Parfums d’Alger projeté en avant‑première à Alger

Le film de Rachid Benhadj représente l’Algérie au Festival d’Abu Dhabi
Merouane Mokdad - 13/10/2012 à 12:02



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Parfums d’Alger, nouveau film de Rachid Benhadj, projeté en avant‑première jeudi à la salle Ibn Zeydoun à Alger, est sélectionné en compétition officielle du sixième Festival international du film d'Abou Dhabi qui se déroule jusqu’au 20 octobre 2012.

L’Algérie sera également représentée par le nouveau long métrage de Moussa Haddad Harraga blues.

Les organisateurs de ce festival, l’un des plus importants dans le monde arabe, ont décidé de rendre hommage au cinéma algérien à l’occasion de la célébration du cinquantième anniversaire de l’indépendance du pays.

Produit par l’Agence Algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) et Net Diffusion, Parfums d’Alger revient sur l’Algérie des années 1990.

C’est la première fois qu’un film algérien aborde de front la question du terrorisme, pose la problématique de l’intégrisme et de l’instrumentalisation de "la légitimité historique".

Karima (jouée par la comédienne italienne Monica Guerritore) est une photographe algérienne connue installée à Paris.

Elle rentre à Alger vingt ans après à la demande de sa mère (Chafia Boudraa) pour retrouver un pays défiguré par les violences.

Son frère Mourad (Adel Djafri) est devenu chef terroriste, après un embrigadement en Afghanistan. Lorsqu’il est emprisonné, Karima va tenter de le libérer avec l’aide de son oncle (Ahmed Benaissa).

Mais, Karima est toujours pourchassée par le fantôme de son père (Sidi Ahmed Agoumi). Un père violent qui a fait vivre l’enfer à ses enfants.

« Karima est là pour le remettre en cause.

Il ne l’accepte pas et réagit par la force.

Comme au jeu d’échecs, pour gagner, il faut bloquer le roi.

Dans ce qui se passe dans le monde arabe actuellement, il y a cette symbolique.

On essaie de mettre en échec le maître, le patron, le père de famille », a expliqué Rachid Benhadj, lors d’un débat après la projection du film.

« J’évoque la femme, dans le film, parce qu’elle est le centre d’une société.

C’est la femme qui transmet la mémoire et donne la vie.

Les hommes font la guerre, tuent, pas les femmes. Les femmes subissent la stupidité des hommes », a‑t‑il ajouté.

En 108 minutes, le cinéaste fait revivre une époque marquante de l’Histoire contemporaine de l’Algérie.

Moussa Haddad a, quant à lui, préféré laisser "la première mondiale" de son film au Festival d’Abu Dhabi.

Le cinéaste tunisien Nouri Bouzid en a fait de même avec sa fiction Beautés cachées, une production financée par la Tunisie, les Émirats et la France.

Ce long-métrage, qui représentera l’Algérie au Festival d’Abu Dhabi (prévu du 11 au 20 octobre), est un film très nuancé, où le réalisateur ne fait aucune concession artistique mais essaie de dire beaucoup de choses à la fois dans son propos, au demeurant pertinent.

Il est des souvenirs qu’on réprime, qu’on veut effacer de notre mémoire, parce qu’on en a honte, parce qu’on ne les assume pas ou parce qu’ils sont trop douloureux pour qu’ils fassent partie de notre présent.

Dans une vie, il y a toujours des hésitations, des incertitudes et surtout des souffrances qui appartiennent au passé et qu’on ne voudrait aucunement voir ressurgir.