Sujet: Re: Les Eaux du Nil Ven 16 Avr 2010 - 12:01
L’Egypte au bord de la crise de l’eau
Le Caire refuse un nouveau plan de partage des eaux du Nil
Citation :
L’Egypte tient mordicus à son monopole sur le Nil. Les négociations entre les dix pays de l’Initiative du bassin du Nil (NBI), tenues mardi à Char Al-Cheikh, ont buté sur le refus du Caire d’un nouveau plan de partage de l’eau du fleuve. L’Égypte dispose, en vertu d’un accord conclu avec la Grande-Bretagne en 1929, de la moitié du débit du Nil. Un privilège qu’elle entend préserver coûte que coûte.
L’Égypte ne veut absolument pas entendre parler d’un nouveau plan de partage de l’eau avec les autres pays riverains du Nil. Les négociations entre les dix pays de l’Initiative du bassin du Nil (NBI), dont les ministres en charge de l’eau étaient réunis mardi dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, ont mis au jour les profondes divisions qui minent les relations entre les États de l’aval et ceux de l’amont du fleuve.
L’Égypte rejette un accord-cadre qui remet en cause son monopole sur le Nil, et que le NBI avait peaufiné lors de le réunion de mai 2009 à Kinshasa. Le ministre égyptien de l’Eau et de l’Irrigation, Mohammed Nasreddin Allam, a d’ailleurs annoncé la couleur avant même le début des discussions en affirmant que son pays n’entendait rien céder sur son quota de 55,5 milliards de mètres cubes d’eau par an, une part qui représente la moitié du débit du Nil. Le Caire exige entre autres de disposer d’un droit de veto sur tout nouveau projet d’irrigation émanant des autres États ainsi que l’application du principe d’unanimité dans les prises de décision, sinon son « droit historique » sur le Nil se verrait menacé.
Une affaire de sécurité nationale
L’Egypte s’agrippe en fait à un accord conclu avec la Grande-Bretagne en 1929 au nom de ses colonies d’Afrique de l’Est, et à un autre passé avec le Soudan en 1959 et qui fixe la part de ce dernier à 18 milliards de mètres cubes des eaux du fleuve. Depuis des années, les huit autres pays du NBI réclament sans succès un partage plus équitable. La situation semble vouée à l’impasse. Au terme de 14 heures de discussions houleuses, les représentants du Burundi, de la République démocratique du Congo, de l’Ethiopie, du Kenya, du Rwanda, de la Tanzanie et de l’Ouganda ont annoncé qu’ils allaient procéder à la signature de l’accord-cadre d’ici le mois de mai, même si l’Égypte et le Soudan refusent d’y adhérer.
Hani Raslan, directeur de la unité Soudan et Bassin du Nil au Centre des études stratégiques d’Al-Ahram, estime, sur la radio hollandaise RNW, que « les pays de l’amont ne devraient pas reprocher à l’Égypte son monopole sur le Nil car le fleuve représente 95% des ressources hydrauliques du pays » alors que les autres régions riveraines « disposent de pluies abondantes qui leur suffisent amplement ».
L’Égypte refuse également toute idée d’arbitrage international sur la question. « Nous disposons de cartes diplomatiques, juridiques et beaucoup d’autres moyens pour faire valoir notre droit. Et nous ferons tout ce qui est en notre pourvoir pour défendre nos intérêts ainsi que notre sécurité nationale », menace Hani Raslan. Le Nil est une affaire plus que sérieuse pour l’Égypte. En 1979, le président Anwar Sadate avait déjà prévenu : « l’eau est le seul mobile qui pourrait conduire l’Égypte à entrer de nouveau en guerre. »
Syndrome du "grand israël" ou comment Tel-Aviv sème la zizanie - 28 Avril 2010
Israël, qui a toujours convoité le Nil, est en grande partie à l’origine de la crise actuelle entre l’Egypte et les pays riverains.
Aliaa Al-Korachi - Al-Ahram/hebdo
Citation :
Cherchez Israël ». Un Etat qui est derrière tous les maux de l’Egypte. C’est l’acteur caché, le provocateur qui incite et enflamme aujourd’hui les pays du Bassin du Nil pour annuler les accords déjà conclus. Le mot Nil occupe une place privilégiée dans la pensée israélienne et dans sa doctrine. Voire, certains estiment que les deux barres bleues qui forment le drapeau israélien représentent l’une le Nil et l’autre l’Euphrate. Et on parle aussi que sur la façade même de la Knesseth, il est écrit « Etat d’Israël du Nil à l’Euphrate ». C’est l’étendue du projet expansionniste du Grand Israël envisagé par l’Etat hébreu depuis sa création.
L’eau est un besoin vital pour assurer la survie de l’Etat hébreu qui souffre d’aridité et de rareté des sources d’eau. Le Nil est alors son point de mire, notamment qu’il est le plus proche d’Israël. Alors pour y parvenir, il sème la zizanie parmi les pays africains pour qu’ils fassent pression sur l’Egypte et la dépossédent de sa part historique de l’eau du Nil. Un danger dont l’Egypte est bien consciente. « Israël n’hésitera pas à conseiller l’Ethiopie de construire des barrages sur le Nil », met en garde le ministre égyptien de l’Irrigation, Mohamad Nasr Allam.
La carte gagnante d’Israël, c’est sa relation forte avec l’Ethiopie qui contrôle le Nil Bleu. Il suffit à cet égard de savoir que 80 % de l’eau qui coule au Caire provient du Nil Bleu, dont la source est en Ethiopie. Mais les relations autant économiques que diplomatiques israéliennes avec d’autres pays africains sont solides et ne manquent pas d’être une source de danger, comme le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie. En fait, le débat autour d’un partage équitable de l’eau du Nil s’est tellement animé après la dernière tournée du ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, dans ces pays, source du Nil, en septembre dernier.
Selon les analystes, c’était une tournée qui a marqué une montée en puissance de l’Etat hébreu dans le continent noir. Cibler ces pays d’où partent les sources du Nil n’est pas du tout une simple coïncidence. Les journaux israéliens révèlent bien l’affaire. Lieberman a été accompagné par des économistes et des spécialistes dans le domaine de l’industrie de l’armement et du commerce, de l’aviation, de la marine, de l’énergie, des communications et de l’agriculture. Lieberman a discuté des questions de l’eau et de l’agriculture avec ces Etats. Une visite qui a engendré, dès sa fin, des prises de positions africaines contre l’Egypte.
On a commencé à entendre des déclarations hostiles de la part des dirigeants africains. On lit dans les journaux kényans : « C’est une honte que l’aide vienne d’un pays désertique comme l’Egypte, qui utilise les eaux du Nil dont la source émane du Lac Victoria, qui appartient au Kenya, à l’Ouganda et à la Tanzanie ». Le quotidien éthiopien Jima Times, lui, a souligné : « Israël peut aider les Etats africains à utiliser les eaux du Nil contre le fait de concéder la moindre part, ce qui affectera la part de l’Egypte ».
Israël ultra présent
En fait, les domaines de la coopération africo-israélienne sont multiples et dans de différentes aspects. Au niveau hydraulique, Tel-Aviv a participé à la construction de 3 barrages en Ethiopie et des installations hydroélectriques sur le Nil Bleu, et trois autres en Ouganda, au Congo et Ghana. Ainsi qu’un traité d’irrigation avec l’Ouganda depuis 2000. Il présente même des aides techniques et des études dans le domaine de l’irrigation et de l’agriculture pour ces pays.
Selon Emad Gad, chercheur au Centre d’Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, c’est l’absence égyptienne, voire la négligence, mettant à l’écart tout rôle moteur, notamment durant l’époque nassérienne, qui a laissé la porte grande ouverte devant l’intervention israélienne pour s’incruster en Afrique. Et d’ajouter : « Israël a bien étudié le dossier africain et les besoins de ces pays pour mener son jeu. Il est devenu aujourd’hui difficile de mettre fin à ce rôle d’Israël qui est devenu le principal allié des pays africains. Il y a une connivence totale entre Israël et les pays africains ».
Dès Théodore Hertzel
Les tentatives israéliennes pour obtenir l’eau du Nil ont commencé en 1903. Théodore Hertzel, fondateur du mouvement sioniste, a présenté aux autorités britanniques un projet d’implantation des juifs au Sinaï et le transfert de l’eau du Nil vers cette partie. L’idée fut abandonnée après la première guerre mondiale. En 1974, un autre projet présenté, connu par le nom de son ingénieur Eliasha Kalli, proposait le transfert de 840 millions de m3 par an à Israël à travers le lac d’Ismaïliya.
Et quand Anouar Al-Sadate a proposé, en 1979, le « canal de la paix », promettant à Israël de l’eau en échange de la restitution de Jérusalem Est ... Begin a répondu : « Si l’eau du Nil signifie que nous devons abandonner Jérusalem, nous n’en voulons pas ». Aujourd’hui s’ajoute un autre scénario : la possible sécession, en janvier prochain, du Sud-Soudan que soutiennent Israël et l’Amérique. Ce nouveau pays va contrôler les eaux du « Bahr Al-Ghazal », un des grands affluents du Nil, et pourrait changer la direction de son écoulement.
Al-Ahram/hebdo - Semaine du 28 avril au 4 mai 2010, numéro 816 (Evènement)
Sujet: Re: Les Eaux du Nil Jeu 29 Avr 2010 - 11:52
Citation :
Et quand Anouar Al-Sadate a proposé, en 1979, le « canal de la paix », promettant à Israël de l’eau en échange de la restitution de Jérusalem Est ... Begin a répondu : « Si l’eau du Nil signifie que nous devons abandonner Jérusalem, nous n’en voulons pas ». Aujourd’hui s’ajoute un autre scénario : la possible sécession, en janvier prochain, du Sud-Soudan que soutiennent Israël et l’Amérique. Ce nouveau pays va contrôler les eaux du « Bahr Al-Ghazal », un des grands affluents du Nil, et pourrait changer la direction de son écoulement.
Espérons que ce projet diabolique ne sera jamais réalisé car il menacerait la paix dans cette région.
L’Egypte devrait se résoudre à un partage équitable des eaux du Nil - 08 Mai 2010
Entretien avec Barah Mikaïl, chercheur en géopolitique de l’eau
Citation :
L’Egypte a réitéré en début de semaine son rejet d’un nouveau plan de partage des eaux du Nil. Des négociations entre les dix pays de l’Initiative du bassin du Nil (NBI), tenues le 13 avril dernier à Charm Al-Cheikh, avaient buté sur le refus du Caire de revoir sa part du fleuve à la baisse. L’Égypte exploite, en vertu d’un accord conclu avec la Grande-Bretagne en 1929, la moitié du débit du Nil. Selon Barah Mikaïl, chercheur à l’Institut de Relations internationales et stratégiques (IRIS), l’Egypte aurait tout à gagner à changer d’attitude. Explications.
Sujet: Re: Les Eaux du Nil Mer 12 Mai 2010 - 11:32
Partage des eaux du Nil: vers une nouvelle guerre de l'eau? - 12 Mai 2010
De Ben SIMON (AFP) – Il y a 20 heures
Citation :
KAMPALA — Sept pays d'Afrique de l'Est se réunissent vendredi à Entebbe (Ouganda) pour signer un nouvel accord sur le partage des eaux du Nil, malgré l'opposition de l'Egypte et du Soudan qui rejettent ce projet au nom de leurs "droits historiques" sur le fleuve.
"Nous allons lancer la signature (de l'accord)", a indiqué à l'AFP la ministre ougandaise de l'Eau, Jennifer Namuyangu Byakatonda.
L'Ethiopie, la Tanzanie, l'Ouganda, le Kenya, la RDCongo, le Rwanda et le Burundi doivent parapher ce nouveau traité, qui assurerait un partage plus équitable des eaux du plus grand fleuve d'Afrique, selon ces signataires.
"Les pays qui estiment ne pas pouvoir le signer maintenant, mais qui seront prêts à le faire plus tard, auront un délai d'un an", a expliqué à l'AFP Mme Byakatonda, en référence à l'Egypte et au Soudan, pourtant les deux principaux consommateurs des eaux du Nil.
Long de près de 6.700 km, le Nil est issu de la rencontre du Nil Blanc, qui prend sa source au lac Victoria (Ouganda, Kenya, Tanzanie), et du Nil bleu, dont l'origine est le lac Tana, en Ethiopie.
Les deux fleuves se rejoignent à Khartoum, capitale du Soudan, puis traverse toute l'Egypte pour se jeter en un immense delta dans la Méditerranée.
Egypte et Soudan ont longtemps eu la main sur cette immense ressource: le traité actuel de partage des eaux, élaboré en 1929 par le colonisateur britannique, puis amendé 30 ans plus tard, attribue des quotas très favorables à l'Egypte (55,5 milliards de m3) et au Soudan (18,5 mds), soit au total 87% du débit du fleuve.
Il octroie en outre au Caire un droit de veto sur tous les travaux susceptibles d'affecter le débit du fleuve.
L'Ethiopie, la Tanzanie, l'Ouganda, le Kenya et la RDC contestent cette répartition, sur fond d'enjeux stratégiques et rivalités géo-politiques.
Menées péniblement depuis dix ans, les négociations entre les neufs pays du bassin du Nil ont finalement abouti à la mi-avril à un projet d'accord, immédiatement rejeté par l'Egypte.
Le Caire et Khartoum craignent que leur approvisionnement en eau ne soit drastiquement réduit avec le nouvel accord cadre, qui prévoit de nombreux projets d'irrigations et de barrages hydro-électriques dans les pays en amont du fleuve.
"Le débit du fleuve ne sera pas affecté" par les futurs canaux d'irrigation, assure un expert participant à la réunion de vendredi. En revanche, "la construction de barrages est un clair point de contentieux, cela peut réduire sévèrement le volume" du fleuve, reconnaît ce spécialiste, sous couvert d'anonymat.
L'Egypte (dont l'essentiel des ressources en eaux provient du Nil) refuse toute atteinte à ce qu'elle considère comme "ses droits historiques" sur les eaux du Nil.
Le Caire estime que les pays d'Afrique centrale bénéficient de pluies abondantes, dont une grande partie inutilisée, pourrait être mieux exploitée.
L'Egypte favorise toujours les négociations pour parvenir à un accord, selon son chef de la diplomatie, Ahmad Aboul Gheit. Mais "au cas où certains pays signeraient un accord qui ne fait pas l'objet de consensus, nous insisterons sur le respect de la loi internationale", a-t-il souligné.
"Les négociations sont terminées, les termes (du projet d'accord actuel) ne seront pas changés", prévient la ministre ougandaise, qui déplore la volonté de l'Egypte et du Soudan de maintenir le statu quo.
Mais l'Egypte et le Soudan "auront la preuve de notre honnêteté et de notre sérieux", promet Mme Byakatonda. "Nous gardons en tête que nous ne devons pas heurter" ces deux pays. "Le Nil est leur vie".
Sept pays d’Afrique de l’Est se réunissent à Entebbe pour un nouveau partage des eaux du Nil
Par RFI 14 Mai 2010
Citation :
Après des années de vaines négociations, sept pays d'Afrique de l'Est se réunissent ce 14 mai à Entebbe, en Ouganda, pour signer un nouvel accord sur le partage des eaux du Nil, malgré l'opposition de l'Egypte et du Soudan qui rejettent ce projet au nom de leurs « droits historiques » sur le fleuve. L'Ethiopie, la Tanzanie, l'Ouganda, le Kenya, la République démocratique du Congo, le Rwanda et le Burundi doivent parapher ce nouveau traité, qui assurerait un partage plus équitable des eaux du plus grand fleuve d'Afrique, selon les signataires.
L’Ouganda s’apprête à remettre en cause ce 14 mai à Entebbe, l’un des plus anciens et des plus importants traités qui concernent le continent africain. En 1929, le colonisateur britannique avait garanti à l’Egypte un quasi monopole sur l’exploitation des eaux du Nil. Un traité étendu plus tard au Soudan.
Mais ces traités ont commencé à être contestés dans les années 1990, par les pays situés en amont du fleuve qui sont tous confrontés à des taux de natalité inquiétants et qui ont détruit une partie de leurs forêts ces dernières années. Le Kenya, l’Ouganda, l’Ethiopie et la Tanzanie sont à la tête de cette contestation sur le partage des eaux du Nil.
Pour éviter que les tensions dégénèrent, les dix pays qui partagent le bassin de ce fleuve immense avaient décidé en 1999, de créer l’initiative du bassin du Nil, financée par la Banque mondiale. Mais cette initiative n’est pas parvenue à créer une conscience commune.
Pour l’Egypte et le Soudan, le Nil est une trachée artère. Si on la coupe, ils meurent. Pour les pays situés en amont, le Nil constitue avant tout une source d’énergie. Ils espèrent en cassant l’accord de 1929, pouvoir y multiplier les barrages électriques.
Sujet: Re: Les Eaux du Nil Sam 15 Mai 2010 - 19:41
L’Egypte rejette l’accord d’Entebbe sur un nouveau partage des eaux du Nil - 15 Mai 2010
Citation :
APA-Le Caire (Egypte) Les autorités égyptiennes considèrent que les accords signés par certains Etats du Bassin du Nil pour un nouveau partage des eaux du Nil sont illégaux et non contraignants, affirmant qu’elles prendront toutes les mesures juridiques et diplomatiques nécessaires pour protéger les droits historiques du pays sur les eaux du grand fleuve.
Sujet: Re: Les Eaux du Nil Lun 17 Mai 2010 - 22:16
L'Égypte menace de faire la guerre pour les eaux du Nil
Quatre pays africains, riverains du fleuve, ont décidé de revoir le partage de ses ressources hydrauliques.
Citation :
L'Égypte le redoutait. C'est arrivé. Au bout de dix ans de négociations, quatre pays africains riverains du Nil ont conclu seuls un accord pour se partager les eaux du fleuve nourricier, sans lequel l'Égypte ne serait qu'un vaste désert. Réunis à Entebbe, en Ouganda, l'Éthiopie, le Rwanda, la Tanzanie et l'Ouganda, qui demandaient en vain à l'Égypte de participer aux négociations, ont signé vendredi un texte créant une commission chargée de gérer les projets d'irrigation, canaux ou barrages, sur la totalité des 6 700 km du Nil. Le Kenya devrait prochainement les rejoindre.
La commission, qui aura droit de veto sur toute infrastructure concernant le Nil, devrait être basée à Addis-Abeba, la capitale de l'Éthiopie, puissance régionale. Une injure supplémentaire pour Le Caire, qui a aussitôt rejeté l'accord, avec des intonations martiales. «Les droits historiques de notre pays restent une ligne rouge», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit. Le ministre de l'Eau, Mohammed Allam, assure que l'Égypte «se réserve le droit de prendre toutes les mesures», évoquant ainsi la perspective d'une guerre de l'eau.
Pour Le Caire, il s'agit d'une question vitale. Les 80 millions d'Égyptiens reçoivent du Nil 90% de leurs ressources en eau. Un rapport officiel prévoit néanmoins un déficit pour 2017. Le gouvernement égyptien s'appuie sur le droit international. Un texte de 1959 réserve la part du lion à l'Égypte, avec 55 milliards de mètres cubes, et au Soudan, le pays où se rejoignent le Nil Blanc et le Nil Bleu, avec 18,5 milliards de mètres cubes. À eux deux, l'Égypte et le Soudan, qui a lui aussi rejeté l'accord d'Entebbe, trustent 87% de l'eau du Nil.
C'est cet arrangement que les quatre pays riverains veulent réformer. «L'eau du Nil appartient à tous les pays, pas à un petit nombre», a déclaré le ministre des Ressources hydrologiques éthiopien. L'Éthiopie, 85 millions d'habitants, abrite la source du Nil Bleu (85 % du débit) dans le lac Tana, et l'Ouganda, 31 millions d'âmes, celle du Nil Blanc dans le lac Victoria. Ces deux pays cherchent à se développer. L'Éthiopie a décidé de devenir le principal exportateur d'électricité en Afrique de l'Est. L'Initiative du bassin du Nil (IBN), jusqu'ici compétente, gère 22 projets de canaux ou de barrages.
Les dirigeants égyptiens essaient de se rassurer en espérant que les États dissidents auront du mal à trouver des capitaux. C'est compter sans la Chine, qui finance déjà de nombreux chantiers et agira selon ses intérêts.
Facteur d'inquiétude supplémentaire pour Le Caire, l'accord controversé a été signé à huit mois du référendum de janvier 2011, qui risque d'entériner la sécession de la partie sud du Soudan, où transite le Nil Blanc. Or l'Éthiopie et l'Ouganda figurent parmi les alliés historiques de l'ancienne guérilla du Sud, futur gouvernement de l'éventuel nouvel État. Ce n'est pas une bonne nouvelle, entre autres, pour le chantier du canal de Jonglei, situé au Sud-Soudan et toujours en panne malgré la fin de la guerre civile Nord-Sud en 2005. L'Égypte compte beaucoup sur ce projet, qui devrait améliorer le débit du Nil Blanc.
Le Caire peut-il pour autant mettre ses menaces à exécution ? En réalité, on voit mal l'armée égyptienne se lancer dans des expéditions contre des pays lointains et disposant de forces aguerries. La guerre de l'eau n'aura sans doute pas lieu. «L'Égypte devra probablement négocier et perdre au passage une partie de son prestige et de son influence dans la région», estime Sophie Pommier, consultante spécialiste de l'Égypte.
Sujet: Re: Les Eaux du Nil Mer 19 Mai 2010 - 23:49
Hind-mk3 a écrit:
Sur quoi va déboucher cette histoire ?
voici un élément de réponse :
Le Kenya signe finalement le pacte sur le fleuve du Nil
Citation :
APA-Nairobi (Kenya) Le Kenya a ratifié mercredi le projet destiné à libéraliser l’utilisation des ressources du fleuve Nil en vue de contribuer à sa mise en œuvre devenant ainsi le cinquième pays signataire sur les neuf états membres.
Le ministre kenyan de l’hydraulique et de l’irrigation a paraphé le pacte au nom de son gouvernement, alors que l’Egypte et le Soudan ont désapprouvé le projet.
L’Ethiopie, l’Ouganda, la Tanzanie et le Rwanda se sont prononcés en faveur de l’initiative en marquant leur accord la semaine dernière en Ouganda.
S’exprimant à Nairobi, M. Ngilu a minimisé les menaces proférées par l’Egypte qui a l’intention de dissuader les bailleurs de fonds de financer les projets connexes à la valorisation du fleuve Nil.
L’Egypte, qui est presque entièrement dépendante des eaux du Nil, a annoncé que le nouvel accord manque de légitimité, soulignant qu’il « reflète seulement les visions des sept états membres ».
Les négociations en vue de trouver un accord ont été enclenchées en 1997, mais elles ont accusé du retard à cause de l’Egypte et du Soudan qui se sont opposés à l’article 14 (b) qui porte atteinte à leurs droits historiques leur permettant d’exploiter en toute légitimité les eaux du Nil.