janissaire Lieutenant-Colonel
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| Sujet: Fin de la stratégie du cavalier seul Mer 7 Nov 2012 - 16:27 | |
| Défense: la fin de la stratégie du cavalier seulL'armée française doit désormais réduire la voilure, au risque de dépendre toujours plus d'équipements étrangers. Un espoir, toutefois : l'émergence tant attendue d'une véritable défense européenne. Par Géraldine Meignan et Christian David - publié le 07/11/2012 à 09:10 DÉFENSE - La France dépend directement des Etats-Unis pour la fourniture de ces avions radars, indispensables pour assurer une couverture aérienne. REUTERS/Normand Blouin - Citation :
- Un porte-avions, quatre sous-marins nucléaires d'attaque, une vingtaine d'avions de chasse pour opérer des frappes ciblées, des frégates de surveillance au large des côtes... L'armée française était aux premières loges de l'opération Harmattan menée l'an dernier contre les forces du colonel Kadhafi, en Libye. Mission accomplie ? Pas tout à fait. La France était "au taquet" de ses capacités, selon l'expression du ministre de la Défense de l'époque, Gérard Longuet.
Le prochain livre blanc de la défense doit distinguer, dans un contexte de réduction des dépenses, ce qui doit être conservé sous Maîtrise nationale et ce qui peut être acheté sur le marché international. Sur le théâtre des opérations, les faiblesses du dispositif militaire français sont apparues au grand jour. Sans les ravitailleurs de l'aviation américaine, nos avions de chasse seraient en grande partie restés cloués au sol. Déjà, pour intervenir en Afghanistan, l'armée de terre avait dû acheter en urgence aux Yankees des missiles antichars et des véhicules de déminage Buffalo pour protéger ses troupes des embuscades tendues par les talibans. Et quand il s'est agi de rapatrier nos blindés de Kaboul, le retrait s'est fait à bord d'Antonov ukrainiens loués pour l'occasion.
Notre pays ne maîtrise plus la totalité de son armement
Le livre blanc sur la défense de 2008 l'avait souligné, les interventions en Libye et en Afghanistan sont venues le rappeler : aujourd'hui, plus aucune nation européenne n'a les moyens de maintenir, seule, ses ambitions en matière d'industrie de défense. Et la France ne fait pas exception. Elle dépend directement des Etats-Unis pour la fourniture de ses ravitailleurs, ses missiles Javelin, mais aussi ses avions radars Awacs. En attendant la livraison de l'avion européen A400M, l'armée française envisage d'acheter des transporteurs au brésilien Embraer. Enfin, alors que les Mirage français menaient des frappes en Libye l'an dernier, on apprenait que son fournisseur de coques de bombes, la Société des ateliers mécaniques de Pont-sur-Sambre, arrêtait sa production... faute de commandes publiques. Ira-t-on acheter à l'étranger "sur étagères", selon l'expression consacrée, les bombes embarquées sur nos avions de chasse une fois les stocks épuisés ? http://lexpansion.lexpress.fr/economie/defense-la-fin-de-la-strategie-du-cavalier-seul_358320.html- Spoiler:
L'armée française sous assistance - 1999 Kosovo. La France ne peut aligner qu'un satellite d'observation optique, Helios 1A, inutilisable par temps couvert. Elle dépendra donc des systèmes d'information radars des Américains qui ne lui fourniront que des informations partielles.
Déjà, l'Hexagone a renoncé à fabriquer ses propres munitions de petits calibres que lui fournissent désormais les Anglais, les Allemands, les Israéliens et... les Emirats arabes unis. A terme, il faudra aussi trancher la question des drones de surveillance, ces appareils sans pilote capables d'espionner un territoire ennemi, qui nous ont tant fait défaut en Libye. L'armée ne dispose que de quatre Harfang (EADS), déployés en Afghanistan. A court terme, trois choix s'offrent à notre pays : moderniser le Harfang, acquérir le Reaper américain, ou s'orienter vers le Heron TP israélien, qui serait alors développé en coopération avec un industriel français.
Longtemps, la préférence nationale l'a emporté dans la stratégie d'acquisition de la Direction générale de l'armement. Des avions de chasse (Dassault) aux véhicules blindés (Nexter, Panhard), des sous-marins nucléaires (DCNS) aux systèmes de commandement (Thales) et de défense aéronautique (Safran). C'était une question de souveraineté technologique. L'idée communément admise était alors qu'il fallait maîtriser ses équipements pour avoir une liberté d'action et une autonomie stratégique.
"Cela supposait des relations très proches entre le pouvoir politique et les industriels de la défense, au risque de compromission, mais c'était assumé", analyse Olivier Kempf, animateur du blog "Etudes géopolitiques européennes et atlantiques". Cela a permis à la France de se doter d'une des industries de défense les plus performantes du monde et dont la balance commerciale reste fortement positive.
2001-2012
Afghanistan. Pour pouvoir intervenir, la France a dû acheter en urgence aux Américains des missiles antichars Javelin et des véhicules de déminage Buffalo. Pour rapatrier ses troupes, elle a dû louer des cargos Antonov à une compagnie ukrainienne.
Ce bel édifice s'est fissuré. "Depuis 1996, on assiste à une stagnation du pouvoir d'achat des armées en matière d'équipement en France", constate Renaud Bellais, chercheur à l'Ensta-Bretagne. Il y a eu bien sûr la fin de la guerre froide, mais aussi le poids des crises économiques. Longtemps sanctuarisée par les lois de programmation militaires, la défense contribue désormais aux coupes budgétaires. Au programme l'an prochain : 5,5 milliards d'euros de commandes de matériel différées, c'est ce qui ressort des premiers arbitrages rendus par le nouveau ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, en attendant la révision très attendue du livre blanc, à la fin de l'année. Il doit notamment clarifier les choses et distinguer, dans un contexte de réduction des dépenses, ce que l'on souhaite garder sous maîtrise nationale, ce qui peut relever de la coopération européenne, et ce qui est susceptible d'être acheté "sur étagères" sur le marché international. "Une chose est certaine : la France n'abandonnera pas la maîtrise critique de ses systèmes d'information, de renseignements, et tout ce qui touche à la dissuasion", affirme Jean-Pierre Devaux, directeur de la stratégie à la Direction générale de l'armement.
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