Y a-t-il moyen de renouveler les contrôles liés au personnel? «Cela se pratique sous la forme de sondages: on prend quelques employés au hasard, un peu comme on contrôle les cyclistes à l’arrivée d’une étape du Tour de France», indique Eric Denécé. Selon la presse dominicale, l’informaticien du SRC arrêté en mai devait être soumis à de nouveaux entretiens au printemps 2012.

Enfin, poursuit l’expert français, il s’agit de bien sécuriser les lieux. «Il ne s’agit pas de fouiller les gens au corps à la sortie du bureau! En revanche, tout est fait pour rendre impossible la copie de documents sur une clé USB ou un disque dur. Mais contre un informaticien qui sait contourner ces obstacles, vous ne pouvez rien faire!»

«Amateurisme»

En annonçant qu’il gardait une «confiance absolue» dans ses services, Ueli Maurer irrite la classe politique. Membre de la commission de la politique de sécurité du National, l’écologiste vaudois Christian van Singer tire un parallèle avec l’affaire du Gripen, l’avion de combat très controversé que le ministre de la Défense propose d’acquérir malgré tout. «Il continue à nous dire qu’on a la meilleure armée du monde, les meilleurs services secrets du monde, mais on se rend bien compte que ça ne correspond pas tout à fait à la réalité.»

Christian van Singer convient volontiers qu’une telle affaire de données volées, «ça peut arriver partout». Ce qui est «grave» à ses yeux, c’est qu’«Ueli Maurer et son département continuent à faire preuve d’amateurisme» dans la gestion de ce genre de crises. I

Contrôlés tous les cinq ans

A quoi se rapportaient les données sensibles qui ont été dérobées en mai 2012 au siège du Service de renseignement de la Confédération (SRC) à Berne? Et comment cet employé, qui était en bisbille avec sa hiérarchie, a-t-il pu conserver l’accès à toutes les données sensibles, puis emporter des disques durs dans un sac à dos? Hier soir, le Département fédéral de la défense (DDPS) refusait de répondre à ces questions, se réfugiant derrière le fait que le Ministère public de la Confédération a ouvert une enquête pénale sur ce cas.

On en sait en revanche un peu plus sur les contrôles de sécurité appliqués vis-à-vis du personnel. Lesquels sont «élargis» pour les employés qui sont mis dans le secret «de l’activité du gouvernement ou d’affaires importantes relevant de la politique de sécurité». Dans ce cas qui semble concerner l’informaticien arrêté en mai, les contrôles «avec auditions» sont répétés au bout de cinq ans. «Dès le constat de ce délit, le SRC a commencé à mettre en place des mesures de contrôle supplémentaires», précise le DDPS. Des mesures à propos desquelles le département «ne saurait s’exprimer publiquement».

L’activité du SRC fait l’objet d’inspections très régulières de différents organes parlementaires, rappelle le Département de la défense. C’est notamment la tâche de la Délégation des commissions de gestion, présidée par le conseiller national Pierre-François Veillon (udc/VD). En juin 2010, cet organe mettait un point final à deux années d’enquête sur le traitement des données relatives à la protection de l’Etat. «Les dispositions légales sur l’assurance qualité ont été systématiquement ignorées depuis la mise en place d’un nouveau système informatique», relevait alors la délégation au sujet de l’affaire dite «des fiches» (fichier ISIS).

Pierre-François Veillon ne voit «aucune relation» avec le scandale qui vient d’éclater, «si ce n’est que la délégation avait déjà constaté un dysfonctionnement au sein du système». La délégation a sa prochaine séance à mi-octobre. «Nous saurons alors si le système informatique est sous contrôle. Les questions de management ou de gestion du personnel» au sein du SRC seront abordées dans un deuxième temps, précise Pierre-François Veillon.

BERTRAND FISCHER