A la Une : tension entre Paris et Kinshasa avant l’ouverture du sommet de la Francophonie

MERCREDI 10 OCTOBRE 2012 - Par Frédéric Couteau

http://www.rfi.fr/emission/20121010-une-tension-entre-paris-kinshasa-avant-ouverture-sommet-francophonie

« La situation en RDC est tout à fait inacceptable sur le plan des droits, de la démocratie, et de la reconnaissance de l’opposition » : déclaration hier de François Hollande, lors d’une conférence de presse commune avec le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.

Réplique quelques heures plus tard des autorités congolaises, par la voix du porte-parole du gouvernement, Lambert Mende : « si cette déclaration concerne tout le pays, c’est une évaluation qui ne correspond à aucune réalité. »

Le ton est donc donné à trois jours maintenant du coup d’envoi du sommet de la Francophonie à Kinshasa, le premier du genre en Afrique centrale.

« François Hollande étale ses priorités », constate L’Observateur à Kinshasa.

« Sur quoi portera le discours du président français, lors du sommet ?

A cette question, l’intéressé vient d'apporter lui-même une partie de la réponse, affirme le quotidien congolais.

Il a cité hier les questions liées aux droits de l’homme, à la démocratie et la situation sécuritaire à l’est de la RDC.

Selon François Hollande, la situation générale en RDC en rapport avec ces trois questions est inacceptable.

Et c’est suite à cela qu’il a décidé de venir à Kinshasa pour en parler de vive voix. »

Promesses non tenues ?

« Pourquoi Hollande a-t-il tancé Kabila ? », s’interroge pour sa part le site d’information congolais Direct CD.

« L’Élysée avait demandé cet été aux autorités congolaises, rappelle-t-il, des “efforts” pour l’organisation et la transparence des scrutins à venir, le respect des droits de l’homme et de la justice.

Ce dernier volet visait particulièrement le procès en cours des assassins présumés de Floribert Chebeya, militant des droits de l’homme tué à Kinshasa.

À quelques jours du sommet, constate Direct CD, les projets de loi sur la réforme de la Commission électorale et sur la création d’une commission indépendante des droits de l’homme n’ont toujours pas été votés.

Quant au procès Chebeya, les prochains débats ont été reportés à la fin octobre. »

Résultat, poursuit Direct CD : « Paris mise désormais sur le discours que doit prononcer François Hollande et sur son tête-à-tête avec le président Kabila pour donner de la substance à son déplacement.

“Il n’y aura pas de tabou ni de langue de bois”, promet-on à l’Élysée.

Face à des Congolais peu enclins à accepter les critiques, ces deux étapes se promettent d’être tendues. »

La charge des ONG

Le quotidien Le Potentiel, plutôt proche du pouvoir, réagit avec fermeté aux critiques formulées hier, cette fois par Amnesty International.

Amnesty International qui a appelé la RDC à faire cesser « de toute urgence les violences dans l'est de son territoire, où plusieurs groupes armés locaux et étrangers opèrent et commettent des exactions. »

Pour Le Potentiel, « le gouvernement de la RDC est curieusement placé devant ses responsabilités, sans tenir compte du fait qu’il n’exerce pas la souveraineté sur l’ensemble du territoire national.

Cette attitude funeste est une stratégie qui rend responsable le gouvernement congolais des malheurs qui s’abattent sur les populations de l’Est, en errance ou en proie aux affres de la guerre.

Ces ONG font fi de graves accusations portées par les experts onusiens contre le Rwanda sur son soutien à la rébellion du M23.

Tout est pensé et chronométré, affirme encore Le Potentiel.