Rattrapés par leur passé
Terese Burauskaite, la directrice du Centre de recherche sur le génocide et la résistance en Lituanie, analyse les archives du KGB depuis de longues années et affirme reconnaître parmi les hauts fonctionnaires des personnes ayant travaillé pour le KGB sans l’avouer. Mais le prouver devant la justice reste difficile. “Nous les chercheurs, nous avons suffisamment de preuves à disposition, car nous considérons leur activité dans son ensemble, mais la justice a une approche différente. Tous les documents à disposition n’ont pas forcément de valeur juridique sérieuse. Ce sont des copies, des papiers sans signatures, des brouillons, des cahiers de travail. Nous savons que ce matériel est vrai, nous y lisons le nom des gens, mais cela ne suffit pas pour servir de preuves devant la justice”, regrette-t-elle.
Plusieurs candidats ont été rattrapés par leur passé d’agents du KGB au moment des dernières élections législatives. Comme ce chimiste célèbre qui a dû reconnaître qu’il avait collaboré avec la sécurité soviétique : il a indiqué que cette collaboration n’a duré qu’un an alors qu’il est avéré qu’elle s’est étalée sur une décennie. Le nom de plusieurs hommes politiques apparaît sur les listes des réservistes du KGB récemment publiées par le Centre de recherche. Au moins sept réservistes sont membres du Parti social-démocrate [qui a remporté les élections législatives du 28 octobre et tente de former le prochain gouvernement]. Le plus célèbre d’entre eux est l’ancien ministre des Affaires étrangères et actuel ambassadeur en Lettonie, Antanas Valionis. Les restrictions [prévues par la loi de 1999] pour les anciens collaborateurs du KGB ont pris fin en 2009. Cela signifie qu’aujourd’hui, les anciens employés du KGB peuvent occuper n’importe quel poste de la fonction publique.
Arvydas Anusauskas ne pense pas qu’il y ait lieu de s’inquiéter pour autant. “Si, grâce à cette loi, une personne a perdu son poste au parquet général, quelles peuvent être ses chances d’y retrouver un emploi 10 ans après ? Ses compétences et ses connaissances ne sont plus valables”, fait-il remarquer.