Paix en Afrique : La France fait partie du problème, pas de la solution
Publié le Jeudi 02 Janvier 2014 à 10:32
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michelcollon.com - Réunis à l’occasion d’une conférence, les associations Survie et Sortir du Colonialisme, et des militants maliens et tchadiens ont dénoncé l’organisation par la France du Sommet de l’Élysée sur la paix et la sécurité en Afrique à Paris les 6-7 décembre, au moment même du déclenchement d’une opération militaire en Centrafrique.
Il s’agit du premier Sommet France-Afrique organisé sous la présidence de François Hollande, qui a convoqué lui-même ce sommet, choisi son thème et décidé de l’organiser à Paris, dans un lieu aussi symbolique que l’Elysée. Difficile de voir les signes d’une quelconque rupture dans la politique africaine de la France, alors que dans la tradition des Sommets France-Afrique, la plupart des dictateurs africains du « pré-carré » francophone seront présents, y compris les plus infréquentables : le tchadien Idriss Déby (au pouvoir depuis 1990), Paul Biya (Cameroun, depuis 1982), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville, depuis 1979) ou encore Blaise Compaoré (Burkina Faso, depuis 1987).
A l’occasion de cette conférence de presse, Fabrice Tarrit, président de Survie a déclaré : « En 1998, lors d’un précédent sommet France-Afrique sur la sécurité, la France avait annoncé vouloir changer de pratiques en matière de coopération militaire. 15 ans plus tard, son armée est toujours bien positionnée en Afrique et la plupart des dictateurs de l’époque sont toujours en place. La France poursuit ses interventions militaires sans avoir dressé aucun bilan de ces opérations ni de leur impact réel sur la paix et la démocratie dans les pays concernés. Ce bilan serait, il est vrai, accablant".
Le porte-parole de Sortir du Colonialisme, Patrick Farbiaz, a rappelé que ce sommet intervient pendant la négociation d’une loi de programmation militaire qui, dans le prolongement du Livre Blanc sur la Défense, prévoit le renforcement de la capacité d’intervention des forces françaises sur le continent. « On assiste à une relégitimation de l’ingérence militaire française qui s’appuie sur une propagande autour d’opérations prétendument menées au nom des droits de l’Homme, mais qui servent en vérité les intérêts français », a-t-il ajouté.
Interrogé sur le positionnement en première ligne de la France dans le conflit en Centrafrique, le Président de Survie a rappelé que la France avait une responsabilité historique dans l’état de déliquescence de la Centrafrique. « Elle a installé ou destitué tous les chefs d’Etat que ce pays a compté. Elle a accueilli le dictateur Bozizé à l’Elysée en 2007 puis envoyé des troupes combattre à ses côtés à Birao en 2007 et 2008, au prix de nombreuses exactions. En 2010, malgré la déshérence de ce pays, de ses institutions et de son armée, elle a adopté un partenariat de Défense avec la Centrafrique. On ne peut pas prétendre être la solution quand on fait à ce point partie du problème. » Le représentant de Survie a également pointé les zones d’ombre entourant le « mandat » onusien de la France en Centrafrique. « Il est regrettable de voir la France écrire elle-même une résolution à l’ONU l’autorisant à intervenir militairement sous son propre uniforme et son propre commandement et déployer des troupes, sans attendre le vote de cette résolution, en utilisant des pays voisins comme le Cameroun comme base arrière. Les troupes africaines que la France est censée appuyer dans le cadre de la MISCA ont par ailleurs toutes en commun d’être issues d’une autre dictature du pré-carré (Congo-B ; Tchad, Gabon, Cameroun). »
Le positionnement du Tchad d’Idriss Déby dans le conflit en Centrafrique a été souligné par le bloggeur tchadien Makaila Nguebla. « Il a amené au pouvoir en 2003 le président François Bozizé et l’a destitué en 2013 en montant la rébellion de la Séléka. Des soldats tchadiens participent la force africaine en Centrafrique. Une mascarade que Hollande est en train de cautionner »,
Le cas du Mali illustre également cette nécessité d’aborder avec la plus grande méfiance les interventions militaires de la France. Selon le Pr Issa N’Diaye du Forum Civique Mali, « l’intervention militaire au Mali, initialement applaudie par la majorité des maliens, est de plus en plus remise en cause. Le rôle de la France et de la communauté internationale qui soustraient la ville de Kidal au territoire malien et imposent au Mali le MNLA comme interlocuteur unique dans les négociations sur le Nord Mali au détriment d’un processus incluant l’ensemble des communautés de la région, ainsi que le maintien d’une situation d’insécurité, sont en train de faire changer d’avis la population malienne. »
Par ailleurs, pour Issa N’Diaye « Le processus électoral imposé par la France sans consultation des Maliens eux-mêmes est à ce jour loin d’avoir apporté des solutions satisfaisantes en matière de renouvellement de la classe politique. »
Les associations ont également relevé les enjeux géostratégiques et économiques du Sommet France-Afrique, qui a été précédé par un événement organisé à Bercy par le Ministère des Finances et le MEDEF, ayant rassemblé 600 chefs d’entreprise. Des responsables politiques français y ont clairement exprimé le souhait de voir la France conquérir de nouveaux marchés en Afrique.
Malgré les promesses de changement, ce sommet, qui met en première ligne l’Elysée, l’Etat-Major et les entreprises, consolide ainsi clairement les piliers politique, militaire et économique de la Françafrique.
Egypte, Tunisie et Nigeria : 114 morts, week-end sanglant en Afrique
LUNDI 17 FÉVRIER 2014 / PAR MALICK HAMID
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Ce week-end a été sanglant en Afrique, avec son lot de morts. Au moins, 114 personnes ont été exécutées entre samedi et dimanche, en Tunisie, en Egypte et au Nigeria.
L’Afrique serait-elle le berceau de... la mort ? Tellement les populations y sont décimées. Si ce n’est pas en Libye, en RDC, au Soudan du Sud ou en Centrafrique, théâtre de violences et autres exactions, c’est au Nigeria, en Egypte ou encore en Tunisie où on enregistre des tueries. Ce week-eend, au moins 114 personnes ont té tuées.
Egypte : 4 morts et 14 blessés dans le Sinaï
Ce dimanche, une bombe visant un autobus de touristes sud-coréens a tué au moins quatre personnes, dans le Sinaï égyptien. L’Egypte venait ainsi d’enregistrer son premier attentat contre des étrangers, depuis que l’armée a destitué le Président islamiste Mohamed Morsi. L’attaque a été perpétrée au poste-frontière de Taba qui se trouve être une station balnéaire sur la frontière avec Israël. Cet attentat a également fait 14 blessées et n’a toujours pas été revendiquée. Le ministère de l’Intérieur a indiqué que le chauffeur égyptien figurait parmi les morts. Il a en outre ajouté que le véhicule transportait des touristes coréens.
Nigeria : 106 morts dans l’Etat de Borno
Le Nigeria a enregistré le plus lourd bilan de ce week-end sanglant. Au total, 106 habitants du village d’Izghe, dans l’Etat de Borno (nord-est du Nigeria), ont été tués par des hommes armés. Ces derniers sont soupçonnés d’appartenir au groupe Boko Haram. Selon le sénateur nigérian Ali Ndume, qui reprend des informations reçues d’Izghe, 106 personnes, dont une femme âgée, ont été tuées par les agresseurs, soupçonnés d’être des combattants de Boko Haram. Les assaillants se sont emparés du village. Ils ont pillé les commerces et magasins d’alimentation et ont chargé leur butin dans des véhicules d’habitants et se sont enfuis dans la brousse.
Tunisie : quatre morts dont 3 gendarmes
En Tunisie, des islamistes déguisés en agents des forces de sécurité ont tué quatre personnes, dont deux gendarmes. L’attaque a été commise dans la nuit de samedi 15 à dimanche 16 février 2014, près de la frontière avec l’Algérie. Le ministère de l’Intérieur a indiqué qu’une patrouille de la garde nationale s’était rendue sur place après avoir été informée qu’un groupe bloquait une route. A l’arrivée, quatre éléments terroristes ont ouvert le feu et ont tué deux agents pour en blesser deux autres. L’attaque a eu lieu samedi peu après minuit, à Awled Manna, dans la région de Jendouba.
Un total de 114 personnes tuées, entre la Tunisie, l’Egypte et le Nigeria, durant ce week-end sanglant. Ce qui dénote d’une violence sans précédent en Afrique où les attaques, attentats sont légion.