sunnites rurales dans les années 70.
Il faut enfin y ajouter un troisième clivage, entre séculiers et religieux. Les laïques ne veulent pas se voir imposer un mode de vie islamiste. Les soufis sont opposés aux nouveaux imams salafistes, formés en Arabie saoudite et revenus en Syrie avec des fonds et un réseau. Les premières manifestations, il y a trois ans, ont débuté dans les mosquées salafistes.
Comment peut évoluer cette guerre ? Faut-il craindre un scénario à la libanaise, une guerre de 15 ans ?
Au Liban, l'armée libanaise avait éclaté et des factions s'étaient constituées. En Syrie, l'Etat et l'armée n'ont pas éclaté. Tant que cela tient, la sortie de crise pourrait être plus rapide qu'au Liban. D'autre part, on n'est plus à l'époque de la guerre comme au Liban. Tout dépend de la capacité des Etats-Unis à faire entendre raison à l'Arabie saoudite et à la Turquie. Les Américains ont pris conscience du danger d'un Etat failli dans la région, avec une forte prédominance du djihadisme d'Al-Qaïda. Cette situation pourrait affecter la sécurité d'Israël et leurs intérêts énergétiques.