Sujet: Re: Les Eaux du Nil Dim 23 Mai 2010 - 16:40
Partage des eaux du Nil: l'Egypte inquiète face à un isolement croissant
(AFP) – 23 mai 2010
Citation :
LE CAIRE — L'Egypte, de plus en plus inquiète, cherche à rompre un isolement croissant face aux Etats africains qui viennent de signer un nouvel accord sur les eaux du Nil, vu au Caire comme une "condamnation à mort" du pays.
Longtemps sûre de son bon droit garanti par des traités de 1929 et 1959 lui assurant la part du lion, l'Egypte fait face à la fronde de cinq pays -Ethiopie, Ouganda, Rwanda, Tanzanie, Kenya- qui ont paraphé ces derniers jours un accord séparé sur l'utilisation des eaux, plus favorable à leurs intérêts.
Le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi a affirmé jeudi qu'il n'entendait pas reculer, et a appelé Le Caire à faire des concessions.
"Certains en Egypte ont des idées dépassées selon lesquelles les eaux du Nil leur appartiennent (...) Les circonstances ont changé, et pour toujours", a-t-il déclaré à la chaîne arabe Al-Jazira.
L'Egypte, 80 millions d'habitants, tire du Nil environ 90% de son eau. Le pays prévoit que, même en conservant les accords actuels, le fleuve ne suffira plus à ses besoins à partir de 2017.
Sujet: Re: Les Eaux du Nil Dim 23 Mai 2010 - 23:07
Moubarak et deux dirigeants africains discutent du bassin du Nil au Caire - 23 mai 2010
Citation :
LE CAIRE (AP) — Le président égyptien Hosni Moubarak a reçu dimanche au Caire son homologue congolais et le Premier ministre kenyan pour discuter de la crise sur le partage des eaux du Nil entre les dix pays riverains.
Selon l'agence officielle MENA, l'Egypte entend peser avec précaution sa réponse à un accord paraphé par cinq pays du bassin du Nil, qui pourrait affecter la position de l'Egypte, pays d'embouchure et qui dispose actuellement, avec le Soudan, de quotas largement majoritaires.
Initialement, Le Caire avait refusé en bloc l'accord signé au début du mois de mai par cinq pays de l'amont (Ethiopie, Kenya, Ouganda, Rwanda et Tanzanie), affirmant qu'il ne protégeait pas les droits "historiques" de l'Egypte.
Samedi, le chef de la diplomatie égyptienne Ahmed Aboul Gheit avait expliqué que des pourparlers étaient en cours pour déterminer si l'Egypte restera à l'écart de cet accord. Les Egyptiens estiment que le texte peut encore être amendé, et qualifient la question des eaux du Nil de "ligne rouge", vitale pour leur sécurité nationale.
Les droits "historiques" mis en avant par Le Caire remontent à un accord signé en 1929 entre l'Egypte et la Grande-Bretagne au nom de ses colonies africaines, très favorable à l'Egypte. L'Egypte et le Soudan ont depuis passé un accord en 1959 entre elles, contesté depuis par les autres pays riverains du Nil.
Les discussions pour tenter de régler la question durent depuis lors, avec notamment la création en 1999 de l'''Initiative du Bassin du Nil" (NBI), partenariat régional cherchant à promouvoir un partage plus équitable des eaux du fleuve.
C'est dans ce contexte que le président Moubarak a reçu son homologue Joseph Kabila et le Premier ministre kenyan Raila Odinga, pour aborder officiellement des questions de coopération "en matière d'irrigation et d'agriculture".
Le nouvel accord pose les bases d'une gestion coopérative des ressources en eau, et ouvre la voie à l'établissement d'une Commission permanente pour le Bassin du Nil.
La République démocratique du Congo et le Burundi ont fait savoir qu'ils le soutiendraient mais ne l'ont pas encore signé. Outre l'Egypte, le Soudan a rejeté l'accord, l'Erythrée n'ayant pas pris clairement position.
La NBI comprend le Burundi, la République démocratique du Congo, l'Egypte, l'Erythrée, l'Ethiopie, le Kenya, le Rwanda, le Soudan, la Tanzanie et l'Ouganda. AP
Sujet: Re: Les Eaux du Nil Dim 13 Juin 2010 - 21:48
Ethiopie et Nil - 13 juin 2010
Le développement du cours amont du Nil est probablement la grande affaire de cette région de l'Afrique, bien plus importante pour les acteurs régionaux que les bagarres en Somalie, les démêlés au sud-Soudan ou la bande de Gaza.
Citation :
1/ En effet, l'Éthiopie est en train d'aménager le cours supérieur du Nil (voir article ici). Au grand dam de l'Égypte (surtout) et du Soudan, qui revendiquent des droits "historiques" sur le fleuve et dénoncent cet aménagement jugé presque hostile.
2/ On retrouve là l'asymétrie qui existe entre les pays amonts et les pays avals (exposée dans ce billet). D'autant plus vive que l'Éthiopie, à la suite de la sécession de l'Érythrée, est devenue un pays enclavé.
3/ En fait, l'Éthiopie parie sur l'énergie hydroélectrique. Ces grands projets se déroulent à marche forcée, car le pouvoir, issu d'une rébellion marxiste tigréenne, est un des moins corrompus d'Afrique (comme quoi, le marxisme a du bon, parfois) et les projets arrivent à leur terme, surtout que la Chine les finance. On s'attend donc à voir l'Éthiopie exportatrice d'électricité à moyen terme. Le château d'eau de l'Afrique aurait les moyens de son développement.
4/ Mais cela remet en question les accords traditionnels de gestion de l'eau du Nil, qui dataient des Britanniques : l'Égypte utilisait 3/4 des eaux, le Soudan un quart. Mais les autres pays ont entamé une négociation pour un nouveau partage : Éthiopie, Kénya, Ruanda, Ouganda et Tanzanie sont d'accord. La RDC et le Burundi hésitent. Or, les projets éthiopiens, les plus aboutis, ne menacent pas vraiment l'exploitation du NIil : il ne s'agit pas de consommer l'eau à des fins d'irrigation, mais de la stocker avant de la reverser.
5/ En fait, l'Égypte gaspille beaucoup plus d'eau dans le barrage Nasser que ce que pompent les pays amonts. Mais l'Égypte est un enfant du Nil et en dépend tellement que la question lui est absolument essentielle. On comprend que pour Le Caire, ce qui se passe au sud a énormément plus d'importance que ce qui se passe au nord-ouest, du côté de Gaza et au-delà.
6/ Toutefois, l'inquiétude ne réside pas dans l'aménagement du haut-Nil, mais dans les éventuels projets soudanais : on peut en effet pronostiquer la volonté soudanaise de développer des irrigations, ce qui poserait, cette fois, la question des ressources d'eau. Souvenons-nous que la question du Darfour fut aussi provoquée par des assèchements de culture provoquant des compétitions accrues de populations sur des ressources se raréfiant : Khartoum pourrait tout à fait estimer qu'elle "peut" exploiter l'eau pour résoudre les besoins de sa population. Au risque de troubles avec le voisin du nord. Surtout si le sud-Soudan fait sécession, et que le nord doit retrouver un projet national.....
Sujet: Re: Les Eaux du Nil Mar 15 Juin 2010 - 18:03
Quand le monde arabe s'éveillera
11 Juin 2010 Par voiceless
voice Le moins qu'on puisse dire aujourd'hui c'est l'absence du monde arabe sur la scène internationale. Certains pays sont riches et peu savent bien gérer leur richesse. D'autres sont pauvres et l'assument pour y rester. Tous sont en conflit permanent : en intra, en inter et en extra. D'aucuns pensent que le monde arabe est foutu et bon nombre de puissances agissent en conséquence.
Citation :
La Chine veut bien conclure des accords stratégiques avec le monde arabe mais selon ses conditions. Elle a refusé de noter une reconnaissance franche des droits palestiniens dans l'accord final. La Turquie invoquait bien la ligue arabe (avec ses membres aussi divisés qu'incompétents) pour signer des accords de coopération économique. C'est significatif un seul pays commande des représentants (illégitimes) de 300 millions de personnes. L'Egypte a cessé de l'être en jouant un rôle fonctionnel pour les US. Ses décideurs, pour la plupart des hommes d'affaires, sont enclins à tout sacrifier pour leurs intérêts privés. Des pays africains ont même osé défier ce grand pays arabe en prenant des décisions sur le partage des eaux du Nil sans l'associer ou même l'informer. Les US ont ordonné aux régimes arabes, lesquels tirent leur légitimité plus de l'extérieur que de leurs peuples, de considérer que l'ennemi number-one est l'Iran et de s'équiper (en important des équipements chers et inutiles) en conséquence. Et puis last but not least, les pays arabes ont demandé à l'AEIA de prendre en considération l'arme nucléaire d'Israël, pour se faire gronder lamentablement par les protecteurs de ce pays "never-accountable".
Le paysage arabe est désastreux et l'est encore plus lorsque les régimes en place (tous des représentants des puissances extérieures) le savent et l'assument ouvertement. C’est cependant ignorer ce qui se passe dans cette partie du monde que de conclure de la sorte. Certains Occidentaux le savent bien et c'est pour cela qu'ils se focalisent beaucoup sur ce monde. Ils y ont instauré une situation de désordre-créateur où on ne voit que des tensions, des guerres et des menaces. Mais l'histoire nous a appris que cela ne peut pas perdurer. La solution magique pour les peuples arabes est la disparition de ces régimes soutenus par le monde dit libre. Cela enclenchera le début d'un réveil qui évoluera dans la douleur (la fin de ces régimes peut générer d'autres régimes aussi sinon plus sanguinaires) et le reste du monde y sera invité. Les peuples arabes sont galvanisés et attendent le moment pour opérer des révolutions non seulement contre ces régimes injustes mais également contre la présence (militaire et d'espionnage) des puissances extérieures. Il y a des réveils doux qui s'inscrivent dans la durée. Celui des arabes sera brusque, brutal et aussi désastreux... pour toute la planète.
«La cause de la prochaine guerre au Proche-Orient, ce ne sera pas le pétrole, mais l'eau».
Boutros Ghali, ancien secrétaire général des Nations unies, n'est pas le seul à exprimer ce genre de crainte. Depuis l'époque des pharaons, les Egyptiens revendiquent le droit d'utiliser les eaux du Nil à leur profit exclusif. Il est vrai qu'aujourd'hui la quasi-totalité des 60 millions d'Egyptiens vivent dans l'étroite vallée du fleuve