syphax Colonel
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| Sujet: Festival international de l'Ahaggar Ven 17 Fév 2012 - 1:35 | |
| 3ème festival international des arts de l'AhaggarEn quête du juste équilibre entre folklore et traditionTamarasset Hassan Gherab - 16.02.2012 - Citation :
- Soirée festive sous le ciel étoilé du village d'Abalessa, à quelque 70kms au nord-ouest de la ville de Tamanrasset. C'est à lui qu'est revenu, de droit, l'honneur d'ouvrir, mardi soir dernier, les festivités de la 3ème édition du Festival culturel international Abalessa-Tin Hinan des arts de l'Ahaggar (Fiataa). Pour cette scène inaugurale, la soirée sera ouverte avec des chants et des danses touareg, évidemment. C'est avec la troupe Jakmi d'Abalessa, qui entend participer autant à l'organisation qu'à l'animation du festival, qu'on découvrira un petit aperçu de la culture de cette région, mais sous son angle folklorique, dans le sens de «carte postale» destinée à la consommation étrangère, touristique.
Les femmes, en tissegh'ness (tenue traditionnelle), alignées au fond de la scène, battent la mesure avec les mains et le tindi - tambourin qui, par extension, a donné son nom au rythme à deux temps joué dessus et à la danse l'accompagnant -, et forment le chœur. Les hommes, en tenue d'apparat, bazane et chèches tari (teints en indigo), dansent en faisant tournoyer leurs takoubas (épée touareg). Ce n'est pas une danse traditionnelle à proprement parler, mais plutôt des enchaînements plus ou moins coordonnés de pas de danses exécutées lors de différentes fêtes traditionnelles.
Au lieu de cette image tronquée de la culture, les organisateurs du festival auraient pu, par exemple, mettre en scène une fête de mariage targuie traditionnelle ou une de ces fêtes qu'on organisait au retour au campement d'une caravane, à l'époque où les touareg n'étaient pas sédentarisés et nomadisaient encore pour aller commercer aux confins de l'Ahhagar. Toutefois, le public, fort nombreux, - c'est que le tout Abalessa s'est déplacé-, appréciera la prestation de la troupe du village qu'il applaudira quand elle quittera la scène pour céder la place à Tanzi Neg'dah (l'arc- en- ciel en dialecte ouargli), un groupe venu de Ouargla. Djembé, batterie, basse, synthétiseur et guitare électrique porteront la voix de Tahar Ider pour un exquis melting-pot de styles, de sonorités et de rythmes.
L'entame se fera avec une chanson douce, avec quelques incrustations pop. Et on enchaîne sur un reggae musclé. Mais la basse reste timide. On appréciera le petit solo de saxo sur synthé qui introduit le final. La troisième halte sera avec un chant mystique soufi. Djembé et caisse claire donnent au texte plus d'épaisseur. Le bendir interviendra pour le crescendo qui clôt le chant. On change encore une fois de registre avec un solo modulé qui ne tarde pas à virer au swing. Avec un équipement minimaliste, le groupe fait des merveilles.
On aurait aimé que Tahar et ses amis osent un peu plus dans la diversification des sons dans ses compositions. A ce propos, le chanteur nous expliquera, à sa sortie de la scène, que lui comme le reste du groupe refusent de s'attacher aux genres fondamentaux et que la base de leur travail est justement la rencontre des sons et des rythmes. Mais, pour cette scène, six musiciens n'ont malheureusement pas pu se déplacer.
«J'ai un deuxième guitariste, deux percussionnistes et deux filles choristes qui sont absents. Le groupe compte normalement 12 éléments», indique-t-il.
Quant à la diversification des sonorités, Tahar nous dira qu'on retrouve 42 rythmes dans la région de Ouragla qui, par le passé, a été une station importante sur la route du sel. Ce substrat est une véritable source d'inspiration pour le groupe qui, depuis sa création en 2002, s'attelle à remettre au goût du jour tout ce riche héritage musical qui est ignoré, comme l'est d'ailleurs toute la région.
Tanzi Neg'dah a déjà produit cinq albums et est considéré à Ouargla comme une valeur sûre. Mais en l'absence d'un réseau de distribution, de professionnels de la production, de véritables studios d'enregistrement, le groupe reste marginalisé, comme l'est sa région.
C'est là un véritable SOS que les responsables devraient entendre, avant qu'il ne soit trop tard…Après cette parenthèse militantiste, on revient à la scène d'Abalessa où le groupe Ithrane (étoiles) de Tamanrasset fait des étincelles. Le public se réjouit.
C'est la fête. Djembé, batterie, karkabous, basse, guitare électrisée, guitare électrique et synthétiseur encadrent et noient le joueur de oûd assis en tailleur entre les choristes. La voix de Djamila domine. Avec une ligne basse très forte, des guitares électriques et une sono crachotantes, le luth n'avait aucune chance de se faire entendre, sauf dans les intros ou quand Djamila amorçait un decrescendo. Le public n'en avait cure. La musique était dansante.
Mais, hélas, pas très authentique. Ce ne sont pas les tenues et quelques mouvements de danses traditionnelles phagocytés par la modernité qui font l'authenticité, mais un savant dosage pour que le moderne serve seulement d'écrin ou de vecteur au traditionnel. C'est là, à notre sens, le défi réel que le festival devra relever. http://www.latribune-online.com/culture/63770.html |
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