Biocarburants : un bilan carbone plus négatif que prévu (ADEME)
Le 12 avril 2010 par Rédaction L'Usine Nouvelle
Les vertus des biocarburants sont partiellement remises en cause par le dernier rapport rendu public par l'ADEME. Contrairement à la première version de son étude débutée en 2009, elle prend en compte l’impact des changements d’ affectation des sols.
Dans son étude réalisée par Biols et publiée le 8 avril, l’ADEME ne remet pas en cause l’efficacité énergétique des biocarburants. Pour l’agence, il ne fait plus de doute que les biodiesels et les bioéthanols permettent une réduction sensible des niveaux d’émission de gaz à effet de serre. Par exemple, pour les biodiesels, les émissions de gaz à effet de serre diminuent de 65 à 80% par rapport aux énergies fossiles, selon le rapport. Au total, l’utilisation actuelle de biocarburants en France permet de remplacer chaque année l’utilisation de 2 400 000 tonnes équivalent pétrole.
Problème non resolu
Sans prendre en compte les changements d’affectation des sols directs dans le calcul même des émissions de gaz à effet de serre, l’ADEME a imaginé des scénarios dans lesquels ces changements viennent affecter le bilan carbone des agrocarburants. En effet, selon le type de cultures, des forêts et des prairies peuvent être détruites pour réaliser les agrocarburants, ce qui rend négatif le bilan carbone de ces derniers. Un argument avancé depuis plusieurs mois par les organisations de défense de l’environnement. « Les émissions de gaz à effet de serre pour le scénario le plus pessimiste sont conséquentes, et font perdre aux filières leur caractère renouvelable. Il faut un scénario modéré pour reprendre un léger avantage sur la filière fossile de référence », assure le rapport.
Un constat qui manque de profondeur, selon de nombreux acteurs du secteur. Par exemple, les constructeurs PSA Peugeot Citroën et Renault, jugent que « les changements d’affectation des sols ont été peu approfondis, compte tenu qu’ils représentent un des prinicipaux points de polémique actuels des biocarburants ». Pour tenter de régler cette question, le gouvernement et l’ADEME ont annoncé la mise en place d’un comité d’orientation dédié aux changelents d’affectation des sols dès le mois de mai.
Objectif européen
Reste que le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, a réaffirmé les ambitions françaises en la matière, soit 7% en 2010. « Ce chiffre, il faut l’atteindre », a-t-il assuré. D’autant plus qu’une directive européenne prévoit l’incoporation de 10% d’énergies renouvelables dans les transports en 2010, pour atteindre une économie de gaz à effet de serre d’au moins 35% en 2010 et de 50% en 2017. Pour l’heure, la France est sur le point d’atteindre les 10% de production, mais les agrocarburants dans les transports ne représenteraient que 4% du secteur
Agrocarburant. Un homme d’affaires algérien lance « Nakhoil », un carburant à base de dattes - 14 Mai 2010
Citation :
Présentés comme une possible alternative « propre » à l’énergie fossile, les biocarburants gagnent de plus en plus d’hectares. En effet, dans certains pays comme le Brésil, la culture du bioéthanol se développe tellement rapidement qu’elle risque à terme de reléguer au second plan l’agriculture classique, et ce malgré un coût écologique alarmant (des pans entiers de la forêt amazonienne sont ainsi transformés en champs cultivables pour la production d’agrocarburants).
Au Maghreb, Brahim Zitouni, un homme d’affaires algérien, est à la recherche de bailleurs de fonds pour se lancer à son tour dans cette énergie « verte », mais cette fois à base de…dattes.
Baptisé Nakhoil (mot composé de Nakheel, palmiers en arabe, et oil) le projet n’a pas été retenu par le ministre algérien de l’énergie. Du coup, Zitouni s’est expatrié aux Emirats où il a crée sa firme Oasis Nakhoil.
Trouvant preneur à Tunisie, l’homme d’affaires algérien a implanté une filiale chez nos voisins tunisiens et a profité du salon Ecomed organisé à Hammemet les 22 et 23 avril, pour présenter son projet à des investisseurs locaux.
Zitouni table sur une production de 280 litres de bioéthanol par tonne de dattes, un rendement nettement supérieur à celui de la betterave, de la canne à sucre et du maïs.
Le détournement de la production dattière à des fins énergétiques ne risque-t-il pas de se répercuter sur le prix de ce fruit ? Non, rassure Zitouni. Selon lui, seuls les dattes de qualité inférieure et les déchets du palmier dattier, donc impropres à la consommation humaine, seront utilisées pour faire du carburant.
Pas si verts que ça, les biocarburants - 16 juin 2010
En introduisant, le 10 juin, une nouvelle certification pour les biocarburants, la Commission européenne entend, entre autres, lutter contre la déforestation. Mais les biocarburants sont gourmands en terres cultivables. Et si l’on déplace les surfaces agricoles, il faudra déboiser ailleurs, remarque le quotidien néerlandais Trouw…
Citation :
Pour produire du biocarburant - ou agrocarburant – des forêts sont souvent détruites, pour faire place aux cultures nécessaires. Voilà pourquoi il peut difficilement être qualifié de "durable". C'est pourquoi la Commission européenne a annoncé cette semaine l'adoption d'une réglementation destinée à certifier le ’vrai’ biocarburant durable. Mais cette nouvelle démarche tient-elle compte des critiques formulées à l’égard du degré de durabilité des biocarburants ?
Jan Ros, responsable du projet Bio-énergie du Bureau du Plan néerlandais pour l’environnement (PBL), estime que la Commission a encore beaucoup de progrès à faire en ce sens. Certes, la création d'un label de durabilité permettra peut-être d’éviter que des forêts entières ne succombent au profit de l’huile de palme ou de l’huile de colza qui servent à la fabrication de biocarburants.
Mais on peut imaginer que ce colza sera cultivé sur un sol où poussait auparavant du blé destiné à l’alimentation. Et que ce blé devra alors migrer vers d’autres terres sur lesquelles se trouvent peut-être des arbres. Dans ce cas, plutôt que de diminuer, les émissions de gaz à effet de serre, augmenteront. La directive de la Commission européenne ne tient pas encore compte de cet "effet indirect". Lire la suite sur presseurop.eu...
Trouver d’urgence une alternative aux hydrocarbures
smail Agakichiev, professeur à l’Université Lomonosov de Moscou, évoque le transit d’hydrocarbures et la sécurité énergétique en Europe dans une interview à RIA Novosti.