Le budget 2013 du Pentagone a été approuvé par le président Obama
3 janvier 2013 – 11:16
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En 2011, les parlementaires américains avait accepté de relever le plafond de la dette des Etats-Unis à condition de trouver un accord sur la politique budgétaire afin de redresser les comptes publics du pays. Faute de quoi, au 1er janvier 2013, des hausses d’impôts automatiques ainsi que des coupes sombres dans les dépenses allaient s’appliquer.
Après des semaines de négociations entre la Maison Blanche et le Congrès, et comme l’on pouvait toutefois s’y attendre, un accord a été trouvé in-extremis. Si, selon les analystes, ce dernier ne fait que repousser une échéance que certains pensent inéluctables étant donné qu’il ne règle pas l’envolée de la dette publique américaine, les forces américaines évitent de voir leurs ressources diminuées.
Du moins pour le moment, car ce compromis permet de reporter de seulement deux mois les milliards de dollars de coupes budgétaires automatiques qui viendraient s’ajouter aux 487 milliards d’économies sur 10 ans décidées l’an passé.
Quoi qu’il en soit, le président Obama a promulgué, le 2 janvier, la loi sur le budget américain de la Défense pour l’année en cours. Le texte prévoit 633 milliards de dollars (480 milliards d’euros) de dépenses, dont 88,5 milliards serviront à financer les opérations, notamment en Afghanistan et 17 milliards iront aux programmes nucléaires dont le département à l’Energie à la responsabilité.
Sans trop entrer dans les détails, ce texte prévoit le déploiement de forces pour protéger les emprises diplomatiques et une augmentation des soldes des personnels militaires (+1,7%). Il autorise le Pentagone à poursuivre de grands programmes d’armement, avec notamment la commande de destroyers de type Arleigh Burke ainsi que de sous-marins nucléaires d’attaquie (SNA) de classe Virginia. Et c’est sans oublier sur l’acquisition d’hélicoptères de transport CH-47 Chinook supplémentaires et d’appareils V-22 Osprey.
En outre, ce budget maintient des matériels qui aurait dû être retirés du service prochainement. C’est ainsi le cas de trois croiseurs de la classe Ticonderoga, qui ont encore du potentiel, et de 26 avions C-5A Galaxy. Pour ce qui concerne ces derniers, il s’agit de donner le temps à l’US Air Force de définir ses besoins en matière de transport aérien.
Par ailleurs, et contre l’avis du Pentagone et de la Maison Blanche, les 400 millions de dollars de crédits destinés au programme MEADS (Medium Extended Air Defense System) conduit conjointement avec l’Italie et l’Allemagne, n’ont pas été rétablis, les Parlementaires ayant estimé que les Etats-Unis n’en avaient pas besoin.
“J’ai approuvé cette loi annuelle sur la défense, comme je l’ai fait les années précédentes, parce qu’elle autorise un soutien essentiel aux militaires et à leurs familles, prolonge des programmes de sécurité nationale vitaux et fait en sorte que les Etats-Unis continuent à avoir l’armée la plus puissante du monde” a expliqué le président Obama, par voie de communiqué.
Cela étant, certaines dispositions ne lui conviennent pas, comme par exemple “les restrictions imposées au département de la Défense qui l’empêchent de retirer du service des navires et appareils qui ne sont plus nécessaires.” Et de regretter aussi le manque de mesure des parlementaires, étant donné que le budget que le chef de la Maison Blanche a autorisé est supérieur de 1,7 milliard à celui qu’il avait initialement proposé. “En s’opposant (…) à des mesures d’économies, le Congrès pourrait déclencher une réduction de la taille de l’armée dans son ensemble”, a-t-il prévenu.
Les États-Unis et la pérennité des générations d’armements. Un exemple pour nos armées ?
Par Joseph Henrotin, chargé de recherche au CAPRI. Article paru dans DSI n°74, octobre 2011.
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Si l’un des traits marquants (et fréquemment critiqués) de la culture technologique américaine est la recherche constante de nouvelles technologies débouchant sur de coûteux programmes de R&D – qui peuvent in fine se terminer par des annulations de programmes spectaculaires – il faut également constater que les États-Unis, plus qu’aucun autre État occidental, sont également marqués par l’emploi de matériels anciens, éventuellement remis au goût du jour. Petit tour d’horizon.
L’échec des systèmes d’armes « transformationnels »
Les débats sur la sociologie des techniques des années 1980 ont été marqués par l’émergence d’une distinction fondamentale entre deux types de comportements en matière de développement de systèmes d’armes, généralement en prenant appui sur les exemples de l’armement terrestre ou des forces aériennes. Là où l’URSS faisait évoluer ses matériels par « petits pas », les États-Unis auraient effectué de véritables sauts générationnels, leurs systèmes d’armes évoluant considérablement, à l’image du gouffre séparant F‑15 et F‑22 ou le M‑60 et le M‑1. Toutefois, cette vision doit être remise en cause – ou, à tout le moins, nuancée – au regard de l’expérience des vingt dernières années. Dès 1992, les débats américains ont été marqués par la révolution dans les affaires militaires, avant qu’elle ne soit officiellement convertie en Transformation, en 2002. D’un point de vue matériel, une série de nouveaux équipements devaient émerger : FCS terrestre et sa cohorte de véhicules, blindé amphibie EFV, RAH‑66 Comanche, F‑35, MV‑22, destroyers DDG‑1000 et croiseurs CG‑X, réseaux de communication, systèmes ISR divers et variés (y compris les drones et plus généralement la robotique), « combattant du futur », systèmes de cyberguerre, systèmes antimissiles, etc.
L'ex-chef du Pentagone Robert Gates s'attaque, dans ses mémoires, à Obama et son équipe
Le Vif - Source: Belga - mercredi 08 janvier 2014 à 19h26
Pilier du premier mandat de Barack Obama, Robert Gates, républicain resté à la tête du Pentagone après le changement d'administration, assène un rude coup au président démocrate en mettant en cause, dans un livre, son leadership sur l'Afghanistan et son équipe.
La charge de l'ancien ministre est pondérée par des hommages appuyés à Obama, notamment pour sa décision "courageuse" d'éliminer Oussama ben Laden. Mais elle tombe au plus mal pour un président déjà affaibli et ne manquera pas d'être exploitée par les républicains. Les critiques à l'encontre des conseillers de la Maison Blanche et de Barack Obama n'ont rien de nouveau. Mais dans ses mémoires intitulés "Duty: Memoirs of a Secretary at War" (non traduit) à paraître le 14 janvier et dont des extraits ont été publiés par les principaux quotidiens américains, Robert Gates leur donne un écho démultiplié en raison de sa stature et du respect qu'il suscite au sein de la classe politique.
Preuve des remous que le livre suscite, les proches du président sont rapidement montés au créneau. "(Robert Gates) a toujours dit qu'il avait une bonne relation de travail avec le président", a plaidé sur NBC David Axelrod, un ancien conseiller et proche d'Obama. L'ancien chef de cabinet de la Maison Blanche Bill Daley a pour sa part jugé sur CBS "assez malheureuse" la publication de ces mémoires qui ne rend "pas service" alors que le conflit afghan n'est pas terminé. De fait, les extraits dévoilés mettent en avant l'amertume du secrétaire à la Défense (2006-2011) face à la conduite de la guerre en Afghanistan par la Maison Blanche. Robert Gates décrit notamment une réunion au cours de laquelle le président démocrate semble ne plus croire dans la stratégie qu'il a décidée 18 mois plus tôt d'envoyer 30.000 hommes supplémentaires, et exprime ses doutes sur les capacités du général David Petraeus, le commandant des forces en Afghanistan. Il "ne croit pas en sa propre stratégie et ne considère pas cette guerre comme la sienne. Pour lui, il s'agit juste de se retirer", écrit-t-il. Barack Obama était "sceptique sinon totalement convaincu que (sa stratégie) allait échouer", ajoute-t-il. Il regrette la "suspicion" et la défiance manifeste du président à l'endroit des généraux chargés de le conseiller et de mettre en oeuvre sa stratégie, qui sont vite devenues un "gros problème".
Son livre vise aussi le fonctionnement de la Maison Blanche et la coterie de conseillers du président "qui a porté le micromanagement et l'immixtion dans les opérations à un nouveau niveau". Des conseillers "parfois condescendants et insultants" à l'encontre des responsables militaires. Robert Gates est particulièrement acerbe à l'égard du vice-président Joe Biden qui, avec le conseiller à la sécurité nationale Tom Donilon, était partisan de l'envoi d'un nombre beaucoup plus faible de renforts en Afghanistan et "savonnait la planche". "Il s'est trompé sur quasiment toute décision majeure de politique étrangère et de sécurité nationale ces quatre dernières décennies", écrit-t-il à propos de Joe Biden.
La date de publication de ses mémoires n'intervient pas à un moment anodin alors que Barack Obama est toujours en poste et doit encore prendre des décisions stratégiques sur l'Afghanistan, notamment sur la présence militaire américaine après la fin de la mission de combat de l'Otan fin 2014. Pourtant, le républicain Gates salue dans le président démocrate un homme "intègre" qui a "eu raison sur chacune de ses décisions", qu'il s'agisse de la décision d'envoyer un commando au sol pour éliminer le chef d'al-Qaïda ou d'intervenir en Libye, pour lesquelles il était lui-même très réticent. Il se permet encore une pique à l'égard d'Hillary Clinton, ex-secrétaire d'Etat et possible candidate démocrate en 2016: il décrit une scène au cours de laquelle Mme Clinton, qui avait brigué l'investiture démocrate en 2008, avoue au président qu'elle s'était opposée à la stratégie de George W. Bush d'envoyer fin 2007 des renforts en Irak pour des raisons purement politiques.
Le livre de Robert Gates a fait parler de lui bien avant sa mise en vente en librairie, mardi, aux Etats-Unis. Dans Mémoires d’un ministre en guerre, l’ancien ministre de la Défense décrit un président Obama hésitant, et peu impliqué dans la conduite de la guerre en Afghanistan. Des critiques dont se sont immédiatement saisis les adversaires politiques du chef de l’Etat : l’occasion était trop belle pour les républicains.
Robert Gates est un homme unanimement respecté, au point que ce ministre de la Défense de Georges Bush est resté à son poste lors du premier mandat de Barack Obama - une première dans l’histoire des Etats-Unis. C’est donc une voix qui porte lorsqu’il critique Barack Obama dans son livre Mémoires d’un ministre en guerre (Duty. Memoirs of a Secretary of War). Et ses accusations sont déstabilisantes pour le Président, décrit comme un leader qui a envoyé sans conviction 30 000 hommes supplémentaires en Afghanistan, et surtout comme un commandant en chef des armées qui n’a pas confiance dans son état-major.
Robert Gates est encore plus dur avec le vice-président Joe Biden, décrit comme un homme qui s’est trompé sur toutes ses analyses de politique étrangère. L’opposition américaine, en cette année électorale, se délecte sur le thème « nous vous l’avions dit », le tandem Obama-Biden n’est pas à sa place à la Maison-Blanche.
L’affaire fait grand bruit aux Etats-Unis
Mais l’affaire, qui fait grand bruit aux Etats-Unis, prend une tournure différente alors que le livre est depuis mardi en librairie. Barack Obama renouvelle son soutien à Robert Gates. Il répond qu’il maintient la confiance qu’il a toujours eue dans son ancien ministre de la Défense… et ce qui peut être interprété comme des hésitations, dit Obama, s’explique par la difficulté de la situation : « C’était la bonne stratégie en Afghanistan, a expliqué le Président. C’est difficile, cela a toujours été difficile d’envoyer des hommes au combat, et ma confiance dans nos troupes est sans faille ».
L'équipe de B. Obama chargée de la sécurité nationale en 2008 : (de g à d) E. Holder, J. Napolitano, R. Gates, J. Biden, H. Clinton, J. Jones et S. Rice. (Photo : Reuters)
Quant à Robert Gates, il revient sur ses écrits. Il fait le tour des réseaux de télévision pour dire que ses propos ont été sortis de leur contexte, qu’il a toujours été d’accord avec Barack Obama… Bref, c’est de la faute des journalistes, nous avons l’habitude, et des élus, incapables de sortir d’un raisonnement politicien…
Si l’attention s’est focalisée sur les passages consacrés au chef de l’Etat, Robert Gates, dans ce livre, est très dur aussi avec le Congrès, et avec les conseillers du Président. Et c’est le fonctionnement de la Maison-Blanche qui est remis en question. Robert Gates caricature des conseillers en culotte courte, tout juste sortis de l’école, qui isolent le Président, s’adressent à des généraux qui ont l’expérience du terrain sans aucun respect, et surtout sans les écouter. C’est grave car cela signifie que Barack Obama est mal entouré, et prend des décisions en recevant des informations éventuellement altérées. Quant aux élus du Congrès, ils sont décrits, je cite, comme incompétents, hypocrites, animés par un esprit politicien et faisant passer leur carrière avant l’intérêt de la Nation.
Le livre arrive trop tôt… ou trop tard
En lisant le livre de Robert Gates, on se fait du souci sur la chaîne de décision dans la politique étrangère des Etats-Unis. On se demande aussi pourquoi Robert Gates est resté à son poste, et pourquoi il a attendu toutes ces années pour s’exprimer. C’est d’ailleurs la question que posent tous les observateurs aux Etats-Unis. Robert Gates parle trop tard ou trop tôt. Trop tôt car Barack Obama est toujours en fonction, et ce livre l’embarrasse dans une année électorale, l’embarrasse alors qu’il a des décisions importantes à prendre dans le domaine de la politique étrangère : l’Afghanistan justement, la Syrie, l’Iran, pour ne citer que ces dossiers. Ou il parle trop tard car il aurait dû avoir le cran de démissionner, ou de s’exprimer alors qu’il était en poste. Et donc, pour finir, Robert Gates est mal à l’aise. Et c’est pourquoi nous assistons à ce rétropédalage dans la presse ces derniers jours…