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MessageSujet: USA :: Stratégie de géopolitique mondiale Invisible Empire EmptyLun 29 Mar 2010 - 12:43

Aymeric Chauprade : La Russie, obstacle géopolitique majeur sur la route de "l’Amérique-monde"

Invisible Empire Aymeric-Chauprade-284x300

Première partie
"L'Eurasie, cœur du monde"

Alors que les Etats-Unis tentent, depuis le 11 septembre 2001, d'accélérer leur projet de transformation du monde à l'image de la société démocratique et libérale rêvée par leurs pères fondateurs, les civilisations non occidentales se dressent sur leur chemin et affirment leur volonté de puissance.

La Russie, en particulier constitue un obstacle géopolitique majeur pour Washington. Elle entend défendre son espace d'influence et montrer au monde qu'elle est incontournable sur le plan énergétique.

L'un des auteurs classiques de la géopolitique, Halford J. Mackinder (1861-1947), un amiral britannique, qui professa la géographie à Oxford, défendait comme thèse centrale que les grandes dynamiques géopolitiques de la planète s'articulaient autour d'un cœur du monde (heartland), l'Eurasie. Pivot de la politique mondiale que la puissance maritime ne parvenait pas à atteindre, l'Eurasie avait pour cœur intime la Russie, un Empire qui « occupait dans l'ensemble du monde la position stratégique centrale qu'occupe l'Allemagne en Europe ».

Autour de cet épicentre des secousses géopolitiques mondiales, protégé par une ceinture faite d'obstacles naturels (vide sibérien, Himalaya, désert de Gobi, Tibet) que Mackinder appelle le croissant intérieur, s'étendent les rivages du continent eurasiatique : Europe de l'Ouest, Moyen-Orient, Asie du Sud et de l'Est.

Au-delà de ces rivages, par-delà les obstacles marins, deux systèmes insulaires viennent compléter l'encadrement du heartland : la Grande-Bretagne et le Japon, têtes de pont d'un croissant plus éloigné auquel les États-Unis appartiennent.

Selon cette vision du monde, les puissances maritimes mondiales, les thalassocraties que défend Mackinder, doivent empêcher l'unité continentale eurasiatique.

Elles doivent donc maintenir les divisions est/ouest entre les principales puissances continentales capables de nouer des alliances (France/Allemagne, Allemagne/Russie, Russie/Chine) mais aussi contrôler les rivages du continent eurasiatique.

Cette matrice anglo-saxonne, que l'on peut appliquer au cas de l'Empire britannique au XIXe siècle, comme à celui de la thalassocratie américaine au XXe siècle, reste un outil pertinent pour comprendre la géopolitique d'aujourd'hui.

La théorie de Mackinder nous rappelle deux choses que les thalassocraties anglo-saxonnes n'ont jamais oubliées : il n'y a pas de projet européen de puissance (d'Europe puissance) sans une Allemagne forte et indépendante (or l'Allemagne reste largement sous l'emprise américaine depuis 1945) ; il n'y pas d'équilibre mondial face au mondialisme américain sans une Russie forte.

L'Amérique veut l'Amérique-monde ; le but de sa politique étrangère, bien au-delà de la seule optimisation de ses intérêts stratégiques et économiques du pays, c'est la transformation du monde à l'image de la société américaine. L'Amérique est messianique et là est le moteur intime de sa projection de puissance.

En 1941, en signant la Charte de l'Atlantique, Roosevelt et Churchill donnaient une feuille de route au rêve d'un gouvernement mondial visant à organiser une mondialisation libérale et démocratique. Jusqu'en 1947, l'Amérique aspira à la convergence avec l'URSS dans l'idée de former avec celle-ci un gouvernement mondial, et ce, malgré l'irréductibilité évidente des deux mondialismes américain et soviétique.

Deux ans après l'effondrement européen de 1945, les Américains comprirent qu'ils ne parviendraient pas à entraîner les Soviétiques dans leur mondialisme libéral et ils se résignèrent à rétrécir géographiquement leur projet : l'atlantisme remplaça provisoirement le mondialisme

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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyMer 14 Avr 2010 - 18:13

Aymeric Chauprade : La Russie, obstacle géopolitique majeur sur la route de "l’Amérique-monde"

Deuxième partie :
"La guerre contre l’islamisme"

Citation :
Puis, en 1989, lorsque l’URSS vacilla, le rêve mondialiste redressa la tête et poussa l’Amérique à accélérer son déploiement mondial. Un nouvel ennemi global, sur le cadavre du communisme, fournissait un nouveau prétexte à la projection globale : le terrorisme islamiste. Durant la Guerre froide, les Américains avaient fait croître cet ennemi, pour qu’il barre la route à des révolutions socialistes qui se seraient tournées vers la Russie soviétique.

L’islamisme sunnite avait été l’allié des Américains contre la Russie soviétique en Afghanistan. Ce fut le premier creuset de formation de combattants islamistes sunnites, la matrice d’Al Qaida comme celle des islamistes algériens… Puis il y eut la révolution fondamentaliste chiite et l’abandon par les Américains du Shah d’Iran en 1979. Le calcul de Washington fut que l’Iran fondamentaliste chiite ne s’allierait pas à l’URSS, contrairement à une révolution marxiste, et qu’il offrirait un contrepoids aux fondamentalistes sunnites.

Dans le monde arabe, ce furent les Frères musulmans qui, d’Egypte à la Syrie, furent encouragés. Washington poussa l’Irak contre l’Iran, et inversement, suivant le principe du « let them kill themselves (laissez-les s’entretuer) » déjà appliqué aux peuples russe et allemand, afin de détruire un nationalisme arabe en contradiction avec les intérêts d’Israël. L’alliance perdura après la chute de l’URSS. Elle fut à l’œuvre dans la démolition de l’édifice yougoslave et la création de deux Etats musulmans en Europe, la Bosnie-Herzégovine puis le Kosovo.

L’islamisme a toujours été utile aux Américains, tant dans sa situation d’allié face au communisme durant la Guerre froide, que dans sa nouvelle fonction d’ennemi officiel depuis la fin de la bipolarité. Certes, les islamistes existent réellement ;

ils ne sont pas une création imaginaire de l’Amérique ; ils ont une capacité de nuisance et de déstabilisation indéniable. Mais s’ils peuvent prendre des vies, ils ne changeront pas la donne de la puissance dans le monde.

La guerre contre l’islamisme n’est que le paravent officiel d’une guerre beaucoup plus sérieuse : la guerre de l’Amérique contre les puissances eurasiatiques

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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyMer 14 Avr 2010 - 18:20

Aymeric Chauprade : La Russie, obstacle géopolitique majeur sur la route de "l’Amérique-monde"

Troisième partie :
"La Chine comme cible"

Citation :
Après la disparition de l’URSS, il est apparu clairement aux Américains qu’une puissance continentale, par la combinaison de sa masse démographique et de son potentiel industriel, pouvait briser le projet d’Amérique-monde : la Chine. La formidable ascension industrielle et commerciale de la Chine face à l’Amérique fait penser à la situation de l’Allemagne qui, à la veille de la Première Guerre mondiale, rattrapait et dépassait les thalassocraties anglo-saxonnes. Ce fut la cause première de la Première Guerre mondiale.

Si la Chine se hisse au tout premier rang des puissances pensent les stratèges américains, par la combinaison de sa croissance économique et de son indépendance géopolitique, et tout en conservant son modèle confucéen à l’abri du démocratisme occidental, alors c’en est fini de l’Amérique-monde. Les Américains peuvent renoncer à leur principe de Destinée manifeste (Principle of Manifest Destiny) de 1845 ainsi qu’au messianisme de leurs pères fondateurs, fondamentalistes biblistes ou franc-maçons.

Alors que l’URSS venait à peine de s’effondrer, les stratèges américains orientèrent donc leurs réflexions sur la manière de contenir l’ascension de la Chine.

Sans doute comprirent-ils alors toute l’actualité du raisonnement de Mackinder. Les Anglo-Saxons avaient détruit le projet eurasiatique des Allemands, puis celui des Russes ; il leur fallait abattre celui des Chinois. Une nouvelle fois la Mer voulait faire pièce à la Terre.

La guerre humanitaire et la guerre contre le terrorisme seraient les nouveaux prétextes servant à masquer les buts réels de la nouvelle grande guerre eurasiatique : la Chine comme cible, la Russie comme condition pour emporter la bataille.

La Chine comme cible parce que seule la Chine est une puissance capable de dépasser l’Amérique dans le rang de la puissance matérielle à un horizon de vingt ans. La Russie comme condition parce que de son orientation stratégique découlera largement l’organisation du monde de demain : unipolaire ou multipolaire.

Face à la Chine, les Américains entreprirent de déployer une nouvelle stratégie globale articulée sur plusieurs volets (1) :

* L’extension d’un bloc transatlantique élargi jusqu’aux frontières de la Russie et à l’ouest de la Chine.

* Le contrôle de la dépendance énergétique de la Chine.

* L’encerclement de la Chine par la recherche ou le renforcement d’alliances avec des adversaires séculaires de l’Empire du Milieu (les Indiens, les Vietnamiens,les Coréens, les Japonais, les Taïwanais…).

* L’affaiblissement de l’équilibre entre les grandes puissances nucléaires par le développement du bouclier anti-missiles.

* L’instrumentalisation des séparatismes (en Serbie, en Russie, en Chine, et jusqu’aux confins de l’Indonésie) et le remaniement de la carte des frontières (au Moyen-Orient arabe).

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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyMer 14 Avr 2010 - 18:31

Aymeric Chauprade : La Russie, obstacle géopolitique majeur sur la route de "l’Amérique-monde"

Quatrième partie :
"L’extension du bloc transatlantique"

Citation :
Washington a cru, dès 1990, pouvoir faire basculer la Russie de son côté, pour former un vaste bloc transatlantique de Washington à Moscou avec au milieu la périphérie européenne atlantisée depuis l’effondrement européen de 1945. Ce fut

la phrase de George Bush père, lequel en 1989 appelait à la formation d’une alliance « de Vladivostok à Vancouver » ; en somme le monde blanc organisé sous la tutelle de l’Amérique, une nation paradoxalement appelée, par le contenu même de son idéologie, à ne plus être majoritairement blanche à l’horizon 2050.

L’extension du bloc transatlantique est la première dimension du grand jeu eurasiatique. Les Américains ont non seulement conservé l’OTAN après la disparition du Pacte de Varsovie mais ils lui ont redonné de la vigueur :

- Ppremièrement l’OTAN est passé du droit international classique (intervention uniquement en cas d’agression d’un Etat membre de l’Alliance) au droit d’ingérence.
La guerre contre la Serbie, en 1999, a marqué cette transition et ce découplage entre l’OTAN et le droit international.

- Deuxièmement, l’OTAN a intégré les pays d’Europe centrale et d’Europe orientale. Les espaces baltique et yougoslave (Croatie, Bosnie, Kosovo) ont été intégrés à la sphère d’influence de l’OTAN.

Pour étendre encore l’OTAN et resserrer l’étau autour de la Russie, les Américains ont fomenté les révolutions colorées (Géorgie en 2003, Ukraine en 2004, Kirghizstan en 2005), ces retournements politiques non violents, financés et soutenus par des fondations et des ONG américaines, lesquelles visaient à installer des gouvernements anti-russes. Une fois au pouvoir, le président ukrainien pro-occidental demanda naturellement le départ de la flotte russe des ports de Crimée et l’entrée de son pays dans l’OTAN.

Quant au président géorgien il devait, dès 2003, militer pour l’adhésion de son pays dans l’OTAN et l’éviction des forces de paix russes dédiées depuis 1992 à la protection des populations abkhazes et sud-ossètes.

À la veille du 11 septembre 2001, grâce à l’OTAN, l’Amérique avait déjà étendu fortement son emprise sur l’Europe. Elle avait renforcé l’islam bosniaque et albanais et fait reculer la Russie de l’espace yougoslave.

Durant les dix premières années post-Guerre froide, la Russie n’avait donc cessé de subir les avancées américaines. Des oligarques souvent étrangers à l’intérêt national russe s’étaient partagés ses richesses pétrolières et des conseillers libéraux proaméricains entouraient le président Eltsine. La Russie était empêtrée dans le conflit tchétchène, remué largement par les Américains comme d’ailleurs l’ensemble des abcès islamistes. Le monde semblait s’enfoncer lentement mais sûrement dans l’ordre mondial américain, dans l’unipolarité.

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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyMer 14 Avr 2010 - 18:37

Aymeric Chauprade : La Russie, obstacle géopolitique majeur sur la route de "l’Amérique-monde"

Cinquième partie :
"L'Avènement de Poutine"

Citation :
En 2000, un événement considérable, peut-être le plus important depuis la fin de la Guerre froide (plus important encore que le 11 septembre 2001) se produisit pourtant : l’accession au pouvoir de Vladimir Poutine. L’un de ces retournements de l’histoire qui ont pour conséquences de ramener celle-ci à ses fondamentaux, à ses constantes.

Poutine avait un programme très clair : redresser la Russie à partir du levier énergétique. Il fallait reprendre le contrôle des richesses du sous-sol des mains d’oligarques peu soucieux de l’intérêt de l’Empire. Il fallait construire de puissants opérateurs pétrolier (Rosneft) et gazier (Gazprom) russes liés à l’Etat et à sa vision stratégique. Mais Poutine ne dévoilait pas encore ses intentions quant au bras de fer américano-chinois. Il laissait planer le doute.

Certains, dont je fais d’ailleurs partie puisque j’analysais à l’époque la convergence russo-américaine comme passagère et opportune (le discours américain de la guerre contre le terrorisme interdisait en effet momentanément la critique américaine à propos de l’action russe en Tchétchénie), avaient compris dès le début que Poutine reconstruirait la politique indépendante de la Russie ;

d’autres pensaient au contraire qu’il serait occidentaliste. Il lui fallait en finir avec la Tchétchénie et reprendre le pétrole. La tâche était lourde. Un symptôme évident pourtant montrait que Poutine allait reprendre les fondamentaux de la grande politique russe : le changement favorable à l’Iran et la reprise des ventes d’armes à destination de ce pays ainsi que la relance de la coopération en matière de nucléaire civil.

Pourquoi alors l’accession de Poutine était-elle un événement si considérable ?

Sans apparaître à l’époque de manière éclatante, cette arrivée signifiait que l’unipolarité américaine, sans la poursuite de l’intégration de la Russie à l’espace transatlantique, était désormais vouée à l’échec, et avec elle, par conséquent, la grande stratégie visant à briser la Chine et à prévenir l’émergence d’un monde multipolaire.

Au-delà encore, nombre d’Européens ne perçurent pas immédiatement que Poutine portait l’espoir d’une réponse aux défis de la compétition économique mondiale fondée sur l’identité et la civilisation. Sans doute les Américains, eux, le comprirent-ils mieux que les Européens de l’Ouest. George Bush n’en fit-il pas l’aveu lorsqu’il avoua un jour qu’il avait vu en Poutine un homme habité profondément par l’intérêt de son pays ?

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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyMer 14 Avr 2010 - 18:46

Aymeric Chauprade : La Russie, obstacle géopolitique majeur sur la route de "l’Amérique-monde"

Sixième partie :
"La multipolarité se met en place"

Citation :
Le 11 septembre 2001 offrit pourtant l’occasion aux Américains d’accélérer leur programme d’unipolarité. Au nom de la lutte contre un mal qu’ils avaient eux-mêmes fabriqués, ils purent obtenir une solidarité sans failles des Européens (donc plus d’atlantisme et moins « d’Europe puissance »), un rapprochement conjoncturel avec Moscou (pour écraser le séparatisme tchétchéno-islamiste), un recul de la Chine d’Asie centrale face à l’entente russo-américaine dans les républiques musulmanes ex-soviétiques, un pied en Afghanistan, à l’ouest de la Chine donc et au sud de la Russie, et un retour marqué en Asie du Sud-est.

Mais l’euphorie américaine en Asie centrale ne dura que quatre ans. La peur d’une révolution colorée en Ouzbékistan poussa le pouvoir ouzbek, un moment tenté de devenir la grande puissance d’Asie centrale en faisant contrepoids au grand frère russe, à évincer les Américains et à se rapprocher de Moscou. Washington perdit alors, à partir de 2005, de nombreuses positions en Asie centrale, tandis qu’en Afghanistan, malgré les contingents de supplétifs qu’elle ponctionne à des Etats européens incapables de prendre le destin de leur civilisation en main, elle continue de perdre du terrain face à l’alliance talibano-pakistanaise, soutenue discrètement en sous-main par les Chinois qui veulent voir l’Amérique refoulée d’Asie centrale.

Les Chinois, de nouveau, peuvent espérer prendre des parts du pétrole kazakh et du gaz turkmène et construire ainsi des routes d’acheminement vers leur Turkestan (le Xinjiang). Pékin tourne ses espoirs énergétiques vers la Russie qui équilibrera à l’avenir ses fournitures d’énergie vers l’Europe par l’Asie (non seulement la Chine mais aussi le Japon, la Corée du Sud, l’Inde…).

Le jeu de Poutine apparaît désormais au grand jour. Il pouvait s’accorder avec Washington pour combattre le terrorisme qui frappait aussi durement la Russie. Il n’avait pas pour autant l’intention d’abdiquer quant aux prétentions légitimes de la Russie : refuser l’absorption de l’Ukraine (car l’Ukraine pour la Russie c’est une nation sœur, l’ouverture sur l’Europe, l’accès à la Méditerranée par la mer Noire grâce au port de Sébastopol en Crimée) et de la Géorgie dans l’OTAN. Et si l’indépendance du Kosovo a pu être soutenue par les Américains et des pays de l’Union européenne, au nom de quoi les Russes n’auraient-ils pas le droit de soutenir celles de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, d’autant que les peuples concernés eux-mêmes voulaient se séparer de la Géorgie ?

Mackinder avait donc raison. Dans le grand jeu eurasiatique, la Russie reste la pièce clé. C’est la politique de Poutine, bien plus que la Chine (pourtant cible première de Washington car possible première puissance mondiale) qui a barré la route à Washington. C’est cette politique qui lève l’axe énergétique Moscou (et Asie centrale)-Téhéran-Caracas, lequel pèse à lui seul ¼ des réserves prouvées de pétrole et près de la moitié de celles de gaz (la source d’énergie montante). Cet axe est le contrepoids au pétrole et au gaz arabes conquis par l’Amérique.

Washington voulait étouffer la Chine en contrôlant l’énergie. Mais si l’Amérique est en Arabie Saoudite et en Irak (1ère et 3e réserves prouvées de pétrole), elle ne contrôle ni la Russie, ni l’Iran, ni le Venezuela, ni le Kazakhstan et ces pays bien au contraire se rapprochent. Ensemble, ils sont décidés à briser la suprématie du pétrodollar, socle de la centralité du dollar dans le système économique mondial (lequel socle permet à l’Amérique de faire supporter aux Européens un déficit budgétaire colossal et de renflouer ses banques d’affaires ruinées).

Nul doute que Washington va tenter de briser cette politique russe en continuant à exercer des pressions sur la périphérie russe. Les Américains vont tenter de développer des routes terrestres de l’énergie (oléoducs et gazoducs) alternatives à la toile russe qui est en train de s’étendre sur tout le continent eurasiatique, irriguant l’Europe de l’Ouest comme l’Asie. Mais que peut faire Washington contre le cœur énergétique et stratégique de l’Eurasie ? La Russie est une puissance nucléaire.

Les Européens raisonnables et qui ne sont pas trop aveuglés par la désinformation des médias américains, savent qu’ils ont plus besoin de la Russie qu’elle n’a besoin d’eux. Toute l’Asie en croissance appelle le pétrole et le gaz russe et iranien.

Dans ces conditions et alors que la multipolarité se met en place, les Européens feraient bien de se réveiller. La crise économique profonde dans laquelle ils semblent devoir s’enfoncer durablement conduira-t-elle à ce réveil ? C’est la conséquence positive qu’il faudrait espérer des difficultés pénibles que les peuples d’Europe vont endurer dans les décennies à venir.

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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyMer 14 Avr 2010 - 18:55

De mauvaises relations entre les Etats-Unis et Israël ont un côté réconfortant

Par Daniel Pipes, 14 avril 2010


Les choses ne sont pas toujours aussi simples qu’elles paraissent ; la crise actuelle dans les relations entre les Etats-Unis et Israël a ses bons côtés. Quatre observations, toutes dérivées de modèles historiques, incitent à cette conclusion :

Citation :
D’abord, le « processus de paix » est en réalité un « processus de guerre ». Des négociations diplomatiques, pendant les années 1990, ont conduit à une succession de retraites de troupes israéliennes qui eurent pour effet pervers de transformer l’assez mauvaise situation de 1993 en l’horrible situation de 2000. Les douloureuses concessions israéliennes, nous le savons maintenant, n’ont pas stimulé une bonne volonté réciproque des Palestiniens mais plutôt l’irrédentisme, l’ambition, la fureur, et la violence.

Deuxièmement, les concessions israéliennes sont faites pour durer toujours tandis que les relations avec Washington varient. Dès l’instant où les Israéliens ont laissé le Sud Liban et Gaza, ils l’ont fait pour de bon comme cela devait être le cas avec les Hauteurs du Golan ou avec Jérusalem-Est. L’annulation de ces mesures serait d’un coût prohibitif. En revanche, les tensions entre les Etats-Unis et Israël dépendent des personnalités et des circonstances, aussi montent-elles et descendent-elles et les enjeux sont mineurs. Chaque Président ou Premier ministre peut réfuter le point de vue de son prédécesseur. Les problèmes peuvent être arrangés rapidement.

Grosso modo, [disons que] le lien entre les Etats-Unis et Israël a une force qui va bien au-delà des hommes politiques et des questions du moment. Rien sur terre ne ressemble à cette relation bilatérale « la plus spéciale » des relations de parenté et des « relations de parenté dans la politique internationale ». Comme tout lien de parenté, il a ses points forts (Israël se classe second, tout de suite derrière les Etats-Unis, en nombre de sociétés cotées en bourse à la NASDAQ* (* National Association of Securities Dealers Automated Quotations [le plus grand marché électronique d’actions du monde]) et ses points faibles (comme l’affaire d’espionnage Jonathan Pollard [citoyen des Etats-Unis d’origine juive condamné à perpétuité aux Etats-Unis pour espionnage au profit d’Israël en 1987] qui continue à rester sur le cœur un quart de siècle après avoir été révélée.)

Le lien a une intensité unique quand il s’agit de coopération stratégique, de relations économiques, de liens intellectuels, de valeurs partagées, d’archives de vote aux Nations Unies, de points communs religieux, et même d’ingérence réciproque dans les affaires internes. Du point de vue d’Israël , donc, les relations politiques avec les Arabes sont lourdes à gérer mais celles avec Washington ont de la légèreté et de la souplesse.

Troisièmement, quand les leaders israéliens aiment les relations de confiance qu’ils ont avec Washington, ils donnent plus aux Arabes. Golda Meir a fait des concessions à Richard Nixon, Menachem Begin à Jimmy Carter, Yitzhak Rabin, Binyamin Netanyahu, et Ehud Barak à Bill Clinton, et Ariel Sharon à George W.Bush.

Constructions à Ramat Shomo, un ancien terrain vague à Jérusalem, où Barack Obama s’oppose à de nouvelles constructions israéliennes. A l’inverse, la méfiance dans les relations avec Washington fait que les Israéliens se raidissent et ne veulent plus prendre de risques. Ce fut le cas avec George H.W Bush et c’est encore plus le cas avec Barack Obama.

Le malaise actuel a commencé avant même qu’Obama ne s’installe dans le Bureau Ovale, étant donné sa fréquentation publique de personnalités très en vue qui dénigrent Israël (Par exemple Ali Abunimah, Rashid Khalidi, Edward Said, Jeremiah Wright). Les relations ont dégénéré en mars, quand son administration a feint un scandale, le 9, à l’occasion d’une annonce de travaux de construction de routine à Jérusalem, suivie par un appel téléphonique brutal du Secrétaire d’Etat, le 12, et une réunion au sommet, à la Maison Blanche,[particulièrement] tendue, le 23.

Pour aggraver les choses, la figure que l’on identifie le plus avec le maintien de bonnes relations entre les Etats-Unis et Israël- Dennis Ross- fut accusé de façon anonyme, par un collègue, le 28 mars, d’être de loin beaucoup plus sensible à la politique de coalition de Netanyahu qu’aux intérêts américains. . Un important analyste de la politique étrangère a profité de cela pour soulever des questions au sujet de Ross ayant « une double loyauté » à Israël, contestant les conseils stratégiques de Ross.

Ces affreuses tensions, pratiquement sans précédent, ont eu un effet prévisible sur le public israélien, le rendant méfiant vis-à-vis d’Obama, hostile à la pression des Etats-Unis, tout en insufflant aux politiciens se chamaillant généralement la volonté de travailler ensemble pour résister à la politique.

Quatrièmement, les tensions américano-israéliennes augmentent les exigences et l’intransigeance des Palestiniens. Israël en situation difficile donne pleins pouvoirs à leurs leaders ; et si les tensions montent sous la pression des Etats-Unis pour plus de concessions aux Palestiniens, ces derniers se croisent les bras et profitent du spectacle.

Cela s’est passé au beau milieu de 2009 quand Mahmoud Abbas a donné des instructions aux Américains sur ce qu’ils devaient extraire de Jérusalem. Inversement, lorsque les relations israélo-américaines sont au beau fixe, les dirigeants palestiniens se sentent obligés de répondre aux Israéliens, faire semblant de négocier et signer des documents. La combinaison de ces quatre suppositions conduit à une conclusion paradoxale.

De solides relations israélo-américaines induisent des erreurs irréversibles israéliennes. De faibles liens entre les Etats-Unis et Israël interrompent ce processus. Obama peut s’attendre à ce que se battre avec Israël aboutisse à des négociations ; mais cela aura l’effet inverse. Il peut penser qu’il est proche d’une percée diplomatique, mais en fait, c’est rendu moins que probable. Ceux qui craignent le plus « un processus de guerre » peuvent donc trouver un certain réconfort dans les bourdes de l’administration.

La complexité des relations israélo-américaines laisse beaucoup de place au paradoxe et à l’étourderie ; Lorsqu’on regarde au-delà d’un revirement préoccupant des évènements, cela peut indiquer que quelque chose de bon en sortira.

http://www.armees.com/De-mauvaises-relations-entre-les.html
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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyJeu 15 Avr 2010 - 10:28

Cette analyse est ambigue !!
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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyVen 16 Avr 2010 - 16:31

Je dirai désinformation.
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MessageSujet: Invisible Empire Invisible Empire EmptyMer 21 Avr 2010 - 18:00

1/12 INVISIBLE EMPIRE S/T - 17 Avril 2010

film de Jason Bermas.


1/12 INVISIBLE EMPIRE S/T
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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyMer 21 Avr 2010 - 18:12

2/12 INVISIBLE EMPIRE S/T - 17 Avril 2010


2/12 INVISIBLE EMPIRE S/T
envoyé par hussardelamort. - L'info internationale vidéo.
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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyVen 23 Avr 2010 - 22:22

Défense : Hillary Clinton réaffirme l’engagement de Washington vis-à-vis de l’Europe

AP - vendredi 23 avril 2010, sélectionné par Spyworld

Citation :
Venue à Tallinn retrouver ses homologues de l’OTAN, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a réaffirmé jeudi l’engagement des Etats-Unis vis-à-vis de l’Europe en matière de défense et exclu un retrait anticipé des capacités nucléaires américaines en Europe, le conditionnant à un retrait russe. "Je vais être claire", a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse avec son homologue estonien Urmas Paet. "Notre engagement envers l’Estonie et nos (...)

Lire la suite ici :: http://www.spyworld-actu.com/spip.php?article13101
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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyVen 21 Mai 2010 - 15:52

War Game$ et scénarios afghans

Citation :
Cette infographie statistique de Datablog illustre joliment ce que nous savons déjà : le budget militaire américain occupe la pôle position mondiale, dépassant à lui seul ceux japonais, chinois, allemands, français, britanniques, russes et indiens cumulés (Royaume-Uni et France dans le top 5). Petite surprise : l'effectif total de l'infanterie américaine n'occupe que la 61ème position.

Question à 7,62 mm : une armée dotée de technologies et de systèmes d'armes sophistiqués a-t-elle réellement besoin de fantassins en surnombre ?

Invisible Empire Info-is-beautiful-defence-001

Toutefois, je découvre la déflagrante passion de la République du Myanmar pour les armes : les dépenses militaires représentent 26% de son PIB. La Jordanie, la Géorgie, l'Arabie Saoudite, le Kirghizistan et le Burundi adorent également les canons, leurs environnements géopolitiques respectifs y étant certainement pour beaucoup...

http://electrosphere.blogspot.com/
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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyDim 23 Mai 2010 - 9:39

Citation :
Question à 7,62 mm : une armée dotée de technologies et de systèmes d'armes sophistiqués a-t-elle réellement besoin de fantassins en surnombre ?

Question trés intéressante Twisted Evil
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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyDim 23 Mai 2010 - 10:40

Hind-mk3 a écrit:
Citation :
Question à 7,62 mm : une armée dotée de technologies et de systèmes d'armes sophistiqués a-t-elle réellement besoin de fantassins en surnombre ?

Question trés intéressante Twisted Evil

Moi je pense que oui, elle en a toujours besoin
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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyLun 24 Mai 2010 - 14:31

scalp a écrit:
Hind-mk3 a écrit:
Citation :
Question à 7,62 mm : une armée dotée de technologies et de systèmes d'armes sophistiqués a-t-elle réellement besoin de fantassins en surnombre ?

Question trés intéressante Twisted Evil

Moi je pense que oui, elle en a toujours besoin

Mais de nos jours certaines armées engagent les fantassins de pays amis pour faire le sale boulot
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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyMar 25 Mai 2010 - 18:40

Hind-mk3 a écrit:
scalp a écrit:
Hind-mk3 a écrit:
Citation :
Question à 7,62 mm : une armée dotée de technologies et de systèmes d'armes sophistiqués a-t-elle réellement besoin de fantassins en surnombre ?

Question trés intéressante Twisted Evil

Moi je pense que oui, elle en a toujours besoin

Mais de nos jours certaines armées engagent les fantassins de pays amis pour faire le sale boulot

C'est une fçon de voir les choses, en somme tu nous parles de spécialisation mondiale, certaines armées fournissent la technologie et d'autres fournissent la chair à canons ? Rolling Eyes
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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyVen 28 Mai 2010 - 23:43

Washington abandonne le terme de "guerre contre le terrorisme"

vendredi 28 mai 2010,

Dorénavant, la nouvelle stratégie nationale de Barack Obama désigne spécifiquement Al-Qaïda comme l’adversaire principal des Etats-Unis.

Citation :
Selon un document rendu public jeudi 27 mai par la Maison Blanche, la nouvelle stratégie de sécurité nationale du président américain Barack Obama désigne spécifiquement Al-Qaida comme l’adversaire principal des Etats-Unis.

Désormais, Washington ne fait plus référence à la "guerre contre le terrorisme".

"Nous chercherons toujours à délégitimer l’usage du terrorisme et à isoler ceux qui y ont recours", indique ce document qui a fait l’objet d’intenses consultations au sein de l’administration Obama depuis seize mois. "Ce n’est pas une guerre mondiale contre une tactique - le terrorisme - ou une religion - l’Islam -", précise le texte.

"Nous sommes en guerre contre un réseau spécifique, Al-Qaïda, et ses terroristes affiliés qui appuient les efforts pour attaquer les Etats-Unis, nos alliés et partenaires", souligne le document.

URL de la source : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20100527.OBS4570/wa (...)
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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyDim 30 Mai 2010 - 15:54

A la bonne heure, il était temps
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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyJeu 3 Juin 2010 - 21:37

Si j'ai bien compris ce qui est en haut de la page , les américain voulait que la russie soit moins importante dans le monde mais sa na pas marcher donc ils s'en prennent au chinois quia mon avis sa s passera comme la russie !
Mais les américaines faites attention dans 50 ans on parlera peut etre plus de vous mais de chine - inde ^^
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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyJeu 3 Juin 2010 - 21:48

arthurdu51 a écrit:
Si j'ai bien compris ce qui est en haut de la page , les américain voulait que la russie soit moins importante dans le monde mais sa na pas marcher donc ils s'en prennent au chinois quia mon avis sa s passera comme la russie !
Mais les américaines faites attention dans 50 ans on parlera peut etre plus de vous mais de chine - inde ^^

C'est exactement ça, d'ailleurs dans leur stratégie de domination ils exercent également une certaine pression sur l'Europe pour préserver le statu-quo qui a suivi la deuxième guerre mondiale; mais l'Europe cherche à s'émanciper, s'appuyant sur la zone euro.

Beaucoup de déclarations en ce sens ont été faites par les nouveaux dirigeants européens actuels, sauf Rasmusen (SG de l'OTAN).
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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyJeu 3 Juin 2010 - 21:55

Allez l'Europe ! pk les américains colonise l'europe et nous les européens on ne colonise pas les américains !y sont quand meme la grace a nous , enfin au anglais !
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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyMer 9 Juin 2010 - 13:10

Réflexion du leader cubain Fidel Castro sur la Corée et l’Iran - 09 juin 2010


L’empire et le mensonge


Citation :
Je n’ai pas le choix : il me faut écrire deux Réflexions sur l’Iran et la Corée pour expliquer qu’il existe un danger de guerres imminent où serait employée l’arme nucléaire. J’ai dit aussi qu’il était possible de faire tourner court le premier si la Chine décidait de recourir à son droit de veto pour bloquer la résolution que les États-Unis promeuvent au Conseil de sécurité des Nations unies.

Le second dépend de facteurs qui échappent à tout contrôle, étant donné la conduite fanatique d’Israël, converti par les États-Unis en une forte nation nucléaire qui n’accepte aucun contrôle de la part de la superpuissance. Lors de la première intervention des États-Unis visant à écraser la Révolution islamique en juin 1953, pour défendre leurs intérêts et ceux de leur fidèle allié, le Royaume-Uni, et pour installer Mohammed Reza Pahlevi au pouvoir, Israël était un petit État qui ne s’était pas encore emparé de la quasi-totalité du territoire palestinien, d’une partie de la Syrie et d’une bonne part de la Jordanie voisine, défendue jusqu’alors par la Légion arabe, dont il ne resta même pas l’ombre.

Aujourd’hui, les centaines de missiles à ogives nucléaires d’Israël, appuyés par les avions les plus modernes que lui fournissent les États-Unis, menacent la sécurité de tous les États de la région, arabes ou non, musulmans ou non, à portée de leur vaste rayon d’action, parce que leur précision est de quelques mètres.

Dimanche dernier, le 30 mai, quand j’écrivais les Réflexions intitulées L’Empire et la drogue, Israël n’avait pas encore attaqué brutalement la flottille qui transportait des vivres, des médicaments et des articles destinés au million et demi de Palestiniens assiégés dans un petit fragment de ce qui avait été leur patrie durant des milliers d’années. L’immense majorité des gens occupent leur temps à résoudre les besoins que leur impose la vie, dont les aliments, le droit aux loisirs et à l’étude, et d’autres problèmes vitaux de leurs familles les plus proches, et ils ne peuvent partir en quête d’informations sur les événements de la planète. On les voit partout, pleins de noblesse, espérant que d’autres se chargeront de chercher des solutions aux problèmes qui les écrasent. Ils sont capables de se réjouir et de sourire. Ils rendent ainsi heureux les gens qui, comme nous, ont le privilège d’observer avec équanimité les réalités qui nous menacent tous.

On accuse la Corée du Nord d’avoir torpillé la corvette sud-coréenne Cheonan, conçue selon une technologie de pointe, dotée d’un vaste système de sonar et de senseurs acoustiques sous-marins, dans des eaux situées face à ses côtes, cette action atroce ayant coûté la vie à quarante marins sud-coréens et causé des dizaines de blessés.

J’avais du mal à déchiffrer le problème. D’une part, je ne parvenais pas à m’expliquer comment un gouvernement, même s’il jouit de beaucoup d’autorité, pouvait utiliser des mécanismes de commandement pour donner l’ordre de torpiller un bâtiment de ce genre ; de l’autre, je n’ai pas cru une seconde la version selon laquelle Kim Jong Il avait donné cet ordre.

Je n’avais pas assez d’éléments en main pour aboutir à une conclusion, mais j’étais sûr que la Chine opposerait son veto au projet de résolution soumis au Conseil de sécurité pour sanctionner la Corée du Nord. Mais je ne doute absolument pas, par ailleurs, que les États-Unis ne peuvent éviter que le gouvernement incontrôlable d’Israël emploie l’arme nucléaire.
Le 1er juin, dans la soirée, la vérité a commencé à se faire jour au sujet de ce qui s’était vraiment passé.

J’ai écouté à 22h30 le journaliste Walter Medina, animateur d’un programme phare de la télévision vénézuélienne, “Dossier”, faire une analyse percutante. Sa conclusion est que les États-Unis ont fait croire aux deux parties de la Corée ce que chacune affirmait de l’autre, en vue de régler le problème du territoire occupé par la base d’Okinawa dont le nouveau Premier ministre japonais, se faisant l’écho des aspirations de paix de la population, réclamait la rétrocession. Si son parti avait remporté un soutien électoral énorme, c’est justement parce qu’il avait promis d’obtenir le retrait de la base militaire installée là, comme un poignard planté depuis plus de soixante-cinq ans au cœur même du Japon, aujourd’hui développé et riche.

Le Global Research permet de connaître des détails absolument sidérants de ce qui est arrivé, grâce à l’article de Wayne Madsen, journaliste enquêteur de Washington, qui a diffusé des informations émanant de sources de renseignements sur le site web Wayne Madsen Report.

Ces sources, affirme-t-il, “soupçonnent que l’attaque de la corvette de guerre anti-sous-marin de la marine sud-coréenne Cheonan a été organisée sous un faux pavillon afin de faire croire qu’elle provenait de Corée du Nord”.

L’augmentation des tensions dans la péninsule coréenne visait surtout, entre autres objectifs, à exercer des pressions sur le Premier ministre japonais Yukio Hatoyama afin qu’il modifie sa politique relative au retrait à Okinawa de la base des marines étasuniens.

Hatoyama a admis que les tensions créées par le torpillage du Cheonan avaient eu une grande influence sur sa décision de permettre aux marines étasuniens de rester à Okinawa. La décision de Hatoyama a provoqué une division dans le gouvernement de coalition de centre-gauche, ce dont Washington s’est réjoui, puisque le leader du Parti social-démocrate Mizuho Fukishima a menacé de s’en retirer à cause de cette volte-face au sujet d’Okinawa.
“Le Cheonan a été coulé près de l’île Baengnyeong, un endroit de l’extrémité occidentale, éloigné de la côte sud-coréenne, mais face à la côte nord-coréenne. Cette île est fortement militarisée et à portée de l’artillerie de défense côtière nord-coréenne, située de l’autre côté d’un étroit canal.”

Le Cheonan, une corvette de guerre contre sous-marins, était équipée de sonars de pointe, de vastes systèmes de sonar hydrophone et de senseurs acoustiques sous-marins.
La Corée du Sud ne possède aucune preuve de sonar ou d’audio d’une torpille, d’un sous-marin ou d’un mini-sous-marin dans le coin. Comme il n’y a quasiment aucune navigation dans le canal, la mer était silencieuse au moment du torpillage.

Or, l’île Baengnyeong abrite une base de renseignements militaires des États-Unis et de Corée du Sud, et les forces spéciales de la marine étasunienne y opèrent. Il y avait aussi quatre bâtiments étasuniens dans le secteur, dans le cadre des manœuvres Foal Eagle entre les deux pays, durant le torpillage du Cheonan. Une investigation des traces métalliques et chimiques laissées par la torpille suspecte indique qu’elle est de fabrication allemande.

“On suspecte que les forces spéciales de la marine étasunienne disposent d’une gamme de torpilles européennes afin de pouvoir recourir au "déni plausible" lors d’attaques sous de fausses couleurs. De plus, Berlin ne vend pas de torpédos à la Corée du Nord, mais maintient en revanche avec Israël un programme de coopération étroite de mise au point de sous-marins et d’armes sous-marines.

La présence du Salvor, qui participait aux manœuvres Foal Eagle, si près de l’île Baengnyeong durant le torpillage de la corvette sud-coréenne, suscite des questions.
Le Salvor, un navire civil de sauvetage de la marine, qui a participé à des actions de pose de mines par les marins thaïlandais dans le golfe de Thaïlande en 2006, était présent au moment de l’explosion, avec un complément de douze hommes-grenouilles d’eaux profondes.

Beijing, satisfaite de l’affirmation d’innocence du Nord-Coréen Kim Jong Il qui a fait un voyage d’urgence depuis Pyongyang, suspecte que la marine étasunienne a joué un rôle dans le torpillage du Cheonan, associée à des soupçons particulier au sujet du rôle joué par le Salvor. Les soupçons sont les suivants :

“1. Le Salvor participait à une opération de pose de mines dans le lit marin ; bref, il posait des mines anti-sous-marins tirées horizontalement au fond de la mer.
2. Le Salvor réalisait une inspection routinière de maintenance de mines dans le lit marin, les plaçant sur un mode électronique actif – déclenchement par gâchette sensible – dans le cadre du programme d’inspection.

3. Un homme-grenouille des forces spéciales a posé une mine magnétique sur le Cheonan, dans le cadre d’un programme clandestin, afin d’influencer l’opinion publique en Corée du Sud, au Japon et en Chine.

Les tensions dans la politique coréenne ont éclipsé opportunément tous les autres points à l’ordre du jour des visites de la secrétaire d’État Hillary Clinton à Beijing et à Séoul.”
Ainsi, d’une manière étonnamment facile, les États-Unis ont réglé un important problème : liquider le gouvernement d’unité nationale du Parti démocrate de Yukio Hatoyama, mais à un coût très élevé.

Ils ont mis en relief le prestige de la puissante Chine, dont le président, plein d’autorité morale, est intervenu personnellement et a dépêché les principaux dirigeants du pays converser avec l’empereur Akihito, avec le Premier ministre et d’autres personnalités éminentes au Japon.

Les leaders politiques et l’opinion mondiale ont une preuve du cynisme et de l’absence totale de scrupules qui caractérisent la politique impériale des États-Unis.

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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyMer 9 Juin 2010 - 19:55

maintenant on comprends mieux les évènements de corée
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MessageSujet: Re: Invisible Empire Invisible Empire EmptyDim 13 Juin 2010 - 0:02

12 juin 2010 - Le coup de griffe en suspens - Fidel CASTRO

Invisible Empire Arton10861-0734a

Citation :
J’ai écrit mes Réflexions du mardi 8 juin, « Au seuil de la tragédie » en début d’après-midi. Plus tard, j’ai regardé le programme de la télévision, « Table ronde », de Randy Alonso, qui débute en général à 18 h 30.

Ce jour-là, de prestigieux intellectuels cubains qui participaient à ce programme, soumis aux questions pertinentes du directeur, répondirent avec éloquence qu’ils respectaient beaucoup mon opinion, mais qu’ils ne croyaient pas qu’il y ait des raisons pour que l’Iran rejette l’éventuelle résolution –connue alors– que devait adopter le Conseil de sécurité de New York, le 9 juin au matin et qui avait été sans aucun doute concertée entre les dirigeants des trois puissances ayant le droit de veto, les Etats-Unis, l’Angleterre et la France, avec leur homologues de Russie et de Chine, qui le possèdent aussi.

A cet instant, j’ai dit aux personnes proches qui m’accompagnent d’ordinaire : « Que je regrette de n’avoir pas conclu mes Réflexions en disant que personne plus que moi ne souhaite se tromper », mais il était tard et je ne pouvais en retarder l’envoi au site web CubaDebate et au journal Granma.

Le lendemain, comme je savais que la réunion du Conseil de sécurité s’ouvrait à 10 heures, j’ai eu l’idée de mettre CNN en espagnol qui devait sans aucun doute donner des nouvelles du débat. De fait, j’ai pu écouter le discours par lequel son président présentait un projet de résolution soumis quelques jours avant par les Etats-Unis et soutenu par la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne.

Des représentants des principaux Etats impliqués dans ce projet ont pris la parole. La représentante des USA a expliqué pourquoi son pays le votait, sous le prétexte éculé qu’il fallait punir l’Iran d’avoir violé les principes du Traité de non-prolifération nucléaire. De son côté, le représentant de la Turquie, dont l’un des navires de la flottille qui apportait des aliments au million et demi de Palestiniens assiégés dans un morceau de leur patrie, avait été victime de la brutale attaque héliportée des troupes d’élites israéliennes, au petit matin du 31 mai, a fait savoir que son gouvernement s’opposait à de nouvelles sanctions contre l’Iran.

CNN, dans son créneau de nouvelles, a présenté des images de mains levées en fonction des prises de position, dont celle du représentant du Liban, qui fit savoir que son pays s’abstiendrait.

On peut résumer l’attitude des membres du Conseil de sécurité qui ont voté contre la résolution dans la main droite sereine et ferme de la représentante du Brésil qui avait exposé d’un ton sûr les raisons pour lesquelles son pays s’y opposait.

Comme il y avait encore des tas de nouvelles sur ce point, je suis allé sur TeleSur qui a étanché pendant des heures ma soif insatiable d’informations.

Le président Lula da Silva a prononcé à Natal, dans le Nord-Est du Brésil, deux phrases lapidaires : les sanctions étaient imposées par « ceux qui croient à la force, et non au dialogue » ; la réunion du Conseil de sécurité « aurait pu servir à discuter du désarmement des pays qui ont des armes atomiques ».

Il ne serait pas étonnant qu’Israël et les Etats-Unis, ainsi que leurs étroits alliés ayant droit de veto au Conseil de sécurité – la France et le Royaume-Uni– veuillent profiter de l’énorme intérêt que soulève la Coupe du monde de football pour rassurer l’opinion internationale indignée par la conduite criminelle des troupes d’élite israéliennes face à la Bande de Gaza.

Il est donc très probable que le coup de griffe soit retardé de quelques semaines, voire que la plupart des gens oublient cette question durant les chaudes journées d’été. Il ne restera plus qu’à observer le cynisme dont les dirigeants israéliens feront étalage quand la presse les mitraillera de questions dans les prochains jours. Le puissant Empire, le moment voulu, élèvera toujours plus la barre en matière d’exigences avant d’appuyer sur la gâchette. Il rêve de répéter l’histoire de Mossadegh en 1953 ou de ramener l’Iran à l’âge de pierre, une menace dont il aime user dans ses rapports avec le Pakistan.

L’Etat d’Israël voue une telle haine aux Palestiniens qu’il n’hésiterait pas à envoyer le million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants de Gaza aux fours crématoires dans lesquels les nazis exterminèrent des millions de juifs de tous les âges.

Il semblerait que la croix gammée du Führer soit aujourd’hui le drapeau d’Israël. Je ne le dis pas par haine, j’exprime le sentiment d’un pays qui s’est solidarisé avec les juifs et les a accueillis quand, à la dure époque de la Deuxième Guerre mondiale, le gouvernement de Batista, soumis à l’impérialisme, tenta de renvoyer un navire transportant des juifs de France, de Belgique et des Pays-bas qui avaient échappé aux persécutions nazies.

Au triomphe de la Révolution, j’ai connu de nombreux membres de la communauté juive installée à Cuba ; je leur ai rendu visite et je me suis entretenu avec eux à plusieurs reprises. Nous ne les avons jamais expulsés. Les différends sont nés des lois révolutionnaires qui touchaient des intérêts économiques ; par ailleurs, la société de consommation attirait beaucoup de juifs, alors que la Révolution impliquait des sacrifices. Beaucoup sont partis, mais d’autres sont restés dans notre patrie, prêtant des services utiles à Cuba.

Un jour ténébreux se lève sur le monde.

Hier, à 12 h 44, Obama a parlé de la résolution du Conseil de sécurité.

En voici quelques extraits, selon la version espagnole de CNN.

« Aujourd’hui, le Conseil de sécurité a voté à la majorité des sanctions contre l’Iran à cause de ses violations réitérées…
« Cette résolution contient les sanctions les plus fortes contre le gouvernement iranien et adresse un message sans ambiguïté quant à la volonté de la communauté internationale de freiner l’expansion des armes atomiques.

« Pendant des années, le gouvernement iranien a violé les obligations qui sont les siennes aux termes du Traité de non-prolifération nucléaire.

« Tout en s’occultant derrière la rhétorique, les dirigeants iraniens continuent d’agir.

« Quand j’ai pris ma fonction voilà seize mois, l’intransigeance iranienne était déjà bien forte.

« Nous lui avons offert des perspectives d’un avenir meilleur s’il respectait ses obligations internationales.

« Ici, il n’y a pas deux poids deux mesures.

« L’Iran a violé ses obligations de suspendre l’enrichissement de l’uranium en accord avec les résolutions du Conseil de sécurité

« Voilà pourquoi ces mesures sont si sévères.

« Ce sont les plus rigoureuses imposées à l’Iran.

« Ceci prouve qu’il existe une vision commune qu’il ne convient à personne de mettre au point ces armes au Moyen-Orient. »

Cette sélection de phrases du bref discours d’Obama est plus que suffisante pour prouver combien la politique du puissant Empire est faible, inconsistante et injustifiable.

Obama avait admis dans son allocution à l’Université islamique Al-Azhar, du Caire, qu’ « en pleine Guerre froide, les Etats-Unis avaient joué un rôle dans le renversement d’un gouvernement iranien démocratiquement élu », bien qu’il n’ait jamais précisé quand ni dans quel but. Il est même possible qu’il ne se rappelle pas comment les USA renversèrent Mossadegh pour pouvoir installer à sa place la dynastie de Reza Pahlévi, le shah d’Iran, qu’ils armèrent jusqu’aux dents pour en faire leur principal gendarme au Moyen-Orient et qui accumula une immense fortune grâce aux richesses pétrolières du pays.

A l’époque, l’Etat d’Israël ne possédait aucune arme nucléaire. L’Empire disposait, lui, d’une force de frappe atomique énorme et sans rivale. Et c’est alors qu’il eut l’idée aventurière de créer au Moyen-Orient un nouveau gendarme qui menace aujourd’hui une partie considérable de la population mondiale et qui est capable d’agir avec son indépendance et son fanatisme caractéristiques.

Fidel Castro Ruz
Le 10 juin 2010

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