Casablanca… début 2012, l’écrivain français Jacob Cohen, juif d’origine marocaine et reconnu pour ses écrits hostiles au sionisme, a publié sur son blog des informations qui ont suscité un tollé sans précédent au Maroc. Cohen a révélé qu’un ancien conseiller du roi Hassan II, et toujours conseiller du roi Mohammad VI, est en même temps espion à la solde d’"Israël". Selon Cohen, la personne concernée est André Azoulay, un juif adhérent au réseau "Sayanim" relevant du Mossad. Ce réseau étant un groupe d’espions, formé de juifs non israéliens, habitant hors de la Palestine occupée par Israël.
Jacob Cohen né en 1944 à Meknès au Maroc, a précisé sur son blog qu’André Azoulay, né en 1941 dans une famille juive dans la ville Soueira, au sud du Maroc, était l’un des principaux membres du réseau "Sayanim", travaillant pour le compte du Mossad dans les quatre coins du monde.
Les autorités marocaines n’ont pas commenté ces informations délicates, alors que le conseiller du roi n’a pas démenti les accusations adressées à son encontre. Cependant, la réplique des autorités fut indirecte, à travers l’annulation d’une conférence à laquelle devait assister Jacob Cohen pour se prononcer sur la question de la coexistence entre juifs et musulmans au royaume. L’annulation de la conférence visait à prévenir toute évocation par Cohen de ses accusations à Azoulay ou de son ouvrage politique "Printemps des Sayanim", publié dernièrement en France.
Les Sayanim définis par Cohen sont des Juifs de la diaspora qui, par "patriotisme", acceptent de collaborer ponctuellement avec le Mossad, ou autres institutions sionistes, selon leur domaine de spécialisation.
Ce réseau a été fondé dans les années 50 et utilisé dans des opérations de renseignement et de promotion en faveur de l’entité sioniste, mais aussi dans la déportation des juifs des pays du monde, vers l’entité usurpatrice.
Le président israélien Shimon Peres avait récemment tenu une cérémonie en l’honneur du collaborateur israélien David Littmann, qui était à l’origine de la déportation des juifs marocains vers "Israël". Ce dernier était entré au Maroc se présentant comme un religieux chrétien britannique et a habité à Casablanca.
Littmann a supervisé la plus célèbre opération de déportation coercitive des juifs marocains vers "Israël", baptisée "opération Morale", dont la majorité des victimes étaient les enfants de la communauté juive marocaine. Littmann prétendait organiser des voyages de vacances estivales vers la Suisse, en faveur des enfants pauvres (tous juifs), pour qu’il les déporte plus tard vers "Israël".
Avant l’opération Morale, le transfert des riches juifs marocains était prospère sous Mohammad V. Sous son successeur Mohammad II, arrivé au pouvoir en 1961, La déportation des juifs marocains s’était transformée en transactions rentables et qui selon les dires, étaient supervisées par le roi en personne.
Selon les informations citées dans l’ouvrage de la française juive Agnès Bensimon et intitulé "Hassan II et les juifs", l’Etat juif avait attendu quatre mois après la mort de Mohamad V, avant d’entamer ses négociations via le Mossad avec son successeur Hassan II, qui avait réclamé un demi-million de dollars pour la première vague de déportation de juifs estimés alors à 50 mille personnes. Il a ensuite réclamé un demi-million de dollars pour le même nombre d’émigrés.
L’auteure française a précisé que le roi Hassan II a vendu les juifs marocains à "Israël" pour 50 dollars par personne. C’est ce qu’avait divulgué en outre le chercheur juif marocain Simon Levy, un des juifs qui ont refusé l’émigration vers "Israël". Il a toujours été opposant du roi Hassan II, avant de mourir depuis deux ans.
Les sommes payées pour "la vente" des juifs marocains étaient transférées par "Israël" à des comptes bancaires secrets en Suisse. On disait que ces comptes étaient au nom du roi, mais son ami Ahmad Rida Kadira, menant les négociations pour son compte puis son conseiller, a bénéficié des opérations de déportation. Son quotidien "Les Phares", porte-parole du palais et s’en prenant à l’opposition, a été financé par les revenues des opérations précitées.
L’infiltration israélienne du royaume marocain ne fut pas limitée à l’exode des juifs marocains vers "Israël". Le Mossad a cherché à couper la voie à toute relation entre le roi Hassan II et l’ancien président égyptien Jamal Abdul Nasser. La guerre des Sables qui a eu lieu entre le Maroc et l’Algérie en 1963 fut une occasion pour la mise en œuvre des plans israéliens. Durant cette guerre, un des plus importants gardes des personnalités israéliennes, Youssef Shayner, est venu au Maroc pour aider le roi à former ses propres gardes. Le chef du Mossad Meir Amit s’est rendu au Maroc pour rencontrer le roi à Marrakech où il l’a informé sur les aides militaires fournis par l’Egypte à ses adversaires algériens; Il a dans le même contexte proposé au roi de recevoir des aides d’"Israël" dans la guerre contre l’Algérie.
C’est ce qui a eu lieu plus tard. "Israël" a fourni au Maroc des armes et a entrainé ses officiers et ses pilotes, dans le cadre de transactions conclues via l’Iran, le Chah ayant approuvé ces opérations. La coopération militaire entre "Israël" et le Maroc a été poursuivie depuis cette date, et on estimait qu’"Israël" a joué un rôle majeur dans la construction du plus grand mur sécuritaire et militaire, de 2600 Km dans le Sahara Occidental, afin d’interdire les attaques du Polisario qui lutte pour l’indépendance de la province depuis l’année 1975. Durant cette guerre qui a duré 16 ans et toujours en cours en dépit du cessez-le-feu convenu en 1991, le front Polisario a saisi des armes fabriquées en "Israël" ou produits par le régime raciste de l’Afrique du Sud, avant la chute de l’apartheid.
La coopération militaire s’est développée entre le Maroc et "Israël" au niveau des renseignements, à l’issue de l’intervention du président du Mossad Isaac Houfi en 1975, pour préparer une rencontre entre le Premier ministre Isaac Rabine et le roi Hassan II. Cette rencontre a eu lieu en 1976 au Maroc, où Rabine a mis en garde le roi défunt de la croissance des forces "extrémistes musulmanes" dans certains pays arabes, dont l’Egypte.
L’écrivain égyptien Mohammad Hassanein Haykal a accusé dans son ouvrage "Propos en Politique", le roi défunt Hassan II de travailler pour le compte du Mossad israélien, en l’autorisant à implanter des engins d’espionnage dans les salles des sommets arabes.
M. Haykal n’était pas le premier à avoir accusé le roi Hassan II d’opérer pour le compte du Mossad, mais aussi plusieurs écrivains et quelques opposants l’avaient prétendu, se fondant sur la médiation du Maroc dans des affaires concernant "Israël", notamment dans l’accord de paix entre l’Egypte et "Israël".
Pour sa part, "Israël" n’a jamais démenti les rôles joués par Hassan II en sa faveur et a même produit un timbre portant son nom, afin de l’honorer après sa mort en 1999.
Le Mossad se mettait à la disposition du palais royal en échange des services fournis par le roi à l’entité sioniste. Il tenait à le protéger de ses opposants. Le rôle du Mossad est désormais bien connu dans l’enlèvement et l’assassinat du célèbre opposant marocain, El-Mahdi Ben Baraka, kidnappé en 1965 à Paris et disparu depuis cette date.
Et durant les années 60 et 70 du siècle dernier, on estimait que le Mossad avait averti le régime marocain de plusieurs complots et insurrections ourdis à son encontre, ou qui l’avaient même visé causant presque sa chute.
De ces jours, rares sont les informations sur les activités du Mossad au Maroc, le pays n’étant plus acteur principal dans le conflit israélo-arabe. L’apparition de "concurrents" dans la collaboration avec l’ennemi au Moyen Orient a poussé les services de renseignements israéliens à remettre en question la carte de leurs activités et leurs priorités sur la scène arabe.
Espionnage
Des médias internationaux ont divulgué que le Mossad bénéficie ces jours-ci d’autres genres de services marocains; ceux des femmes marocaines de la diaspora, notamment en Europe et au Golfe. Des rapports journalistiques ont indiqué que la section des femmes au sein du Mossad recrute des femmes juives et musulmanes arabes ayant la mission de collecter des renseignements et de manipuler des personnalités étrangères. Parmi ces collaboratrices, on estime que le Mossad recrute des prostituées qui opèrent pour son compte. Ces dernières collectent des renseignements en espionnant des personnalités et exécutent des opérations délicates, sans être parfois conscientes d’opérer pour le compte du Mossad.
Source: Al-Akhbar, traduit par: moqawama.org