oksana Colonel
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| Sujet: Trafic de carburant aux frontières Ven 26 Juil 2013 - 0:32 | |
| Trafic de carburant aux frontières : La parade du gouvernementPar Kaci Haider | 25/07/2013 | 16:49 - Citation :
- Plusieurs mesures ont été ordonnées par le Premier ministre Abdelmalek Sellal à l’adresse de l’institution douanière et aux services de sécurité de l’Etat pour renforcer le contrôle dans les zones frontalières concernées au cours d’un conseil interministériel (CIM) consacré à la lutte contre la contrebande.
Ces mesures, qui ont été prises courant juillet, visent essentiellement à lutter contre la contrebande de carburants mais aussi de produits de première nécessité, de cheptel, et des métaux ferreux et non ferreux, précise ce responsable.
En effet, selon le sous directeur chargé de la lutte contre la contrebande à la direction générale des douanes (DGD), Henad Rezki, qui évoque des réseaux de trafiquants organisés et structurés, disposant de moyens de collecte, de stockage et de transport qui acheminent des milliers de litres de carburants quotidiennement vers les pays voisins, ces mesures consisteront en “l’utilisation rationnelle des effectifs de la DGSN, des gardes frontières (GGF) et des douanes.
Cela permettra de mobiliser 17 brigades opérationnelles mobiles, dont l’effectif s’élève à 540 agents douaniers, pour assurer la couverture des frontières Ouest avec le Maroc, fermées depuis 1994, et d’où transitent l’essentiel des carburants.
Ces brigades sont déjà déployées, selon le même responsable, à Maghnia et Ghazaouet dans la wilaya de Tlemcen ainsi que dans les wilayas de Saida et Sidi Bel Abbes.
Pour la frontière Est avec la Tunisie, l’effectif des agents chargés de cette mission de surveillance s’élève à 217 douaniers versés dans neuf brigades mobiles.
Toutes ces brigades sont appelées, selon l’instruction du Premier ministre “à agir d’une manière harmonieuse et coordonnée avec les services de sécurité pour rendre les frontières moins poreuses”, dira ce responsable. S’y ajoutent 3.000 autres agents qui seront recrutés pour les 79 postes de douane et de surveillance (PDS) que la DGD est en train de réaliser dans le cadre de la mise en œuvre de son plan de modernisation.
Toujours en application des nouvelles mesures du gouvernement, déterminé à mener une guerre contre cette “nouvelle forme de terrorisme”, les services de sécurité et des douanes sont aussi appelés à procéder à la saisie systématique de tous les véhicules dotés de cachettes aménagées pour carburant ou d’un double réservoir.
L’instruction du chef de l’exécutif met l’accent également sur la nécessité du contrôle au niveau des stations-service à travers la présence des des services de sécurité et des douanes au niveau de ces points de vente de carburant. http://www.algerie1.com/actualite/trafic-de-carburant-aux-frontieres-la-parade-du-gouvernement/ |
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cobra Sous-Lieutenant
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| Sujet: Re: Trafic de carburant aux frontières Sam 3 Aoû 2013 - 13:57 | |
| Reportage avec les trafiquants de carburant à la frontière avec le Maroc samedi, 03 août 2013 11:59 - De notre envoyée spéciale à Tlemcen Hadjer Guenanfa - Citation :
- « Avancez ! ». À la station-service du croisement 35, une intersection située à près de 40 km à l’ouest du centre-ville de Tlemcen, le jeune pompiste s’adresse aux clients sur un ton péremptoire et empreint d’insolence. « C’est qu’il assume, à lui seul, plusieurs fonctions.
En plus d’être pompiste, il gère la queue et intervient en cas d’altercation entre les automobilistes. Ce qui arrive souvent avec cette crise de carburant », explique un chauffeur de taxi venu de Ghazaouet, à une quarantaine de kilomètres plus à l’ouest de ce carrefour, pour avoir du carburant et y revenir pour continuer de travailler. Mercredi dernier. Il est 8h30. Le jeune à la frêle silhouette semble être déjà submergé par le travail. Comme chaque jour, des centaines de véhicules forment une file qui s’étend sur près d’un kilomètre. Les vieilles Renault 25 et Renault 21, voitures fétiches des Hallabas pour la capacité de leur réservoir (90L), sont nombreuses. Faire la queue pendant des heures… Une fine moustache et des lunettes de vue ornent son visage, le responsable de la station-service s’appuie sur un grand panneau d’affichage. L’air agacé, il observe le défilé des voitures. « Nos quotas sont réduits de 50% et il n’est pas question de remplir les réservoirs des voitures à plus de 500 DA », indique-t-il, en précisant qu’il applique à la lettre cette décision du wali de Tlemcen pour lutter contre le trafic juteux de carburant vers le Maroc. Les carburants, subventionnés en Algérie, grand producteur d’hydrocarbures, font l’objet d’un trafic vers le Maroc, pauvre en pétrole et où l’essence et le mazout sont cédés au prix du marché international. Un litre d’essence vaut près de 24 dinars en Algérie (0,24 euro) alors qu’il est cédé à 1,1 euros au Maroc. Un litre de diesel est cédé en Algérie à 13,74 (0,14 euro) contre 0,67 euro au Maroc. Et pour montrer leur fermeté, les autorités locales ont procédé récemment à la fermeture de deux stations-services, situées au centre-ville, pour non-respect des notes envoyées par la wilaya. « La règle s’applique à tout le monde, même aux transporteurs pour qui nous avons aménagé des plages horaires et les agriculteurs qui doivent avoir une autorisation de la daïra pour remplir les fûts », poursuit-il. Sur les routes menant aux daïras de Bab El Assa, à un jet de pierre de la frontière marocaine, ou de Ghazaouet, le décor est identique. Quand la station n’est pas prise d’assaut par les automobilistes, elle est fermée pour non-disponibilité de carburant. Celle de Sidi Amar (à l'entrée de Ghazaouet) n’est toujours pas ouverte, vers 10 heures, alors que des dizaines de personnes sont en train de patienter, depuis des heures, sous un soleil de plomb. Certains y ont même passé la nuit. Mohamed, la trentaine, un jeune pêcheur, s’abrite à l’ombre d’un arbre. « Je suis là, depuis 3 heures du matin pour avoir du mazout », précise-t-il. Les stations-services ne servent ni mazout ni essence le même jour, pour éviter le grand rush. « Ils sont en train d’attendre la police, je pense, pour ouvrir », ajoute-t-il. Les services de sécurité sont présents dans de nombreuses stations pour éviter les dérapages, selon lui. Le trafic de carburant continue Avant de se convertir à la pêche, Mohamed faisait le plein de mazout pour près de 1 200 DA et le revendait à 5 000 aux trafiquants qui le distribuent au Maroc. « El Hallab ne traverse pas la frontière ! Son travail consiste à "traire" le carburant des pompes, c’est tout », souligne-t-il. Les carburants sont ensuite cédés aux trafiquants qui les acheminent souvent à dos d’âne et de mulet de l’autre côté de la frontière. Et si les dispositions prises par le wali, dont la réduction des quotas des stations, et celles des autorités, dont le renforcement de la présence des services de sécurité sur le tracé frontalier, ont fait baisser la cadence, elles n’ont toujours pas pu éradiquer le phénomène. Pour ne pas se faire remarquer avec les R25, les R21 ou les vieilles Mercedes, les Hallabas circulent maintenant avec des Logan ou d’autres voitures neuves qu’ils louent, selon lui. Pour contourner la contrainte du seuil fixé à 500 DA, ils font deux, trois voire quatre fois la queue pour faire le plein et le revendre dans les localités frontalières. Comme le village de Sellam, à Bab El Assa, d’où on peut apercevoir le village marocain, Ahfir. Sur la route qui y mène, un adolescent, chemise blanche à carreau et pantacourt noir, pointe l’index vers le bas pour accoster les automobilistes. « Tekheouiou ! Tekheouiou ! (Vous videz le réservoir !, NDLR) », lance-t-il. Mazout ou essence. Peu importe en ces temps de disette. « Les trois jerricanes (25 L) de mazout font 9 000 DA. Et ceux d’essence font 13 000 DA », détaille-t-il. Il fait l’intermédiaire entre les trafiquants et les Hallabas occasionnels qui veulent arrondir leurs fins de mois, comme les taxis. Il obtient une commission selon la quantité du carburant qu’il a pu ramener. De grandes difficultés pour l’approvisionnement Pour le stockage, des stations-services informelles sont aménagées dans des maisons. Celle de El Hadj est l’une des plus connues dans le coin. Elle est quelque peu excentrée du village et la route y menant, non goudronnée, est presque impraticable en voiture. Sur place, une Logan blanche est stationnée. Son propriétaire s’attèle à vider son réservoir dans un jerricane. Gandoura, chéchia blanches et un collier de barbe barrant son visage, le vieux propriétaire de ce dépôt supervise l’opération. « Non je ne transporte pas le carburant au Maroc », récuse-t-il en esquissant péniblement un sourire qui cache mal son malaise. « Je vends le carburant aux gens de la région qui trouvent des difficultés à s’approvisionner, c’est la crise, et je n’ai absolument rien à vous dire de plus », ajoute ce barbu avant de rentrer dans son local. Une autre voiture débarque. C’est une Renault 25 blanche, un modèle de1984. Le conducteur est accompagné de deux enfants assis sur le siège avant. À l’arrière, plus d’une dizaine de jerricanes de 25 L ont remplacé les sièges arrachés pour les besoins du travail. Il n’est pas venu pour vendre mais pour acheter. Peine perdue, El Hadj n’a que trois bidons, pour l’instant. Une petite quantité qui ne vaut pas la peine du déplacement vers le Maroc. Désorienté et quelque peu hésitant, il laisse tomber l’affaire. En face de la maison, une clôture faite avec des capots de voitures pour garder les mulets est vide. Toutes les précautions sont prises pour éloigner les soupçons. « Trouvez-moi du travail ! » Dans le village de Sellam, la grande majorité des familles vivent grâce à ce trafic, estime un vieil immigré originaire de Maghnia et qui vit presque dans l’isolement, au milieu des maisons-dépôts de carburants. Des habitations nouvellement construites et dont la plupart sont encore inachevées. Le manque cruel de développement de la région fait que les jeunes se retrouvent attirés, dès l’adolescence, par cette activité, soutient Abddjalil, la cinquantaine, assis sur le capot de sa R25, grenat, stationnée près de la maison. « Vous croyez qu’on le fait par plaisir ! La vie des gens ici dépend parfois d’une goutte de mazout », tonne-t-il. L’homme qui travaille dans le domaine depuis des années se retrouve en chômage technique avec les nouvelles restrictions. « Regardez autour de vous, il n’y a ni entreprise, ni usine, ni agriculture ». Les jeunes n’ont pas d’autres alternatives dans cette région, selon lui. « Les gamins ne grandissent pas devant des centres de formation ou des lieux de loisirs », dit-il en regardant son fils, la quinzaine. Abdeldjalil assure être prêt à céder sa voiture gratuitement s’il trouve un emploi. « Ils veulent mettre fin à cette activité. Très bien. Mais quelle alternative nous offrent-ils ? », s’interroge-t-il Partout, dans les régions frontalières, Hallabas et trafiquants tiennent le même discours. À 33 km de Sellam et à moins de neuf des frontières, au village de Ouled Keddour, à Maghnia, Ahmed, 33 ans, loue un hangar où des poules côtoient une bonne dizaine de mulets et vivent au milieu de jerricanes. À l’intérieur, l’odeur d’étable et celle de carburant rendent l’air presque irrespirable. Habits, douze jerricanes de mazout (25 litres chacune) et bêtes, tout est prêt pour la traversée, prévue dans la soirée après le f’tour, vers le Maroc via des pistes loin du poste-frontière avec trois ou quatre autres personnes. L’interférence des réseaux téléphoniques liée au débordement de couverture des opérateurs des deux côtés de la frontière compliquent les communications. Pointé devant son hangar, il tente encore de collecter plus de carburant. Le jerricane de mazout qu’il achète à 1 500 DA des Hallabas, il le revend à 1 800 DA de l’autre côté de la frontière. Le jerricane d’essence est à 2 000 DA et il est revendu à 2 800 DA, selon lui. La présence des gardes-frontières ne le dissuade pas. Tout a un prix, croit-il savoir. « Ils nous connaissent. Et puis, on ne traverse pas gratuitement, on donne 400 DA par mulet à l’aller et au retour ! », lance-t-il un tantinet méprisant. Il devient plus craintif quand il s’agit d’emmener des étrangers avec lui. « Vous êtes une femme et ils ne vous connaissent pas. Ils vont se demander pourquoi on vous ramène avec nous et cela peut nous créer des problèmes », justifie-t-il. Marié et père de trois enfants, lui aussi souhaite changer de métier. « Trouvez-moi du travail. J’abandonnerai ce que je fais immédiatement », affirme-t-il. À Maghenia, à Dar El Assa, Ghazaouat, les Hallabas jurent qu’ils ne se tairont pas. Les discours des autorités sur les conséquences de ce trafic sur l’économie nationale les écœurent au vu des scandales en série impliquant parfois de hauts responsables de l’État. Des rumeurs portant sur des actions de protestation prévues après l’Aïd circulent depuis quelques jours dans ces régions. « Ils ne s’approchent pas de ceux qui volent des milliards. S’ils ne nous laissent pas travailler, il restera le maquis ! », menace Ahmed avant de s’en aller vers le centre de Maghnia où il habite, sur sa moto. Des mesures dictées par des considérations politiques Sur le chemin du retour vers Tlemcen, en fin de journée, les travailleurs de la station-service du croisement du km 5, un carrefour à la sortie de Maghnia, peinent à convaincre les automobilistes, venus faire le plein, de quitter les lieux. Ils s’enferment alors dans le bureau pour éviter les problèmes. « Il ne reste que le quota des corps de sécurité et celui des transporteurs mais ils ne veulent rien savoir », se plaint un pompiste. À travers les vitres fumées de la porte en bois, il regarde les gens qui commencent à s’impatienter. Exaspéré, il poursuit : « Je suis déjà parti à la centrale (de police) pour que les agents viennent les faire sortir, mais ils ne sont pas venus ». Quelques minutes plus tard, Mourad, le propriétaire de la station arrive. Il est de retour de la brigade de gendarmerie. « On m’a dit qu’ils n’avaient pas assez d’effectifs », regrette-t-il. Un policier frappe à la porte. Il cherche du carburant. Le patron de la station lui demande de patienter pour ne pas susciter la colère des autres. « C’est l’enfer », lance le jeune pompiste. Outre les insultes, lui et ses collègues font parfois face à des tentatives d’agressions à cause des dernières restrictions.« On est obligé de se défendre », dit-il en montrant du doigt une barre de fer. Pour eux, les décisions prises par les autorités pour lutter contre ce phénomène compliquent davantage leur travail sans régler forcément le problème. Les Hallabas utilisent maintenant toute sorte de véhicules et même les motos, selon lui. « Nous avons reçu des instructions verbales pour ne pas donner de carburant aux R25 ou aux R21 mais c’est impossible de l’appliquer », dit le patron. Un transporteur de matériaux de construction et son ami débarquent dans le bureau. Lui se trouve au chômage depuis quelques temps à cause des nouvelles mesures. Il ne mâche plus ses mots. « Il faut mettre des barbelés, creuser des tranchées et régler le problème de corruption pour mettre fin au trafic, il n’y a pas plus riche que les GGF en Algérie », estime-t-il. Ici, les gens sont convaincus que les dernières mesures ont été prises pour des considérations politiques liées à la détérioration des relations avec le Maroc. « Ce que nous coûte le Polisario est plus important que ce nous coûte ce trafic », lâche-t-il dépité. Les chiffres exagérés des autorités D’abord, la consommation de carburant à Tlemcen dépasse les normes mais elle n’est nullement plus importante qu’à Alger, selon eux. « Personnellement, je voudrais bien savoir comment ils ont fait pour calculer la quantité de carburant faisant objet de ce trafic ? », lance le patron. Pour cela, il faut au moins avoir le nombre de svéhicules dans le département et une idée sur la consommation des automobilistes. « Naftal ne peut pas calculer la quantité du carburant détourné. L'entreprise distribue aux stations-services qui le vendent aux automobilistes mais sans pouvoir savoir ce que ces derniers en font par la suite », explique le gérant. On s’amuse alors à faire des calculs dans ce petit bureau de la pompe à essence. Plus de 1,5 milliard de litres de carburants sont détournés vers l’étranger tous les ans, selon le ministre de l’Énergie et des Mines, Youcef Yousfi. Soit plus de quatre millions de litres détournés par jour. « Les camions de Naftal ont une capacité de 27.000 litres », précise le responsable de la station. Et pour transporter 1,5 million de litres par jour, il faut donc plus d’une cinquantaine de camions (Naftal) ou une armée de 10.000 mulets. Ces bêtes, seul moyen de transport des trafiquants aujourd’hui, peuvent transporter quatre, cinq jusqu’à six jerricanes et peuvent faire deux voyages la nuit ». Les chiffres relatifs au trafic de carburants avancés par les autorités leur paraissent exagérés même s’ils savent très bien que les quantités détournées sont très importantes à travers les frontières ouest du pays. L’ampleur du phénomène est telle que des gens viennent des quatre coins du pays pour pratiquer cette activité, selon eux. Et les mesures prises par les autorités ne règlent toujours pas le problème. Au contraire, des automobilistes se retrouvent pénalisés à cause de l'incapacité de l'État à lutter efficacement contre le trafic de carburants... http://www.tsa-algerie.com/actualite/item/1409-reportage-avec-les-trafiquants-de-carburant-a-la-frontiere-avec-le-maroc |
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