HAMA AG SID'AHMED, PORTE-PAROLE DU CTEA AU TEMPS D'ALGÉRIE :

«Je ne pense pas que l'intervention militaire soit imminente»

Entretien réalisé par Mounir Abi

http://www.letempsdz.com//content/view/79914/1/

Hama Ag Sid' Ahmed, porte-parole du Conseil transitoire de l'Etat de l'Azawad (CTEA), donne, dans cet entretien, l'avis des Touareg sur une éventuelle intervention militaire étrangère au nord du Mali et commente la récente résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU accordant à la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao) un délai de 45 jours pour l'élaboration d'un plan dans le cadre de la perspective de cette intervention militaire.

Hama Ag Sid' Ahmed : Tout d'abord, je ne pense pas que l'intervention militaire soit imminente dans la région.

Elle va prendre certainement un bon moment avant de se matérialiser.

Les Occidentaux qui soutiennent cette intervention ont demandé récemment que le volet politique soit pris en compte avant une intervention militaire concrète dans la lutte contre les groupes terroristes.

Il peut se passer beaucoup de choses d'ici là.

Et qu'il n'est pas question de faire un amalgame sur le terrain.

Il faudrait tenir compte des populations, de ceux qui ne sont pas identifiés comme groupes terroristes, etc.

C'est-à-dire rencontrer d'abord les MNLA et toute autre organisation politique de la région qui n'est pas affiliée aux terroristes pour tenter de désamorcer la situation actuelle.

Cette intervention ne peut pas être efficace si les Touaregs, qui souhaitent mettre dehors ces groupes terroristes, ne sont pas associés.

Pour qu'ils soient associés il faudrait qu'il y ait auparavant une solution politique de leurs préoccupations.

Ce qui n'est pas encore le cas.

Il existe encore une autre option, c'est-à-dire répondre aux Touareg qui demandent soutien sur le terrain, alors ils s'organiseront de l'intérieur pour occuper par la force l'espace qui est occupé aujourd'hui par les groupes terroristes et ensuite engager des vraies discussions politiques avec Bamako sous le parrainage de la Communauté internationale.

De maintes manières rien ne pourrait se faire sans eux.

Il se pourrait fort que les Touaregs prennent les devants.

Rien n'est encore joué.

Il revient d'abord à la Communauté internationale de faire des propositions de sortie de crise aux autorités de transition de Bamako et au MNLA en tenant compte de la réalité du terrain et des exigences des uns et des autres et à toute autre organisation non affiliée aux groupes terroristes.

Ensuite aux autres belligérants de faire des contrepropositions.

Mettre en place une médiation internationale concertée qui pourrait amener les deux parties en conflit sur un terrain plus ou moins neutre pour entamer des vraies négociations de paix pour le devenir de l'Azawad et dans l'intérêt aussi de la stabilité de toute la Région.

Créer et mettre en place toutes les garanties internationales pour parapher cette paix.

Dans le cas contraire ça sera de la fiction.

Organiser des actions immédiates ciblées contre les groupes qui prêchent la peur et l'intolérance dans la région en associant naturellement tous les Touaregs et autres ressortissants de l'Azawad qui souhaitent préserver ce territoire de toute excursion culturelle malsaine venue de l'extérieur pour détruire le peu qui reste de cette région, c'est-à-dire sa culture, ses traditions, son patrimoine millénaire.