| Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti | |
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Auteur | Message |
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souleymane Colonel
Messages : 1998 Points actifs : 2505 Localisation : bejaia Inscription : 21/05/2010 Nationalité :
| Sujet: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 17:40 | |
| Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti
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okba Sous-Lieutenant
Messages : 870 Points actifs : 1248 Localisation : Pyramide Inscription : 27/04/2011 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 17:41 | |
| ORAN - Le Moudjahid Abdelmalek Ouasti (1943-2009) n’avait que 16 printemps lorsqu’il a rejoint, en 1959, les rangs de l’ALN pour être affecté dans la zone frontalière nord, dans la région ouest du pays, en pleine zone interdite.
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Bouamama Sergent-chef
Messages : 419 Points actifs : 839 Localisation : Moghrar Inscription : 05/07/2012 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 17:41 | |
| La mission de sa section est de s’attaquer au barrage électrifié, faire des percées afin d’acheminer les approvisionnements nécessaires. Le défunt Ouasti, a vécu, trois années durant, l’enfer de cette zone, côtoyant la mort chaque nuit, à chaque sortie et à chaque opération.
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Ishak Modérateur
Messages : 799 Points actifs : 1437 Localisation : Blida Inscription : 03/03/2011 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 17:42 | |
| Dans son ouvrage, "Le démineur", une sorte de journal paru il y a une dizaine d’années aux éditions "ANEP", l’auteur apporte un témoignage poignant et précieux de cette période, du quotidien d’une section parmi tant d’autres, "coincée" dans la zone interdite à partir de laquelle ses éléments moudjahidine partent à l’assaut de cette muraille de barbelée, truffée de mille et un engins de la mort.
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souleymane Colonel
Messages : 1998 Points actifs : 2505 Localisation : bejaia Inscription : 21/05/2010 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 17:43 | |
| Dans cette zone, tout est inhospitalier et le moindre pas peut être fatal. Le dernier. Il y a d’abord la nature du terrain et de la zone d’intervention. "Le plat. Terre noire, encrassée de broussailles, qui mettent votre peau à sang, qui vous déchirent les mains, les genoux et l’âme. Terre plate, secteur sans abris ni failles", décrit-il.
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okba Sous-Lieutenant
Messages : 870 Points actifs : 1248 Localisation : Pyramide Inscription : 27/04/2011 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 17:43 | |
| Puis la nature de la mission même, exécutée presque quotidiennement : harceler l’ennemi, protégé par des blockhaus, des lignes barbelées et électrifiées et des champs semés de millions de mines prêtes à exploser en chaine au moindre mouvement, au moindre faux pas. Et puis l’ennemi est fortement armé, prêt à riposter par un déluge de feu à la moindre action.
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Bouamama Sergent-chef
Messages : 419 Points actifs : 839 Localisation : Moghrar Inscription : 05/07/2012 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 17:44 | |
| "Enfant, je ne rêvais que d’accrochages, me voyant en chaque songe éveillé derrière une mitrailleuse, tenant tête tout seul à une multitude de soldats français. En haut d’une colline.
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barbaros pacha Modérateur
Messages : 2327 Points actifs : 3048 Localisation : Alger Inscription : 17/04/2010 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 17:58 | |
| Un drapeau vert et blanc flottant au vent du courage et du sacrifice", raconte le moudjahid Ouasti, pour qui son incorporation dans les rangs de l’ALN est presque naturelle, indiscutable et s’inscrivant dans la logique des choses, avec pour seule et unique mission : "détruire tous les barbelés, tous les obstacles qui nous séparent de nos amis lointains qui attendent des secours, qui attendent des munitions, qui attendent des soins, qui nous attendent", écrivait-il.
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varshavyanka Sous-Lieutenant
Messages : 886 Points actifs : 1364 Localisation : Médéa Inscription : 25/12/2010 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 17:58 | |
| Mission loin d’être une sinécure. L’ennemi est constamment sur le qui-vive. Dans la moiteur de la nuit, un déluge de feu et de fer se déclenche au moindre mouvement, à la moindre attaque.
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Eagle one Adjudant
Messages : 577 Points actifs : 923 Localisation : Djanet Inscription : 27/07/2012 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 17:59 | |
| "Le faisceau de lumière crue des projecteurs nous livre nus aux balles des mitrailleuses et aux obus de l’artillerie", se souvenait-il, puis "les obus fusants, tirs de barrage, mortiers lourds, mitrailleuses et les tirs monstrueux des chars. Tout cela à la lumière fantasmagorique des fusées éclairantes, tirées en toute hâte. Tous les brasiers de l’enfer jetés sur la zone interdite".
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Ben Boulaid Administrateur
Messages : 740 Points actifs : 1110 Localisation : Hassi Beïda Inscription : 27/12/2010 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 17:59 | |
| Face à l’armement sophistiqué et à la puissance de feu de l’ennemi, les moyens des moudjahidine semblent dérisoires. C’est avec des bangalores qu’ils partent à l’assaut de la muraille de la mort.
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barbaros pacha Modérateur
Messages : 2327 Points actifs : 3048 Localisation : Alger Inscription : 17/04/2010 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 18:00 | |
| "Les bengalores, de longs tuyaux de plomb bourrés de plastic. La mise à feu est simple : un détonateur et un bout de mèche. C’est au bengalore que nous nous attaquons au barrage.
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varshavyanka Sous-Lieutenant
Messages : 886 Points actifs : 1364 Localisation : Médéa Inscription : 25/12/2010 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 18:00 | |
| Chaque nuit. On en glisse quatre ou cinq sous le réseau barbelé, en tas, et l’on allume la mèche. L’explosion souffle une dizaine de mètres carrés de grillages et barbelés. Mais les dégâts ne subsistent guère plus d’une matinée. D’autres piquets, un autre grillage, du fer barbelé comme si toute la terre ne produisait que cela", raconte-t-il.
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Eagle one Adjudant
Messages : 577 Points actifs : 923 Localisation : Djanet Inscription : 27/07/2012 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 18:00 | |
| Dans cet univers dantesque, la mort guette et frappe à tout instant. "La mort ne nous vient pas toujours du ciel, dans le sillage des obus ou des blockhaus qui gangrènent les collines. Elle vient aussi des mines. La mort jaillit du sol, de la touffe d’herbe ou de la pierre écrasée", écrivait encore le moudjahid Ouasti.
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Ben Boulaid Administrateur
Messages : 740 Points actifs : 1110 Localisation : Hassi Beïda Inscription : 27/12/2010 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 18:01 | |
| Il ajoute : "la zone interdite est minée. Les abords du réseau barbelé sont parsemés d’engins de toute sorte savamment piégés. Un geste inconsidéré, une fraction de seconde d’inattention et voilà un effarant cercle de feu et de fer qui soulève le sol. Il ne restera que des débris de celui ou de ceux qui se sont retrouvés à l’intérieur de ce cercle".
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barbaros pacha Modérateur
Messages : 2327 Points actifs : 3048 Localisation : Alger Inscription : 17/04/2010 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 18:01 | |
| Pour Ouasti et ses compagnons, la mort fait partie de leur quotidien. "Chacun de nous sait trop bien qu’il est là pour cela. L’idée de mourir ne l’effleure guère, car elle est si naturelle que l’esprit ne s’y attarde pas". Mourir pour la patrie certes est un devoir sacré. Mais, il y a la manière. La façon de tomber au champ d’honneur.
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varshavyanka Sous-Lieutenant
Messages : 886 Points actifs : 1364 Localisation : Médéa Inscription : 25/12/2010 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 18:02 | |
| "Beaucoup d’entre nous souhaitent mourir d’une balle. Ils le disent souvent. Le corps reste entier et on n’endure pas sa propre mort. Pas de souffrance. Pas de conscience de la fin à finir en morceaux est horrible et nous finissons invariablement déchiquetés par une mine ou bien brisés par un obus. Aucun être vivant ne devrait mourir ainsi. Pas même une bête ou une plante".
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Eagle one Adjudant
Messages : 577 Points actifs : 923 Localisation : Djanet Inscription : 27/07/2012 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 18:02 | |
| Pour les démineurs, la vie ne se déroule que la nuit. "Le jour, nous demeurons terrés, enterrés pour éviter l’observateur ennemi et tous les regards. Seule la nuit nous libère. Elle nous libère pour nous jeter contre le barrage, contre les canons", écrit-il.
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Ben Boulaid Administrateur
Messages : 740 Points actifs : 1110 Localisation : Hassi Beïda Inscription : 27/12/2010 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 18:02 | |
| Dans la vie quotidienne au campement, le temps s’écoule lentement en attendant la nuit. Une autre nuit. Une autre nuit encore avec ses inévitables assauts.
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barbaros pacha Modérateur
Messages : 2327 Points actifs : 3048 Localisation : Alger Inscription : 17/04/2010 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 18:03 | |
| Le café est l’une des rares denrées appréciées par les moudjahidine. "Le café agit sur nos nerfs tel un médicament qui aurait le pouvoir de les dénouer, de guider le cours du sang et de rafraichir l’envie de durer. Il lave nos idées au départ pour le barrage et efface les angoisses que nous colle sur les yeux le barrage et que l’on rapporte avec soi au retour", explique Ouasti, qui restera, jusqu’à ses ultimes heures, un "accroc" du café qu’il partage généralement avec son entourage.
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varshavyanka Sous-Lieutenant
Messages : 886 Points actifs : 1364 Localisation : Médéa Inscription : 25/12/2010 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 18:04 | |
| C’est dans le cœur du Rif marocain, dans un camp qu’Ouasti vivra la proclamation de l’indépendance nationale. Il n’avait que 19 ans. Commencèrent pour lui d’autres missions de déminage comme ceux du port d’Oran et d’autres immeubles administratifs de la capitale de l’Ouest, piégés par les membres de la sinistre OAS.
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Eagle one Adjudant
Messages : 577 Points actifs : 923 Localisation : Djanet Inscription : 27/07/2012 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 18:04 | |
| Après son retour à la vie civile, le défunt Ouasti embrassera une carrière de journaliste pour défendre par la plume des causes justes notamment celles liées au droit à l’autodétermination des peuples opprimés. |
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Ben Boulaid Administrateur
Messages : 740 Points actifs : 1110 Localisation : Hassi Beïda Inscription : 27/12/2010 Nationalité :
| Sujet: Re: Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti Mar 30 Oct 2012 - 18:06 | |
| Un démineur nommé Abdelmalek Ouasti(APS) mardi 30 octobre 2012 12 : 11 - Citation :
- ORAN - Le Moudjahid Abdelmalek Ouasti (1943-2009) n’avait que 16 printemps lorsqu’il a rejoint, en 1959, les rangs de l’ALN pour être affecté dans la zone frontalière nord, dans la région ouest du pays, en pleine zone interdite.
La mission de sa section est de s’attaquer au barrage électrifié, faire des percées afin d’acheminer les approvisionnements nécessaires. Le défunt Ouasti, a vécu, trois années durant, l’enfer de cette zone, côtoyant la mort chaque nuit, à chaque sortie et à chaque opération.
Dans son ouvrage, "Le démineur", une sorte de journal paru il y a une dizaine d’années aux éditions "ANEP", l’auteur apporte un témoignage poignant et précieux de cette période, du quotidien d’une section parmi tant d’autres, "coincée" dans la zone interdite à partir de laquelle ses éléments moudjahidine partent à l’assaut de cette muraille de barbelée, truffée de mille et un engins de la mort. http://www.aps.dz/Un-demineur-nomme-Abdelmalek.html- Spoiler:
Dans cette zone, tout est inhospitalier et le moindre pas peut être fatal. Le dernier. Il y a d’abord la nature du terrain et de la zone d’intervention. "Le plat. Terre noire, encrassée de broussailles, qui mettent votre peau à sang, qui vous déchirent les mains, les genoux et l’âme. Terre plate, secteur sans abris ni failles", décrit-il.
Puis la nature de la mission même, exécutée presque quotidiennement : harceler l’ennemi, protégé par des blockhaus, des lignes barbelées et électrifiées et des champs semés de millions de mines prêtes à exploser en chaine au moindre mouvement, au moindre faux pas. Et puis l’ennemi est fortement armé, prêt à riposter par un déluge de feu à la moindre action.
"Enfant, je ne rêvais que d’accrochages, me voyant en chaque songe éveillé derrière une mitrailleuse, tenant tête tout seul à une multitude de soldats français. En haut d’une colline.
Un drapeau vert et blanc flottant au vent du courage et du sacrifice", raconte le moudjahid Ouasti, pour qui son incorporation dans les rangs de l’ALN est presque naturelle, indiscutable et s’inscrivant dans la logique des choses, avec pour seule et unique mission : "détruire tous les barbelés, tous les obstacles qui nous séparent de nos amis lointains qui attendent des secours, qui attendent des munitions, qui attendent des soins, qui nous attendent", écrivait-il.
Mission loin d’être une sinécure. L’ennemi est constamment sur le qui-vive. Dans la moiteur de la nuit, un déluge de feu et de fer se déclenche au moindre mouvement, à la moindre attaque.
"Le faisceau de lumière crue des projecteurs nous livre nus aux balles des mitrailleuses et aux obus de l’artillerie", se souvenait-il, puis "les obus fusants, tirs de barrage, mortiers lourds, mitrailleuses et les tirs monstrueux des chars. Tout cela à la lumière fantasmagorique des fusées éclairantes, tirées en toute hâte. Tous les brasiers de l’enfer jetés sur la zone interdite".
Face à l’armement sophistiqué et à la puissance de feu de l’ennemi, les moyens des moudjahidine semblent dérisoires. C’est avec des bangalores qu’ils partent à l’assaut de la muraille de la mort.
"Les bengalores, de longs tuyaux de plomb bourrés de plastic. La mise à feu est simple : un détonateur et un bout de mèche. C’est au bengalore que nous nous attaquons au barrage.
Chaque nuit. On en glisse quatre ou cinq sous le réseau barbelé, en tas, et l’on allume la mèche. L’explosion souffle une dizaine de mètres carrés de grillages et barbelés. Mais les dégâts ne subsistent guère plus d’une matinée. D’autres piquets, un autre grillage, du fer barbelé comme si toute la terre ne produisait que cela", raconte-t-il.
Dans cet univers dantesque, la mort guette et frappe à tout instant. "La mort ne nous vient pas toujours du ciel, dans le sillage des obus ou des blockhaus qui gangrènent les collines. Elle vient aussi des mines. La mort jaillit du sol, de la touffe d’herbe ou de la pierre écrasée", écrivait encore le moudjahid Ouasti.
Il ajoute : "la zone interdite est minée. Les abords du réseau barbelé sont parsemés d’engins de toute sorte savamment piégés. Un geste inconsidéré, une fraction de seconde d’inattention et voilà un effarant cercle de feu et de fer qui soulève le sol. Il ne restera que des débris de celui ou de ceux qui se sont retrouvés à l’intérieur de ce cercle".
Pour Ouasti et ses compagnons, la mort fait partie de leur quotidien. "Chacun de nous sait trop bien qu’il est là pour cela. L’idée de mourir ne l’effleure guère, car elle est si naturelle que l’esprit ne s’y attarde pas". Mourir pour la patrie certes est un devoir sacré. Mais, il y a la manière. La façon de tomber au champ d’honneur.
"Beaucoup d’entre nous souhaitent mourir d’une balle. Ils le disent souvent. Le corps reste entier et on n’endure pas sa propre mort. Pas de souffrance. Pas de conscience de la fin à finir en morceaux est horrible et nous finissons invariablement déchiquetés par une mine ou bien brisés par un obus. Aucun être vivant ne devrait mourir ainsi. Pas même une bête ou une plante".
Pour les démineurs, la vie ne se déroule que la nuit. "Le jour, nous demeurons terrés, enterrés pour éviter l’observateur ennemi et tous les regards. Seule la nuit nous libère. Elle nous libère pour nous jeter contre le barrage, contre les canons", écrit-il.
Dans la vie quotidienne au campement, le temps s’écoule lentement en attendant la nuit. Une autre nuit. Une autre nuit encore avec ses inévitables assauts.
Le café est l’une des rares denrées appréciées par les moudjahidine. "Le café agit sur nos nerfs tel un médicament qui aurait le pouvoir de les dénouer, de guider le cours du sang et de rafraichir l’envie de durer. Il lave nos idées au départ pour le barrage et efface les angoisses que nous colle sur les yeux le barrage et que l’on rapporte avec soi au retour", explique Ouasti, qui restera, jusqu’à ses ultimes heures, un "accroc" du café qu’il partage généralement avec son entourage.
C’est dans le cœur du Rif marocain, dans un camp qu’Ouasti vivra la proclamation de l’indépendance nationale. Il n’avait que 19 ans. Commencèrent pour lui d’autres missions de déminage comme ceux du port d’Oran et d’autres immeubles administratifs de la capitale de l’Ouest, piégés par les membres de la sinistre OAS.
Après son retour à la vie civile, le défunt Ouasti embrassera une carrière de journaliste pour défendre par la plume des causes justes notamment celles liées au droit à l’autodétermination des peuples opprimés.
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