sultan Adjudant-chef
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| Sujet: Bloodmoney Lun 17 Sep 2012 - 13:48 | |
| David Ignatius et la guerre secrète au Pakistan17 septembre 2012 - Citation :
- Un village pakistanais bombardé par un drone de la CIA, des "citoyens" américains assassinés dans diverses parties du monde, les services secrets d'Islamabad manipulant des mouvements islamistes... La lecture de "Bloodmoney", le nouveau roman d'espionnage de David Ignatius, renvoie à une actualité connue. Pour son auteur, l'exercice est naturel. Ce journaliste de 62 ans, rédacteur en chef et chroniqueur vedette du Washington Post, est un observateur privilégié des guerres ouvertes ou secrètes que mène son pays. S'il publie des fictions - quatre à ce jour - avant tout pour son plaisir et le nôtre, on y décèle de nombreuses vérités à peine masquées.
Dans "Une vie de mensonges" - rebaptisé "Mensonges d'état" au cinéma - il nous faisait entrevoir les double ou triple jeux des services de renseignement américains et arabes au Proche-Orient. Dans "Exfiltration" - dont le producteur Jerry Bruckheimer a acquis les droits pour le cinéma - il échafaudait une opération de sabotage des sites nucléaires iraniens qui ressemblait beaucoup à une série d'incidents relatés récemment dans les journaux.
Son nouveau thriller s'ouvre sur une scène-clef qui est une pierre dans le jardin de l'actuel président des Etats-Unis : sur le territoire pakistanais, l'usage des drones contre les extrêmistes islamistes ou les villages susceptibles de les héberger s'est intensifié sous l'administration Obama. Au risque de graves dommages collatéraux. Sur ce constat, "Bloodmoney" montre jusqu'où peut aller dans la vengeance un homme qui perd toute sa famille dans un de ces bombardements soi-disants ciblés.
Le cheminement de cet ennemi solitaire et invisible, plus résolu que toute une cellule terroriste, est un des aspects les plus convainquants du livre. L'auteur se fait pédagogue pour cerner la mentalité de ce brillant ingénieur pachtoune qui choisit de "changer de camp". Il développe avec une égale finesse le personnage de l'insaisissable patron des services pakistanais, artiste du double langage et expert en dissimulation.
Paradoxalement, leur logique s'avère plus cohérente et plus réaliste que celle de la partie américaine. A la différence de son unité secrète créée après le 11 septembre, très plausible, on a du mal à croire à la belle contre-espionne Sophie Marx, modèle d'éthique et de droiture livrée à une hiérarchie vicieuse. A force de naviguer entre réalité et fiction, il peut arriver que David Ignatius s'emmêle dans les dosages.
"Bloodmoney", David Ignatius, JC Lattès, 408 pages, 22 euros, en librairie le 19 septembre http://planete-polars.blog.leparisien.fr/archive/2012/09/16/david-ignatius-et-la-sale-guerre-du-pakistan.html |
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