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Les étrangers toujours persécutés et exploités

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Shahryar
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MessageSujet: Les étrangers toujours persécutés et exploités Les étrangers toujours persécutés et exploités EmptyMar 13 Nov 2012 - 22:01

LIBYE. Les étrangers toujours persécutés et exploités

Créé le 13-11-2012 à 10h19 - Mis à jour à 11h14Par Sarah Diffalah
Nouvel Observateur

Un nouveau rapport d'Amnesty International dénonce des violations généralisées des droits humains dont sont victimes les migrants, aux mains de milices incontrôlées.


Les étrangers toujours persécutés et exploités 4748495
Au centre de détention près de Tripoli (Libye) le 8 juillet dernier.
(Manu Brabo/AP/SIPA)

Citation :
Ils viennent du Burkina Faso, du Cameroun, de l'Erythrée, du Soudan, du Niger ou encore du Tchad. Fuyant les persécutions, la guerre ou la pauvreté, certains ont tenté leur chance en Libye, d'autres essaient de migrer encore plus au nord vers l'Europe. Sous le régime de Mouammar Kadhafi, leur sort n'était pas enviable. Il l'est encore moins après la révolution qui a entraîné la mort du dictateur.

Dans un rapport intitulé "We are foreigners, we have no rights" ("Nous sommes étrangers, nous n'avons pas de droits") publié mardi 13 novembre, Amnesty International dénonce, comme de nombreuses autres organisations des droits de l'Homme avant elle, les persécutions dont font l'objet réfugiés, migrants, demandeurs d'asile et clandestins en Libye.

Exploitations, insultes, coups, tortures... Fondé sur une enquête effectuée entre mai et septembre 2012, le rapport recueille les témoignages de nombreuses personnes détenues dans des centres, parfois construits spécifiquement pour accueillir les clandestins. Amnesty International en a visité neuf, où 2.700 personnes sont détenues pour une durée illimitée en raison d'"infractions relatives à l'immigration". Des femmes enceintes et des enfants en bas âge figurent parmi les prisonniers. "Dans la grande majorité des cas, les arrestations sont le fait de miliciens armés et peuvent être assorties de violences et de la confiscation de téléphones mobiles, d'argent ou d'autres biens de valeur", écrit Amnesty International.

Racisme généralisé

Après leur arrestation, dans la rue, à des check-points, à leur domicile ou alors qu'ils s'apprêtent à traverser la Méditerranée, les migrants "sont placés sous le contrôle du service de lutte contre l'immigration illégale, ou bien dans des locaux administrés de facto par des milices armées". D'après les témoignages, les détenus "se plaignent le plus souvent de la surpopulation, d'une nourriture inadéquate, d'un accès discontinu aux soins de santé, de l'absence d'activités de détente et de sorties à l'air libre, de brutalités, d'actes racistes, d'insultes et du manque d'hygiène". Pour avoir tenter de s'évader ou de s'être plaint des conditions de détention, les prisonniers sont brutalisés.

Le pire est réservé à ceux qu'on soupçonne sans preuve d'avoir servi le régime de Mouammar Kadhafi. "J'ai été traîné à l'étage, dans le 'bureau des interrogatoires'. Plusieurs hommes se sont mis à me frapper à tour de rôle après m'avoir menotté et contraint de m'allonger sur le sol. Ils se sont servis de tout ce qu'ils ont trouvé, des tuyaux d'arrosage et des bâtons, et m'ont envoyé des décharges électriques. Ils m'ont aussi infligé la falaqa [coups assenés sur la plante des pieds] et j’ai perdu connaissance", raconte un Tchadien détenu sans inculpation par une milice armée depuis avril 2012.

L'organisation internationale explique que ces violences se déroulent sur fond de racisme où les étrangers sont tenus pour responsables de la criminalité et de la maladie. "Les rumeurs voulant que le gouvernement de Kadhafi ait engagé des 'mercenaires africains' ont exacerbé encore le racisme et la xénophobie", peut-on lire dans le rapport.

Le business de l'étranger

Dans l'attente de leur expulsion, les clandestins sont exploités. Amnesty rapporte qu'un haut fonctionnaire de Benghazi a expliqué que le migrant était "devenue une activité rentable". Selon les témoignages recueillis, nombre d'entre eux sont contraints aux travaux pour le compte des milices chargées de la sécurité. Nettoyer, ramasser les ordures, décharger les munitions... les sans-papiers sont corvéables à merci contre une très faible rémunération quand elle est versée. Dans un précédent rapport publié en octobre 2012, la FIDH rapportait que "des employeurs extérieurs avec la complicité des gardiens de camps, recrutaient des détenus pour travailler sur des chantiers ou dans des exploitations agricoles. Les migrants ne savent pas combien de temps ils vont travailler, ni s'ils seront payés".

L'autorité libyenne grande absente

Les personnes détenues n'ont aucune voie de recours pour dénoncer les coups et autres mauvais traitements qu'elles ont subis, explique Amnesty international. Leur détention peut durer indéfiniment comme le prévoit le droit libyen. Grand absent de ce système improvisé après la chute du régime, le pouvoir central ne semble pas disposé à faire de la situation de ces réfugiés une priorité. Selon l'organisation, les administrateurs des centres de détentions déplorent le manque de moyens. "Un grand nombre d'entre eux ont déclaré qu'ils étaient tributaires de dons privés et de l'aide d'organisations humanitaires", explique le rapport. Les autorités libyennes imputent les délais d’expulsion à des contraintes financières et à l'absence de coopération avec les pays concernés.

Par ailleurs, il n'existe pas de système d'asile et le pays n'a toujours pas signé de protocole d'accord avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). "Les puissantes milices armées, qui comblent le vide en matière de sécurité laissé par un État désintégré, rendent encore plus dangereuse la situation des étrangers en Libye. Ces milices continuent d'agir en dehors du cadre de la loi, dans un contexte de quasi-paralysie du système judiciaire national", dénonce Amnesty International.

Cette dernière s'interroge sur l'opportunité des pays européens de signer des accords sur l'immigration avec la Libye, "fermant les yeux sur la situation désastreuse des droits humains en Libye. "L'Union Européenne cherche à tout prix à empêcher des étrangers, y compris ceux qui fuient une guerre ou des persécutions, de rejoindre l’Europe".
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20121113.OBS9124/libye-les-etrangers-toujours-persecutes-et-exploites.html
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